Le dimanche 27 juin 2010, une dame a arrêté sa voiture en pleine voie de gauche, sur l’autoroute 30, à la hauteur de Candiac, dans le but de chasser une famille de canards de la chaussée. Deux motocyclistes, aveuglés par le soleil couchant, n’ont pas eu le temps de réagir lorsqu’ils ont vu la voiture arrêtée; la première moto, occupée par un homme, et sa fille de 16 ans, a embouti l’arrière de la voiture, tuant ses deux occupants. Sur l’autre, la conjointe de l’homme, et mère de la jeune fille, a survécu à ses blessures.
Au palais de justice de Montréal, ce matin, s’ouvrait le procès de la conductrice de la voiture, Emma Czornobaj, accusée d’avoir causé un accident mortel en arrêtant sa voiture sur l’autoroute. Cela nous est rapporté par Michael Nguyen, dans le Journal de Montréal. Un premier témoin, une femme qui a évité de justesse une collision avec la voiture arrêtée, est venue raconter ce qu’elle a vécu. Selon le témoignage de Martine Tessier, le soleil était aveuglant, à cette heure. Quand la procureure de la Couronne, Me Annie-Claude Chassé, lui a demandé pourquoi elle a préféré s’arrêter à droite, plutôt qu’à gauche, après avoir évité l’accident, madame Tessier a répondu “Parce que je ne voulais pas me faire rentrer dedans”.
Vous voyez, madame Tessier comprenait le bon sens; on ne s’arrête pas sur une autoroute! Et surtout pas pour une flopée de canards!
Le procès doit se poursuivre au cours des prochains jours.
MISE À JOUR – 9 juin 2014, à 15h30
Selon ce nouvel article de Michael Nguyen, qui relate le témoignage d’un reconstitutionniste d’accident de la Sûreté du Québec (SQ), Samuel Beaudet, il semble que la moto de la victime roulait entre 113 et 129 km/h avant l’impact, et entre 105 et 121 km/h au moment de celui-ci. Pour être un utilisateur régulier des autoroutes québécoises, je dirais qu’il s’agit de vitesses courantes, quoique supérieures à la limite. D’ailleurs, vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui ne dépassent jamais les 100 km/h, sur une autoroute?
Le témoin a aussi souligné que la collision était survenue au kilomètre 98,8 de l’autoroute 30¹, soit dans une ligne droite, mais qui suivait une courbe 600 mètres plus tôt. Autre point précisé par le policier, le Code de la sécurité routière interdit à quiconque de stopper son véhicule sur une autoroute, à moins d’une nécessité. Le cas échéant, les feux de détresse doivent être enclenchés, et le véhicule doit être visible à plus de 150 mètres. Difficile à faire quand les usagers de la route ont le soleil en pleine face!
Le procès, devant juge et jury, se poursuit dans les jours à venir.
¹ Cette section de l’A-30 est désormais l’autoroute 930, et ce depuis l’ouverture du tronçon Jean-Leman de l’A-30, à l’automne de 2011.
MISE À JOUR – 12 juin 2014, à 11h45
Témoignage d’Emma Czornobaj, au Palais de justice de Montréal, en lien avec son procès. En lisant l’article de Baptiste Zapirain, dans le Journal de Montréal, il est clair que le geste de l’accusée fut irresponsable, et dicté par une grande naïveté. Il semble bien que tout cela fut une simple erreur de jeunesse; elle voulait ajouter 8 canards aux deux chiens et deux chats qu’elle possédait déjà! Bref, une petite fille au coeur grand comme ça, qui voulait sauver des animaux! Mais son geste a coûté deux vies humaines!
MISE À JOUR – 12 juin 2014, à 14h45
Les plaidoiries sont terminées, dans le procès d’Emma Czornobaj, accusée de conduite dangereuse, et de négligence criminelle ayant causé la mort d’André Roy, 50 ans, et de sa fille Jessie, 16 ans. L’article de Christiane Desjardins, dans La Presse, semble démontrer que la procureure de la Couronne, Me Anne-Claude Chassé, est convaincue de la culpabilité de madame Czornobaj; elle va même jusqu’à dire qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais d’un geste délibéré. Je n’irais pas jusque là, mais j’avancerai volontiers qu’il s’agit d’un geste irresponsable, qui mérite un verdict de culpabilité.
La juge Éliane Perreault adressera ses directives au jury lundi prochain, après quoi il y aura délibération.
