Révision de la carte électorale: Il faudra un jour se brancher

Je suis tombé, tôt ce matin, sur un texte de Hugo Pilon-Larose, sur le site web de La Presse, qui traite de la révision de la carte électorale du Québec, texte dans lequel le député de Matane-Matapédia, le péquiste Pascal Bérubé, se plaignait que l’agrandissement de sa circonscription, ainsi que d’autres circonscriptions de la région gaspésienne, du fait d’une éventuelle fusion des circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure, mettrait sa sécurité en danger; les routes peuvent être dangereuses, surtout en hiver, d’autant plus que la connexion cellulaire n’est pas disponible partout, selon lui.

À mes yeux, cette situation me démontre que le député de Matane-Matapédia a du pain sur la planche d’ici la fin de son mandat, à savoir d’améliorer l’état des principales routes de sa circonscription, en plus de les doter du signal cellulaire. Je veux dire, quand il y a de la poudrerie, les routes sont dangereuses, peu importe où l’on se trouve dans notre belle province. Et comme disent les policiers de la Sûreté du Québec lorsque l’on se fait intercepter pour aller un peu trop vite, il fallait partir plus tôt.

Bref, tout cela pour dire que les arguments de monsieur Bérubé sont bien minces pour défendre les prochaines modifications à la carte électorale. Parce que, comme c’est mentionné dans le texte de monsieur Pilon-Larose, les changements que l’on veut faire sont de réduire la Gaspésie et la région de Montréal d’une circonscription chacune, et de créer deux nouvelles circonscriptions, une dans les Basses-Laurentides, et l’autre dans la région des Bois-Francs, le tout en fonction des mouvements de population sur le territoire.

Parce que la Loi électorale est ainsi faite qu’au lieu d’ajouter des circonscriptions sur le territoire, le nombre de celles-ci est fixé à 125, question de ne pas avoir à agrandir le Salon bleu, ou à entasser les élus les uns sur les autres. Ainsi, pour garder le nombre à 125, il faut réviser la carte afin que chaque circonscription représente plus ou moins le même nombre d’électeurs, révision qui se fait habituellement à toutes les deux élections générales. Ainsi, quand une région voit sa population diminuer, elle se fait retrancher une circonscription, et au contraire, une région dont la population augmente se verra ajouter un nouvel élu. C’est la Commission de la représentation électorale (CRE) qui a le mandat de procéder à la révision de la carte, à travers un processus bien établi dans la loi. Il y a d’ailleurs une page, sur le site web d’Élections Québec, qui explique tout le processus.

On retrouve aussi, dans la Loi électorale, le principe d’exception; celui-ci s’applique lorsqu’une circonscription ne peut compter le nombre d’électeurs moyen prévu par la loi; cette fois-ci, on parle de 50,694 électeurs, plus ou moins 25%. Les seuils sont de 63,368 au maximum, et de 38,021 au minimum. C’est le cas pour les Îles-de-la-Madeleine, pour laquelle le statut d’exception est enchâssé dans la loi électorale, mais aussi pour cinq autres circonscriptions, à savoir Ungava, Abitibi-Est, Abitibi-Ouest, Duplessis et René-Lévesque, qui se retrouvent toutes sous le minimum. Selon un article de Véronique Duval, du site web de Radio-Canada, publié le 27 octobre 2023, soit après les audiences publiques de l’automne dernier, la carte électorale de 2017 accordait le statut d’exception aux circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure. L’article explique également pourquoi certaines circonscriptions profitent du statut d’exception.

Pour ma part, d’abord et avant tout, je regrouperais la circonscription des Îles-de-la-Madeleine avec celle de Gaspé, et ce pour la simple et bonne raison que dans la très grande majorité des divisions administratives, tant au provincial qu’au fédéral, les îles sont déjà rattachées à la Gaspésie, et personne n’en est mort. C’est ben beau de vouloir une représentation régionale forte, mais à un moment donné, il faut aussi se mettre les yeux devant les orbites, et comprendre que rien ne peut expliquer que 11,176 électeurs – c’est le nombre aux îles – aient le même poids politique que les 60,791 électeurs de la circonscription d’Arthabaska. Si l’on continue comme ça, la moitié des circonscriptions vont devenir des exceptions, et ce pour des fins d’identité régionale. S’il faut “tasser la ligne” un peu plus, ben tassons la ligne, un point, c’est tout. Je veux dire, si je prends par exemple Lebel-sur-Quévillon, les gens de la place se sentent probablement beaucoup plus proches de l’Abitibi que de Kuujjuaq; pourtant, Lebel-sur-Quévillon, comme Kuujjuaq, sont dans Ungava. Et comme c’est écrit dans l’article de madame Duval, il y a déjà onze circonscriptions qui sont plus grandes que les potentielles futures Gaspé-Bonaventure et Matane-Matapédia. Ce à quoi j’ajouterai que non seulement il n’y a pas de couverture cellulaire partout, dans Ungava, mais il n’y a souvent même pas de route.

