Lu dans le Journal de Montréal, un article signé Marilou Séguin, sur un couple de Saint-Lazare qui a décidé de partir en guerre contre la vitesse au volant. Claude et Lise Jolicoeur ont vécu – et continuent de vivre à chaque jour – les répercussions d’un accident de la route qui a coûté la santé à leur fille Patricia, aujourd’hui âgée de 27 ans. C’est qu’en novembre 2006, alors qu’elle promenait son chien, Patricia a été happée par une voiture, conduite par un jeune conducteur de 20 ans « qui circulait beaucoup trop vite », tel qu’écrit dans l’article, non loin de la résidence de la famille.
Malgré que j’éprouve beaucoup de compassion et de sympathie pour ce couple, parce que l’épreuve est certainement très difficile à vivre, je crains fort que les solutions avancées dans l’article, à savoir d’augmenter l’âge d’obtention d’un permis de conduire, ou encore de donner des amendes ou, le cas échéant, des sentences plus sévères aux contrevenants, ne changera pas grand chose au bout du compte. Je l’ai dit, l’automne dernier, dans l’histoire de la petite Bianca Leduc, et je le redis à nouveau, que le seul et unique incitatif qui amènera les gens à rouler moins vite en milieu urbain est la présence accrue de policiers, et rien d’autre. Je crois également que le fait de raconter son histoire dans le Journal de Montréal, ce qui risque de culpabiliser ceux et celles qui appuient sur le champignon à l’occasion, ne fera que jeter de l’huile sur le feu aux yeux des plus récalcitrants, qui en viendront à dire que les journalistes vont encore aller chercher des histoires à faire brailler le peuple dans le but de leur mettre des bâtons dans les roues, et de les empêcher de vivre leur vie.
Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que Claude et Lise Jolicoeur n’ont pas raison d’être « en beau maudit » contre ce que la vie leur fait subir depuis maintenant 14 mois. Je dis seulement que ce n’est pas en amenant les lecteurs du Journal de Montréal à se sentir coupable à chaque fois qu’il appuient un peu plus que ce qu’indique le panneau installé sur le bord de la route que leur fille va prendre du mieux. Le travail qu’ils ont à faire doit se faire entre eux, afin de les aider à admettre que la vie a mis cette épreuve sur leur chemin parce qu’ils ont en eux la force intérieure qui les aidera à la surmonter, et que les gouvernements n’ont rien à y voir. J’en prends pour exemple la fusillade de Polytechnique, en décembre 1989; les familles des 14 innocentes victimes de Mark Lépine ont réclamé des gouvernements, à défaut de pouvoir les interdire, la tenue d’un registre de toutes les armes à feu dans le pays, ce que le gouvernement fédéral – qui a juridiction en ce domaine – a fini par faire. Deux milliards de dollars et plusieurs années plus tard, le registre n’a jamais pu empêcher un Kimveer Gill d’acquérir des armes en toute légalité et de commettre la fusillade du collège Dawson.
Je l’ai dit à maintes occasions, et je le répète encore une fois. Les gouvernements ne règlent rien. Ils ne font que déplacer le problème, au mieux, et le reste du temps, ils empirent la situation. Des événements comme l’accident de Patricia sont définitivement difficiles à vivre pour les proches, mais il n’en demeure pas moins qu’il y a une proportion de ce que l’on appelle « la fatalité de la vie » dans chaque accident, et dans chaque événement. Parce que la nature humaine est ce qu’elle est, des gars – et de plus en plus de filles aussi – vont continuer à rouler rapidement, avec évidemment une excellente raison pour ce faire, ainsi qu’avec la certitude que de telles tragédies n’arrivent qu’aux autres.
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Bonjour M. Richard3
Je suis le papa de Patricia. Avec tout le respect que je vous dois M. Richard3 vous êtes à côté de la track comme on dit. Il est vrai que la situation de Patricia ne peut être changer mais ce que nous voulons mon épouse et moi c’est de changer le comportement routier des conducteurs et faire en sorte que vous ou votre famille n’aie pas à vivre ce que nous visons.
Si je n’avais pas raconter l’histoire vous ne le sauriez pas, ni l’histoire de Bianca. Il faut en parler si on veut que les choses changent. C’est comme la cigarette. Il y a 25 ans qui vous aurait dit que vous ne fumeriez plus dans des endroits publics et que cela était dommageable pour votre santé. Alors l’automobile est là où la cigarette était il y a de ça 25 ans. Savez ce qu’il en coûte à la société pour tous ces accidents inutiles. Des milliards M. Richard3, sans compter le chagrin et les vies brisées. Ça ne se monnaie pas ça!
Alors pour faire changer le comportement des conducteurs, ce n’est pas la présence seule de la police qui le fera. Vous n’êtes pas au fait des études pour dire une chose pareille. Je vous conseil d’aller voir sur le site de la SAAQ et aussi de contacter M. Jean Marie de Konink, le père de Nez Rouge et président de la table de concertation de la sécurité routière du Québec, pour prendre plus de renseignements. D’ailleurs vous pouvez entendre une très bonne entrevue à l’émission Les Années Lumières sur le site de Radio Canada, daté du 24 juin 2007 avec M. de Konink concernant les mathématiques de la vitesse. Ensuite on s’en reparlera tout les 2.
