Chemin Roxham: Comment les médias profitent de l’inexpérience d’une nouvelle ministre

Tous ceux qui suivent un peu l’information, sur les principaux médias télévisés québécois, ont vu la nouvelle ministre de l’immigration du Québec, Christine Fréchette, tourner à 180 degrés au sujet de la fermeture du chemin Roxham. Du moins, c’est ce que l’on serait porté à croire, à la vue de ce que les médias – TVA/LCN comme la SRC/RDI – ont bien voulu nous laisser voir. Ce qui me trouble, c’est que pour les fins d’analyse, on compare deux très courts extraits de mêlées de presse, où la ministre semble dire une chose et son contraire, alors que dans les faits – lire si on prend les mêlées de presse dans leur ensemble, elle explique très bien son point, et au final, elle ne s’est jamais contredite.

Dans la première mêlée de presse, elle explique que le fait de fermer – dans le sens d’empêcher le passage par – le chemin Roxham ne changerait rien à la situation de l’immigration illégale qui s’exerce là-bas, puisque les passeurs vont utiliser un autre chemin, probablement plus mauvais, et dangereux, pour faire passer leurs clients. Dans la seconde, elle répète les propos qu’elle avait dits lors d’une entrevue, qui date de la semaine dernière, où elle avait utilisé le mot “basta!”, pour dire qu’il faut que cela cesse, dans le sens de tout le système de passage illégal à la frontière, et non pas dans celui du seul passage physique du chemin Roxham.

Petite parenthèse pour mentionner un point, à savoir; il est où, le maudit chemin Roxham?

Le chemin Roxham est une petite route de campagne, qui se déroule dans un axe nord-sud, et qui est coupé en deux par la frontière entre le Québec et l’état de New York. La partie américaine est longue de moins d’un kilomètre, et depuis la frontière, elle prend vers le sud jusqu’à la North Star Road, qui elle-même est reliée à la route 17 de l’état de New York, qui mène au village de Champlain. Du côté québécois, toujours en partant de la frontière, elle prend vers le nord sur environ 3 kilomètres avant d’atteindre la route 202, et… le Parc Safari. Ben oui, toi! Le Parc Safari est sur le chemin Roxham. Le chemin suit ensuite, sur environ deux kilomètres et demi, toujours vers le nord, la route 202 jusqu’à l’intersection où la route 202 prend vers l’est, et le chemin vers le nord devient le chemin Bogton,

OK, on ferme la parenthèse.

Bon, si l’on enlève l’affaire de la ministre Fréchette, on pourrait presque dire que la journée d’aujourd’hui serait ce que l’on appelle en anglais une slow-news-day; il aurait fallu passer la journée sur les derniers rebondissements de l’autre affaire, celle de l’embauche d’Amira Elgawhaby par le gouvernement fédéral, affaire qui commence à tirer au reste.

Donc, pour revenir à madame Fréchette, elle aura sûrement appris une leçon, aujourd’hui, soit celle de ne jamais faire confiance à des journalistes; ils peuvent prendre vos propos, surtout les plus honnêtes, en garder quelques extraits, les retourner contre vous, et les balancer en ondes en se foutant complètement des effets secondaires, et principalement en vous faisant passer pour le dindon de la farce. Bref, “ne laissez jamais la vérité venir détruire une belle histoire”, comme le disent les journalistes entre eux.

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Tunnel L.-H.-Lafontaine: Retour sur “Le goulot de la bouteille”

Ceux et celles qui me suivent le savent; j’aime bien prendre un texte d’opinion, et y répondre coup sur coup, à travers les paragraphes de celui-ci. J’ai choisi, cette fois, le texte d’Aurélie Lanctôt, chroniqueuse du journal Le Devoir, texte intitulé “Le goulot de la bouteille”, et qui parle de l’affaire des travaux majeurs du tunnel L.-H.-Lafontaine, et de la proposition du président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc. Comme je le fais normalement, je mettrai le texte intégral de madame Lanctôt en couleur, disons en bleu, cette fois-ci, et j’y répondrai avec le noir habituel. Allons-y.

Le goulot de la bouteille

Aurélie Lanctôt, Le Devoir, 28 octobre 2022.