Au final, je trouve que Pascal Bérubé fait sa drama queen, dans ce dossier. S’il trouve que son job est trop compliqué, il n’a qu’à revendiquer un siège dans la grande région de Montréal, et à laisser Matane-Matapédia à quelqu’un qui prendra son rôle à coeur, avec les difficultés que cela comporte. Il faudra, un jour ou l’autre, se brancher; on fait 125 circonscriptions à peu près égales en termes de population, ou on fait dans le régional, et au diable les proportions.

Pont Champlain: Le chiâlage, qu’ossa donne?

Je ne sais pas si c’est dans l’air du temps, mais je suis parti sur un “mood” de réaction, depuis quelques temps.  Et les textes publiés sur le Huffington Post Québec me donnent plein de matière à réaction.  Ce matin, ce fut à la lecture de l’article de Yanick Barrette, intitulé “Le @$?&%#! de pont Champlain”, que mon attention s’est arrêtée.

D’abord, du “bashing”, je suis capable d’en faire, moi aussi!  Cela me permet de croire que je pourrais aussi me qualifier pour écrire des papiers sur le Huff Post, parce que sur le fond, cet article ne m’apprend rien que je ne savais pas déjà.  Donc, si Barrette se fie sur ce texte pour vendre son livre, “Le Printemps Érable: les fondements d’un changement” – le Huffington Post nous présente son scribe comme étant l’auteur de ce livre, je répondrai que dans mon cas, c’est carrément raté!  Je ne me taperai pas des dizaines de pages de victimisation!

Maintenant, entrons dans le sujet.  C’est vrai qu’à première vue, la gestion du pont Champlain peut donner l’impression que l’on fait de la bonne vieille politique sur son dos.  Par contre, il faut mettre en évidence un point en particulier, à savoir que le ministre en place, quel que soit son parti, ne participe pas aux meetings de “foremen” des équipes de gestion de chaque infrastructure, qu’il s’agisse d’un pont, d’un aéroport, ou d’un réseau d’aqueduc.  Donc, il prend connaissance des rapports, parfois catastrophiques, sur une structure en particulier, habituellement pas très longtemps avant les journalistes.  Et parfois même après ceux-ci!  Parce que dans n’importe quelle boîte, privée comme publique, il y a le fameux point que tout le monde a probablement vécu, et que l’on pourrait décrire en une phrase courte du genre “Oh boy, faut pas que ça vienne aux oreilles du boss, sinon on est morts!”  Bref, quand le ministre doit annoncer une décision, le mal est habituellement déjà fait!

Le pont Champlain est un excellent exemple de ce que je viens d’expliquer.  Lors de sa conception, au milieu des années 1950, on ne parlait pas vraiment de l’utilisation des sels de déglaçage, et les ingénieurs de l’époque ont fait comme tel.  Résultat; l’évacuation des eaux n’est pas canalisée, et celles-ci coulent allègrement sur les poutres de rive, soit les P1 et P7.  À partir du moment où l’on se met à utiliser généreusement les sels de déglaçage, dans le but de ramener la chaussée sur l’asphalte dès la chute de neige terminée, pas besoin d’un secondaire 5 pour comprendre que la durée de vie des poutres de rive sera affectée négativement par cette décision.  Survient alors la mécanique habituelle de gestion; un membre de l’équipe en parle, les autres – dont ses supérieurs immédiats – ne le croient pas, puis, plus tard, constatant que le membre en question n’avait pas tout à fait tort, on minimise la chose, tout en s’arrangeant pour que le “boss” ne soit pas au parfum de l’affaire.  Jusqu’au jour où on ne peut plus nier l’évidence; on envoie alors un rapport, signalant l’état de la situation, ainsi que les options disponibles pour remédier à ladite situation.  Quand il y a des options, bien sûr.

Il y a aussi la question des coupures de budget, mais ça, c’est une autre histoire.

