Affaire Turcotte: Quand on donne la place au verdict populaire

Juste une précision, avant de commencer; la page d’ouverture de mon fureteur internet, mise à jour automatiquement, bien sûr, est Google Actualités, qui suit plus de 5000 médias à travers le monde, et qui propose trois articles “à la une”, selon la région où l’on habite, et l’importance de la nouvelle.

Petit coup d’oeil à l’actualité, ce matin, pour voir, tout en haut du Top 3, un article de l’agence QMI, publié sur le site de Canoë, et dont le titre est “Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance”.  Je m’y suis attardé un peu.

Il s’agissait, en fait, de l’opinion de la grand-mère maternelle des deux enfants qui ont été tués par Guy Turcotte, opinion qui fut recueillie par le très objectif Claude Poirier, dans le cadre de l’émission “Le vrai négociateur”, sur les ondes de LCN.  Parce que, à mes yeux, il ne s’agit de rien de plus que d’une opinion.  Sans vouloir manquer de respect d’aucune façon envers cette dame, sur quoi se base-t-elle pour avancer ses propos?  Était-elle en compagnie de Turcotte, le soir des meurtres?  A-t-elle parlé avec lui, dans les minutes précédant les événements, afin de réellement savoir comment l’ancien cardiologue se sentait, ce soir-là?  Voici un extrait du texte de l’article.

Je connais la vérité, a-t-elle lancé. Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance. Il a menti en cour. Si on peut mentir sur une chose, on peut mentir sur plusieurs choses. Nous, on pense que ce procès-là n’était pas celui de Guy Turcotte, mais celui de ma fille.

D’abord, qui la dame désigne-t-elle, avec ce « nous »?  On peut sous-entendre qu’il s’agit des membres de sa famille, mais encore.  Ensuite, si la dame connaissait la vérité, a-t-elle témoigné, pendant le procès, pour venir en informer la Cour?  Et si non, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait?  Serait-ce qu’elle voulait cacher des faits?  Bon, ne soyons pas trop suspicieux, et regardons un autre extrait.

Ce n’est pas le Guy Turcotte que j’ai connu, a ajouté la dame. Qu’il avait eu une enfance difficile, qu’il a été abusé, personne ne le savait.

Parce que je présume que tous les hommes qui ont eu des problèmes, dans leur enfance, vont s’en confesser à leur belle-mère, je suppose?  De plus, la dame a sûrement fait une longue enquête, auprès de tout son entourage, afin d’apprendre si quelqu’un savait quoi que ce soit sur l’enfance de l’ancien cardiologue.

Par contre, et je trouve cela plutôt curieux, j’ai beau lire et relire l’article, la dame ne fait aucune description du Guy Turcotte qu’elle a connu; était-il méchant, était-il vindicatif, était-il menteur?  Et ce avant, ou après les événements?

Dans ce cas-ci, et malgré tout cela, je ne peux pas vraiment en vouloir à la mère d’Isabelle Gaston; elle est probablement encore secouée par la perte de ses deux petits-enfants, et le verdict du 5 juillet dernier n’a rien fait pour arranger les choses.  Il s’agit d’écouter l’entrevue téléphonique de cette dame, réalisée par Claude Poirier, ce matin, pour s’en rendre bien compte.  Par contre, on peut constater à l’oeil nu l’objectivité de la machine de Québécor, ainsi que le professionnalisme de Claude Poirier, pourtant un vétéran du journalisme des faits divers; il a beau se justifier, à la fin de l’entrevue, de ne vouloir prendre position dans cette affaire, il est trop tard, le mal est fait.  Si le message, que Québécor veut envoyer à la population, est qu’elle n’est pas d’accord avec le verdict, rendu de bonne foi par les 11 jurés, et demande, à l’instar du verdict populaire, que Guy Turcotte se retrouve derrière les barreaux, elle n’aurait pas pu mieux faire.

Donc, pour l’information objective, on repassera!

