Suicide de Marjorie Raymond: Que s’est-il réellement passé?

L’ensemble des médias a fait grand état du suicide de la jeune Marjorie Raymond, âgée de 15 ans et, dit-on, victime d’intimidation depuis longtemps.  On n’en avait que pour la « pauvre jeune victime », aujourd’hui, à une certaine station de radio de Québec, que j’écoutais aujourd’hui, alors que je livrais dans ce secteur.

Or, un journaliste de la station de radio a réussi à communiquer avec la mère d’une ancienne amie de Marjorie, puis avec l’ancienne amie elle-même.  Je dis “ancienne amie” car les relations, entre les deux filles, s’étaient tendues, et ce depuis environ trois semaines.  La jeune fille a raconté que Marjorie, depuis son arrivée à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, semblait faire continuellement “des petites conneries”, selon ses mots; quand le journaliste lui a demandé quel genre de conneries, elle répond avec des trucs du genre “partir avec le chum de l’une, parler dans le dos de l’autre”.  C’est ce genre de comportement qui, toujours selon l’ancienne amie, aurait amené les autres à l’intimider.  Quant à la mère de cette jeune fille, elle dit que la relation, entre sa fille et Marjorie, s’est tendue, et a mené à une bagarre, entre les deux, il y a environ trois semaines, parce que Marjorie aurait “couché avec le chum” de sa fille.

Bon, c’est clair que je ne peux pas certifier la véracité de ces dires, autant ceux de la mère que ceux de la fille.  C’est pourquoi je parlerai au conditionnel, ici.  Mais si les deux disent vrai, est-ce à croire que la pauvre Marjorie aurait elle-même causé la situation qui lui a valu toute cette intimidation, et qui l’aura éventuellement poussée à se suicider?  Ça, on ne le saura jamais!  La situation est délicate, et compte tenu que l’on ne sait pas tout, je ne suis pas prêt à dire que Marjorie Raymond est une sainte victime, blanche comme neige, et que les autres, les intimidateurs, sont tous coupables sans procès.  Dans ce cas, rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc; nous pataugeons parmi des multitudes de teintes de gris.

Par contre, cette situation témoigne, selon moi, de cette différenciation qu’on ne fait plus entre l’instruction, et l’éducation.  Je m’explique.

L’instruction, c’est ce qu’on apprend à l’école, plus précisément le domaine académique; lire, écrire, et compter, d’abord, puis les autres matières, de plus en plus complexes, au fur et à mesure que l’élève monte en niveau.  L’éducation, c’est ce que l’on apprend normalement à la maison, plus précisément le domaine social, et comportemental; savoir comment se comporter avec les autres, les notions de respect d’autrui, de politesse, de savoir vivre.  Lors de la Révolution tranquille, on créa le Ministère de l’éducation, nom qui amènera les gens à croire que les mots “instruction” et “éducation” sont tout simplement synonymes.  Puis, les obligations toujours plus nombreuses, les deux parents qui travaillent à l’extérieur, etc., ont amené les parents à déléguer leurs responsabilités sociales – l’éducation de leurs enfants – vers les écoles.  Finalement, le gouvernement québécois a aussi pris sur lui de garder les enfants d’âge préscolaire, avec un réseau de garderies – les Centres de la petite enfance (CPE) – pour lequel les parents ne paient présentement que 7 dollars par jour de garde, le reste étant à la charge de l’État, donc des contribuables.  Résultat; les enfants n’apprennent pas les mêmes normes sociales que leurs parents, ce qui crée une coupure, entre parents et enfants.  On se demandera pourquoi les enfants n’ont plus de respect pour personne!

Bref, presque tout reste à apprendre, sur les détails entourant le suicide de Marjorie Raymond, et les prochains jours devraient apporter un éclairage plus précis des tenants et aboutissants de toute cette affaire.  Je tenterai d’y revenir, dans les prochains jours.  Par contre, pour l’instant, je ne peux que déplorer le fait que les relations parents-enfants ne soient plus ce qu’elles étaient, avant que le gouvernement s’en mêle.

9 réactions sur “Suicide de Marjorie Raymond: Que s’est-il réellement passé?

  1. C’est vrai que les victimes de harcèlement sont souvent des jeunes impopulaires et elles sont impopulaires pour une raison! Bien sûr que ça ne justifie par l’intimidation, mais peut-être on devrait comprendre que le phénomène est plus complexe qu’une affaire de bourreau versus victime. C’est comme les histoires de femmes battues, parfois c’est la femme qui commence l’affaire et l’homme se défend et c’est lui qui est traduit devant la justice et non la femme qui lui a frappé.