Dans le cas de Champlain, il faut remettre les pendules à l’heure; malgré les apparences, et tout le “bashing” de Yanick Barrette, le fédéral n’est pas resté à rien faire!  Dès 2009, sa “super-poutre” fut commandée, et transportée sur les terrains de Ponts Jacques-Cartier et Champlain Inc. (PJCCI), afin d’être prête à entrer en action au moment jugé opportun.  Et compte tenu de la dégradation des autres poutres de rive, deux autres super-poutres sont en commande, au moment où j’écris ce billet, et seront livrées sous peu.  C’est sans compter toutes les autres interventions déjà réalisées par les équipes d’entretien de l’ouvrage, qu’il s’agisse des supports de post-tension horizontale, des renforts en fibre de carbone, ou encore des fameuses “arbalètes”, qui prennent la relève des câbles de support en flexion rongés par la rouille.  Cela fait donc des années que les spécialistes de PJCCI font affaire avec des ingénieurs pour retarder la dépense nécessaire à la construction d’un nouveau pont, pour remplacer Champlain.  Sauf que maintenant, nous sommes rendus à l’étape où ce maintien coûte plus cher que la construction d’un pont neuf.

Aussi, pendant que le fédéral, par l’entremise de PJCCI, veille au grain, le provincial arrive avec sa liste d’épicerie; il faut un système léger sur rails (SLR), on veut une conception à deux paliers, et on exige une oeuvre architecturale.  Bref, on veut un pont “tout équipé”, parce que c’est le fédéral qui paie.  Et surtout, pas de péage!  Ce qu’il faut retenir, c’est que le fédéral avait pris la responsabilité du pont Champlain à la demande de Québec, dans la foulée de l’Expo67, d’une part, et de la construction de la Route transcanadienne, d’autre part, et que depuis ce temps, cela fait plusieurs fois qu’Ottawa pense à remettre Champlain, et tous les autres ponts fédéraux du grand Montréal, au Ministère des transports du Québec (MTQ).  La responsabilité normale du fédéral se situe au niveau des ponts inter-provinciaux, et internationaux, pas aux ponts intérieurs.  En deux mots, Champlain devrait, en principe, être sous la seule responsabilité de Québec.

Or, que fait Québec, avec ses infrastructures?  Juste à voir comment le MTQ inprovise, entre autres avec l’échangeur Turcot, il est permis de penser que s’il en avait la responsabilité, Champlain reposerait peut-être déjà au fond du fleuve, au moment où l’on se parle.  Parlez-en aux familles des victimes du viaduc de la Concorde!  Autrement dit, Yanick Barrette a beau crier que le fédéral “se fout délibérément” des québécois, les plus négligents ne sont pas à Ottawa, mais à Québec.  Évidemment, cela ne veut pas dire que les responsables fédéraux sont des exemples d’organisation, et qu’il n’y a aucun gaspillage là-bas!  Disons qu’à défaut d’être les meilleurs, on pourrait facilement leur concéder qu’ils sont les moins pires.

Ceci étant dit, il est clair que Champlain se dégrade plus vite que ce que tout le monde avait calculé, et qu’il faut travailler à son remplacement dès maintenant.  Alors au lieu de se plaindre du passé, Yanick Barrette aurait dû proposer des solutions pour l’avenir!  Nous le savons tous, le coût du futur pont sera prohibitif!  Nous sommes au Québec, après tout!  Ce qu’il faut faire, maintenant, c’est déterminer ce qu’il faut, comme capacité, et ce pour les cent prochaines années.  Pourquoi tous les intervenants se limitent-ils à trois voies par direction, alors que la demande est nettement supérieure à cette capacité?  Vous savez, ce n’est pas parce que l’on rapetisse la conduite d’aqueduc que les gens, à l’autre bout, auront moins soif!  Trois voies par direction, c’était efficace en 1962, quand Champlain fut ouvert, pas à l’aube de 2014!  Alors imaginez en 2021!  Et cent ans plus tard!  Il faut cinq voies par direction, rien de moins!  Ajoutez à cela deux voies pour les transports en commun, sur lesquelles on installera des rails affleurants, dans le but de permettre le passage d’autobus et de taxis entre les trains.  Et de grâce, des trains conventionnels!  Un SLR ne pourrait pas poursuivre sa route, au-delà de Brossard!  Il faut permettre aux trains de banlieue d’entrer en gare à Montréal, et un nouveau pont serait une occasion en or de redéployer complètement les circuits de trains de banlieue, afin de desservir toutes les villes de la rive-sud, de Salaberry-de-Valleyfield jusqu’à Sorel-Tracy, en passant par Châteauguay, Saint-Jean-sur-Richelieu, Granby, et Saint-Hyacinthe.

