Ma première réplique à Madeleine Pilote-Côté

J’aime bien, vous le savez, répliquer à un texte paragraphe par paragraphe.  Comme cela fait un sacré bout que je n’ai pas commis l’exercice, l’idée de le faire m’est venue aussitôt que j’ai lu le texte de la dernière recrue du Journal de Montréal, Madeleine Pilote-Côté.

Diplômée de l’école nationale de l’humour, elle s’était inscrite à un concours intitulé “Les novices”, qui visait à faire connaître aux lectorat du Journal de Montréal de nouveaux chroniqueurs d’opinion.  Et comme elle a remporté le concours, on voit de ses textes, à l’occasion, dans les pages d’opinion du quotidien montréalais.

Sa dernière colonne, parue dans l’édition papier de ce matin, m’a sauté aux yeux.  Bien entendu, je ne peux pas lui reprocher d’avoir une opinion. Au contraire; nous devrions tous, autant que nous sommes, suivre suffisamment l’actualité pour être capable d’avoir sa propre idée sur des sujets qui nous intéressent.  Par contre, et j’espère que ce sera le cas pour madame Pilote-Côté, le fait d’exprimer une opinion inclut aussi le fait que l’on doive s’attendre à ce que d’autres personnes aient une opinion contraire.

Allons-y donc! Le texte de Madeleine Pilote-Côté sera en couleur, alors que mes répliques seront en noir.

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L’homme blanc: d’un océan à l’autre

Présentement, au Canada, tous les premiers ministres des provinces sont des hommes blancs de plus de 45 ans. Allô la diversité.

C’est la victoire de Dennis King, mardi passé à l’Île-du-Prince-Édouard, et celle de Jason Kenney la semaine d’avant en Alberta qui ont tué mon espoir de voir mon pays représenté par une pluralité de visages. Dix provinces canadiennes, 10 premiers ministres baby-boomers blancs.

Évidemment, madame Pilote-Côté fait ce constat alors qu’il n’y a pas si longtemps, pas moins de 5 femmes occupaient simultanément la fonction de premier ministre de diverses provinces du Canada.

Pourquoi est-ce que je prends ces élections pour faire l’objet de ma chronique d’aujourd’hui ? C’est parce que je ne me sens pas représentée par ces dirigeants politiques. Quand je marche dans la rue, je vois un Canada coloré, féminin, masculin, homo, noir, métis… Pourquoi ne vois-je pas cette diversité sur la scène politique ? Je veux me voir, je veux nous voir, je veux être représentée par des gens qui sont à l’image de ce qu’est mon pays dans toute son hétérogénéité.

Mais les canadiens sont représentés par des gens qui sont à l’image de ce qu’est le Canada dans toute son hétérogénéité!  Pour l’heure, les premiers ministres des provinces sont tous des hommes blancs parce que ça s’adonne comme ça pour l’instant, mais lors des prochains scrutins, qui sait de quoi le portrait aura l’air.  Comme je l’écrivais plus tôt, il fut une époque pas si lointaine où 5 femmes étaient premières ministres; en effet, entre le 11 février 2013 et le 24 janvier 2014, Kathleen Wynne (première lesbienne déclarée, de surcroit) était en poste en Ontario, Christy Clark en Colombie-Britannique, Kathy Dunderdale en Terre-Neuve-et-Labrador, et Alison Redford en Alberta, sans oublier Pauline Marois au Québec, dirigeaient les destinées de leur province respective.

Diversité, où te caches-tu ?

Il y a à peine trois décennies, personne n’aurait souligné cet état de fait. Nous vivions alors dans une société où non seulement les femmes, mais aussi les minorités étaient sous-représentées. Aucune mesure n’était instaurée pour corriger le tir.

Dites-moi, madame Pilote-Côté, quel genre de mesure pourrait-on mettre en place pour obliger les gens à voter pour ceux – ou celles – qu’ils ne veulent pas voir en poste?