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  2. Richard, je vous invite à consulter cet article du journal Le Soleil. La jeune fille dont il est question serait en fait la principale harceleuse de Marjorie qui tente ainsi de se justifier. Sur Facebook, elle se vantait même d’avoir été suspendue de l’école. Le frère de Marjorie dit aussi que depuis qu’il est arrivé, il y a trois ans, il se fait toujours dire qu’il n’est pas d’ici et qu’on aime pas sa face. Faut croire qu’il y a une génétique locale qui provoque une terrible allergie aux nouveaux venus et qui lance ses globules blancs à l’assaut des corps étrangers.

    http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201112/01/01-4473346-suicide-de-marjorie-raymond-un-enfer-cause-par-lintolerance.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4473345_article_POS1

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  3. @ SUZANNE:

    Tant que l’on ne connaît pas le fin mot de l’histoire, tout jugement devient téméraire. Dans le cas présent, il est facile de dire comme les médias, « Oh, la pauvre victime! », mais tout cela a commencé quand, et comment? Difficile de tout savoir!

    @ Louis:

    J’effectuais mon travail dans la région de Québec, hier, et j’écoutais une station de « talk radio »; j’ai donc entendu abondamment parler de l’affaire.

    Il faut comprendre, ici, que l’intimidation a toujours un point de départ, et une cause précise, qu’elle soit circonstancielle (être gros, être roux, avoir un défaut physique, venir de l’extérieur, etc.) ou comportementale (faire les choses différemment des autres, être indépendant des autres, peu importe la raison, se comporter de façon répréhensible, etc.). Il faut également comprendre qu’il appartient à la personne intimidée de prendre des initiatives, dès le début, afin que cela cesse. Il est vrai, par contre, que cela ne fonctionne pas toujours.

    Les médias ont joué un rôle important, non seulement dans la diffusion de la nouvelle (c’est leur boulot), mais surtout dans l’analyse de celle-ci, et dans une prise de position sans équivoque. On n’a pas cherché à savoir si Marjorie avait effectivement eu des comportements douteux, avant les événements; on a tout de suite sauté à la conclusion que Marjorie était une victime d’intimidation, comme si l’intimidation arrivait comme ça, sans aucune raison.

    J’ai entendu une entrevue, à la radio, de la jeune fille en question; je dirai que son ton de voix illustrait davantage la panique que la vantardise. Je ne vois pas pourquoi elle aurait à se justifier de quoi que ce soit; si ses propos sont vrais, elle et Marjorie étaient amies jusqu’à la mi-novembre, plus ou moins, soit il y a environ trois semaines. Donc, si Marjorie subissait du harcèlement depuis trois ans; il devait certainement y avoir d’autres intimidateurs, non? Si la mère de cette jeune fille, qui fut aussi interviewée, dit également vrai, Marjorie aurait couché avec le chum de sa fille, ce qui, probablement, aurait provoqué la fameuse bagarre, entre les deux filles, bagarre pour laquelle la jeune fille fut suspendue pour 5 jours. Disons, par exemple, que je pars avec votre femme, serait-ce suffisant pour que vous soyez tenté de m’invectiver de bêtises, sur Facebook, ou en personne?

    Je vous donne un autre exemple. Imaginons que je débarque dans votre rue, avec une voiture performante (Mustang, Challenger, etc.), et que je commence à faire des « shows de boucane »! Après trois ou quatre, vous en avez ras-le-bol, et décidez de sortir, pour venir me dire de cesser. Pendant ce temps, votre voisin d’en-face, de son côté, a appelé la police. Pendant que vous me haranguez, les policiers arrivent, et je me précipite vers eux en leur disant que vous m’intimidez. Si les policiers ont tendance à me croire, quelle sera votre réaction?

    Dernier exemple; imaginons que Marjorie ait effectivement pris le chum de l’autre fille, mais que pour une raison que l’on ignore, ce soit celle-ci qui se soit suicidée, et on pas Marjorie, comment la nouvelle serait-elle sortie, dans les médias? Elle ne serait probablement pas sortie du tout!

    Tout cela pour dire qu’il est très difficile de porter un jugement éclairé, dans cette affaire, puisque nous ne connaissons pas tous les détails. Les médias, quant à eux, focalisent sur le fait qu’elle soit une victime d’intimidation; ça fait vendre de la pub!

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  4. Bonjour Monsieur Richard, tout comme vous je sais que tout n’est pas blanc et que tout n’est pas noir, cependant la situation durait depuis 3 ans et non 3 semaines, ces deux jeunes filles n’ont jamais été amies, avez-vous vérifié avec le milieu avant… Moi je suis du milieu et je peux vous le confirmer.