Quant à l’élégance de l’ouvrage à construire, il s’agit, à mes yeux, d’un aspect bien secondaire, dans le cas présent.  Pas qu’on doive se contenter d’une laideur atroce, mais compte tenu de nos moyens collectifs – parce qu’il faut comprendre que si le chèque est fédéral, provincial ou municipal, les fonds pour couvrir celui-ci proviendront toujours de la poche des mêmes contribuables, il faudra mettre la priorité sur la solidité, la fiabilité, et la longévité du nouveau pont.  Il faut aussi faire en sorte que l’entretien soit simplifié, et économique.  Mais surtout que les délais de construction soient les plus courts possible.  Il faut faire un appel d’offres mondial, et accepter, avec humilité, que d’autres travailleurs soient plus rapides que les nôtres.  Comparé à son voisin, le pont Victoria, construit dans sa forme actuelle en 1898, sur des piles datant d’aussi loin que 1854, et toujours solide comme le roc, Champlain fait office de pont éphémère.  Mais il faut mentionner que Victoria est un pont privé!

Autre point très important; le fait de recourir à un concept simple et déjà éprouvé raccourcira les délais de planification et de conception de l’ouvrage.  Car si Yanick Barrette insiste sur les trois ans de travaux d’infrastructures du viaduc de Millau, ou du pont Erasmus, il faut comprendre qu’un délai aussi long, sinon davantage, est nécessaire pour en établir les plans.  Les ingénieurs de Champlain n’avaient pas prévu les sels de déglaçage, et surtout leurs ravages sur la structure; il faut éviter de pareils oublis!

Terminons avec ce que Barrette appelle “l’éléphant dans la pièce”.  L’entièreté de son texte est un “federal bashing” dont les québécois sont les pauvres victimes.  Je lui rappellerai que si on construit un pont à l’image de ce que veulent les environnementalistes, tout ce qu’il reproche au fédéral dans le dernier paragraphe de son article se poursuivra de plus belle.  L’expérience actuelle nous montre plus clairement que jamais que la capacité actuelle de l’ensemble du réseau autoroutier montréalais est dépassée, et qu’un nouveau pont à trois voies par direction est nettement insuffisant.  Je ne reprendrai pas les arguments que j’ai déjà élaborés ici, mais si l’on veut que Montréal soit compétitive, sur le plan économique, il faudra nécessairement revoir les capacités du réseau routier, et le premier pas vers cette révision passe par le remplacement du pont Champlain par une structure de capacité beaucoup plus élevée.

Rob Ford: Et si c’était lui, le bon politicien?

Depuis quelques jours déjà, la “folle affaire” de Rob Ford est étalée en long et en large dans les médias de masse en tous genres, et on apprend de nouvelles bourdes du maire – en disgrâce – de Toronto presque à chaque jour.

Évidemment, cela apporte deux questions fondamentales, à savoir:

  1. Quels sont les autres scandales politiques, à travers le Québec, et le Canada, qui passent sous le radar, pendant ce feuilleton?
  2. Quel est le bilan politique de Rob Ford, qui est au pouvoir depuis 2010?

À la première question, on pourrait répondre que toute loi, ou tout règlement, qui pourrait offusquer les citoyens risque d’être adopté à toute vapeur, et ce avant que la poussière ne retombe.  Comme au Québec, la Charte de la laïcité, ou  Charte des valeurs québécoises, ou le nom qu’on lui donnera demain, en fonction de l’humeur du moment, sert à camoufler que le gouvernement minoritaire de Pauline Marois ne respectera pas ses promesses budgétaires, le scandale Rob Ford servira de paravent à tout ce que l’on veut faire passer en douce, loin des yeux et des oreilles des contribuables.

Quant à la deuxième question, je laisserai James Delingpole, un columnist et blogueur britannique, collaborateur régulier du Telegraph, vous l’expliquer avec son billet, publié dans le National Post, et intitulé “Why Rob Ford is better than most low-life politicians”, ou traduit librement, “Pourquoi Rob Ford est meilleur que la majorité des crapules qui nous gouvernent?”  Bon, d’accord, le texte est en anglais.  C’est pourquoi je tenterai de le traduire du mieux que je le peux.  Voici le résultat.

Pourquoi Rob Ford est meilleur que la majorité des crapules qui nous gouvernent?