Québécor a décidé, tout simplement, comme c’est d’ailleurs l’habitude de beaucoup de médias, surtout québécois, de donner toute la place au verdict populaire, qui condamne sans procès, à la seule lumière des informations diffusées dans les grands titres.  La maison de Pierre-Karl Péladeau a d’ailleurs d’excellents outils pour encourager une telle pratique, et sait très bien les utiliser.  La boîte vocale téléphonique de Claude Poirier se remplit continuellement de jugements téméraires, que le réseau n’hésite pas à utiliser, afin d’augmenter ses parts de marché.  Et quand un sujet touche l’épiderme sensible des québécois, on n’hésite pas à en ajouter une tasse, comme dans le cas présent.

Il travaille pour qui, donc, le lecteur de nouvelles, qui répétait “Rigueur, rigueur, rigueur”, un soir d’élection provinciale?

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4 réactions sur “Affaire Turcotte: Quand on donne la place au verdict populaire

  1. Parlant de lecteurs de nouvelles, on pourrait mentionner ceux de Radio-Canada et leur parti-pris envers Stephen Harper comme le chroniqueur Fred Têtu avait mentionné
    http://www.radioego.com/ego/listen/7474

    Aussi, le doc Mailloux a ajouté son grain de sel sur l’affaire Turcotte dans divers extraits radio postés sur le site de Radio-Ego
    http://www.radioego.com/ego/listen/8450
    http://www.radioego.com/ego/listen/7675
    http://www.radioego.com/ego/listen/8244
    http://www.radioego.com/ego/listen/7656

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  2. « Si le message, que Québécor veut envoyer à la population, est qu’elle n’est pas d’accord avec le verdict, rendu de bonne foi par les 11 jurés, et demande, à l’instar du verdict populaire, que Guy Turcotte se retrouve derrière les barreaux, elle n’aurait pas pu mieux faire. »

    Je crois que tu as manqué beaucoup d’émissions du « Vrai négociateur » depuis le verdict. Car si tu les avais toutes écouter tu aurais sûrement entendu M. Poirier clamer haut et fort que le public n’avait pas à être contre le verdict, que les gens ne jugeaient qu’à partir des bribes d’informations diffusées par les médias et que les jurés, eux, ayant eu connaissances de toutes les preuves etc étaient bien placé que la population pour rendre un verdict de non-responsabilité criminelle. Alors dire que Québécor, via Claude Poirier, n’est pas d’accord avec le verdict, c’est parler sans vraiment avoir bien écouter Claude Poirier.

    En passant je suis « contre » le verdict.

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  3. @ Line:

    Je ne doute pas que Claude Poirier ait pu tenir les propos dont vous faites mention, et à mes yeux, cela est tout en son honneur. Je suis également d’avis que nous n’ayons pas à contester le verdict des 11 jurés, puisque contrairement à nous, qui devions nous contenter des grands titres des médias, ces personnes avaient tous les éléments de la preuve en mains.

    Par contre, je ne m’explique pas que les autres composantes de l’empire Québécor, que ce soit le site web Canoë, l’agence QMI, ou les journaux, n’aient publié un article qu’au seul moment où la mère d’Isabelle Gaston a fait ses déclarations, à savoir que c’est de la vengeance, et rien d’autre! Parce que depuis le verdict, à aucun moment, je n’ai eu vent d’un article qui reprenait les propos que vous attribuez à monsieur Poirier.

    Serait-ce, en bout de ligne, que Québécor ait délibérément profité de Claude Poirier?

    Une chose est sûre; la sortie de la mère d’isabelle Gaston aura fait « vendre du papier »!

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  4. Régis 15 Mars 2012

    Moi verdict ou non, RÉVEILLEZ-VOUS les Québecquois, croyez vous normal qu’un homme qui tue ces enfants dans n’importe quel situation à le droit de vivre, et bien pour moi et pour
    la majorité du peuple je crois que la réponse serais non.

    Alors que la couronne aille en appel car il mérite l’emprissonnement jusqu’a sa mort sans aucune possibilité d’appel.

    Si le tueur serait un travailleur ordinaire il aurait déja été condamné.

    Car il ne peut ce payer des avocats qui monte une pièce de théâtre de connivence avec Turcotte (Père indigne et sans coeur)

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