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus à trouver que cela doit changer. À ressentir une « écœurantite », un « ça va faire ». À savoir que ces déclinaisons de Blancs qui nous sont proposées ne sont pas représentatives de la large palette des identités qui forment notre nation. Combien de temps allons-nous laisser les choses aller ? Surtout quand on sait qu’à ce rythme, c’est dans 106 ans que nous atteindrons la parité.

La meilleure façon de représenter une population donnée est encore de mettre sa face sur un poteau.  Je prendrai l’exemple ici de ma députée fédérale, Ruth Ellen Brosseau.  Elle a fait davantage parler d’elle, lors de sa première candidature, en 2011, à cause du voyage qu’elle a fait à Las Vegas, en pleine campagne électorale, et par son ignorance totale de sa circonscription (elle a avoué l’avoir trouvé via Google Maps!) que par son expérience politique, qui était alors nulle.

Une fois sa victoire confirmée, elle a eu une formation accélérée auprès de son parti politique, le NPD.  Ensuite, elle est allée voir son vis-à-vis provincial de l’époque, Jean-Paul Diamond, et lui a demandé les bons vieux “trucs du métier”, ce qu’il s’est fait un plaisir de lui donner.  En fait, cela se résumait en une phrase; “sois partout!”  Elle mit en pratique les conseils qu’elle a reçus, et lors de la campagne suivante, elle a battu son plus proche adversaire par plus de 8900 votes (de majorité!), alors que plus de la moitié des députés sortants du NPD, élus comme elle lors de la célèbre “vague orange”, ont carrément mordu la poussière.

Le programme de son parti est diamétralement opposé à ce que je recherche en politique fédérale, mais si je me retrouve en situation où je dois “voter l’homme”, comme on disait autrefois (c’est-à-dire voter pour la personne avant le parti), c’est clair qu’elle aura mon appui, car à titre de députée, elle fait une sacrée bonne job. Reste à savoir si son chef, Jagmeet Singh, saura faire remonter la pente à son parti; selon les derniers sondages, il semble qu’on soit loin de la terre promise!

J’ose espérer que si la tendance se maintient, ma génération propulsera aux postes de pouvoir les citoyens sous-représentés : femmes, personnes racisées, handicapées, trans et tous les autres. Et là, on pourra dire qu’on s’est prévalus de gouvernements majoritairement représentatifs.

Il y a une chose qu’il ne faut jamais oublier; les électeurs votent pour un programme avant de voter pour la diversité. Si une femme – ou une personne disons différente – présente un programme dont les électeurs ne veulent pas, elle ne gagnera pas! Point! C’est ainsi que Rita Johnson a mordu la poussière en Colombie-Britannique, en 1991, et que Kim Campbell a fait de même en 1993, sur la scène fédérale. La première femme à vraiment gagner ses élections – à titre de première ministre – fut Catherine Callback, à l’Ïle-du-Prince-Édouard, en janvier 1993.

Suite à la défaite de Hillary Clinton, face à Donald Trump, chez nos voisins du Sud, en 2016, d’aucuns se demandaient si madame Clinton avait perdu parce qu’elle était une femme.  La réponse est non.  Elle n’a pas perdu parce qu’elle est une femme; elle a perdu parce qu’elle est Hillary Clinton.  Elle a fait sa marque en tant que secrétaire d’état pendant le premier mandat de Barack Obama, et son passé a parlé pour elle.

De retour chez nous, l’une des époques les plus effervescentes, en politique, fut après l’échec de l’Accord du lac Meech; c’est à cette époque que les québécois sont passés à deux cheveux de se donner un pays bien à eux.  À ce moment-là, on aurait pu présenter une perruche pour le PQ qu’elle se serait fait élire!  J’exagère à peine!  Si vous voulez être représentée par un – ou une – personne sous-représentée, c’est simple; votez pour cette personne, et encouragez vos voisins à faire de même.  Voilà!

A-50 (2011): À la montée Papineau

Dernière étape du périple photographique du 29 octobre 2011, voyons ensemble l’évolution de la construction de l’autoroute 50, cette fois dans le secteur des montées Saint-François, et Papineau.