De par le monde, nous sommes gouvernés par des pygmées

La semaine dernière, à l’émission d’Arlene Bynon, sur les ondes de la station de radio Toronto Talk 640, on me demandait si l’affaire Rob Ford allait affecter négativement la réputation du Canada.  Je suis britannique.  Je présume qu’on voulait me faire marcher.  Premièrement, cela laisserait sous-entendre qu’un seul anti-conformiste – bon, d’accord, ajoutons Justin Bieber, et disons deux anti-conformistes – pourrait compromettre la réputation durement gagnée, très durable, internationalement reconnue, et largement méritée du Canada de ne pas vraiment être la nation la plus “rock n’roll” de la planète.  Deuxièmement, cela soutiendrait que les politiciens sont tenus en si haute estime que nous sommes gravement bouleversés dès que l’un d’eux tombe.

Mais nous savons tous que les politiciens sont essentiellement des crapules sans principes.  C’est vrai, il peut y avoir des exceptions, mais généralement, notre opinion des politiciens est tellement basse que nous n’éprouvons aucune surprise lorsque l’un d’eux se fait prendre les culottes baissées.

Est-ce un signe que nous sommes entourés de trop de cynisme? Au contraire, j’avance plutôt que nous leur en demandons trop!  De par le monde, nous sommes gouvernés par des pygmées – pleutres; intellectuellement, et souvent moralement, corrompus; opportunistes; assoiffés de pouvoir; plus préoccupés par leur survie politique que par le souci de faire les bonnes choses.  Peu, sinon aucun d’entre-eux, n’ont eu le courage de faire face aux véritables défis qui se dressent devant nous; ils ont répondu à l’endettement massif en imprimant plus de billets de banque, et en repoussant le problème plus loin; ils se sont laissé séduire corps et âme par l’arnaque environnementale, qui nous amène à la faillite, et nous sur-réglemente sans cesse.  Et bien entendu, ils mentent.

Et c’est dans ce contexte que je me suis curieusement retrouvé dans une relative sérénité, face à l’affaire Rob Ford.  Évidemment, avoir un maire ivrogne, consommateur de crack, n’est pas l’idéal.  Mais honnêtement, je suis plus intéressé par ce qu’un politicien peut apporter à travers sa vie publique que par ce qu’il peut faire dans sa vie privée, aussi merdique puisse-t-elle être.

Pour voir tout ça sous un autre angle, demandez-vous qui devrait gouverner les menus détails de votre existence, entre a) un démon sorti de l’enfer, fumeur de crack, qui maintient les taxes basses, qui rend la fonction publique plus efficace, et qui, pour le reste, laisse ses sales doigts hors de vos affaires, ou b) un bien-pensant plus propre que propre qui, convaincu de ses valeurs morales supérieures, va se sentir justifié de s’immiscer dans tous les aspects de votre vie à grands coups de taxes, de lois et de règlements?

Pour moi, c’est une évidence.  Nous sommes tous des géants aux pieds d’argile.  Autant je n’ai pas à juger, disons, la musique de Bill Evans, en se basant sur le fait qu’il avait un problème de consommation d’héroïne, autant je n’ai pas à juger l’héritage d’un politicien à sa vie personnelle exaltée.  D’accord, c’est vrai que Rob Ford est un cas extrême.  Mais il me semble, compte tenu des attentes élevées que nous maintenons envers eux, que plus nos politiciens doivent être purs et propres, plus nous risquons de finir avec des politiciens blêmes et lâches, mais non moins dangereux et indélogeables, qui rendent la vie des gens misérable, à travers le monde.

Je trouve que l’opinion de monsieur Delingpole rejoint ma pensée, globalement parlant.  Autre point; nous sommes très forts pour porter un jugement sans connaître l’histoire au complet.  Et Dieu sait que les médias nous aident beaucoup, pour ce faire.  Mais le fait que les médias ne présentent qu’un seul côté de la médaille ne nous exempte pas de tout faire pour voir l’autre côté.  Les médias de masse ne nous disent pas que les taxes ont baissé, pour les contribuables torontois, depuis que Rob Ford est au pouvoir.  Ils ne disent pas non plus que suite à la renégociation des conventions collectives, d’une part, et à la réduction de la taille de l’appareil administratif d’autre part, la fonction publique de la ville-reine est plus efficace que jamais!  Le fait qu’une partie de la dette à long terme de la ville de Toronto ait été remboursée passe aussi sous silence, dans les médias.  Mais l’administration de Rob Ford a fait tout cela, à l’intérieur d’un délai d’environ trois ans.