Le message a été accueilli avec un sourire en coin par celles et ceux qui, à longueur d’année et même en temps « normal », se soucient de rendre la ville plus conviviale, mais nous y voilà : le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, suggérait mercredi qu’on interdise l’auto solo dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine à l’heure de pointe. « Une solution difficile pour limiter les dégâts », disait-il.

Évidemment, puisque cela fait des années que “celles et ceux qui, à longueur d’année et même en temps « normal », se soucient de rendre la ville plus conviviale” font des pieds et des mains pour amener, lentement mais sûrement, la grande région de Montréal – et par extension tout le Québec – dans une situation intenable, du point de vue de la circulation routière, et ce en s’opposant à quelque projet routier que ce soit, et que l’on appellera, pour les fins de l’exercice, les “écolos”, ceux-ci se frottent les mains de voir le président de la CCMM proposer au ministère des transports du Québec (MTQ) d’interdire l’auto solo aux heures de pointe dans le tunnel. C’est le cas de le dire, il l’ont eu à l’usure.

Sur les ondes de LCN, Michel Leblanc soulignait que les autres solutions ne seraient pas suffisantes pour alléger la circulation dans le pont-tunnel durant les travaux. « La voiture solo n’a pas sa place sur le pont-tunnel en heure de pointe dans les prochaines semaines, mois », a-t-il déclaré sans détour, précisant tout de même qu’il ne serait pas question de bloquer le passage aux camions, qu’il juge « essentiels à la vie d’une métropole ».

Surtout, ne pas entraver la circulation des marchandises : on comprend bien le socle de valeurs sur lequel repose la proposition de Leblanc. Mais comme le messager fait souvent le message, surtout lorsqu’il se présente en complet et qu’il parle la langue de l’argent, la proposition a été accueillie avec une ouverture étonnante par le premier ministre, qui s’est dit ouvert à l’idée. Hier, après avoir visité le chantier, la nouvelle ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a cependant fermé la porte à une telle mesure, évoquant la panoplie d’options existantes. Il ne faudrait surtout pas créer un dangereux précédent en faisant quelque chose d’aussi radical.

Madame Lanctôt oublie que si elle veut des marchandises dans ses magasins de proximité, celles-ci ne sont pas – encore – livrées par téléportation. Donc, qu’il faut que les camions circulent, dans le tunnel comme sur les autres liens routiers transfluviaux, et ce afin d’approvisionner les commerces, allant de l’alimentation aux produits de divertissement électroniques, et tout ce que vous pouvez imaginer entre les deux.

À l’entendre, on croirait que le droit de poireauter tout seul dans sa voiture fait partie d’un noyau de libertés fondamentales inaliénables, qu’il faut aborder avec beaucoup de déférence. Le président de la Chambre de commerce a au moins le mérite de transgresser ce tabou : si l’on s’inquiète de la fluidité de la circulation routière aux portes de la métropole, la voiture individuelle est le premier problème qu’il faut nommer. La multiplication des voies d’accès ne sera jamais suffisante ; le nerf de la guerre, c’est le volume qu’il faut faire passer chaque jour à travers le goulot de la bouteille.

Justement; puisque madame Lanctôt parle du goulot de la bouteille, je vais en profiter pour mentionner que malheureusement, toutes les traversées du fleuve furent conçues comme des goulots d’étranglement. Sur le pont Honoré-Mercier, vers Montréal, deux voies arrivent de la route 138, et deux de la 132, et doivent se réduire à deux voies sur le tablier du pont. En direction de Kahnawake, deux voies arrivent de l’autoroute 20 ouest, et deux de l’A-20 est. Donc un autre 4-dans-2. Sur le nouveau pont Samuel-de-Champlain, vers Montréal, trois voies de l’A-10, plus deux de l’A-15, pour un 5-dans-3, et vers Brossard, trois de l’A-15 sud, plus deux de l’A-10 (Bonaventure) et une de l’île-des-Soeurs, pour un 6-dans-3. Jacques-Cartier, vers Montréal, montre un 5-dans-3 à l’heure de pointe du matin, un 5-dans-2 le reste du temps, et un 4-dans-2 vers Longueuil, sauf à l’heure de pointe du soir, où c’est un 4-dans-3. Le tunnel, finalement, affiche un 7-dans-3 vers Boucherville, et un 5-dans-3 vers Montréal. Il n’y a que le pont Victoria, aux heures de pointe, qui montre un 2-dans-2 dans la direction ouverte, alors que c’est 2-dans-1 hors-pointe. Il est à noter que les deux voies de Victoria vont dans le même sens lors des heures de pointe; vers Montréal le matin, vers Saint-Lambert le soir. Bref, l’expression “goulot de la bouteille” est tout à fait appropriée. Mais pourquoi a-t-on construit les traversées comme ça?