Voici de quoi avait l’air l’A-50, vers l’est, depuis le viaduc de la montée Saint-François.  Nous reconnaissons les deux damiers, dos à dos, qui marquent la fin du chantier, semblables à ce que l’on a vu dans les billets sur l’échangeur de la route 321.  Notons qu’à part la couche de base d’asphalte, et la signalisation, il n’y a pas beaucoup de différences entre le niveau d’avancement des deux chantiers.

Cette fois, il s’agit de l’A-50, mais en direction ouest.  Nous voyons le viaduc, ainsi que l’échangeur, de la montée Papineau.

Sur la première photo de ce billet, nous pouvions voir, tout au loin, un panneau de supersignalisation.  J’ai marché le kilomètre et demi qui sépare la montée Saint-François de celui-ci, et ce afin de vous le montrer en primeur.  Vous savez maintenant que la dernière sortie avant la fin actuelle de la partie ouest, au nord de Thurso, sera la sortie 197.

Bon, en revenant vers la montée Saint-François, je me suis permis de vous livrer un peu de pédagogie.  Pour les deux ou trois personnes qui ne le savaient pas déjà, les réflecteurs, que l’on voit sur les glissières de sécurité, sont en fait fixés aux blocs de bois, qui se situent entre la glissière et le poteau de soutien.  Quand la glissière se trouve à votre gauche, les réflecteurs sont jaunes,…

…et quand la glissière se trouve à votre droite, les réflecteurs sont blancs, question de s’harmoniser avec les lignes de rive, peintes sur la chaussée.  Comme la glissière est rattachée au poteau avec un seul boulon, il arrive, avec le passage des années, qu’un bloc devienne lâche, et se retourne; autrefois, on pouvait voir alors un réflecteur sous la glissière, et de la mauvaise couleur.  Mais plus maintenant, puisque les réflecteurs blancs et jaunes sont installés sur des blocs différents.

Voici le viaduc de la montée Papineau, vu du dessus.  Les bandes blanches, peintes de chaque côté de la chaussée, nous permettent de croire qu’une fois l’A-50 ouverte, le viaduc pourrait bien permettre la circulation sur quatre voies.

Nous terminons avec deux images de l’A-50, prises depuis le pont d’étagement de la montée Papineau, photos qui, compte tenu du soleil couchant (ben oui, ça m’arrive encore, de me faire prendre par la tombée de la nuit!), m’ont donné du fil à retordre.  D’abord celle-ci, vers l’ouest, où l’on peut voir un reflet rouge, au milieu de la photo; il est causé par le soleil qui frappe sur la glissière de sécurité.

Sur celle-ci, qui montre l’A-50 vers l’est, on remarque une bande rouge, à gauche, sur la photo.  Je ne sais pas si c’est causé par le fait que l’objectif de mon appareil était muni d’un pare-soleil, mais tout le reste de la photo semble correct.  Cela prouve que j’en ai encore à apprendre, question photographie!

Compte tenu de l’heure tardive (eh oui, le soleil, encore!), ainsi que du fait que j’aie pris la mauvaise route (au lieu de prendre la montée Papineau vers le sud, et le chemin Malo, j’ai pris le chemin des Cascades, et le rang Saint-Louis, pour aboutir finalement à la route 317, près de Saint-Sixte), je ne me suis pas rendu dans le secteur plus à l’ouest de l’A-50.  Il me reste donc une dizaine de kilomètres à visiter, le long desquels on retrouve, entre autres choses, le pont de la rivière de la Petite-Nation, ainsi qu’un autre pont, juste à l’ouest de la montée du Gore qui, malgré qu’il traverse ce qui semble être un tout petit cours d’eau, a l’air plutôt impressionnant, vu depuis les images satellite de Google Maps.