Je ne m’inquiète pas tant des agissements de Rob Ford à Toronto que de ceux de nos chers politiciens d’ici, qu’ils soient au municipal, au provincial, ou au fédéral.  Car si un “junkie” au dernier degré a pu faire tout cela, que font nos politiciens “plus blancs que blanc”?  Je crois sincèrement qu’en tant que contribuables, nous devrions porter davantage notre jugement sur les résultats des politiques publiques que sur l’image des politiciens qui les votent.  Notre pays, notre province, et nos villes, ne s’en porteraient que mieux!

Démission de Daniel Breton: L’un n’empêche pas l’autre!

Depuis la sortie, dans les médias, de ce que l’on pourrait qualifier de “l’affaire Daniel Breton”, les commentaires se succèdent à un rythme d’enfer, sur Twitter.  Les plus ardents défenseurs du député, qui a remis sa démission comme ministre, tout en conservant son siège de Sainte-Marie–Saint-Jacques, comparent leur protégé avec tout et n’importe quoi, du moment que cela semble pire; des libéraux à la commission Charbonneau, en passant bien sûr par Hitler.

D’accord, j’exagère.

À peine!

Il faudra que quelqu’un finisse par comprendre que le fait de soulever des irrégularités sur un individu n’empêche pas le reste de l’actualité – ni l’appareil judiciaire – de suivre son cours.  Personne n’a demandé, ni obtenu, l’arrêt des activités de la commission Charbonneau, ni des palais de justice, ni des enquêtes sur le terrain, autant de l’Unité permanente anti-corruption (UPAC) que de l’escouade Marteau.  Par contre, il faut aussi spécifier que jusqu’à présent, à part l’ancien ministre Toni Tomassi, pour l’affaire d’abus de confiance auprès du Bureau canadien d’investigation et d’ajustement (BCIA), non-reliée à la construction, aucun élu politique provincial n’a été accusé de quoi que ce soit, en ce qui concerne le scandale de collusion et de corruption dans l’industrie de la construction.  Au municipal, le seul élu arrêté jusqu’à maintenant demeure le maire de Mascouche, Richard Marcotte, et dans ce cas, la justice suit son cours.

Alors s’il vous plaît, pourrait-on se calmer le pompon, juste un petit peu?

Daniel Breton a démissionné, soit.  C’est ce qu’il avait de mieux à faire.  Quelques mois sur les banquettes arrière de l’Assemblée nationale lui donneront le temps de régler ses affaires, tout en servant de purgatoire, afin qu’il puisse, peut-être, redevenir ministre plus tard.  Quant au reste, ne craignez rien; tout porte à croire que la commission Charbonneau complètera son mandat.  Dans les délais, ça, je ne pourrais le confirmer, car on ne peut dire l’avenir, mais il se complètera.  Y aura-t-il des élus qui devront faire face à la justice?  Ça, c’est une autre histoire!

Politique… en rafale! (ou les commentaires d’un chiâleux notoire)

Bon, c’est vrai que cela fait un sacré bout de temps que je n’ai pas consacré un véritable article sur la politique.  C’est que, voyez-vous, je fus pris d’une énorme lassitude; j’avais l’impression de toujours répéter la même chose.  Que ce soit au provincial, au fédéral, sur la gauche ou sur la droite, il me semblait que j’écrivais sans cesse les mêmes mots, les mêmes phrases.

Alors en ce dimanche, je me permets une rafale de politique.  Pour ceux et celles qui n’aiment pas, rassurez-vous; ça durera le temps d’un seul billet!

Commission d’enquête sur la construction

Pendant deux ans et demi, le gouvernement de Jean Charest a toujours contourné la question d’une éventuelle commission d’enquête, sur l’industrie de la construction, les allégations de collusion et de corruption qui s’y rattachent, et sur les liens de tous ces acteurs avec les partis politiques.  Avec le temps, certaines mesures furent mises en place, comme une unité anti-collusion (UAC), puis une autre unité, permanente, celle-là, contre la corruption, l’UPAC, laquelle allait englober, à terme, les activités de l’UAC.  Cette dernière était dirigée par l’ancien chef de la police de la ville de Montréal, Jacques Duchesneau, alors que l’UPAC était sous les ordres de Robert Lafrenière, un ancien de la Sûreté du Québec (SQ).  Comme l’UAC allait éventuellement passer sous l’égide de l’UPAC, il est clair que Duchesneau, un “bleu”, allait passer sous les ordres de Lafrenière, un “vert”.  Or, depuis que le système policier actuel existe, chez nous, il y a toujours eu une sorte de guerre, entre les “bleus”, du monde municipal, et les “verts”, soit les policiers provinciaux.  J’y reviendrai.

