En apprenant, ce vendredi matin, l’histoire de ce policier du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), qui aurait, semble-t-il, “menacé” un itinérant de le menotter à un poteau pendant une heure, dans un contexte de grand froid, ledit itinérant ne portant qu’un t-shirt et des bermudas, j’ai eu le réflexe d’écrire là-dessus, je dirais de trois à quatre fois, pendant la journée. Ce qui m’a finalement convaincu, c’est le texte de François Doré, un blogueur du Journal de Montréal, texte intitulé “Menaces d’un policier envers un itinérant, on se les calme un peu! » D’ailleurs, j’aime bien la dernière phrase de son billet, qui dit “Le monde se porterait tellement mieux si certains critiques devenaient chef de police. » Et pourquoi cela ne se produira jamais? D’abord parce qu’ils ne voudront jamais prendre une telle responsabilité. Mais aussi, et surtout, parce que les connaissances de ces critiques dans le domaine des interventions policières se résument à… “sweet f**k all”! Zéro, pis une barre! Je m’explique.
En lisant le billet de monsieur Doré, je me suis dit que c’est probablement ce que j’aurais écrit si j’avais eu davantage d’informations sur cet événement. Mais ce qui m’a particulièrement saisi, pour avoir vu la séquence vidéo, c’est que “le justicier au iPhone” – que je ne serais même pas surpris de voir au rang des invités de la prochaine émission de “Tout le monde en parle” – s’adresse directement au policier, comme si celui-ci animait une conférence avec période de questions, alors que dans les faits, il est au beau milieu d’une intervention avec une personne qui, manifestement, n’est pas tout à fait là! Se pourrait-il que le policier mettait en pratique une méthode d’intervention afin de s’assurer de la présence d’esprit de l’individu, méthode dont une phrase, sortie de son contexte, pouvait être interprétée comme des menaces? Je ne le sais pas, et probablement que le justicier au iPhone non plus!
En fait, depuis que l’événement fut rendu public, les médias ont passé en boucle le “petit bout de film” de notre Télécino en herbe, mais personne n’a pensé inviter un psychiatre, ou un autre intervenant en santé mentale, afin de savoir s’il s’agit d’une façon de faire reconnue, ou au contraire, si le policier a réellement mal agi. À la place, on a préféré sauter aux conclusions, et mettre un micro sous le nez du maire de Montréal, Denis Coderre, qui a sûrement une grande expérience, et ce autant dans le traitement de cas de santé mentale que dans la planification d’opérations policières. Monsieur le maire a donc servi aux journalistes sur place un discours interminable sur le fait que la ville, avec le SPVM, ont mis en place des mesures pour venir en aide aux itinérants lors de périodes de grand froid, que depuis la campagne électorale, il était constamment en mode solutions, mais que le policier, lui, avait définitivement mal agi, et qu’il n’allait pas défendre l’indéfendable Le tout sur un ton tellement monocorde qu’on aurait cru que l’intervention de deux ou trois minutes, tout au plus, fut aussi longue qu’un discours-fleuve de Fidel Castro! Dans les faits, qu’est-ce qu’il en sait? Probablement pas plus que moi, mais sa diatribe nous a montré l’expérience qu’il a acquise pendant ses années à la Chambre des Communes, soit celle d’endormir le bon peuple. Ou à tout le moins d’essayer.
Premièrement, il devrait exister une règle claire, à savoir que l’on ne dérange pas un policier pendant le cours d’une intervention. D’une part, parce que l’on risque de faire échouer ladite intervention, ou pire encore, de mettre en danger sa propre vie, ou celle d’autrui. Imaginez si l’itinérant avait sorti un couteau, et avait tenté de poignarder le justicier au iPhone pendant qu’il s’adressait au policier! D’autre part, si l’on trouve qu’un policier agit de façon inappropriée, il y a plusieurs tribunes pour contester la manière qu’il utilise pour faire son travail; il n’est absolument pas nécessaire de lui en faire part en pleine intervention. Souvenez-vous qu’il y a toujours au moins deux façons de faire les choses; il y a la vôtre, et il y a la bonne!
Deuxièmement, le maire de Montréal aurait dû refuser de commenter, parce que les agissements du policier sont susceptibles de se retrouver sous enquête, et de ce fait, tout commentaire de sa part risque d’influencer, dans un sens comme dans l’autre, le travail d’enquête à effectuer, et les conclusions de celui-ci. Denis Coderre est passé maître dans l’art de “twitter”, plus vite que son ombre, tout ce qui lui passe par la tête; maintenant qu’il est le maître de l’Hôtel-de-ville, il devra apprendre à fermer sa gueule quand c’est le temps! Parce que si ça peut sembler grave d’en dire trop peu après – ou pendant – une enquête, imaginez ce qui pourrait arriver à force d’en dire trop avant!
Finalement, les journalistes devraient y penser à deux fois avant de diffuser le petit bout de film du premier Télécino en herbe à se présenter chez eux, dans le but d’obtenir le scoop! Qui se souvient de “l’expert en questions islamiques” de TVA, l’imam Saïd Jaziri, qui s’est placé lui-même en position illégale, et fut chassé du pays? Tout un expert, n’est-ce pas? Notre justicier au iPhone a eu son quinze minutes de gloire; grand bien lui en fasse. Le cas de l’itinérant a-t-il été réglé plus rapidement, grâce à son intervention? Personne ne le saura jamais!
Quelqu’un sur le site de Radio-égo a posté un extrait audio où Éric Duhaime poste son opinion sur le sujet http://www.radioego.com/ego/listen/15132 en compagnie d’un blogueur appelé P.A Beaulieu http://pabeaulieu.blogspot.ca/2014/01/sujets-du-3-janvier-2014.html
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