Mme la Procureuse ,la floppée de canards comme vous dites si bien ,était des créatures humaines …et la dame au volant a eu le réflexe de les sauver…Un instinct tout à fait maternel pr une jeune dame ..Je vois souvent des Motocyclistes sur la grande route aller à toute vitesse ..se pensant tout seul ,comme si le territoire leur appartenait .Ils se lâchent lousse comme on dit au Québec….À mon avis si la vitesse avait été moindre, le motocycliste aurait pû voir l’obstacle en avant de lui et frêner sa vitesse ….Alors que la jeune dame au volant ne pouvait deviner un tel accident et savoir qui venait par l’arrière ..Je trouve Mme La procureuse que vous manquer d’humanité !!
Doreen Thorne
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D’abord, je ne suis pas Mme la procureuse, je suis Richard3, et les gens qui ne me connaissent pas m’appellent monsieur. Enchanté!
Ensuite, malgré le respect que je puisse avoir pour tous les canards de ce monde, il y a des endroits où l’on ne doit pas s’arrêter. Comme par exemple, sur la voie de gauche d’une autoroute, surtout lorsque le soleil aveugle les automobilistes.
Une autoroute, vous savez, ce n’est pas un petit chemin de campagne; sur un petit chemin de campagne, tout le monde, moi y compris, ralentit – ou s’arrête – pour des canards. Mais pas sur une autoroute, parce que si vous avez déjà roulé sur une autoroute, vous aurez sans doute remarqué qu’il y a deux limites de vitesse; l’une indique la vitesse maximum, et l’autre, la vitesse minimum. Parce qu’il y a un minimum, sur une autoroute! Normalement, la vitesse minimum permise sur une autoroute est de 60 km/h. Donc, si l’on roule moins vite que cette vitesse, on doit se ranger sur l’accotement de droite, et actionner ses feux de détresse, de façon à avertir les autres conducteurs de sa présence. Et cette situation est permise seulement lorsque l’on ne peut pas faire autrement, soit en situation d’urgence.
Pourquoi met-on une vitesse minimum sur une autoroute, me demanderez-vous? Justement pour éviter le drame qui est survenu ce soir-là! Parce que sur une autoroute, on peut rouler plus vite que sur une route ordinaire, et pour ce faire, il ne doit y avoir aucun obstacle. Un véhicule arrêté constitue un obstacle, et cet obstacle peut causer un accident, trop souvent mortel.
Et quand il est question de mort, j’aurai toujours le réflexe de protéger le citoyen payeur de taxes avant de protéger des canards!
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« Le cas échéant, les feux de détresse doivent être enclenchés, et le véhicule doit être visible à plus de 150 mètres. Difficile à faire quand les usagers de la route ont le soleil en pleine face! »
Et voilà, ce n’est toujours pas la faute du motocycliste, c’est maintenant la faute au soleil… Quand je vous affirme que personne n’est responsable au Québec et que c’est TOUJOURS la faute à quelqu’un d’autre….
« mais qui suivait une courbe 600 mètres plus tôt ». Et ?!? Ça change quoi ? avez vous une vague idée de ce que représente 600 mètres ?
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Mon cher Frédéric, faudrait lui demander, au motocycliste! Alors sortez votre planche de Oui-Ja, et tenez-moi au courant de la suite des choses! J’attends de vos nouvelles!
Plus sérieusement, pour connaître l’endroit où s’est produit la collision, la courbe de 600 mètres est plutôt prononcée, ce qui fait qu’avec le soleil en pleine tronche, c’est pas évident de voir une voiture stationnée dans la voie de gauche. Depuis le moment de la collision, le secteur a changé un peu; cette section de l’A-30 s’appelle maintenant A-930, la courbe est toujours là, mais on y arrive naturellement un peu moins vite puisque l’on sort d’un échangeur pour y arriver.
Comme je l’ai dit ailleurs, advenant un verdict de culpabilité, je ne serais pas d’accord avec une peine de plusieurs mois de prison, parce qu’il ne s’agit pas d’un geste prémédité. Selon moi, madame Czornabaj n’est pas une criminelle; elle a commis un geste irresponsable, dicté par une grande naïveté. Une erreur de jeunesse, c’est tout! Par contre, comme cette erreur a coûté la vie à deux personnes, il lui faudra servir une peine suffisamment dissuasive pour convaincre les autres usagers de la route de ne pas faire ce qu’elle a fait. Je verrais bien une peine de 3 à 6 mois à purger dans la collectivité, assortie de quelques heures de travaux communautaires, ou encore de conférences à donner, soit dans les écoles, ou à des audiences de futurs conducteurs.
