Pour faire un peu changement des histoires de Jean Charest, de Marc Bellemare, et de Raymond Bachand, voici un sujet qui nous touche un peu plus directement. Habituellement, je vous donne des liens vers des articles du webzine Le Québécois Libre, lors de sa sortie, le 15 du mois, mais cette fois, j’ai pris le texte en anglais, dans l’édition numéro 277, du webzine, publié le 15 avril dernier, et je l’ai traduit. C’est un texte de Bradley Doucet, éditeur anglophone du QL, qui nous parle de la réaction de certains médias au sujet de la recrudescence de la contrebande de tabac, et des effets pervers que nos gouvernements n’ont probablement pas calculé, avant de hausser considérablement le prix des cigarettes, par le biais de taxes punitives. Évidemment, comme l’article original est en anglais, tous les liens, dans le texte, mènent vers des trucs écrits dans la langue de Shakespeare. Le texte original se trouve par ici.
Bonne lecture.
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Les taxes punitives sur les cigarettes incitent les enfants à fumer
Par Bradley Doucet*
En tant que libertarien, je m’oppose à ce que le gouvernement vienne mettre son nez dans le fonctionnement serein de l’économie de marché. Je crois que c’est tout aussi imprudent, de manière pratique, que moralement malsain, d’interférer dans des « actes capitalistes entre adultes consentants », pour reprendre la phrase de Robert Nozick, ou encore de les empêcher. C’est malsain parce qu’il s’agit d’une démonstration de force contre d’honnêtes citoyens en les empêchant, disons, d’acheter et de vendre des cigarettes à un prix qui leur semble correct, ou encore de taxer un échange volontaire avec l’intention de décourager l’usage du tabac. C’est imprudent parce que cela produit toujours, immanquablement, des conséquences imprévues.
La plus évidente des conséquences d’une intervention gouvernementale dans l’économie est un ralentissement de la croissance économique. Avec les taxes punitives sur les cigarettes, il y a une autre conséquence, plus inattendue, mais tout à fait prévisible, qui a fait à nouveau la manchette dans ce grand et curieux pays qu’est le nôtre; les cigarettes de contrebande. Le prix artificiellement gonflé des cigarettes légales et surtaxées, à 50$ ou 55$ pour la cartouche de 200, a créé une demande pour des cigarettes moins chères, disponibles sur le marché noir. Et avec un prix de vente d’environ 15$ la cartouche, depuis la caisse arrière d’une camionnette près de chez vous, ces blondes ont un prix suffisamment attirant pour intéresser les mineurs.
Protéger les enfants
La réaction des grands médias était tout aussi prévisible – et manifestement superficielle. Le Toronto Star mentionnait, en éditorial, que la recrudescence des cigarettes de contrebande se « préparait à ruiner de jeunes vies », et soutenait l’appel des regroupements de promotion de la santé à exiger que l’on « donne un grand coup ». Le service de nouvelles de la CBC a pratiquement répété intégralement l’appel pour un renforcement des lois, tout comme l’a fait Carly Weeks, dans le Globe and Mail.
Il y a de bons arguments pour empêcher les enfants, et les adolescents, de s’engager dans certaines activités. Leur corps et leurs esprits ne sont pas encore tout à fait développés, et toute forme de drogue peut interférer dans ce développement, en plus des effets nocifs auxquels font face les adultes. Mais les enfants, et les adolescents, ne perçoivent généralement pas à quel point leurs gestes pourront les affecter dans l’avenir. C’est pourquoi il est bon que les adultes puissent limiter leurs choix, de façon à leur donner graduellement de plus en plus de liberté, et ce jusqu’à ce qu’ils deviennent des adultes responsables.
La part de ce contrôle de l’éducation des enfants qui devrait être prise en charge par l’état, évidemment, est une toute autre histoire. Idéalement, les parents devraient être ceux qui déterminent combien de liberté ils accordent à leurs descendants. Par contre, je suis d’accord avec l’opinion générale, qui soutient que les cigarettes ne devraient pas être vendues aux enfants et aux adolescents. Nous ne pourrons jamais éliminer totalement l’usage de la cigarette chez les jeunes, mais nous pouvons toutefois éviter de leur faciliter la tâche. C’est pourquoi nous devons faire cesser la circulation des cigarettes de contrebande. Sauf que « donner un grand coup » n’est pas la bonne façon d’y parvenir.
Infantiliser les adultes
Si nous ne sommes même pas en mesure de garder les drogues illégales hors de nos prisons, nous nous racontons des blagues si nous croyons que la répression constitue la solution pour enrayer la contrebande de cigarettes. Si nous étouffons une réserve autochtone ici, un importateur illégal en passera davantage par les ports. Si nous surveillons les ports de plus près, quelqu’un d’autre fera du fric en passant ses produits à la frontière. Il n’y a qu’une seule façon de vraiment enrayer le problème; c’est de cesser de prélever des taxes punitives. C’est de cette façon que la contrebande fut stoppée au milieu des années 1990, et c’est la seule façon qui la fera cesser maintenant.
Mais si les prix baissent, les jeunes ne seront-ils pas attirés vers la cigarette? La chose importante à retenir, c’est qu’en rendant les produits de contrebande moins disponibles, les lois restreignant la vente de produits du tabac aux mineurs deviendront plus efficaces. Après tout, les propriétaires de dépanneurs seront plus facilement découragés, par le danger d’écoper de fortes amendes, que les trafiquants le seront par les minces probabilités de se faire épingler par la police.