    Mais je ne crois pas que cela fera avancer la cause d’essayer de trouver des coupables, comme je me tue à le dire depuis l’événement, c’est tout le monde et personne à la fois. Et oui. à toujours pelleter dans la cour du voisin en se disant qu’il y aura quelqu’un d’autre qui va s’en occuper, sans s’assurer que ce fût le cas et bien y arrive des tragédies comme celle-là.

    De plus, l’école d’aujourd’hui à trois (3) grands objectfs, instruire, qualifier et socialiser et c’est ce dernier qui a manqué, il n’est pas vrai que tout ce volet repose sur les épaules des parents, et je peux vous affirmer que pour un parent démuni, souvent sans réseau social et bien l’école peut être un milieu intimidant, surtout quand on te menace de la DPJ, grande lourdeur socialement économique inutile en mon sens, jamais vraiment là où on a besoin d’eux.

    En terminant, je vous pose une question, comment cela se fait-il que ce cas n’a pas été présenté au conseil des commissaires, ou bien l’a-t-il été et qu’on a rien fait… là est le danger du pouvoir aux Directions, comme le propose M. Legault.

    Bonne journée à tous

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  5. je trouve votre opinion sur la jeune Majorie, trop hative ,commment pouvez vous vous fier a des racontages radiophoniques pour écrite un tel article ? le déces de celci ne commande t’il pas un peu de respect de votre part ,quoiqu’elle es fais ou subis ,non ? pour ma part ce du bas de gamme ,car on sais tous que l’intimidation es partout présente de nos jours ,même les médias sociaux la véhicule ..

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  6. @ richard Topp, Québec:

    En effet, l’intimidation est partout présente; même que, à la limite, elle se retrouve dans votre propre commentaire!

    Bon, d’accord, je pousse un peu. Mais n’empêche que je ne vois pas pourquoi je devrais attendre, pour publier mon billet! Parce que je n’ai pas le même son de cloche que les autres? Parce que je vais plus loin que les médias, dans ma réflexion? Je ne supporte pas l’intimidation plus que vous, sûrement, mais je crois que la liberté d’expression ne doit pas être manipulée pour autant. Si j’ai le droit d’exprimer le contenu de ce billet dans six mois, ou dans un an, pourquoi pas maintenant?

    En passant, les « racontages radiophoniques », dont vous faites mention, se limitent, dans mon cas, à deux extraits d’entrevue, de la principale intimidatrice à ce moment-là, pour un, et de la mère de celle-ci, pour l’autre. Loin de moi l’idée de prendre des paroles des animateurs de shows de radio, d’une part parce qu’ils ne sont pas directement impliqués dans l’affaire, et d’autre part parce qu’ils ont des cotes d’écoute à conquérir!

    Le point principal, que je tente de faire ressortir de mon billet, est justement que je ne suis pas prêt à acheter la version des médias, parce qu’elle ne va pas au fond des choses.

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  7. Rien n’est jamais tout blanc, ni tout noir, je veux bien croire qu’il y a du vrai dans l’histoire de la mère et de la fille, cependant, il ne faut pas non plus banaliser les gestes posés de part et d’autre, de plus, dans cette histoire une jeune fille y a laissé sa vie, loin de moi de trouver ou de pointer des coupables, par contre, il ne faut pas l’oublier, qui es la vraie victime, qu’elle mère devons-nous prendre en pitié, je vous le demande Richard!!!

    Je crois à la liberté d’expression, mais cela va dans les deux sens, vous parler des entrevues de Jade et de sa mère, mais jamais vous avez mentionné celles de la mère de la jeune Marjorie, tout aussi émouvante et aussi empreinte de vérité, tout autant qu’on en sait… De plus, avez-vous suivi les messages Facebook, que les jeunes filles ont mise respectivement chacune sur leur mur, quand on dit de quelqu’un qu’elle aille se pendre, j’ai beaucoup de difficulté à croire à une chaste innocence, puis je vous ferez grâce de d’autres propos tenus, cependant, nous nous devons en tant qu’adulte responsable, de ne pas nourrir ces propos et ces échanges, je trouve personnellement qu’il y a eu des propos qui ont été adressés à la jeune Jade, souvent par des adultes, qui n’avaient pas leur raison d’être, et qui à la limite, sont eux-aussi de l’intimidation, mais dans la souffrance, on veut faire souffrir.

    Sur ce bonne soirée à tous.

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