Mais en bout de ligne, ce sera au jury de décider, à la lumière de l’ensemble des faits dévoilés au cours des audiences. Par contre, selon ce qui fut diffusé dans les médias, il y a effectivement une personne responsable de cet accident, à mes yeux, et cette personne, c’est Emma Czornobaj! Elle ne devait pas arrêter sa voiture sur la voie de gauche de l’autoroute, et elle l’a fait!
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Elle ne merite pas cette sentence. Ce n’est pas par intention malveillante ni par intention criminelle qu’elle s’est arrete, mais plutôt par bienveillance envers autrui et dans ce cas ci 8 canards. C’est dommage pour le motocycliste qui aurait du porter attention sur la situation de la route pour ne pas frapper son véhicule, ou un orignal, ou une personne blessée sur la route, ou une voiture en panne, ou un autre accident, ou un objet qui se trouverait sur la route qui aurait pu tomber d’un camion. Car le message que vous communiquez avec cette sentence est qu’il n’y a plus de justice qui existe. Surtout quand un homme musulman a Longueuil, il y a quelques semaine, a tue sa fille en lui collant quelques baffes par ce qu’elle avait mal lavée le plancher s’est vu attribue une sentence d’homicide involontaire et une peine de 60 jours de prison. Reflichissons a ce que nous faisons ici de cette cause et de la morale que ce jugement enseigne portant vers l’indifference routière envers autrui dans le besoin.
Cordialement,
Bibi Bovet, ALB Cum Laude
http://www.bbc.com/news/world-asia-pacific-15398332
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À Bibi Bovet:
Comme je l’expliquais dans ce billet, j’approuve la culpabilité d’Emma Czornobaj, mais là où le bât blesse, c’est que le Code criminel ne fait pas la distinction entre la négligence, et l’aspect criminel de ladite négligence. Dans le présent cas, il est clair que madame Czornobaj a agi de façon grossièrement négligente, mais ses intentions n’étaient quand même pas criminelles.
En ce qui concerne le fait qu’elle se soit arrêtée sur la voie de gauche, rien n’indique qu’un accident aurait eu lieu si l’une ou l’autre des situations que vous avez nommées se serait produite, d’une part – d’ailleurs, une autre conductrice est passée à deux cheveux d’avoir une collision avec la voiture de madame Czornobaj, et d’autre part, le Code de la sécurité routière est on ne peut plus clair sur l’interdiction de s’arrêter sur une chaussée d’autoroute, et ce justement pour empêcher de causer une collision comme celle qui est survenue ce soir-là.
D’un autre côté, je ne crois pas qu’elle aura à purger une longue peine de prison, vu les circonstances; il est vrai que les juges ne peuvent plus décerner des peines à purger dans la collectivité, dans les cas de culpabilité à ces chefs d’accusation, mais la suggestion du procureur de madame Czornobaj, Me Marc Labelle, à savoir une « peine suspendue », est somme toute intéressante, dans le sens où si elle ne commet pas d’autre crime, madame Czornobaj n’aurait pas à vivre la détention.
Par contre, la peine du type de Longueuil, qu’il soit musulman ou pas, est un peu trop légère, à mon point de vue, et ne devrait pas servir de comparaison, dans le cas présent.
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Quelle message que vous envoyer à la société. Vous libéré un homme pour raison mental qui a pose l’acte de tué ses enfants. De plus vous donnez une sentence d’homicide involontaire à un homme musulman qui a donné la morts à sa filles en la giflant volontairement. Oui elle a fait une erreur de jugement mais qui n’en n’a pas. Comment se fier à la justice quand elle est plus clémente envers les criminelle
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Merci de m’écrire, Denise. Mais je dirais, à la lecture de votre commentaire, qu’il ne faut pas mélanger les choses.
D’abord, l’homme qui a tué ses enfants – on parle sûrement du Guy Turcotte ici – n’a pas encore subi son nouveau procès. Il a été libéré en attendant ce nouveau procès, qui devrait avoir lieu quelque part en 2015. Donc, son cas n’est définitivement pas réglé. En fait, dans son cas, c’est un retour à la case départ; suite à un premier jugement, où il fut déclaré non-criminellement responsable des gestes qu’il a avoué avoir posés, le ministère public a porté la cause en appel, où il fut décidé qu’il devait subir un nouveau procès. Donc, après s’être livré de lui-même aux policiers, à la suite de l’annonce de ce nouveau procès, il fut récemment libéré provisoirement, avec de sévères conditions à respecter, afin d’agir à titre d’aidant naturel auprès de son oncle et de sa tante, domiciliés sur la rive-sud de Montréal, et ce en attendant le début de son nouveau procès.
