Bilan routier 2020: Ça commence raide

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’année 2020 commence à la dure sur les routes du Québec; selon cet article du Journal de Montréal, signé Dominique Lelièvre et Arnaud Koenig-Soutière, cinq morts, dans trois accidents distincts, ont été recensés entre jeudi le 2 au soir et vendredi le 3 en après-midi.  Ce dernier accident est survenu sur l’autoroute 20, à Rimouski; un conducteur de 30 ans aurait perdu la maîtrise de son véhicule, qui aurait terminé sa course sur un poteau de signalisation.  Jeudi soir, une autre perte de contrôle, cette fois sur la route 218, à Saint-Gilles, dans Lotbinière, a fait deux victimes; un jeune couple, tous deux âgés de 17 ans, elle de Thetford Mines, lui d’Adstock, dont la Mazda3 aurait dérapé, et prêté flanc à une autre voiture venant en sens inverse.  Le conducteur de cet autre véhicule s’en tire avec des blessures mineures. Pendant ce temps, sur la route 117, à Labelle, dans les Laurentides, une mère de 76 ans, et son fils de 44 ans, ont rendu l’âme lorsque la voiture, conduite par la dame, est entrée en collision avec un VUS venant à sa rencontre.  La conductrice de ce dernier a aussi subi des blessures mineures.

C’est clair que l’on ne pourra jamais avoir un bilan routier de zéro victime; on ne peut pas redresser toutes les courbes, séparer les voies de toutes les routes, avoir une meilleure signalisation tout en faisant disparaître tous les poteaux, etc.  Mais il faut se rendre à l’évidence; le réseau routier du Québec est franchement déficient, et particulièrement le réseau routier supérieur.  Prenons la route 117, par exemple; quelques sections ont été construites à chaussées séparées, ces dernières années, dont celle contournant les villes de Labelle et de Rivière-Rouge.  En fonction des dernières données disponibles au moment d’écrire ce billet, la section entre Labelle et Rivière-Rouge, ainsi que celles de part de d’autre de Mont-Laurier, supportent suffisamment de circulation pour construire une autoroute en bonne et due forme.  Toujours selon l’article, le tronçon de la 117 situé entre Lac-des-Écorces et Mont-Laurier fut le théâtre de pas moins de 37 accidents graves, faisant 33 morts, depuis 2010.

On s’entend que le doublement de la réserve faunique La Vérendrye, entre les Laurentides et l’Abitibi, est impensable, à tout le moins pour l’instant.  Par contre, force est de constater que l’idéal serait de prolonger l’autoroute 15 jusqu’à Mont-Laurier, incluant le contournement de cette dernière.  Évidemment, c’est un gros projet, qui demandera beaucoup de planification, puisque la route 117 est souvent la seule route digne du nom, dans bien des secteurs; là où elle servira de base pour une éventuelle A-15, il faudra construire un véritable réseau routier secondaire pour desservir toutes les propriétés le long de ces sections de la route transcanadienne.  À certains endroits, il sera plus simple de construire une nouvelle autoroute en site propre.  Mais il est clair que l’A-15 doit monter au-delà de Mont-Laurier.  Cela sous-entend qu’il faudra aussi repenser tout le secteur de Mont-Tremblant, à savoir le contournement de l’ancienne ville de Saint-Jovite.  Bref, c’est toute la route 117, de Sainte-Agathe jusqu’au nord de Mont-Laurier, qu’il faudra rénover.  Une grosse job.

Mais en attendant que le réseau routier québécois soit mis à jour, promettez-moi d’être prudents sur les routes.  D’accord?  Bonne année 2020.

Publicité

Route 158: Le jour est arrivé… depuis longtemps

(Texte d’abord publié sur Facebook.)

Jusqu’au début des années 1980, l’actuelle route 158, entre Saint-Esprit et Joliette, était identifiée comme étant l’autoroute 50, identification qui fut retirée depuis, et remplacée par celle de la route 158. Probablement qu’à l’époque, on s’imaginait que les voitures voleraient avant d’avoir la densité de circulation nécessaire pour justifier la construction d’une véritable autoroute à deux chaussées séparées.

À l’aube de 2020, nous nous retrouvons avec le même problème que sur plusieurs sections de route qui furent conçues pour devenir des autoroutes en bonne et due forme, mais dont on ne peut compter que sur une seule des deux chaussées. Qui plus est, contrairement à la majorité de ces autres “autoroutes-en-devenir”, les échangeurs prévus sont toujours occupés par des intersections à niveau, qui sont malheureusement le théâtre de nombreuses collisions, souvent mortelles.

Depuis la fin du printemps, les médias que l’on pourrait qualifier de “bande à Péladeau” (Journal de Montréal, Journal de Québec, TVA) ont entrepris une série de reportages sur le réseau routier québécois, appelée “Nos routes en déroute”, dans laquelle on déniche des routes plus abimées les unes que les autres. On n’a pas encore, toutefois, fait la liste des routes les plus meurtrières au Québec; on y retrouverait certainement la route 158, et beaucoup plus près de la tête qu’on serait tentés de le croire.

