Lac-Mégantic: Quelle sera la suite des choses?

Il y a maintenant presque deux semaines, la petite ville de Lac-Mégantic était secouée par une catastrophe sans précédent qui, au moment d’écrire ces lignes, avait fait officiellement 38 morts, en plus d’une douzaine de disparus, dont on fonde à peu près aucun espoir de retrouver vivants.

Pendant que l’on recherche toujours des dépouilles dans les décombres du centre-ville, il faut aussi penser à la suite des choses.  Parce que même si le temps s’est arrêté pour les familles des victimes, le monde, lui, poursuit son petit bonhomme de chemin, et la Terre continue de tourner.  Si, pour plusieurs, il faut laisser le temps aux gens de Lac-Mégantic de se refaire un moral, pour d’autres, il faut quand même, malgré la douleur, et les déchirements inhérents à une telle tragédie, penser à la suite des choses.  Pour un, s’il a offert ses plus sincères sympathies à la communauté de Lac-Mégantic, et déclaré qu’une telle chose “n’aurait jamais dû arriver”, l’ombudsman des échanges avec le Canada au bureau du gouverneur de l’état du Maine, Daniel Deveau, a aussi parlé de l’urgence de trouver une solution pour faire circuler à nouveau les trains entre le Québec et le Maine.  Selon ce que rapporte David Santerre, à la fin de cet article, dans La Presse, monsieur Deveau aurait mentionné que “Ça ne circule pas présentement. Notre économie repose sur la foresterie et le transport par train, et cet accident paralyse beaucoup de choses. Je ne connais pas le futur de MMA, mais il faut que le train marche.

Peut-être que la solution pourrait s’arranger en deux temps.  Voici comment:

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Vous pouvez cliquer sur l’image pour la voir en plus grande dimension; elle s’ouvrira dans une nouvelle fenêtre.  Le carré violet, au milieu de l’image, désigne la zone où a eu lieu l’accident.  Comme il est clair que les rails (tous en noir, sur l’image satellite de Google Earth), dans cette zone, sont désormais inutilisables, et que les gens de Lac-Mégantic ne sont pas vraiment intéressés de revoir des trains à deux pas de chez eux, il faudrait contourner le centre-ville avec une nouvelle voie ferrée, comme ce fut fait pour le transport routier lourd, avec la construction du nouveau boulevard Jean-Marie-Tardif, qui contourne la ville par le nord, et l’est.  Dans un premier temps, on pourrait aménager une voie entre le passage à niveau du point identifié Laval-Nord, sur le boulevard Jean-Marie-Tardif, et la bretelle de desserte de l’usine Tafisa, voie qui correspondrait à la ligne rouge, sur l’image.  Une telle voie, d’un peu plus de 4 kilomètres de longueur, permettrait de raccorder le lien entre Montréal et l’état du Maine, à condition bien sûr que la jonction entre la voie de desserte de Tafisa et la ligne de la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA) en direction du Maine soit toujours utilisable, ce à quoi il faudra aussi remédier dans le cas contraire. La réalisation de ce nouveau tronçon répondrait sûrement au souhait de monsieur Deveau, soit la reprise rapide du transport par rails dans son coin de pays.

Dans un deuxième temps, on pourrait compléter le contournement du centre-ville de Lac-Mégantic avec une autre nouvelle voie, cette fois en bleu sur l’image, qui débuterait près de la jonction de la voie de desserte de Tafisa et de l’ancienne voie de la Quebec Central, désormais abandonnée (mais toujours présente sur l’image), traverserait la rivière Chaudière grâce à un tout nouveau pont, et rejoindrait la voie actuelle de la MMA à l’ouest du point identifié Ditchfield, au sud du village de Frontenac.  Cette voie, d’une longueur d’environ 6 à 7 kilomètres, et qui coûtera beaucoup plus cher, entre autres à cause du pont de la rivière Chaudière, permettrait de finalement reléguer le passage des trains au centre-ville de Lac-Mégantic à l’histoire, permettant du même coup le démantèlement des voies actuelles du secteur Nord, du centre-ville, et du secteur Fatima, incluant le pont actuel de la rivière Chaudière, et le viaduc de la rue Salaberry (route 204).

Évidemment, tout cela ne se fera pas gratuitement!  Il faudra trouver les fonds nécessaires, et tout porte à croire que ce n’est pas la MMA qui réalisera cet investissement, puisque plusieurs, dont votre humble serviteur, craignent que la compagnie déclare faillite.  Il faudra donc réunir tous les intervenants (gouvernements du Québec, du Maine, de la ville de Lac-Mégantic, propriétaires actuels et/ou futurs du chemin de fer, etc.)  et faire en sorte, comment dire, de remettre le train sur les rails.  Dans tous les sens du terme.  Et sans jeu de mots.

Je vois le montage financier comme suit; le gouvernement du Maine, dont l’économie dépend directement de ce chemin de fer, devra investir un bon pourcentage, tout comme le gouvernement du Québec.  Le gouvernement fédéral du Canada, qui a déclaré à plusieurs reprises qu’il est prêt à aider, devra aussi délier les cordons de sa bourse.  Il suffit maintenant de créer un protocole d’entente qui définira les parts de chacun.  Le propriétaire du chemin de fer, que ce soit la MMA, ou un éventuel acheteur, disposera d’un certain nombre d’années pour rembourser les gouvernements, en proportion de leurs investissements respectifs, afin de devenir éventuellement propriétaire des nouvelles sections.