On l’avoue du bout des lèvres maintenant qu’on s’apprête à plonger dans le chaos, mais ce n’est pas moins vrai le reste du temps. La panique entourant la fermeture partielle du pont-tunnel est une démonstration éclatante de l’échec des politiques d’aménagement du territoire qui étendent sans cesse les périphéries de la ville sans créer de nouveaux centres de gravité. Depuis les couronnes de la métropole, on parle de la congestion routière montréalaise avec dédain et frustration, sans jamais dire que c’est la dépendance à l’automobile et le modèle de la « vie-de-transit » qui rendent le quotidien insupportable.

Il faut mettre les choses au clair dès le départ; on aura beau établir toutes les politiques d’aménagement du territoire que l’on voudra, il y aura toujours des familles qui ne voudront pas vivre dans une tour à condos, ou dans un 4½ au troisième étage d’un bloc dans ce que l’on pourrait qualifier d’ancien quartier ouvrier. Et comme les maisons individuelles sont hors de prix sur l’île de Montréal, ces familles continueront de s’expatrier dans les couronnes, puis dans les campagnes, où les maisons sont plus abordables. De là le besoin de liens routiers fiables, en qualité et en quantité. Depuis des décennies, la population augmente davantage par l’immigration que par les naissances; à l’époque, les recensements pouvaient prédire, une vingtaine d’années d’avance, combien il faudra de voies de circulation, d’écoles, d’hôpitaux, etc., afin de satisfaire à la demande. Maintenant, comme la hausse de la population se fait par l’immigration, les besoins doivent être comblés de façon beaucoup plus immédiate; le type s’installe au pays, il a déjà une famille, et son logement sur l’île de Montréal est temporaire dès son arrivée, puisqu’il sait qu’à mesure que sa position professionnelle va se définir, il voudra, lui aussi, offrir du confort à sa famille. Tout porte à croire que les gouvernements ont lancé la serviette, là-dessus; les logements abordables se font rares, le réseau routier tombe en ruines, j’en passe, et des meilleures.

Révélateurs inattendus du caractère intenable de ce mode de vie, les signaleurs routiers prennent ces jours-ci la parole pour exprimer leurs craintes à l’approche du début des travaux dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Plus tôt au mois d’octobre, à Carignan, Marc Séguin, un signaleur routier de 58 ans, est mort happé par un véhicule aux abords d’un chantier. L’an dernier, 161 signaleurs ont été blessés dans un accident au travail, un nombre qui ne cesse d’augmenter depuis cinq ans. Et il s’agit seulement des accidents reconnus par la CNESST. Or, le mégachantier qui débute fait craindre le pire aux travailleurs, indique Jean-François Dionne, président de l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec (ATSRQ).

En écoutant les entrevues accordées un peu partout par M. Dionne, on reste bouche bée. Le président de l’ATSRQ parle d’agressivité constante, d’un mépris pour les limites de vitesse comme pour les travailleurs qui risquent leur vie en se tenant aux abords des chantiers (tout cela pour un salaire entre 18 $ et 23 $ de l’heure, notons). « Les automobilistes, c’est une arme que vous avez dans les mains ! » déclarait-il en entrevue à Radio-Canada. À l’émission de radio de Nathalie Normandeau, il disait estimer qu’environ la moitié des automobilistes ralentissent réellement à l’approche d’un chantier. La moitié. Il faut prendre la mesure de cette folie. Pas étonnant que, selon la SAAQ, en 2021, 836 personnes aient été blessées et 9 soient décédées dans une zone de travaux.