Loin de vouloir chialer, les faits sont là et les statistiques aussi et c’est accablant. En France un pays de 60 millions d’habitant ils ont moins de mort et de blessé grave qu’au Québec. Il y a eu une réduction de 43% des accidentés sur la route en France depuis les dernières années. 75% de cette réduction est relié au photo-radar. Alors qu’est ce qui ne va pas M Richard3? Le comportement des conducteurs, voilà ce qui ne va pas. Et ce n’est pas la police seule qui changera cela. D’Ailleurs vous n’avez qu’à vous promener sur les routes pour voir que 50% des conducteurs n’utilisent même pas leur clignotant pour changer de voie. On dirait une option sur certain véhicule. Vous aller mettre une police derrière chacun d’eux quand même. L’impolitesse de certain conducteur, les dépassements par la droite sur les autoroutes et aussi la mauvaise utilisation de la voie du centre sur les autoroutes sont d’autres exemples. Et il y en a des tonnes d’exemples. Certes que la police a un rôle à jouer, mais pas uniquement eux. Voyez plus bas SVP.
Non Monsieur. Il va falloir un joli coup de barre pour faire changer le comportement des conducteurs au Québec. Tous et chacun d’entre nous on un rôle à jouer, incluant les gouvernements qui doivent apporter des correctifs au codes pénal et au code de la route.
Donc le » big picture » est comme suit:
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Augmentation de l’age d’obtention du permis de conduire.
17% des conducteurs sont entre 16 et 24 ans alors qu’ils occasionnent 40% des accidents.
Mesure de « Trafic Calming » dans les villes.
La liberté des uns s’arrête là ou la liberté des autres commence. Quand on ne peut plus promener son chien ou même installer des décorations sans se faire tuer ou blessé gravement il y a une limite. Il faut que les villes installent de mesures passives de ralentissement du trafic.
Peine plus sévère au code criminel
Ce n’est pas normal de tuer avec un fusil et avoir 25 ans de prison alors qu’avec une voiture on s’en sort avec une tape sur la main. LOrsqu’un conducteur prendre une décision consciente de conduire en fou ce n’est plus un accident ça devient un homicide. Peut être sans préméditation.
Implication des parents.
Si l’enfant n’est pas assez mur de caractère pour conduire alors pas de permis, un point c’est tout.
Plus de présence policière:
Oui je suis d’accord. Leur donner aussi plus d’effectif et de meilleur équipement.
Gouvernement provincial changement au code de la route:
Des amendes plus salées. Quand on va dans le porte monnaie des gens ça fait plus mal
Photo radar sur les routes. La police ne peut pas être partout
Implication des citoyens dans des comités de préventions:
C’est une façon de faire des campagnes de prévention et de sensibiliser les gens à respecter le code de la route.
Mon but est simple c’est d’éviter que des choses qui sont arrivées à ma fille ne vous arrive à vous, à votre famille ou à vos lecteurs. Je vous jure vous ne voulez pas cela. Mais savez vous que vous avez une chance sur 2 d’être victime d’un accident de la route. Demandez à Jean MArie de Konink. Il y en a trop d’accident sur les routes. Ça suffit.
Je vous fais remarquer que tout ceci fut fait en France avec les résultats très positifs.
Merci et soyez prudent sur les routes.
Claude Jolicoeur
2541 Pine Run
St LAzare
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Bonjour, monsieur Jolicoeur, et bienvenue sur Le blogue de Richard3. Comme je le disais il y a quelques semaines au grand-père de Bianca, qui m’a lui aussi écrit, en réaction à un autre de mes billets, le fait que vous sortiez de l’anonymat, et que vous preniez le temps de m’écrire, constitue à mes yeux une marque de confiance, et un grand honneur, que j’apprécie personnellement. Je vous en remercie sincèrement.
Je trouve tout à fait noble que vous, et votre épouse, teniez ce combat, dans le but de changer le comportement routier des conducteurs. Par contre, je suis convaincu que d’ores et déjà, vous vous doutez bien que cela va prendre de très nombreuses années. Mais je suis rassuré, parce que sur plusieurs points de votre commentaire, je suis d’accord avec vous.
Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que ni vous, ni moi, ne verrons le jour où la conduite automobile entraînera zéro accident. Autre point, nous savons tous les deux que les québécois, dans l’ensemble, sont de piètres conducteurs. Mais permettez-moi de regarder votre « Big picture », afin d’en tirer certaines conclusions.
– Augmentation de l’âge d’obtention du permis de conduire.