Nous savons que les budgets nécessaires à construire des routes sécuritaires, et capables de supporter convenablement le flot de véhicules qui les empruntent, sont difficiles à réunir. Par contre, le fait d’appliquer une mince couche d’asphalte, pour “sauver les apparences”, ne fait que gaspiller davantage la ressource principale pour l’entretien des routes, et j’ai nommé… l’argent des contribuables. Au lieu de faire une “vraie job”, qui va durer une dizaine d’années, on fait une “job d’apparence”, qui devra être reprise deux ou trois fois pendant la même période.

Pendant ce temps, que font les députés de la place pour améliorer la situation?

La route 158 touche les circonscriptions de Joliette, représentée par Véronique Hivon (PQ) depuis 2008, et de Rousseau, ancien fief du péquiste Nicolas Marceau, de 2012 à 2018, maintenant représenté par Louis-Charles Thouin (CAQ) depuis le dernier scrutin. J’ai remonté jusqu’au dernier mandat de Guy Chevrette (1998-2003) pour voir qui représentait ces circonscriptions depuis les vingt dernières années. Parce que depuis ce temps, la grande amélioration de la route 158 consiste à… un rond-point à Saint-Jacques! Qui a mis quelque chose comme trois étés à être complété!

Pour améliorer, de façon substantielle, le bilan routier de la route 158, principalement entre Saint-Esprit et Joliette, mais aussi entre Saint-Esprit et Saint-Jérôme, dont à Saint-Lin–Laurentides, où il y a encore eu un accident mortel, ces derniers jours, il n’y a qu’une seule façon de faire; c’est de compléter l’autoroute 50 entre Joliette et l’autoroute 15. Il vient un moment où il faut regarder les choses en face, et prendre les grands moyens. Ce jour est arrivé, et ce depuis très longtemps déjà.

Sécurité sur l’A-50: Faudra attendre… encore!

Pour faire changement, ce samedi matin (17 septembre), un autre accident mortel est survenu sur l’autoroute 50, cette fois vers 7 heures du matin, près de la sortie 233, qui mène au chemin Kilmar, à Grenville-sur-la-Rouge.  Selon cet article du site de la SRC, ce serait une femme qui, pour une raison encore inexpliquée, aurait dévié de sa voie pour entrer en collision avec un autre véhicule, qui venait en sens inverse.  La conductrice du premier véhicule est morte sur le coup, alors que des deux occupants de l’autre véhicule, la femme est morte ce samedi soir, et l’homme lutte toujours pour sa vie.

Nous savons que depuis son ouverture, la 50 a fait des morts.  Beaucoup de morts.  La question que plusieurs se posent est combien en faudra-t-il pour finalement doubler cette autoroute?  En entrevue pour l’article, le député de Papineau, Alexandre Iracà, a mentionné que “c’est important de rappeler les règles de sécurité de base”.  Il a aussi dit “Il n’y a pas une formule magique. Ce n’est pas parce qu’il y a quatre voies qu’il n’y a plus d’accidents.”; je veux bien le croire, mon cher plein d’avenir, mais en ayant des chaussées séparées, on élimine la quasi-totalité des accidents de type “face-à-face”, comme ce dernier, et ça, c’est loin d’être négligeable.  Avec deux chaussées séparées, il y aurait probablement deux personnes qui auraient vécu un voyage agréable, et une autre qui aurait été quitte pour une petite frousse après avoir roulé sur la bande rugueuse; au lieu de cela, mon cher Alex, nous avons deux morts, et un blessé grave!

Mais à chaque fois que j’écris ici à propos d’un accident mortel, que ce soit sur l’A-50, ou sur une autre de ces trop nombreuses “super-2”, j’ai l’impression de me répéter, et d’écrire continuellement la même rengaine; faut doubler les super-2, faut mettre les fonds qu’il faut, plus on attend, plus ça coûtera cher, etc…  C’est drôle comment les discours des politiciens changent, en fonction de la situation qu’ils traversent; en campagne électorale, ils promettent mer et monde, parce que “la sécurité, sur nos routes, ça n’a pas de prix”, comme le chantaient en choeur, et sur tous les tons, les ministres libéraux lors de la chute du viaduc de la Concorde, à Laval, en 2006, mais une fois confortablement élus pour un mandat majoritaire, “il n’y a pas de formule magique”.  Tout porte à croire que dix ans plus tard, ils n’ont toujours pas compris la leçon!

Alors à mon point de vue, la sécurité routière, c’est comme tout le reste; c’est strictement politique!