Les signaleurs routiers ont raison de s’inquiéter, alors qu’on s’apprête à faire l’expérience d’une singulière zizanie sur le réseau routier de la métropole : ces travailleurs sont aux premières loges de l’hostilité qui imprègne la culture de l’automobile. Une culture qui produit l’éloignement géographique, qui organise la vie à une échelle inhumaine et qui — j’en suis intimement convaincue — favorise les comportements antisociaux.

Premièrement, le nombre de signaleurs routiers augmente, puisque les chantiers se multiplient au Québec. Ensuite, même si chaque mort est une mort de trop, il faut souligner que l’on fournit aux signaleurs de nouveaux équipements, comme les barrières mobiles, qui permettent aux signaleurs de se tenir loin des véhicules en mouvement, plus souvent qu’autrement bien assis à l’intérieur de leur pick-up, qui supporte le nouvel équipement. Finalement, il faut aussi comprendre que l’agressivité des automobilistes vient aussi – quoique pas exclusivement – du fait des nombreux chantiers qui retardent la circulation, chantiers causés entre autres par le manque de développement flagrant du réseau routier, résultat du manque de fonds publics, mais aussi de l’opposition, surtout par les écolos, à tout nouveau développement majeur dans le réseau routier du grand Montréal.

Cette histoire illustre aussi l’équilibre précaire sur lequel repose le mode de vie basé sur le transit perpétuel. Et pourtant, rien n’indique que nous avançons dans la bonne direction. L’achalandage sur les routes, et sur les ponts entourant la métropole, est déjà plus intense qu’avant la pandémie et, en parallèle, la fréquentation des transports en commun n’est toujours pas revenue à son niveau prépandémique.

…et ce pour une raison bien simple; les transports en commun actuels ne valent pas le coup. Que ce soit une question de délais, une question de proximité des autres, ou toute autre question, le passage du transport en commun à l’auto, pendant la pandémie, a rappelé aux gens que le jeu n’en vaut pas la chandelle, surtout que dans sa voiture, personne ne peut vous refiler un virus, que ce soit une grippe, ou la COVID-19.

Sans un plan clair d’affranchissement de l’auto solo, le nécessaire changement de culture ne se fera pas tout seul, à travers la multiplication des « options » et des « mesures palliatives ». Il est peut-être temps de brandir le bâton.

Il n’est jamais temps de brandir le bâton. La vie en société comporte son lot d’obligations, auxquelles on se prête de façon plus ou moins sympathique, obligations qui entravent la liberté, autant collective qu’individuelle. Chacune de ces obligations représente des occasions, pour les autorités, de brandir le bâton, comme le dit madame Lanctôt. Si elle veut réduire l’agressivité des automobilistes, et de la population en général, je lui suggère fortement de trouver une autre méthode que de brandir le bâton.

Je crois surtout que cette histoire est la résultante directe d’un manque de planification de nos dirigeants politiques, et ce depuis des décennies. Personne ne parviendra à me convaincre que la population, tant à Montréal que sur la rive-sud, n’a fait que s’étendre sur le territoire depuis l’ouverture du dernier lien en date, soit… le pont-tunnel Lafontaine, en 1967. Depuis 55 ans, la population s’est multipliée, et ce des deux côtés du fleuve. Le nombre de liens routiers, quant à lui, n’a pas changé. Madame Lanctôt devra comprendre, tôt ou tard, que la circulation des personnes et des marchandises, à l’image de la grande majorité des activités humaines, est une question d’offre et de demande; lorsqu’il y a un déséquilibre flagrant entre les deux, rien ne va. Mais qui sait? Peut-être que la récession qui s’annonce viendra mettre un terme à l’actuelle pénurie de main-d’oeuvre, ce qui serait un mal pour un bien. Mais je m’éloigne.