Suite aux deux ouvertures de 2011, il ne manque plus que 24 kilomètres, environ, à l’A-50, pour devenir un lien ininterrompu entre la ville de Gatineau et l’A-15, à Mirabel, au nord de Montréal.  Bon, je sais que toutes les parties en super-2 ne sont pas de véritables autoroutes, mais quand même, c’est un début.  Avouez qu’il est plus facile de convaincre un gouvernement de doubler une autoroute déjà existante que de demander une autoroute à partir de rien.  La partie n’est pas gagnée d’avance pour autant; les demandes répétées pour le doublement du tronçon Lachute-Mirabel, qui porte son lot de morts tragiques à chaque année, depuis maintenant plus de 15 ans, sont toujours restées lettre morte (sans jeu de mots), et ce malgré la succession de titulaires, au Ministère des transports.

Le Canada aux urnes 2011: Normand Lester a pété sa coche!

Beaucoup de gens sont encore surpris des résultats de l’élection générale fédérale du 2 mai dernier, alors que d’autres – et pas les moindres – ne les prennent toujours pas!  C’est le cas de l’ancien Radio-Canadien Normand Lester, qui a pété sa coche lors de l’émission de Paul Houde, au 98,5 FM, enregistrement que je ne trouve plus, malheureusement.  Mais ceux qui ont manqué le coup de masse de Lester, à la radio, peuvent se reprendre dans Le Devoir de ce lundi matin, dans une lettre d’opinion.  Il reprend, en gros, les insultes qu’il a lancées aux électeurs de Berthier-Maskinongé.  Vous pouvez aller voir la page comme tel en cliquant ici, mais je vais faire du copier-coller, et vous mettre le texte intégral de son intervention.  Ça va comme suit:

Libre opinion – Sains d’esprit, les Québécois?

Quelque 22 403 personnes qui paraissaient assez saines d’esprit et lucides pour être admises dans un bureau de scrutin, soit 40 % des électeurs de Berthier-Masquinongé, ont choisi Ruth Ellen Brosseau, une parfaite inconnue, pour les représenter au Parlement fédéral. Tout ce qui était dit d’elle dans la documentation du NPD était qu’elle aimait les petits animaux et qu’elle veillait à leur bien-être. D’où elle venait, ce qu’elle était, ce qu’elle voulait faire et était capable de faire pour son comté, ses électeurs s’en foutaient comme de l’an quarante.

Plusieurs centaines de milliers de Québécois se sont ainsi précipités pour voter en faveur de «poteaux» néodémocrates dont ils ne savaient absolument rien sauf qu’ils étaient des candidats de «Jack». Jack qui? Euh… Clayton… Peyton… Vous savez bien, le gars sympathique à moustaches qui est passé il y a deux semaines à Tout le monde en parle.

Ces centaines de milliers de «Ti-counes» ont voté comme leurs voisins, comme les gars à job, au garage. Rita, Thérèse et Yolande, elles, ont fait comme leurs chums de filles au salon de coiffure et au bureau: «On veut faire pareil comme les autres. Quand tout le monde votait Bloc, on votait Bloc. Le Bloc, c’est pus à mode. Chose l’a dit à radio à matin. Maintenant, c’est Jack. Y le disent à tivi, tout le monde fait d’même c’t’année! C’est un beau monsieur, propre de sa personne, bien mis. Souriant et compatissant en plus.»

Que voulez-vous, je vous le demande, qu’un peuple de suiveux et de moutons complexés comme les Québécois fasse? Ils vont faire comme tout le monde de crainte d’être perçus comme différents. Ils vont être solidaires. Le mot solidaire déguise bien notre besoin de conformisme tricoté serré. So-So-Solidarité. On aime tellement mijoter ensemble dans notre médiocrité collective. Tout le monde le fait, fais-le donc, disait jadis le slogan d’une radio populaire.

On a parlé d’«effet Layton» pour expliquer ce qui est arrivé. C’est de l’«effet lemming» qu’il s’agit. Vous savez ces petits rongeurs nordiques qui sont à la fois stupides et solidaires au point de suivre leurs semblables lorsqu’ils se jettent en masse en bas d’une falaise. Il faut remplacer le mouton de saint Jean Baptiste comme notre symbole national officieux par le lemming. Heureusement, Ruth Ellen aime bien les petits animaux.

