Beaucoup de gens sont encore surpris des résultats de l’élection générale fédérale du 2 mai dernier, alors que d’autres – et pas les moindres – ne les prennent toujours pas! C’est le cas de l’ancien Radio-Canadien Normand Lester, qui a pété sa coche lors de l’émission de Paul Houde, au 98,5 FM, enregistrement que je ne trouve plus, malheureusement. Mais ceux qui ont manqué le coup de masse de Lester, à la radio, peuvent se reprendre dans Le Devoir de ce lundi matin, dans une lettre d’opinion. Il reprend, en gros, les insultes qu’il a lancées aux électeurs de Berthier-Maskinongé. Vous pouvez aller voir la page comme tel en cliquant ici, mais je vais faire du copier-coller, et vous mettre le texte intégral de son intervention. Ça va comme suit:
Libre opinion – Sains d’esprit, les Québécois?
Quelque 22 403 personnes qui paraissaient assez saines d’esprit et lucides pour être admises dans un bureau de scrutin, soit 40 % des électeurs de Berthier-Masquinongé, ont choisi Ruth Ellen Brosseau, une parfaite inconnue, pour les représenter au Parlement fédéral. Tout ce qui était dit d’elle dans la documentation du NPD était qu’elle aimait les petits animaux et qu’elle veillait à leur bien-être. D’où elle venait, ce qu’elle était, ce qu’elle voulait faire et était capable de faire pour son comté, ses électeurs s’en foutaient comme de l’an quarante.
Plusieurs centaines de milliers de Québécois se sont ainsi précipités pour voter en faveur de «poteaux» néodémocrates dont ils ne savaient absolument rien sauf qu’ils étaient des candidats de «Jack». Jack qui? Euh… Clayton… Peyton… Vous savez bien, le gars sympathique à moustaches qui est passé il y a deux semaines à Tout le monde en parle.
Ces centaines de milliers de «Ti-counes» ont voté comme leurs voisins, comme les gars à job, au garage. Rita, Thérèse et Yolande, elles, ont fait comme leurs chums de filles au salon de coiffure et au bureau: «On veut faire pareil comme les autres. Quand tout le monde votait Bloc, on votait Bloc. Le Bloc, c’est pus à mode. Chose l’a dit à radio à matin. Maintenant, c’est Jack. Y le disent à tivi, tout le monde fait d’même c’t’année! C’est un beau monsieur, propre de sa personne, bien mis. Souriant et compatissant en plus.»
Que voulez-vous, je vous le demande, qu’un peuple de suiveux et de moutons complexés comme les Québécois fasse? Ils vont faire comme tout le monde de crainte d’être perçus comme différents. Ils vont être solidaires. Le mot solidaire déguise bien notre besoin de conformisme tricoté serré. So-So-Solidarité. On aime tellement mijoter ensemble dans notre médiocrité collective. Tout le monde le fait, fais-le donc, disait jadis le slogan d’une radio populaire.
On a parlé d’«effet Layton» pour expliquer ce qui est arrivé. C’est de l’«effet lemming» qu’il s’agit. Vous savez ces petits rongeurs nordiques qui sont à la fois stupides et solidaires au point de suivre leurs semblables lorsqu’ils se jettent en masse en bas d’une falaise. Il faut remplacer le mouton de saint Jean Baptiste comme notre symbole national officieux par le lemming. Heureusement, Ruth Ellen aime bien les petits animaux.
Les médias, s’appuyant sur des sondages à répétition, commentés à n’en plus finir, servent de caisses de résonance pour certains phénomènes porteurs qui attirent des auditoires. Les journalistes, qui ont naturellement le coeur à gauche, ont joué le jeu du NPD. Si Jack avait été de droite, il en aurait été différemment. Plutôt que d’encourager la vague avec des commentaires sympathiques et rieurs, les analyses critiques, les commentaires malveillants, les reportages hostiles et les portraits négatifs auraient abondé pour ramener le bon peuple dans le droit chemin.
Quant aux patrons de presse, à Radio-Canada, à Power Corporation et ailleurs, ils n’avaient aucune raison d’intervenir comme ils le font habituellement lorsque leurs journalistes se laissent emporter par un engouement qui menace l’ordre fédéral. Le coup de foudre pour Jack nuisait essentiellement au Bloc.
Les résultats des élections fédérales au Québec ont confirmé au Canada anglais les préjugés et les stéréotypes qu’on y entretient sur les Québécois comme le démontrent les milliers de commentaires cruels laissés sur les sites des médias anglophones. Et la réalité est encore pire puisque les webmestres ont retiré les plus désobligeants et méprisants.
À Berthier-Maskinongé, il y a maintenant des électeurs qui dénoncent leur nouvelle députée parce qu’elle ne parle pas français, habite Ottawa, a préféré Las Vegas aux élections et n’est jamais venue faire campagne dans la circonscription.