Nous savons que les principales infrastructures routières du grand Montréal – dont le pont-tunnel – ont été construites dans les années 1960; nul besoin d’être diplômé universitaire pour savoir que tout allait devoir être rénové plus ou moins en même temps. Après l’échangeur Turcot, et le pont Champlain, il fallait s’attendre que le tunnel Lafontaine ait besoin de travaux majeurs. Et qu’est-ce que l’on a fait pour alléger la circulation dans le secteur? Rien. La commission Nicolet, en 2003, recommandait de construire de nombreux nouveaux liens entre les deux rives du fleuve Saint-Laurent, dont un pont reliant les autoroutes 30 et 640, à l’est de l’île de Montréal. Vingt ans plus tard, qu’est-ce qui a été accompli? Rien. Pourtant, on aurait bien besoin de ce pont aujourd’hui. Lors de la construction du pont Samuel-de-Champlain, on avait une opportunité formidable d’augmenter la capacité de ce lien, qui fut construit à trois voies par direction, et qui fut ouvert à la circulation en 1962. On l’a construit avec quelle capacité? Trois voies par direction. Comme en 1962. À cette époque, le pont Champlain, sur la rive-sud, se terminait sur des terres agricoles; 60 ans plus tard, il ne reste plus un seul hectare disponible à la culture.

Si l’on compare le lien entre Montréal et sa rive-sud avec le lien entre Montréal et Laval, on se rend compte que malgré une ligne de métro (la ligne orange et ses trois stations lavalloises), et un nouveau lien autoroutier (le pont Olivier-Charbonneau et l’autoroute 25), l’achalandage des ponts de Laval n’a pas diminué de façon significative au cours des dernières années. C’est dire à quel point les traversées actuelles étaient déjà surutilisées. Et globalement, le manque de développement du réseau routier n’arrange rien. Dans les années 1990, par exemple, on a reconstruit le tablier du pont Champlain. Une fois les travaux complétés, les politiciens se pétaient les bretelles, mentionnant que l’on ne retoucherait pas au tablier du pont avant 50 ans. Dans les faits, le tablier fut construit avec une capacité de 125,000 véhicules par jour, alors qu’il en passe plus de 300,000. Résultat des courses, le nouveau tablier n’avait pas 20 ans qu’il était déjà à reconstruire.

Le plan directeur, qui fut établi au milieu des années 1950, et qui visait une réalisation sur un horizon de 30 ou 40 ans, n’est pas encore complété presque 70 ans plus tard. Les sections déjà construites sont donc surutilisées, ce qui diminue leur durée de vie, et nécessite des travaux précoces, autant en réparations d’urgence qu’en réfections plus profondes. Certains corridors devant recevoir ces infrastructures ont été développés, ce qui empêche de compléter celles-ci, et fait perdurer les problèmes. Par ailleurs, on vante les bienfaits des véhicules électriques, qui ne produisent pas d’émissions polluantes. Mais tous ces véhicules ont le même défaut; ils ne volent pas. Ils ont tous besoin de routes. Bref, il faut rattraper le temps perdu, et cela va coûter très cher, autant en argent qu’en tergiversations de nos chers écolos. À condition que nos gouvernements aient le courage de s’attaquer aux problèmes, ce qui ne semble pas gagné d’avance.

Affaire Turcotte: Quand on donne la place au verdict populaire

Juste une précision, avant de commencer; la page d’ouverture de mon fureteur internet, mise à jour automatiquement, bien sûr, est Google Actualités, qui suit plus de 5000 médias à travers le monde, et qui propose trois articles “à la une”, selon la région où l’on habite, et l’importance de la nouvelle.

Petit coup d’oeil à l’actualité, ce matin, pour voir, tout en haut du Top 3, un article de l’agence QMI, publié sur le site de Canoë, et dont le titre est “Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance”.  Je m’y suis attardé un peu.

Il s’agissait, en fait, de l’opinion de la grand-mère maternelle des deux enfants qui ont été tués par Guy Turcotte, opinion qui fut recueillie par le très objectif Claude Poirier, dans le cadre de l’émission “Le vrai négociateur”, sur les ondes de LCN.  Parce que, à mes yeux, il ne s’agit de rien de plus que d’une opinion.  Sans vouloir manquer de respect d’aucune façon envers cette dame, sur quoi se base-t-elle pour avancer ses propos?  Était-elle en compagnie de Turcotte, le soir des meurtres?  A-t-elle parlé avec lui, dans les minutes précédant les événements, afin de réellement savoir comment l’ancien cardiologue se sentait, ce soir-là?  Voici un extrait du texte de l’article.

Je connais la vérité, a-t-elle lancé. Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance. Il a menti en cour. Si on peut mentir sur une chose, on peut mentir sur plusieurs choses. Nous, on pense que ce procès-là n’était pas celui de Guy Turcotte, mais celui de ma fille.