Les médias, s’appuyant sur des sondages à répétition, commentés à n’en plus finir, servent de caisses de résonance pour certains phénomènes porteurs qui attirent des auditoires. Les journalistes, qui ont naturellement le coeur à gauche, ont joué le jeu du NPD. Si Jack avait été de droite, il en aurait été différemment. Plutôt que d’encourager la vague avec des commentaires sympathiques et rieurs, les analyses critiques, les commentaires malveillants, les reportages hostiles et les portraits négatifs auraient abondé pour ramener le bon peuple dans le droit chemin.

Quant aux patrons de presse, à Radio-Canada, à Power Corporation et ailleurs, ils n’avaient aucune raison d’intervenir comme ils le font habituellement lorsque leurs journalistes se laissent emporter par un engouement qui menace l’ordre fédéral. Le coup de foudre pour Jack nuisait essentiellement au Bloc.

Les résultats des élections fédérales au Québec ont confirmé au Canada anglais les préjugés et les stéréotypes qu’on y entretient sur les Québécois comme le démontrent les milliers de commentaires cruels laissés sur les sites des médias anglophones. Et la réalité est encore pire puisque les webmestres ont retiré les plus désobligeants et méprisants.

À Berthier-Maskinongé, il y a maintenant des électeurs qui dénoncent leur nouvelle députée parce qu’elle ne parle pas français, habite Ottawa, a préféré Las Vegas aux élections et n’est jamais venue faire campagne dans la circonscription.

Les seuls dans cette affaire qui méritent d’être vivement dénoncés sont les 22 403 électeurs du comté qui ont voté pour elle simplement pour faire comme tout le monde. Cela s’applique bien sûr à tous les imbéciles du Québec qui ont voté aveuglément en faveur de «poteaux» (quelle que soit leur valeur personnelle) parce qu’on a parlé en bien de Jack à tivi.

La majorité des électeurs ne comprend rien à la politique en général et encore moins aux questions économiques et au fonctionnement de l’État. Ils se méfient des politiciens dont bon nombre sont soupçonnés d’être des menteurs et des corrompus au service des milieux d’affaires et des lobbies. Pour s’y retrouver, ils se fient à des références: amis, parents, journalistes, commentateurs à la radio ou à la télé. Cette fois, il y avait unanimité. Jack, Jack, Jack, faisaient les canards, les perdrix et les sarcelles…, comme le dirait Vigneault.

Ce qui s’est passé au Québec la semaine dernière démontre les limites de la démocratie.

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Normand Lester – Chroniqueur au 98,5 FM et à Yahoo Québec

Évidemment, une telle lettre ouverte a attiré son lot de commentaires, autant en appui qu’en opposition, aux propos de l’ancien journaliste.  Alors j’en ai profité, moi aussi, pour répondre à monsieur Lester.  Dans la page du Devoir, j’ai dû faire deux interventions distinctes, limiteur de caractères oblige, mais que je joindrai ici pour n’en faire qu’une seule.  Voici ce que cela donne:

Et pis quoi, encore?


Normand Lester – qui est dans le domaine journalistique depuis tellement longtemps qu’il devrait savoir par coeur que l’on écrit Berthier-Maskinongé avec un « k », et non avec « qu » – semble vouloir laisser entendre qu’il ne faudrait laisser le droit de vote qu’à ceux qui connaissent la politique en général, les questions économiques et le fonctionnement de l’État? Grand bien lui en fasse! À mes yeux, son papier est un exemple du prix à payer pour la liberté d’expression, sans plus!

Notre société est pourtant remplie d’exemples de tolérance, envers la médiocrité de tout acabit. D’ailleurs, s’il fallait ouvrir les salles de nouvelles aux seuls journalistes faisant preuve d’une neutralité constante et incontestable, nos médias seraient bien vides, et Le Devoir, pour ne nommer que celui-ci, aurait fermé ses portes depuis belle lurette.