Les seuls dans cette affaire qui méritent d’être vivement dénoncés sont les 22 403 électeurs du comté qui ont voté pour elle simplement pour faire comme tout le monde. Cela s’applique bien sûr à tous les imbéciles du Québec qui ont voté aveuglément en faveur de «poteaux» (quelle que soit leur valeur personnelle) parce qu’on a parlé en bien de Jack à tivi.
La majorité des électeurs ne comprend rien à la politique en général et encore moins aux questions économiques et au fonctionnement de l’État. Ils se méfient des politiciens dont bon nombre sont soupçonnés d’être des menteurs et des corrompus au service des milieux d’affaires et des lobbies. Pour s’y retrouver, ils se fient à des références: amis, parents, journalistes, commentateurs à la radio ou à la télé. Cette fois, il y avait unanimité. Jack, Jack, Jack, faisaient les canards, les perdrix et les sarcelles…, comme le dirait Vigneault.
Ce qui s’est passé au Québec la semaine dernière démontre les limites de la démocratie.
***
Normand Lester – Chroniqueur au 98,5 FM et à Yahoo Québec
Évidemment, une telle lettre ouverte a attiré son lot de commentaires, autant en appui qu’en opposition, aux propos de l’ancien journaliste. Alors j’en ai profité, moi aussi, pour répondre à monsieur Lester. Dans la page du Devoir, j’ai dû faire deux interventions distinctes, limiteur de caractères oblige, mais que je joindrai ici pour n’en faire qu’une seule. Voici ce que cela donne:
Et pis quoi, encore?
Normand Lester – qui est dans le domaine journalistique depuis tellement longtemps qu’il devrait savoir par coeur que l’on écrit Berthier-Maskinongé avec un « k », et non avec « qu » – semble vouloir laisser entendre qu’il ne faudrait laisser le droit de vote qu’à ceux qui connaissent la politique en général, les questions économiques et le fonctionnement de l’État? Grand bien lui en fasse! À mes yeux, son papier est un exemple du prix à payer pour la liberté d’expression, sans plus!
Notre société est pourtant remplie d’exemples de tolérance, envers la médiocrité de tout acabit. D’ailleurs, s’il fallait ouvrir les salles de nouvelles aux seuls journalistes faisant preuve d’une neutralité constante et incontestable, nos médias seraient bien vides, et Le Devoir, pour ne nommer que celui-ci, aurait fermé ses portes depuis belle lurette.
Dans notre société distincte, où les syndicats défendent jusqu’au sang le droit des enseignants du primaire et du secondaire, ces intervenants de première ligne de la pensée future de nos enfants, à ne pas être évalués sur leurs compétences, il faudrait maintenant évaluer les connaissances politiques des électeurs, avant de leur donner le droit de vote? Cela nous mènerait à une société exemplaire, où seuls les élites auraient droit au chapitre. Après tout, cela fait plus de 50 ans que celles-ci travaillent à « fidéliser » le citoyen lambda!
Mais force est de constater que le soubresaut du 2 mai n’était manifestement pas prévu de leur part! Que faire, alors? Il faut recommencer, taper sur le clou, traiter les électeurs de Berthier-Maskinongé, qui ont osé voté NPD, de tous les noms, les humilier sur la place publique, leur faire jurer de ne plus recommencer.
Une question me chicote, toutefois; si l’élite peut taper sur les doigts des citoyens qui agissent mal, lorsque l’élite fait une gaffe, qui a le devoir de la ramener à l’ordre?
Je suis d’accord pour dire que les citoyens devraient en connaître un peu plus, sur le fonctionnement de la politique de notre pays, sur les rouages de l’économie, et d’autres sujets d’actualité. Mais dites-moi, à quel niveau scolaire enseigne-t-on aux jeunes québécois les principes de base des lois de l’offre et de la demande? Quand leur montre-t-on des exemples de problèmes qui furent réglés par des décisions politiques? Leur explique-t-on le fonctionnement de notre société, le rôle des gouvernements municipaux, provinciaux, et fédéral, ainsi que les pouvoirs qui appartiennent à chacun d’entre-eux?
Le jour où nos jeunes sortiront des écoles avec toutes ces connaissances, ils éviteront probablement de voter pour un parti XYZ sur un coup de tête. Ils seront capables de décortiquer les bulletins de nouvelles de différentes sources, afin d’y séparer la vraie information du message préfabriqué, et de se former une opinion par eux-mêmes. Mais comme une telle situation affaiblira définitivement la position de contrôle des élites, il est hors de question d’aborder ces sujets à l’école, sinon pour les endoctriner avec des formules toutes faites d’avance, mettant le cerveau de nos enfants au service de nos chères élites et de leur cause. Encore chanceux; nos enfants sont passés bien près d’avoir à lire des torchons comme « Parlons souveraineté à l’école », de notre cher crosseur professionnel, Gérald Larose!
