La route 6 – (2) Des Méchins à Sainte-Anne-des-Monts

Nous nous sommes quittés à l’intersection de la rue Principale et de la route Bellevue Ouest (route 132), à l’entrée des Méchins.  La route 6 se poursuit sur la rue Principale, que nous suivrons sur 500 mètres avant de croiser la rue du Quai, puis au bout de presque 600 mètres supplémentaires, une jonction en Y se dresse devant nous; à gauche, la rue de l’Anse, et à droite, la rue Principale.  Ma question; entre ces deux options, où passait la route 6 en 1950?  Personnellement, j’opte pour la rue Principale, quoique les deux rues se raccordent à la route Bellevue Est (route 132); la rue Principale le fait au bout de quelque 400 mètres.  Par contre, pour sortir des Méchins vers l’est, vous devrez prendre la rue Bernier, puisque la rue Principale est à sens unique vers l’ouest. Après un autre demi-kilomètre, soit de l’autre côté du pont de la rivière Les Méchins, on prendra la rue de la Mer, et on la suivra sur environ 1,3 kilomètres avant de revenir à la route Bellevue Est (route 132).  Nous roulerons sur 2,5 kilomètres pour atteindre le lieu-dit des Petits-Méchins, puis encore 2 kilomètres pour arriver à l’entrée de la région de la Gaspésie, plus précisément dans la MRC La Haute-Gaspésie.  5 kilomètres plus loin, après avoir contourné la baie des Capucins, nous arrivons à l’intersection de la route du Village, à gauche, que nous prendrons.  Sur les quelque 1,8 kilomètres de cette route, la route 6 suivra le littoral du fleuve Saint-Laurent en traversant ce qui a déjà été le village de Capucins, maintenant intégré à la municipalité de Cap-Chat.

Après 2,6 kilomètres, les vestiges d’un ancien alignement de la route 6 peuvent se voir, à tout le moins sur les images du logiciel Google Earth.  Il s’étirait sur quelque 600 mètres avant de se raccorder à la route 132 actuelle, maintenant appelée rue Notre-Dame Ouest, sur laquelle nous roulerons encore 7 kilomètres avant d’entrer dans le village de Cap-Chat proprement dit. En passant, plus ou moins à mi-chemin, sur la droite, parmi les éoliennes modernes, on verra un drôle de poteau, énorme, avec comme des pales, de chaque côté de celui-ci; il s’agit du projet Éole, et c’est la plus haute éolienne à axe vertical au monde. Construite dans les années 1980, et à l’arrêt depuis 1993, on peut accéder au site via le chemin du Cap. Le site a été ouvert du 15 juin au 15 septembre, en 2024, et on s’attend à ce qu’il soit ouvert à chaque été.

Alors que les maisons commencent à se rapprocher les unes des autres, c’est la rue Del Val qui indiquera le début du village de Cap-Chat. 250 mètres plus loin, la rue qui permet d’accéder au parc industriel s’appelle la rue Écoliers. Ensuite, les rues se succèdent sur environ 1,5 kilomètres puis, devant l’église, la route 132 actuelle se sépare de la rue Notre-Dame, question d’accéder au nouveau pont, qui enjambe la rivière Cap-Chat. La rue Notre-Dame, probablement la route 6, en 1950, se termine à la rue des Fonds, sur le site de l’ancien pont, démoli depuis la construction du nouveau. De l’autre côté du pont, la route 6 (route 132) devient la rue Notre-Dame Est, et sur 3 kilomètres, elle aura une vocation plutôt résidentielle, quoique quelques commerces ont aussi pignon-sur-rue, avant de tourner vers la droite, près de la pointe de Cap-Chat. À environ 1,8 kilomètres de la sortie de la courbe, la rue de la Pointe-au-Géomon, qui s’étend sur 1,1 kilomètres, semble être un ancien alignement de la route 6. De retour sur la route 132 actuelle, celle-ci porte le nom de boulevard Sainte-Anne Ouest, ce qui indique que l’on est désormais sur le territoire de la ville de Sainte-Anne-des-Monts. Puis au bout d’environ un kilomètre, la route 6 semble se séparer de la route 132 actuelle, mais cette fois, c’est la nouvelle route qui semble suivre le littoral du fleuve; tout porte à croire que la route 6 passait sur ce qui est aujourd’hui la rue Bellerive, et c’est probablement un ponceau, dans une courbe plus ou moins à l’aveugle, qui a poussé les autorités à faire passer la route 132 actuelle sur le bord de l’eau.

Une fois revenus sur le boulevard Sainte-Anne Ouest, on parcourt environ 1,3 kilomètres pour atteindre la 1ère Avenue Ouest, mais celle-ci ne semble pas être un ancien alignement de la route 6; il faut faire 800 mètres de plus pour trouver ce qui semble être un ancien lien entre le boulevard Sainte-Anne Ouest actuel et la 1ère Avenue Ouest, lien qui n’est plus en service de nos jours, et qui fut remplacé par une courte traverse de 60 mètres tout au plus. Nous prendrons donc cette traverse, puis tournerons à droite sur la 1ère Avenue Ouest, afin d’entrer dans la ville de Sainte-Anne-des-Monts.