Dans notre société distincte, où les syndicats défendent jusqu’au sang le droit des enseignants du primaire et du secondaire, ces intervenants de première ligne de la pensée future de nos enfants, à ne pas être évalués sur leurs compétences, il faudrait maintenant évaluer les connaissances politiques des électeurs, avant de leur donner le droit de vote? Cela nous mènerait à une société exemplaire, où seuls les élites auraient droit au chapitre. Après tout, cela fait plus de 50 ans que celles-ci travaillent à « fidéliser » le citoyen lambda!

Mais force est de constater que le soubresaut du 2 mai n’était manifestement pas prévu de leur part! Que faire, alors? Il faut recommencer, taper sur le clou, traiter les électeurs de Berthier-Maskinongé, qui ont osé voté NPD, de tous les noms, les humilier sur la place publique, leur faire jurer de ne plus recommencer.

Une question me chicote, toutefois; si l’élite peut taper sur les doigts des citoyens qui agissent mal, lorsque l’élite fait une gaffe, qui a le devoir de la ramener à l’ordre?

Je suis d’accord pour dire que les citoyens devraient en connaître un peu plus, sur le fonctionnement de la politique de notre pays, sur les rouages de l’économie, et d’autres sujets d’actualité. Mais dites-moi, à quel niveau scolaire enseigne-t-on aux jeunes québécois les principes de base des lois de l’offre et de la demande? Quand leur montre-t-on des exemples de problèmes qui furent réglés par des décisions politiques? Leur explique-t-on le fonctionnement de notre société, le rôle des gouvernements municipaux, provinciaux, et fédéral, ainsi que les pouvoirs qui appartiennent à chacun d’entre-eux?

Le jour où nos jeunes sortiront des écoles avec toutes ces connaissances, ils éviteront probablement de voter pour un parti XYZ sur un coup de tête. Ils seront capables de décortiquer les bulletins de nouvelles de différentes sources, afin d’y séparer la vraie information du message préfabriqué, et de se former une opinion par eux-mêmes. Mais comme une telle situation affaiblira définitivement la position de contrôle des élites, il est hors de question d’aborder ces sujets à l’école, sinon pour les endoctriner avec des formules toutes faites d’avance, mettant le cerveau de nos enfants au service de nos chères élites et de leur cause. Encore chanceux; nos enfants sont passés bien près d’avoir à lire des torchons comme « Parlons souveraineté à l’école », de notre cher crosseur professionnel, Gérald Larose!

Bref, les électeurs de Berthier-Maskinongé ont voté selon leurs connaissances, et selon leur esprit du moment. Mais qu’ils en soient fiers, ou encore qu’ils le regrettent amèrement, ce choix demeurera toujours le leur, et personne n’a à leur imposer qui que ce soit. Le droit de vote demeure l’une des dernières libertés restantes aux citoyens; pourrait-on au moins les laisser l’exercer sans leur taper dessus?

Maintenant, à vous de juger!  Vous pouvez commenter, vous aussi, sur la page du Devoir; juste à suivre ce lien, qui vous mènera vers la page en question.

Droite au Québec: Claudette Carbonneau a peur pour rien!

Nous l’avons tous vu, dans les médias, que la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Claudette Carbonneau, a décidé de sortir l’artillerie lourde, et de combattre ce qu’elle appelle la “nouvelle” droite.  Enfin, c’est ce qu’indique Alain Bisson, de Rue Frontenac, dans cet article publié mercredi.

Mais de quoi Claudette Carbonneau peut-elle bien avoir peur, pour monter sur ses grands chevaux de cette façon?  D’abord, cette “nouvelle” droite n’a aucun budget, ou presque, comparativement à la CSN.  C’est donc dire que “l’exposure” médiatique que cette droite obtient, est finalement obtenue par l’entremise des discours alarmistes de personnes qui, comme Claudette Carbonneau, risque de perdre beaucoup, dans l’éventualité qu’une telle droite prenne le pouvoir.  Autrement dit, plus la présidente de la CSN parle de cette droite, plus celle-ci est exposée dans les médias, et plus les gens en parlent.  L’un des fondateurs du Réseau Liberté-Québec (RLQ), Ian Sénéchal, va même jusqu’à la remercier, pour toute cette publicité gratuite, dans une lettre ouverte publiée sur cyberpresse.ca.