Bref, les électeurs de Berthier-Maskinongé ont voté selon leurs connaissances, et selon leur esprit du moment. Mais qu’ils en soient fiers, ou encore qu’ils le regrettent amèrement, ce choix demeurera toujours le leur, et personne n’a à leur imposer qui que ce soit. Le droit de vote demeure l’une des dernières libertés restantes aux citoyens; pourrait-on au moins les laisser l’exercer sans leur taper dessus?
Maintenant, à vous de juger! Vous pouvez commenter, vous aussi, sur la page du Devoir; juste à suivre ce lien, qui vous mènera vers la page en question.
Fantomatique élue … fantomatique diplôme !
«Elle est diplômée en publicité, communication et marketing intégré du collège St. Lawrence de Kingston. » (information publiée sur site officiel du NPD: http://www.npd.ca)
On sait maintenant (10 mai 2011) que Madame Brosseau n’est pas détentrice de ce diplôme. La mention du fantomatique diplôme a été retirée du site officiel du NPD !
Yves Claudé
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@ Yves Claudé:
Selon les informations que j’ai pu glaner, il semble que ce soit le NPD, et non pas Ruth Ellen Brosseau elle-même, qui ait « complété le diplôme » de la jeune députée de 27 ans, sur le site web du parti. D’ailleurs, il semble que plusieurs politiciens ont obtenu des diplômes sur des cours non-complétés; qu’on se souvienne de la course à la chefferie de l’ADQ, en 2009!
D’ailleurs, Ruth Ellen Brosseau a fait une première tournée de sa circonscription, hier, en compagnie de Thomas Mulcair, et de Robert Aubin, député nouvellement élu dans Trois-Rivières. En plus d’avoir attiré plus de journalistes dans le comté en un seul jour que le député sortant, le bloquiste Guy André, a pu le faire depuis 2004, elle a charmé tout le monde, sur son passage; elle est avenante, sympathique, et on sent beaucoup de volonté, de sa part. Elle dit ouvertement qu’elle ne s’attendait pas du tout à gagner, mais qu’elle est prête à faire les efforts nécessaires – y compris un déménagement dans la circonscription – pour accomplir la tâche. Et pour avoir visionné une entrevue d’une dizaine de minutes, qu’elle a accordé à TVA, hier, son français est somme toute meilleur que l’anglais de Pauline Marois!
Bref, même si je suis de ceux qui ne se sont pas privé de s’amuser sur son cas, depuis – et même avant – son élection, dans Berthier-Maskinongé, je crois sincèrement qu’elle mérite sa chance; après tout, ma mémoire n’arrive pas à se souvenir d’un député de la région qui ait fait des miracles à Ottawa!
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Je ne pense que les Quebecois sont cons. Les dernieres elections au Quebec au mois de mai 2011 comme ailleurs sur la planete les citoyens ne croient plus aux politiciens….pas juste au Quebec…Obama…. on a vote pour lui pour mettre Bush a la porte…Sarkozy pour mettre Chirac et sa clique a la porte…Scwartznegger pour mettre les sociaux democrates a la porte…la droite en Espagne pour mettre Zapattero a la porte…L Angleterre a connu le meme sort il y a quelques mois…Les Quebecois savent le bordel economique, social et culturel qui existe au Quebec. Le Quebec tourne en rond et stagne depuis 1970 apres avoir essaye le PQ, le Pati Liberal, l Union Nationale, l ADQ…Ce sont les hommes d affaires qui courent derriere les contrats des gouvernements ainsi que les magouilluers et lkes grands chefs d entreprises qui s interessent a la politique….le petit citoye ne croit plus a la politique…rien na change pour les petits au Quebec et au Canada…et ailleurs…On vote pour mettre un autre a sa place…on sait que celui pour qui on a vote ne fera rien et essayera de se remplir les poches comme tous les precedents gouvernements…Alors les electeurs quebecois votant pour Jack….continuent le processus electoral applique a travers la plane…on vote pour mettre le chef et le parti a la porte…le reste on s en crisssss…aucun espoir d amelioration….les riches au Canada seront plus riches …et les pauvres vont devenir plus pauvres…Karl Marxe et Friedrich Engels 1854 ont predit et nous on mis en garde contre cette societe capitaliste dans laquelle nous nageons…Le systeme veut qu on le laisse le proletariat ( les pauvres ) avoir la tete juste au dessus de l eau pour ne pas qu il se noie…car aura besoin de lui un de ces jours pour l utiliser et faire plus de profits…la classe moyenne disprait lentement partout…pas juste au Quebec…alors les elections ca sert a quoi…?
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@ Dr. André Dahamni:
Êtes-vous en train d’essayer de me convaincre que la dictature serait la meilleure solution?
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