Or, voilà qu’un important rapport de l’UAC s’est retrouvé – allez savoir comment, mais surtout pourquoi – coulé dans les médias!  Il n’en fallait pas plus pour que le bon peuple – poussé dans le dos par les médias, et plus particulièrement celui qui a coulé le rapport – prétende que “la vérité”, c’est que Duchesneau exige, lui aussi, une commission d’enquête!  Dans les faits, Duchesneau ne l’exige pas.  Il dit plutôt que si enquête il y a, celle-ci devrait comporter un important volet à huis-clos, chose qu’il a d’ailleurs confirmé en commission parlementaire, lors de son témoignage, qui a duré 5 heures.  Il a expliqué qu’à huis-clos, un témoin potentiel peut parler pendant des heures, et des heures, alors que devant les caméras, il peine à se rappeler de son propre nom!  Il a constaté cet état de fait depuis aussi loin que la Commission d’enquête sur le crime organisé (CECO), en 1973!

Suite au coulage de son rapport dans les médias, Duchesneau est passé parmi ceux-ci, pour des entrevues en tous genres.  Parmi celles-ci, un passage à “Tout le monde en parle”, lors duquel il avance que l’UPAC, “c’est pas fort!”  Il n’en fallait pas plus pour que le boss de l’UPAC, le vert Lafrenière, convoque le bleu Duchesneau à son bureau, au début de la semaine suivante.  S’en suivit une “absence” de Duchesneau, autant du travail que des médias, absence qui s’est conclue, dernièrement, par la résiliation du contrat de Duchesneau.

À mes yeux, il est clair que Duchesneau a été viré pour avoir dit que l’UPAC, c’est pas fort, dans un show regardé par plus ou moins un million et demi de téléspectateurs par semaine.  Mais sur Twitter, on l’a vu d’un tout autre oeil; Duchesneau, “l’homme du peuple”, a été cavalièrement viré par Lafrenière, “l’homme de Charest”!  On y prétendait même que la SQ n’était rien de moins qu’une “police politique”, ce qui m’a amené à dire à plusieurs qu’ils lisaient trop de romans policiers!

Dans les jours qui ont suivi, le premier ministre a procédé à l’annonce d’une commission d’enquête, laquelle prendra une forme non-conventionnelle, compte tenu des tenants et aboutissants de ce secteur particulier qu’est la construction.  La présidence de la commission a été confiée à la juge France Charbonneau, dont la nomination a été recommandée par le juge-en-chef de la Cour supérieure.

Depuis, quelques ajustements ont été effectués, dans les jours suivant l’annonce, à ce que d’aucuns appellent “la patente”, parce qu’ils ne veulent pas coller le nom de “commission” à ce que Charest a annoncé, et celui-ci a également dit, devant l’éventuel besoin de nouveaux ajustements, que la juge Charbonneau n’avait qu’à faire ses demandes.  Et voilà qu’on se plaint, maintenant, du silence radio de la juge Charbonneau, depuis sa nomination, et que, ce faisant, elle serait de mèche, elle aussi, avec Charest.

Mon point de vue, là-dessus, c’est que Charest est le bouc-émissaire pour tout ce qui ne se passe pas au goût d’une certaine élite de gauche, et que celle-ci fait porter ce message à l’ensemble de la population.  Dans les faits, pourquoi la juge Charbonneau garde-t-elle le silence, pour l’instant?  Simple; elle doit d’abord se trouver deux assistants-commissaires.  Elle doit ensuite mettre en place les façons de faire de la commission; il faut trouver des procureurs, du personnel de soutien, des locaux, désigner qui doit témoigner à huis-clos, qui doit témoigner en public, comment procéder, bref, plein de choses qu’il faut mettre en place avant de convoquer le premier témoin.  Vous croyez que tout cela se fera en deux jours et demi?  Je suis d’avis que les premiers témoins ne se feront pas entendre avant 2012!  D’autant plus que la commission a deux ans pour remettre son rapport, sans compter d’éventuels prolongements de mandats!