Projet Apuiat: Il faut se mettre les yeux en-face des trous

En furetant sur le web, comme je le fais quand j’ai un peu de temps, je suis tombé sur un article de Marie-Ève Doyon, publié dans le blogue des Spin-Doctors, du Journal de Montréal, article intitulé Déterrer la hache de guerre.  Si je vous en parle, vous vous en doutez bien, c’est parce qu’il a retenu mon attention.

Dès l’ouverture, madame Doyon mentionne que le fait que le gouvernement Legault n’aille pas de l’avant avec le projet Apuiat représente “une gifle en plein visage” pour les Innus de la Côte-Nord.  À mes yeux, si tel est le cas, force est de constater que les Innus se sont laisser bercer d’illusions, soit par l’ancien gouvernement libéral, soit par Boralex, le promoteur du projet, soit par les deux.  La lettre d’Éric Martel, PDG d’Hydro-Québec, en août dernier, aurait été un signal d’alarme suffisant pour jeter un nouveau coup d’oeil à l’ensemble du projet.

Madame Doyon poursuit en mentionnant que “Toutefois s’il était réalisé, le projet aurait pour avantage de générer 300 à 400 emplois pendant toute la durée de la construction des éoliennes dans une région où le taux de chômage est l’un des plus élevés au Québec”.  Je veux bien croire, mais cela me fait penser à ce que racontait Fred Thompson quand il disait – de façon sarcastique – que sa façon préférée de stimuler l’économie est de donner une pelle à chaque chômeur; la moitié des chômeurs creusent des trous, et l’autre moitié les remplissent.  Chacun retire sa paye le jeudi, et tout le monde est heureux! Je veux bien trouver des jobs à des chômeurs, mais encore faut-il que je ne les paie pas inutilement.  Construire des éoliennes alors que l’on est en surplus d’électricité, ça revient à la même chose que de creuser des trous dans le seul but de les remplir.

Cela me rappelle le temps où Gilles Duceppe, alors chef du Bloc québécois, implorait les gouvernements d’investir deux milliards de dollars dans l’industrie forestière québécoise, au moment où cette industrie était en pleine crise; ç’aurait été brillant d’abattre des millions d’arbres, et de les faire débiter dans des scieries, juste pour regarder les madriers se tordre dans les cours à bois!

Quand madame Doyon ajoute que “En faisant son calcul des coûts/bénéfices, le gouvernement ne tient pas compte des retombées intangibles qui pourraient émerger du projet Apuiat. La valorisation des 9 communautés innues de la Côte-Nord, la possibilité pour toute cette communauté de participer à un grand projet et le climat de collaboration qui s’établirait entre les Innus, Hydro et le gouvernement ne sont que quelques-uns des nombreux avantages liés à la poursuite des travaux dans ce dossier”, elle oublie un peu trop rapidement un autre “grand projet” qui impliquait les Premières nations, en Basse-Côte-Nord, cette fois; il avait été confié à une organisation qui portait le nom de Pakatan Meskanau de la Grande Séduction, qui était composée de cinq municipalités et de deux nations Innus, et devait construire, à terme, la route 138 entre Kégaska et Vieux-Fort.  Près de 400 kilomètres de route, à construire d’abord en route forestière, puis à améliorer au moment jugé opportun.  En 2006, le gouvernement de Jean Charest accorde 100 millions$ sur 10 ans pour débuter le tout.  En 2010, une somme supplémentaire de 120M$ est allouée.  En date de février 2015, 47M$ ont été dépensés, seulement 12 km de route ont été construits, et les relations entre Pakatan (soutenue par Génivar, maintenant WSP), les entrepreneurs (locaux pour la plupart), et le MTQ (principalement son bureau de la Basse-Côte-Nord), ont été, pendant à peu près tout le projet, tout simplement pourries.  Aujourd’hui, les villages isolés de la Basse-Côte-Nord sont toujours aussi isolés.  Alors, l’histoire de “participer à un grand projet”, à mes yeux,…

Je ne dis pas qu’il faille regarder les Premières nations de haut, je dis seulement que tous les intervenants, y compris les Premières nations, doivent se mettre les yeux vis-à-vis des trous, et regarder la réalité en face! On veut pousser un projet dont on ne veut pas acheter le produit, pour cause de surplus d’inventaire! L’hiver s’en vient; imaginez qu’à chaque demeure, il y a déjà deux souffleuses à neige, que les entrepôts des distributeurs sont remplis de souffleuses à neige et que l’on vienne vous demander de participer à la construction d’une superbe usine… de souffleuses à neige!  Je suis convaincu que madame Doyon serait la première à dire que cela ne fait aucun sens.  Mais aujourd’hui, elle veut nous convaincre du contraire.  Au lieu de nous réciter du Félix Leclerc, vous devriez mettre vos yeux en-face des trous, madame!