D’abord, qui la dame désigne-t-elle, avec ce « nous »?  On peut sous-entendre qu’il s’agit des membres de sa famille, mais encore.  Ensuite, si la dame connaissait la vérité, a-t-elle témoigné, pendant le procès, pour venir en informer la Cour?  Et si non, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait?  Serait-ce qu’elle voulait cacher des faits?  Bon, ne soyons pas trop suspicieux, et regardons un autre extrait.

Ce n’est pas le Guy Turcotte que j’ai connu, a ajouté la dame. Qu’il avait eu une enfance difficile, qu’il a été abusé, personne ne le savait.

Parce que je présume que tous les hommes qui ont eu des problèmes, dans leur enfance, vont s’en confesser à leur belle-mère, je suppose?  De plus, la dame a sûrement fait une longue enquête, auprès de tout son entourage, afin d’apprendre si quelqu’un savait quoi que ce soit sur l’enfance de l’ancien cardiologue.

Par contre, et je trouve cela plutôt curieux, j’ai beau lire et relire l’article, la dame ne fait aucune description du Guy Turcotte qu’elle a connu; était-il méchant, était-il vindicatif, était-il menteur?  Et ce avant, ou après les événements?

Dans ce cas-ci, et malgré tout cela, je ne peux pas vraiment en vouloir à la mère d’Isabelle Gaston; elle est probablement encore secouée par la perte de ses deux petits-enfants, et le verdict du 5 juillet dernier n’a rien fait pour arranger les choses.  Il s’agit d’écouter l’entrevue téléphonique de cette dame, réalisée par Claude Poirier, ce matin, pour s’en rendre bien compte.  Par contre, on peut constater à l’oeil nu l’objectivité de la machine de Québécor, ainsi que le professionnalisme de Claude Poirier, pourtant un vétéran du journalisme des faits divers; il a beau se justifier, à la fin de l’entrevue, de ne vouloir prendre position dans cette affaire, il est trop tard, le mal est fait.  Si le message, que Québécor veut envoyer à la population, est qu’elle n’est pas d’accord avec le verdict, rendu de bonne foi par les 11 jurés, et demande, à l’instar du verdict populaire, que Guy Turcotte se retrouve derrière les barreaux, elle n’aurait pas pu mieux faire.

Donc, pour l’information objective, on repassera!

Québécor a décidé, tout simplement, comme c’est d’ailleurs l’habitude de beaucoup de médias, surtout québécois, de donner toute la place au verdict populaire, qui condamne sans procès, à la seule lumière des informations diffusées dans les grands titres.  La maison de Pierre-Karl Péladeau a d’ailleurs d’excellents outils pour encourager une telle pratique, et sait très bien les utiliser.  La boîte vocale téléphonique de Claude Poirier se remplit continuellement de jugements téméraires, que le réseau n’hésite pas à utiliser, afin d’augmenter ses parts de marché.  Et quand un sujet touche l’épiderme sensible des québécois, on n’hésite pas à en ajouter une tasse, comme dans le cas présent.

Il travaille pour qui, donc, le lecteur de nouvelles, qui répétait “Rigueur, rigueur, rigueur”, un soir d’élection provinciale?

Pont de l’île d’Orléans: Quant à faire du neuf,…

Un reportage, diffusé aujourd’hui sur la chaîne LCN, et rapporté sur le site Canoë, mentionne que le pont de l’île d’Orléans devra être remplacé, d’ici une dizaine d’années.  C’est que la rénovation, qui lui permettrait de rencontrer de nouvelles normes sismiques, mais qui ne permettra pas d’ajouter des voies de circulation, coûterait au bas mot 125 millions de dollars, et que cette facture est définitivement trop élevée pour le vieux pont, qui date de 1935.  Le MTQ étudiera donc toutes les options sur la table; on parle d’un nouveau pont, d’un tunnel, ou encore d’une jetée.

Moi, je dis que quant à faire du neuf, autant en profiter pour assurer un nouveau lien… vers la rive-sud!