Sauf que madame Carbonneau a tellement peur qu’elle oublie complètement que si cette droite n’a pas de budget de publicité, elle a encore moins de budget d’organisation, dans le sens politique du terme.  Je veux dire, le RLQ a déclaré ne pas vouloir se transformer en parti politique; il n’y a donc aucun danger que cette droite, puisque c’est bien de celle-là qu’il s’agit, présente un programme politique aux électeurs, et place des visages sur les poteaux, lors d’une prochaine campagne électorale.  Certains me répondront “Ouais, mais l’ADQ…”, ce à quoi je répondrai que mise à part la flambée d’appuis, aussi soudaine que éphémère, qui a suivi la déclaration de Gérard Deltell, dans laquelle il avançait que Jean Charest était “le parrain de la grande famille libérale”, ou quelque chose du genre, l’ADQ n’a rien soulevé, ces derniers mois.  Tous les autres partis le moindrement connus, au Québec, sont tous soit à gauche, soit très à gauche du Parti libéral du Québec (PLQ), qui lui-même est loin d’être un parti de droite.

Aussi, je me demande, encore une fois, de quoi Claudette Carbonneau peut-elle avoir aussi peur?  A-t-elle lu, dans les feuilles de thé, dans les cartes, ou dans ses urines, que cette droite, qui gravite autour du RLQ, pourrait bien s’organiser en parallèle, et proposer une équipe complète de candidats, aux prochaines élections?

A-t-elle peur qu’au sein même du membership de sa centrale, de très nombreuses personnes puissent avoir le goût de quitter la force syndicale, pour appuyer publiquement, et militer au sein d’une telle équipe de candidats?  J’avoue que si une formation politique voyait le jour, et proposait, entre autres éléments de son programme, la liberté d’adhésion syndicale, plusieurs membres de la CSN seraient fortement tentés de les appuyer, question de pouvoir éventuellement se détacher de la centrale syndicale de madame Carbonneau, tout en conservant leur emploi.

A-t-elle peur que cette droite, dans l’éventualité qu’elle prenne le pouvoir au Québec, se mette à chambouler toute l’organisation du travail, dans les secteurs public et para-public, de façon à ce que la concurrence permette enfin aux québécois d’en avoir plus pour leur argent?  Il faut dire que si un parti proposait de séparer l’assurance-maladie, qui demeurerait universelle, de la prestation des soins comme tel, qui pourrait très bien être effectuée par des partenaires privés, qui accepteraient la carte-soleil à titre de paiement, ou encore si ce parti mettait dans son programme un engagement de placer la compétence comme critère d’attribution de postes, dans l’enseignement primaire et secondaire, au lieu de la seule ancienneté, et ce afin de mettre les bons profs dans les bonnes classes, cela risquerait d’être la fin des haricots pour les dirigeants de grandes centrales syndicales québécoises, comme Claudette Carbonneau.

Je vais m’arrêter ici; je n’ai pas envie que la présidente de la CSN m’envoie une mise en demeure, exigeant que je ferme ma gueule, parce que je pourrais faire penser aux québécois qu’un autre Québec est possible, mais dans le vrai sens du terme!  Je ne voudrais pas non plus qu’elle envoie quelques fiers-à-bras – il doit sûrement rester quelques émules des “casseurs-de-vitres” des années 1970 – me faire la peau!  Alors si vous la voyez, et qu’elle vous parle de moi, je n’ai rien dit, d’accord?

La route Gérin: (2) De Saint-Justin à Sainte-Ursule

Pour les besoins de ce billet, disons que vous êtes parti du village de Saint-Justin, vers l’est, sur la route Gérin.  Puis, comme au volant de la DeLorean de la trilogie Back to the Future, quelques dizaines de mètres à peine passé l’intersection de la route Clément, et ce sans même avoir atteint les 88 miles à l’heure, vous vous retrouvez d’un coup, disons… en 1955, tiens!  Vous arrivez au bout de la route Gérin, et vous tournez à droite sur la route Paquin, afin de poursuivre votre chemin vers Sainte-Ursule.  Je tiens à préciser que les routes de Saint-Justin, à l’époque, ne portaient pas les mêmes noms que maintenant, mais que pour des raisons de compréhension évidentes, j’utiliserai les noms actuels.  Après la grande courbe, vers la gauche,…

…vous vous retrouvez à peu près ici, sur la ligne droite, qui suit les clôtures des terres.