Mais pour commencer, pourquoi taxons-nous tant les cigarettes? C’est vrai que fumer n’est pas bon pour la santé d’un individu, mais c’est l’affaire dudit individu seulement. Oui, la fumée secondaire est harassante, et (peut-être) nocive pour les autres, mais nous sommes tous libres de nous associer, ou pas, avec des fumeurs, ainsi que d’encourager les établissements qui leur permettent de fumer – ou devrait-on dire qui leur permettait, avant que l’interdiction de fumer dans les bars, et les restaurants, devienne à la mode. Oui, le fait de fumer peut faire augmenter vos coûts de santé, mais il peut également les diminuer, parce que vous mourrez plus jeune – et en tous cas, il s’agit d’un bon argument contre un système de santé universel. (Voir l’article d’Adam Allouba, ailleurs dans le QL.)
La vérité, c’est qu’il n’y a jamais eu de véritable justification pour tenter d’amener des adultes avertis à cesser de fumer en levant des taxes punitives sur les cigarettes. Maintenant que nous constatons que les efforts pour réduire l’usage du tabac chez les adultes amènent les enfants à fumer, reviendrons-nous à la raison? Si nous ne le faisons pas pour respecter le droit des adultes de vivre leur vie comme ils l’entendent, peut-être le ferons-nous… pour les enfants.
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* Bradley Doucet est un auteur, qui vit à Montréal. Il a étudié la philosophie et l’économie, et complète présentement une nouvelle, sur la poursuite du bonheur. Il est également l’éditeur anglophone du QL.
La consommation, entre autre, est une affaire personnelle et les facteurs répressifs extérieurs, quoi qu’ils soient, seront toujours contournés. Il me semble donc naïf de croire que le retour des prix normaux ferait baisser la consommation par le seul fait des lois de ventes. Pourquoi la contrebande ne continuerait-elle pas d’exploiter ce marché? Certes les prix ne seraient plus compétitifs mais le marché serait toujours là à cause des lois sur l’âge.
L’éducation est la première arme, ensuite vient les responsabilités personnelles et sociales. On tente souvent de régler les problèmes en surface, ou légèrement en profondeur, mais cela tient plus du bandage que de la solution.
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@ GB:
« Pourquoi la contrebande ne continuerait-elle pas d’exploiter ce marché? », me demandez-vous.
Simple. Lorsque la cartouche de cigarettes légale se vend entre 50 et 55 dollars, la contrebande devient intéressante, puisque si les contrebandiers fixent le prix à 15$, par exemple, le bassin d’acheteurs prêts à épargner 40$ la cartouche est immense. Par contre, si la cartouche légale se vend à 20$, la grande majorité des acheteurs préférera mettre 5$ de plus pour acheter des cigarettes de meilleure qualité que celles obtenues sur le marché noir, d’une part, et d’autre part, ne prendront pas le risque de se faire prendre, avec le contrebandier, pour une économie si minime. Or, si le bassin d’acheteurs diminue fortement, le nombre de contrebandiers diminuera aussi, puisque la réussite de la contrebande consiste à écouler les stocks rapidement, afin de ne pas se faire prendre avec. Aucun contrebandier ne garde en stock d’importantes quantités de cigarettes illégales, parce que le risque de se faire prendre par la police devient trop grand. Or, avec si peu de marge de manoeuvre, la contrebande s’éteindra d’elle-même, comme ce fut le cas au milieu des années 1990.
Dans un monde idéal, l’éducation serait effectivement une arme efficace. Toutefois, il faut avouer que dans notre monde réel, elle a aussi ses limites; malgré les millions de dollars investis dans celles-ci, toutes les campagnes contre l’alcool au volant n’empêchent pas de nombreuses arrestations, annuellement, pour conduite en état d’ébriété, et il ne s’agit pas toujours d’ivrognes irrécupérables, loin de là. Je veux bien croire que l’éducation est la première arme, mais son efficacité est plutôt variable, en fonction du domaine où on l’utilise. Et dans le cas de la consommation de tabac, je suis de ceux qui croient que l’abolition des taxes punitives, sur les produits du tabac, serait une mesure beaucoup plus efficace pour réduire la consommation de tabac chez les jeunes. Quant aux adultes, il serait bien qu’on leur laisse vivre leur vie, et qu’on leur foute la paix.
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Comme toujours tu as raison Richard 😉
Il est important de noter que c’est pas mal difficile pour les jeunes de pogner ces cigarettes indiens, evidemment un jeune de <17 ans ne peut pas se conduire au reserve…
Les cigarettes indiens sont generalement terribles quand meme.
La modalite des cigarettes contrefaits qui sont produit dans la Coree du Nord sont interessant. Je ne veux pas les acheter, faute de ne pas vouloir supporter cet regime honteux. Par contre, on trouve tres facilement sur l'internet des cigarettes "de marque populaire" comme Marlboro, etcetera, a des tres faibles prix, genre 12 ou 15$/carton.
Normalement ces sites jurent que leur stock provient de la Russie et ils sont pas des contrefaits, mais c'est aussi connue que la Coree du Nord exporte un tres grand quantite de ces cigarettes, mais on ne les voient pas a vendre sur l'internet (ou bien, ces sites-la, ne le disent jamais).
Pour trouver plus sur ces cigarettes vous pouvez regarder sur http://www.dailynk.com …
huummmmm
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Citer le kébé quoi ? libre (??) comme source d’information, faut le fire.
Ce ramassis de vermines gestapistes paranoïaques délirantes…
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@ Fier socialiste:
Pourriez-vous élaborer sur ce que vous qualifiez de « vermines gestapistes paranoïaques délirantes », s’il vous plaît?
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LOL, gestapistes et libertariens. Freedom is slavery 🙂
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