L’objectivité de la Société Radio-Canada

Ceux qui croient que la Société Radio-Canada (SRC) est tout à fait objective, dans son travail journalistique, comparativement aux autres médias, n’ont qu’à regarder l’émission “Les coulisses du pouvoir”, animée par la non moins objective Emmanuelle Latraverse.  Un usager de Twitter a même dit, la semaine dernière, que la SRC devrait changer le titre, “Les coulisses du pouvoir”, par un autre, “Les câlisses de Conservateurs”, tellement les membres du panel de journalistes, comme l’animatrice, et les autres invités, y vont continuellement de charges à fond de train contre le gouvernement du Stephen Harper.  D’ailleurs, je mets quiconque au défi de m’envoyer un lien où l’animatrice dit un tant-soit-peu de bien du gouvernement conservateur.  J’attends vos envois!

En plus, cette semaine, on a eu droit à une émission “Enquête” qui portait, en grande partie, sinon en entier, sur le cas de Québécor, le grand concurrent privé de la SRC.  Pas que la firme de Pierre-Karl Péladeau soit elle-même un exemple d’objectivité, mais je trouve bizarre qu’une société payée par nos impôts, à raison de plus d’un milliard de dollars par année, se drape de la blancheur de l’objectivité, et vienne faire un reportage sur un concurrent qui, dénonce-t-elle, reçoit des fonds publics, et oriente, en quelque sorte, son service de l’information vers ses propres intérêts.  Surtout quand cette société publique omet de dire que ce concurrent reçoit des sommes à partir d’un fonds dont elle retire, elle aussi, des parts.  Bref, la guerre est pognée entre la SRC et PKP!

À mes yeux, aucun diffuseur, au Canada, ne peut se proclamer le gardien de l’objectivité!  Tous les journalistes reçoivent un chèque de paye, et chaque payeur exige de son personnel de faire le travail à sa façon.  Ainsi, tous les journalistes ont un certain biais, face à l’information qu’ils diffusent, en faveur de leur boss respectif.  De plus, tous les diffuseurs ont une, ou plusieurs vedettes, qui font un travail d’analyse, sur ladite nouvelle, et la rendent dans le sens que leur boss respectif la voit, ou que celui-ci voudrait que le public la voit.  La tâche de ceux qui regardent est de prendre les infos des uns, et des autres, et d’aller chercher la vraie nouvelle, là-dedans.  Malheureusement, bien peu de gens se donnent cette tâche!

La “non-crise” au Parti québécois

Depuis juin dernier, le parti québécois (PQ) est secoué par une crise à l’interne – une autre!  Encore une fois, on s’en prend au chef, jusqu’à ce que celui-ci démissionne.  En fait, le leadership de Pauline Marois est contesté depuis bien avant juin!  Mais la victoire de son parti, malgré qu’elle soit “sur les fesses” (par seulement 196 votes), lors de la partielle dans Kamouraska-Témiscouata, lui a donné un sursis, et le vote de confiance qu’elle a obtenu, lors du congrès du PQ d’avril dernier, le premier en six ans, est venu la réconforter.  Sauf que cette fois, le scénario de crise ne se déroule pas comme prévu; la chef n’entend pas lancer la serviette comme ça!  Elle se dit bien en selle, et fait part à qui veut l’entendre qu’elle sera toujours la chef, lors du prochain scrutin général!

Or, le réconfort d’un vote de confiance, fusse-t-il historiquement élevé, demeure éphémère, dans ce parti; moins de deux mois après son vote de confiance, trois députés, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Louise Beaudoin, démissionnent du caucus du PQ, et deviennent députés indépendants.  Le lendemain, Jean-Martin Aussant fait de même, puis Benoît Charette les suit, deux semaines plus tard.  Puis, ces derniers jours, nouvelle fronde, lors d’une interminable réunion du caucus du PQ, lors de laquelle on demande carrément la démission de Pauline Marois!  Mais à part quelques exceptions, sur Twitter, pour les partisans du PQ, il n’y a pas de crise, et tout va très bien, madame la marquise!

À mon avis, les troupes du PQ ont été stigmatisées par la débandade du Bloc québécois, face au Nouveau parti démocratique (NPD) de feu-Jack Layton, lors des élections fédérales du 2 mai dernier, et ont peur de subir le même sort.  D’ailleurs, le fait que le PQ courtise l’ancien chef du bloc, Gilles Duceppe, ne fait que jeter un nuage de fumée qui tente, tant bien que mal, de camoufler la situation de crise que vit le parti, pour la énième fois de son histoire.  Je suis d’avis que le travail de Gilles, combiné aux efforts de l’autre souverainiste de profession, Gérald Larose, avec ses éventuels états généraux, viendront à bout de la crise… et du parti!