Quand on jette un coup d’oeil sur l’échangeur A-40/A-440, sur la berge de Beauport, on se rend compte que le viaduc, surplombant l’autoroute qui longe la berge, est conçu pour laisser circuler beaucoup de véhicules.  On pourrait y diriger la circulation en provenance de l’île, ainsi qu’une partie de celle de l’est de l’agglomération de Lévis, puisqu’il est question, de plus en plus souvent, de problèmes de circulation, sur les ponts de la vieille capitale.  Rien de comparable avec la situation montréalaise, remarquez bien.  Mais ce n’est pas une raison pour placer les régions de Québec, et de Chaudière-Appalaches, dans une situation aussi problématique.

J’ai déjà écrit un billet, à ce sujet, il y a environ deux ans.  Je proposais carrément une autoroute transfluviale, qui passerait par l’île d’Orléans, et donnerait ainsi une nouvelle traversée du fleuve pour les usagers de la route.  Parmi les irritants à un tel projet, à l’époque, je mentionnais la proximité de l’éventuel port méthanier, mieux connu sous le nom de projet Rabaska.  Mais ce projet semble être sur la glace pour un bon bout de temps, puisque l’exploitation éventuelle du gaz de schiste garantirait au Québec une autonomie gazière telle que le projet Rabaska deviendrait totalement inutile.

Devant cet état de faits, le MTQ devrait envisager très sérieusement la possibilité de construire une autoroute reliant les deux rives du fleuve, et passant par l’île d’Orléans.

Les québécois veulent davantage de rentes: What else is new?

Un article de l’agence QMI, publié sur LCN, dit que les québécois sont en faveur d’une hausse des prestations du Régime des rentes du Québec (RRQ), selon un sondage effectué pour le compte du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC).

J’en conclus que les dirigeants de ces syndicats ont beaucoup d’argent à dépenser, pour investir dans un tel sondage, que le groupe de recherches Environics a effectué à la fin d’août, auprès d’un échantillon de 2020 personnes.  En effet, un québécois sur quatre souhaite que le RRQ augmente ses prestations, et 82% souhaitent une augmentation des prestations versées par le gouvernement fédéral aux personnes retraitées.  L’article dit également que les résultats sont “à peu près similaires en ce qui concerne l’augmentation des prestations du Régime de pensions du Canada” (RPC), ce qui a fait dire à Paul Moist, président national du SCFP, que “D’un bout à l’autre du pays, les Canadiens veulent qu’on augmente les prestations du Régime de pensions du Canada. Les politiciens fédéraux et provinciaux qui cherchent à améliorer le régime fédéral n’auraient pu recevoir de message plus clair”.

Franchement, le président du SCFP s’attendait à quoi d’autre, comme résultat?  Comme ça, les québécois – et les canadiens – veulent davantage de rentes.  OK, so what else is new?

L’article ne met pas de lien vers les résultats complets du sondage, ni vers les questions précises qui ont été posées aux personnes consultées, ce qui semble prouver que toute l’affaire est une propagande organisée par le SCFP et l’AFPC, dans le seul et unique but de faire pression sur les gouvernements.  Les syndicats, dans leurs sondage, ont-ils pensé à demander aux répondants à quel endroit il fallait prendre l’argent nécessaire pour augmenter les prestations?  De deux choses l’une; soit que la question n’a pas été posée aux répondants, soit qu’elle l’a été, mais que les deux centrales syndicales se gardent bien de publier la réponse.  Les gouvernements sont en déficit pour les quatre ou cinq prochaines années; en toute franchise, où vont-ils prendre le fric pour financer d’éventuelles augmentations de rentes, sinon dans nos poches?

Nous savons que le RRQ n’est rien d’autre qu’un schème de Ponzi, et qu’il n’y a pas de moyen de faire fructifier l’argent mis dans le régime suffisamment rapidement pour assurer sa pérennité.  La solution idéale est de rendre chaque citoyen responsable de son propre régime de retraite.  Mais les gouvernements vont-ils oser redonner la responsabilité des régimes de retraite aux citoyens?  Nous savons que les gouvernements interventionnistes que nous avons s’introspectent au beau milieu de nos vies, pour tenter de nous arracher le plus possible de nos gains, en faveur de subventionnés de tout acabit.  Alors il ne faut pas rêver…