Loin de moi l’idée de contester vos statistiques, mais celles-ci représentent ce que l’on voit. Ce que l’on ne voit pas, et c’est aussi le cas dans la très grande majorité des statistiques, c’est l’autre proportion, celle de ceux qui ne provoquent aucun accident, qui font leur petit train-train quotidien sans déranger personne. Ces jeunes utilisent leur voiture pour se rendre au travail, pour faire leurs activités quotidiennes, etc. Si l’on retire le droit de conduire à tous ces gens, que feront-ils? Certains perdront leur emploi. D’autres devront abandonner des activités très valorisantes. Et tous devront se dénicher un autre moyen de se déplacer. Pourquoi? Parce que certains d’entre eux ont fait preuve d’inexpérience. Parce que vous vous doutez bien que le fait d’occasionner un accident n’implique pas nécessairement que la personne en question avait un comportement manifestement délinquant. L’accident peut être le résultat d’une fausse manœuvre, d’éléments extérieurs, comme l’éblouissement du soleil, par exemple, ou d’autres facteurs. Il faut aussi tenir compte de cela avant même de penser à retirer le droit de conduire à 17% des détenteurs de permis.
– Mesures de « traffic calming » dans les villes.
Je suis d’accord avec certaines mesures passives de ralentissement de la circulation. Par contre, les villes devraient être développées avec des grands axes qui permettent de la traverser sans s’arrêter à tous les 100 mètres, et des secteurs résidentiels en retrait de ces axes. Évidemment, on ne peut pas refaire toutes les villes actuelles, mais les décideurs publics devraient tenir compte de telles mesures dans les développements futurs. Comme je le dis souvent, il y a des endroits où l’on peut rouler, et d’autres où il faut définitivement lever le pied.
– Peines plus sévères au criminel.
Il faut être prudent, quand il est question de peines de prison suite à un accident routier. Il est évident que le conducteur fautif aura toujours une bonne raison pour rouler plus rapidement qu’il le faudrait, et certains d’entre-eux s’en tireront mieux que d’autres, compte tenu de leurs moyens de se payer d’excellents avocats. D’un autre côté, condamner automatiquement les conducteurs à des peines de prison pourrait amener un autre problème; une augmentation du nombre de délits de fuite.
– Implication des parents.
Je crois que nous sommes tout à fait d’accord sur ce point. La question de la conduite automobile doit être abordée quelques temps – lire quelques années – avant que le jeune atteigne l’âge légal de conduire, question qu’il se fasse à l’idée avant même de commencer que la conduite automobile implique aussi beaucoup de responsabilité. Quoique quand les parents sont eux-mêmes irresponsables,…
– Plus de présence policière.
Encore une fois d’accord avec vous. Je vous invite à lire le 9e commentaire de mon premier billet sur l’accident de l’Île-Perrôt, où je réponds à Annie.
– Gouvernement provincial, changements au code de la route.
Est-ce vraiment une amende plus salée qui calmera les conducteurs téméraires? Ceux qui conduisent une « minoune », sûrement, mais ceux qui se balladent avec la BMW de papa, j’en suis moins convaincu. Quant à l’utilisation des photo-radars, ils vont changer les choses là où ils seront installés, et 200 mètres plus loin, ce sera comme si de rien n’était. C’est pourquoi je privilégie la présence policière aux photo-radars.
– Implication des citoyens dans des comités de prévention.
Comme vous le disiez vous-même, le fait d’en parler permet de diffuser l’information, permet à plus de gens d’être au courant, et de faire chacun un peu plus. Aussi je suis d’accord avec vous sur ce point.
Bref, il s’agit de bien considérer que de telles actions permettront certainement de réduire le nombre d’accidents, mais qu’aucune mesure ne sera effective à 100 pour cent. Pour travailler moi-même sur les routes du grand Montréal, à titre de livreur (je livre à Saint-Lazare, d’ailleurs), je ne suis pas sans savoir qu’il y aura beaucoup de travail à faire pour changer le comportement des conducteurs québécois. Je peux témoigner personnellement de votre passage sur les clignotants. Pour les observer à tous les jours, je dirais que les québécois conduisent leur véhicule comme si toute la route leur appartenait, que les autres n’ont pas à être là.
Contrairement à la plupart des autres activités de la vie courante, ce ne sont pas tous les conducteurs qui aiment conduire. Beaucoup le font par obligation, et non par choix, et ceux-ci sont souvent les plus dangereux, surtout lorsqu’ils ont atteint le cap de la trentaine. Avant, ils ont peur, et après, ils croient tout savoir. Remarquez bien que malgré le fait que plusieurs personnes, au fil des ans, aient reconnu mes talents avec un volant entre les mains, loin de moi l’idée que prétendre que je sois parfait; j’ai aussi mes défauts, comme tout le monde, et ce sur la route comme ailleurs. Mais le fait d’apprécier, et d’aimer ce que l’on fait, nous amène toujours à le faire un peu mieux.
En guise de conclusion, je vous remercie à nouveau de m’avoir écrit, monsieur Jolicoeur, et j’espère sincèrement que le temps apportera quelques événements positifs à votre vie, à commencer par ce changement souhaité dans le comportement des conducteurs et, peut-on le souhaiter, une amélioration de la condition de Patricia. C’est sûrement une épreuve difficile, et je souhaite de tout coeur que vous puissiez obtenir de l’aide, et du soutien, de tous ceux qui vous entourent.
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