Chemin Roxham: Comment les médias profitent de l’inexpérience d’une nouvelle ministre

Tous ceux qui suivent un peu l’information, sur les principaux médias télévisés québécois, ont vu la nouvelle ministre de l’immigration du Québec, Christine Fréchette, tourner à 180 degrés au sujet de la fermeture du chemin Roxham. Du moins, c’est ce que l’on serait porté à croire, à la vue de ce que les médias – TVA/LCN comme la SRC/RDI – ont bien voulu nous laisser voir. Ce qui me trouble, c’est que pour les fins d’analyse, on compare deux très courts extraits de mêlées de presse, où la ministre semble dire une chose et son contraire, alors que dans les faits – lire si on prend les mêlées de presse dans leur ensemble, elle explique très bien son point, et au final, elle ne s’est jamais contredite.

Dans la première mêlée de presse, elle explique que le fait de fermer – dans le sens d’empêcher le passage par – le chemin Roxham ne changerait rien à la situation de l’immigration illégale qui s’exerce là-bas, puisque les passeurs vont utiliser un autre chemin, probablement plus mauvais, et dangereux, pour faire passer leurs clients. Dans la seconde, elle répète les propos qu’elle avait dits lors d’une entrevue, qui date de la semaine dernière, où elle avait utilisé le mot “basta!”, pour dire qu’il faut que cela cesse, dans le sens de tout le système de passage illégal à la frontière, et non pas dans celui du seul passage physique du chemin Roxham.

Petite parenthèse pour mentionner un point, à savoir; il est où, le maudit chemin Roxham?

Le chemin Roxham est une petite route de campagne, qui se déroule dans un axe nord-sud, et qui est coupé en deux par la frontière entre le Québec et l’état de New York. La partie américaine est longue de moins d’un kilomètre, et depuis la frontière, elle prend vers le sud jusqu’à la North Star Road, qui elle-même est reliée à la route 17 de l’état de New York, qui mène au village de Champlain. Du côté québécois, toujours en partant de la frontière, elle prend vers le nord sur environ 3 kilomètres avant d’atteindre la route 202, et… le Parc Safari. Ben oui, toi! Le Parc Safari est sur le chemin Roxham. Le chemin suit ensuite, sur environ deux kilomètres et demi, toujours vers le nord, la route 202 jusqu’à l’intersection où la route 202 prend vers l’est, et le chemin vers le nord devient le chemin Bogton,

OK, on ferme la parenthèse.

Bon, si l’on enlève l’affaire de la ministre Fréchette, on pourrait presque dire que la journée d’aujourd’hui serait ce que l’on appelle en anglais une slow-news-day; il aurait fallu passer la journée sur les derniers rebondissements de l’autre affaire, celle de l’embauche d’Amira Elgawhaby par le gouvernement fédéral, affaire qui commence à tirer au reste.

Donc, pour revenir à madame Fréchette, elle aura sûrement appris une leçon, aujourd’hui, soit celle de ne jamais faire confiance à des journalistes; ils peuvent prendre vos propos, surtout les plus honnêtes, en garder quelques extraits, les retourner contre vous, et les balancer en ondes en se foutant complètement des effets secondaires, et principalement en vous faisant passer pour le dindon de la farce. Bref, “ne laissez jamais la vérité venir détruire une belle histoire”, comme le disent les journalistes entre eux.

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Santé au Québec: Le parfait exemple de société soviétisée

En furetant le web, un article de Hugo Duchaine, du Journal de Montréal, me saute aux yeux.  Il faut dire que son titre attirait l’attention; “Il quitte l’urgence sans soins et meurt le même soir”.  Déjà, ça part mal.  Je lis l’article; c’est l’histoire d’un homme qui se pointe à l’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal pour des douleurs au thorax, mais oh! malheur, sa carte d’assurance-maladie est expirée!  On lui exige donc 400$ sur-le-champ pour l’examiner.  Il n’avait pas la somme, ni de carte de crédit; le type, un peu débiné, prend une ou deux minutes, puis finit par quitter les lieux.  Le lendemain, ce sont les paramédicaux qui ont constaté son décès, dans son lit, à la maison.

Il me semble que c’était la raison pour laquelle on avait mis en place un régime d’assurance-maladie, il y a une cinquantaine d’années; que tout le monde puisse avoir des soins de santé, peu importe ses revenus, et/ou ses avoirs.  D’autant plus que, toujours selon l’article, le type avait déjà un dossier à l’Institut de cardiologie!  Tout porte à croire que le cas de cet homme était le cas idéal du dossier qui passe dans les craques du plancher; il avait un dossier en bonne et due forme sur place, mais les employés ne le connaissaient pas suffisamment pour l’appeler par son prénom.

On peut toujours dire “Ouin , mais t’sé, c’était à lui de checker si sa carte était valide”. Je veux bien croire.  Mais cela ne vous est jamais arrivé, à vous, de vouloir utiliser une carte, et de constater qu’elle était échue?  Que vous vous souvenez tout d’un coup d’avoir reçu l’avis de renouvellement, mais que vous vous étiez dit que vous verriez à cela un peu plus tard?  En poursuivant la lecture de l’article, on se rend compte que le type n’est pas tombé sur une agente administrative qui n’avait pas pris son café ce matin-là; je vous laisse lire cet extrait!

Contactée hier, une porte-parole de la Régie de l’assurance maladie du Québec a assuré que toute personne avec une carte expirée qui doit recevoir des soins est admissible à un remboursement, une fois la carte renouvelée.