Après avoir passé le petit vallon, vous arrivez près d’une pente.  À votre droite, imaginez un panneau jaune, annonçant une pente raide.

À l’époque où la route était toujours en service, ça ne devait pas être tout à fait comme ça.  Mais maintenant, le conifère semble soutenu par les restes de la clôture.  Mais bon, à part ce détail, on commence à descendre la pente…

…qui nous mène en direction de la rivière Maskinongé.  Ce n’est pas un canyon, mais la vallée est quand même profonde, à cet endroit.  Après la petite courbe vers la gauche,…

…on aperçoit le pont, tout en bas.  C’est à cet endroit que la pente est la plus abrupte.  Et une fois en bas,…

…il faut tourner de 45 degrés vers la gauche pour prendre le pont.  Je sais, ça se voyait mieux sur l’autre photo, mais bon.  Ici, nous sommes à même de remarquer la largeur du pont; c’est clair qu’il était trop étroit pour accommoder la circulation actuelle.

En sortant du pont, encore une courbe serrée, vers la droite, cette fois.  En passant, je viens de retrouver les bouts de tubes d’acier qui servaient de structure aux garde-fou.  Pas vous?  Un indice; examinez la barrière.

On voit bien la courbe, ici.  Nous sommes du côté de Sainte-Ursule, maintenant.

Et après la courbe, une pente.  Bon, il faut bien remonter au sommet de la vallée, après tout.  Et cette pente est un peu moins abrupte que l’autre, du côté de Saint-Justin.

À mesure que l’on monte, ça tourne un peu vers la gauche, en suivant la ligne des arbres.

Après la petite courbe vers la gauche, le route se redresse, tout en gardant une certaine pente ascendante.

Une fois au bout de la ligne des arbres, ça devient compliqué.  C’est que l’agriculteur qui a hérité, en quelque sorte, de l’emprise de l’ancienne route, a tout simplement décidé de labourer, et de semer le tout.  Je dois donc me fier aux cailloux, toujours présents malgré les labours répétés, pour déterminer l’alignement de la route, et ce avec plus ou moins de précision.  Disons que le sillon plus creux que les autres, droit devant, nous donne une bonne indication.  C’est aussi à partir de cet endroit que s’est écrit un autre épisode du roman-feuilleton « J’avais de belles chaussures ».  Parce que j’ai dû marcher dans la terre fraîche sur environ 300 mètres, soit jusqu’à l’actuelle route Gérin, dont l’emprise suit les poteaux électriques que l’on voit, en arrière-plan.

Ici, c’est encore moins évident, de trouver la ligne exacte de la route.  J’ai l’impression qu’elle contournait un petit talus, à droite, avant de se redresser.

Voilà, la route Gérin actuelle est à portée de vue, maintenant.  La structure, au loin, à gauche du premier poteau électrique, sur votre droite, c’est le clocher de l’église de Sainte-Ursule.  À partir de ce point,…

…la vieille route vient croiser la route Gérin actuelle, qui n’existait pas, dans le temps, et longe le cours d’eau que l’on voit, encore rempli de neige, et ce en direction de l’église.  La route ne se rendait pas jusqu’à l’église, toutefois; elle faisait intersection avec l’actuel rang des Chutes (route 348), qui s’est déjà appelé « rang de la Crête-de-Coq ».  Depuis ce point, on gardait la droite, et on entrait dans le village de Sainte-Ursule par la rue Voligny, nom hérité d’un magasin général, qui trônait à l’entrée du village.

Dans le troisième, et dernier billet de cette série, nous ferons le chemin en sens inverse, soit de Sainte-Ursule vers Saint-Justin.  C’est à suivre.