Dans le cas de ce Musulman, qui a donné la mort à sa fille en la giflant, je n’ai pas suivi ce dossier, mais je présume que le juge (ou le jury, le cas échéant) avait des raisons de croire que malgré les conséquences de son geste, il ne semblait pas y avoir d’intention de tuer, et c’est probablement pour cela que la sentence fut somme toute clémente.
Quant à madame Czornobaj, le jugement reflète la gravité du geste qu’elle a posé, à savoir de laisser sa voiture dans la voie de gauche, alors que la loi interdit, pour des raisons évidentes de sécurité, de s’arrêter sur une autoroute. Je serais très surpris, par contre, que la jeune dame ait à servir une peine de prison. Comme je l’ai expliqué dans ce billet, la loi, qui fut changée en 2007, distingue mal le niveau de criminalité dans des cas de négligence; il semble clair que madame Czornobaj n’avait l’intention de tuer personne, ce soir-là, pas plus que ce Musulman n’avait l’intention de tuer sa fille. Par contre, le résultat est le même, soit la mort de sa fille, dans le cas du Musulman, et celle de deux motocyclistes, dans le cas de madame Czornobaj.
La juge Éliane Perrault prononcera sa sentence le 18 décembre prochain. La Couronne réclame 9 mois de prison, 5 ans d’interdiction de conduire, et 240 heures de travaux communautaires. La Défense, de son côté, demande une sentence avec sursis, assortie de travaux communautaires.
Imaginons un instant qu’au lieu d’une moto, qui ait embouti la voiture de madame Czornobaj, ce soit un autobus scolaire rempli d’enfants du primaire (6 à 12 ans) revenant d’une activité organisée. Le chauffeur de l’autobus tente d’éviter l’impact en donnant un sévère coup de volant, mais n’y arrive pas; l’autobus dérape, passe par-dessus la glissière de sécurité, et fait de multiples tonneaux. De nombreux enfants sont éjectés de l’autobus, et plusieurs meurent.
Votre vision de l’affaire serait-elle différente? Auriez-vous la même compassion pour madame Czornobaj si, disons, 19 enfants étaient morts dans l’accident? Je parie que le traitement qu’on lui réserverait serait pire encore que celui que l’on sert présentement à Guy Turcotte. Pourtant, que ce soit deux motards enfourchant une Harley-Davidson, que ce soit des enfants roulant dans un autobus scolaire, ou encore que ce soit des détenus dans un fourgon cellulaire, il s’agit du même geste, soit celui d’immobiliser sa voiture dans la voie de gauche d’une autoroute.
Le message que j’envoie à la société, Denise, c’est que madame Czornobaj, malgré la noblesse de sa tentative envers des canards, a commis un geste d’une grande négligence, et que des gens sont morts, suite à son geste. Personnellement, si j’étais dans les bottines de la juge Perrault, et que j’avais à prononcer la sentence, j’irais avec une peine de deux ans moins un jour de prison avec sursis, d’un interdit de conduire pour 10 ans, et de 240 heures de travaux communautaires, à savoir de donner des conférences sur la négligence au volant d’un véhicule.
La peine avec sursis fait en sorte que si madame Czornobaj ne commet aucun geste criminel pendant la durée de sa peine, et qu’elle respecte ses conditions de liberté, à savoir son interdit de conduire, et ses travaux communautaires, elle ne verra pas les murs d’une cellule. Par contre, si elle a le malheur de commettre le moindre crime, elle devra servir sa peine. L’interdit de conduire pour 10 ans amènera madame Czornobaj à réfléchir à son geste à chaque fois qu’elle devra se déplacer, car elle devra compter sur un chauffeur, ou se contenter des transports en commun.
Quant aux conférences qu’elle devra donner, celles-ci seront préparées avec l’aide de spécialistes dans le domaine, ce qui fait qu’elle donnera des informations de qualité, qu’elle pourra bien sûr appuyer de son expérience personnelle. En plus de l’amener à partager son expérience de négligence avec des gens, le fait d’avoir à s’exprimer devant différents auditoires l’amènera à développer des compétences, dont celle de prendre la parole devant public, qui lui seront utiles lorsqu’elle voudra retourner sur le marché du travail.
Je suis heureux que vous ayez commenté sur mon blogue, Denise, et revenez quand vous le voulez.
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