Ça doit bien faire proche d’une dizaine d’années que j’écris, ici comme ailleurs, que lorsque le nombre d’usagers nécessite la construction d’une autoroute, il faut en construire une.  L’autoroute 50, malgré le fait qu’elle était demandée par la population locale et régionale depuis près de cinquante ans, fut d’abord et avant tout une réalisation politique.  Les péquistes, avant 2003, qui promettaient l’A-50 pour 2007, construisaient environ 2 kilomètres par année, ce qui nous aurait conduit aux alentours de 2050!  Quant à eux, les libéraux, pour qui l’Outaouais semble pourtant conquis depuis longtemps, pensaient avoir la paix pour un autre 50 ans en reliant Gatineau à l’autoroute15 avec une super-2 en-dedans de dix ans; ils vont maintenant se faire harceler pour donner à la région ce qu’elle avait demandé depuis le début, à savoir une vraie autoroute.

Autoroute 50: Une solution bien temporaire

Dans son édition d’hier, le Journal de Montréal publiait un article de Christopher Nardi, dans lequel on pouvait lire qu’un tronçon de l’autoroute 50 allait être séparé en deux, sur une distance de plus ou moins 6 kilomètres depuis l’aéroport de Mirabel vers l’ouest, et ce à l’aide d’une glissière en béton de type Jersey.  On y mentionne également que le MTQ avait en main le rapport d’une étude de sécurité datant de 2008, dont les conclusions allaient dans ce sens.  Sans trop aller dans les détails, le texte élabore aussi quelques points particuliers, comme la fin des accès directs aux rues Louis-Bisson et Hélène-Bristol, qui seront remplacés par un aménagement “plus sécuritaire”, et l’ajout de lampadaires.

Ça fait pourtant un sacré bout que je dis que la solution, entre Mirabel et Lachute, passe par un doublement pur et simple de l’A-50.  Quant à l’accès au parc industriel, il s’agit de relier celui-ci au boulevard Henri-Fabre, vers l’est, et vers l’ouest, de prolonger la rue Irénée-Vachon jusqu’au chemin Saint-Simon, face aux bretelles de la sortie 279 de l’A-50 vers l’est.  Ainsi, le parc industriel serait accessible via la sortie 279 (chemin Saint-Simon), venant de l’ouest, ainsi que les sorties 285 (aéroport Mirabel) et/ou 288 (boulevard Henri-Fabre), venant de l’est, ce qui évitera de longs détours pour les travailleurs en provenance des deux directions.

Avec un débit journalier moyen annuel (DJMA) de 19,000 véhicules par jour, il est clair qu’une seule voie par direction sera nettement insuffisant.  Aussi, l’aménagement d’une barrière de type Jersey au milieu de la chaussée actuelle ne permettra pas d’avoir deux voies par direction, ce qui fait de ce plan du MTQ une solution bien temporaire – et bien boîteuse – à un problème permanent.  On évitera les morts, du moins en partie, sauf qu’à chaque fois que l’on aura une panne, ou une collision, l’A-50 sera totalement fermée dans la direction où se trouvera l’incident, ce qui causera bien des maux de tête aux usagers de la route.

Mais comme il semble que l’on aime jeter l’argent des contribuables par les fenêtres, au MTQ, on va privilégier une solution temporaire, qui va sûrement permettre à de bons amis d’empocher quelques millions, avant d’y aller avec quelque chose de plus adéquat, qui coûtera beaucoup plus cher, dans quelques années encore.  On fera donc comme dans le cas de la circulation du grand Montréal; on laissera bien pourrir la situation avant d’agir de la bonne manière – ce qui n’est pas encore fait dans ce cas, par ailleurs.

Ce dossier nous démontre manifestement que le nouveau ministre des transports, de la mobilité durable et de l’électrification des transports¹, Jacques Daoust, semble avoir une compétence en transports à peu près équivalente à celle d’un chevreuil, et qu’il se fera berner facilement par les fonctionnaires de son ministère.  Pendant ce temps, les contribuables que nous sommes continueront de payer trop pour trop peu.

 

¹ Tout porte à croire que le premier ministre est tombé dans la même marmite que Pauline Marois, et privilégie les noms de ministères interminables, qui prennent quatre ou cinq lignes sur le logo!

Route 185: Un accident mortel,… encore!

Je me répète à nouveau, mais encore une fois, la route 185 a fait un mort, la semaine dernière.  C’est ce que rapporte le site web InfoDimanche.com, dans un texte d’Andréanne Lebel.  L’accident s’est produit à la hauteur de Saint-Honoré-de-Témiscouata, le mercredi 9 juillet dernier, vers 9h15.  C’est une collision frontale, survenue au kilomètre 57, entre un camion-benne et une camionnette de type pick-up, qui a coûté la vie au conducteur de cette dernière.

Toujours selon l’article, il s’agit de la seconde collision mortelle à survenir à Saint-Honoré cette année, l’autre ayant eu lieu il y a environ six mois.  Une troisième mort tragique est à déplorer, cette fois à Dégélis, en février dernier.  Il est à noter que Saint-Honoré-de-Témiscouata se trouve le long de ce qui serait, en principe, le tout dernier tronçon de la route 185 à être doublé, soit celui entre Saint-Antonin, au sud-est de Rivière-du-Loup, et Saint-Louis-du-Ha!-Ha!.

La route 185 apporte son lot de décès annuellement, et cette année ne semble manifestement pas faire exception.