La théorie de la “circulation induite”; rien d’autre qu’une théorie

On l’a vu à maintes reprises, dernièrement; dès qu’il est question d’un projet routier, les environnementalistes nous sortent continuellement la théorie de la “circulation induite”, selon laquelle l’ajout d’une nouvelle voie de circulation attirera de nouveaux usagers qui, à terme, ramèneront la situation à la case départ, à savoir des bouchons de circulation.

Évidemment, ces chers amis environnementalistes ne précisent pas que les gens se retrouvent dans les banlieues non pas à cause de l’ajout d’un nouveau pont, ou d’une nouvelle autoroute, mais plutôt à cause du prix des propriétés dans la ville-centre qui, au fil des ans, est carrément devenu inabordable. Ainsi, quiconque voudra quitter le statut de locataire devra s’expatrier, souvent à des dizaines de kilomètres de son lieu de travail.

Il faudrait expliquer que la théorie de la circulation induite ne s’applique pas qu’à la circulation; elle s’applique à tout.

On se souvient tous du prolongement de la ligne orange, du métro de Montréal, vers Laval; quelle excellente idée cela devait être, pour les gens de Laval, qui allaient enfin pouvoir se diriger au travail sans leur voiture. Ce fut effectivement excellent pour eux, mais beaucoup moins pour les gens de Montréal-Nord qui, du quai de leurs stations, regardent désormais passer des rames de métro remplies à capacité.

Imaginons que le réseau de la santé, lui aussi rempli à capacité, soit dans l’obligation de construire un nouvel hôpital. Verra-t-on nos amis écolo s’insurger contre la nouvelle construction? Bien sûr que non; ils diront que l’ajout d’un nouveau centre hospitalier viendra prêter main forte au réseau qui est au bord de l’éclatement. Pourtant, le nouvel établissement recevra des patients qui, à terme, le rempliront lui aussi, remettant le réseau dans la même situation qu’avant.

Tout cela pour démontrer que la théorie de la circulation induite, si chère aux environnementalistes, n’est rien de plus… qu’une théorie. Dans les faits, autant le réseau de la santé que le réseau routier sont régis par des lois naturelles, soit celles de l’offre et de la demande. Or, dans l’un ou l’autre des deux réseaux, l’offre n’a jamais suivi la demande, ce qui fait que celle-ci est toujours plus forte que l’offre. Les gouvernements, qui sont responsables de l’offre, invoquent toutes sortes de raisons pour se justifier, mais au final, on se retrouve, encore une fois, avec la théorie de Bastiat, “Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas”.

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2 réactions sur “La théorie de la “circulation induite”; rien d’autre qu’une théorie

  1. Je trouve toujours comique l’argument que disent un grand nombre que si on construit une nouvelle route, des dizaines de milliers de voitures vont se rajouter dans le système routier, comme si, tout à coup, puisqu’une nouvelle route est construite, des dizaines de milliers de personnes vont soudainement aller s’acheter une auto. Règle générale, au début de la nouvelle route il y a toujours des « curieux » qui vont ressortir leur voiture pour l’emprunter et l’essayer, mais ces gens vont revenir à leurs anciennes habitudes rapidement. Ceux qui vont délaisser le transport en commun pour utiliser la nouvelle route sont une infime minorité.

    Il y a aussi cette ridicule théorie comme si on diminue l’offre en transport routier, la demande va diminuer d’elle-même et les gens vont se rabattre sur le transport en commun. Il faut croire que bien des gens semblent aimer les bouchons de circulation et doivent croire que ceux-ci ne causent aucune pollution ni pertes dans l’économie.

    J’ai bien hâte de voir ce qu’ils feront quand le temps sera venu de remplacer la section de l’A-40 surélevée à Montréal qui se fait vieillissante, car aucune alternative digne de ce nom n’existe pour pallier à sa fermeture.

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    • J’avoue que la rénovation de la Métropolitaine représente une véritable énigme à mes yeux. Je me souviens, au début des années 2000, dans l’ancien site du MTQ, du projet Souligny qui, après moins d’un an de travaux, a été carrément mis sur la glace, pour cause de coûts trop élevés. On disait, sur la page web du projet, qu’il fallait réaliser ce projet afin qu’il serve de solution de rechange lors de la reconstruction de la Métropolitaine, prévue pour… 2005.

      Quinze ans plus tard, force est de constater que nous ne sommes pas plus avancés. La solution de rechange n’est toujours pas complétée, et la reconstruction prévue est devenue une rénovation, annoncée en grandes pompes par la ministre Chantal Rouleau en 2019. En fouillant l’annonce, on se rend compte que le chantier ne s’avérera rien de plus qu’une autre opération de rapiéçage qui durera le temps des roses.

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