Pour sa part, le ministère de la Santé et des Services sociaux a répondu qu’il a pris connaissance du contenu du rapport et prend acte de la recommandation du coroner. Il finalise un plan pour y répondre.

À l’Institut de cardiologie de Montréal, la porte-parole Sylvie Mireault a expliqué que divers aménagements ont été faits pour faciliter l’accès au triage. Elle a ajouté qu’un patient n’est jamais refusé, et ces règles ont été réitérées au personnel.

Euhhh, si un patient n’est jamais refusé, pouvez-vous me dire pourquoi cet homme est retourné chez lui sans soins, d’autant plus qu’il avait un dossier sur place, madame Mireault?

Bref, on a le parfait exemple du système de santé soviétisé.  Vous ne vous qualifiez pas?  Allez mourir dehors, monsieur!

Je veux bien croire que cela ne s’est probablement pas passé de façon aussi stricte, mais la base est là, quand même.  Il me semble que le principe devrait plutôt être: “on examine d’abord, on verra pour le paiement après”.  Pas le contraire.

D’aucuns me diront que c’est plutôt le système américain qui “carbure au cash”; avec le nombre de fois où je suis allé aux USA, jamais je n’ai eu le moindre écho que quelqu’un soit mort pour suite de refus aux urgences.  Là-bas, on soigne d’abord!  Parce qu’une fois sur pieds, on pourra toujours te collecter.

Matricule 728: Un petit bout de film ne suffit pas!

Tout le monde se souvient des événements du printemps de 2012, lorsque des étudiants ont pris la rue, au lieu de leur avenir, en main.  Évidemment, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a dû intervenir à chaque fois, ou presque, lors de ces multiples manifestations, les participants n’étant pas toujours et exclusivement des étudiants.  Parmi les interventions policières, celle du 20 mai avait attiré l’attention; les images de la policière Stéfanie Trudeau, alias “matricule 728”, en train de poivrer généreusement des manifestants, avaient rapidement fait le tour des internets, comme le dirait George W. Bush.

Suite à la diffusion, pratiquement en boucle, de ces images sur Twitter (@levraiRichard3), j’avais réagi en disant que l’on ne voyait qu’un extrait, et que l’on ne pouvait pas porter un jugement sur l’événement en son entier; en effet, les images ne montraient pas ce qui avait amené la policière Trudeau à réagir de la sorte, puisque l’extrait commençait quelques secondes à peine avant l’intervention de l’agent 728.

Or, voilà que la Société Radio-Canada (SRC) nous rapporte, dans cet article, sur son site web, que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) ne portera pas d’accusations contre l’agent Stéfanie Trudeau, du SPVM, en ce qui concerne les événements du 20 mai.  Selon l’article, le DPCP précise que la preuve soumise, dont la vidéo, “ne permet pas d’apprécier l’intégralité de l’évènement et son contexte”. Il ajoute également que la manifestation avait été déclarée illégale et que ladite “intervention ne dépassait pas les limites établies par l’article 25 du Code criminel et la jurisprudence sur l’emploi de la force nécessaire par un agent de la paix chargé de l’application de la loi”.  En deux mots, ils ont dit comme moi!

Cela prouve donc que, contrairement à Bobino, le personnage de ma tendre enfance qui, quelques fois par émission, demandait à Télécino de “passer un petit bout de film”, il faut une preuve beaucoup plus complète qu’un bout de séquence vidéo coupé, et sorti de son contexte précis, pour accuser une personne d’avoir commis des gestes répréhensibles.

À la fin de l’article de la SRC, on fait grand mention du passage de l’ancien porte-parole de la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, à l’émission 24 heures en 60 minutes, émission diffusée entre autres sur la chaîne régulière de la SRC.  Cela amène à croire que monsieur Nadeau-Dubois est devenu, à toutes fins pratiques, un panéliste régulier de l’émission, et l’un des invités les plus réguliers de l’animatrice Anne-Marie Dussault.

Affaire Turcotte: Quand on donne la place au verdict populaire

Juste une précision, avant de commencer; la page d’ouverture de mon fureteur internet, mise à jour automatiquement, bien sûr, est Google Actualités, qui suit plus de 5000 médias à travers le monde, et qui propose trois articles “à la une”, selon la région où l’on habite, et l’importance de la nouvelle.

Petit coup d’oeil à l’actualité, ce matin, pour voir, tout en haut du Top 3, un article de l’agence QMI, publié sur le site de Canoë, et dont le titre est “Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance”.  Je m’y suis attardé un peu.

Il s’agissait, en fait, de l’opinion de la grand-mère maternelle des deux enfants qui ont été tués par Guy Turcotte, opinion qui fut recueillie par le très objectif Claude Poirier, dans le cadre de l’émission “Le vrai négociateur”, sur les ondes de LCN.  Parce que, à mes yeux, il ne s’agit de rien de plus que d’une opinion.  Sans vouloir manquer de respect d’aucune façon envers cette dame, sur quoi se base-t-elle pour avancer ses propos?  Était-elle en compagnie de Turcotte, le soir des meurtres?  A-t-elle parlé avec lui, dans les minutes précédant les événements, afin de réellement savoir comment l’ancien cardiologue se sentait, ce soir-là?  Voici un extrait du texte de l’article.

Je connais la vérité, a-t-elle lancé. Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance. Il a menti en cour. Si on peut mentir sur une chose, on peut mentir sur plusieurs choses. Nous, on pense que ce procès-là n’était pas celui de Guy Turcotte, mais celui de ma fille.

D’abord, qui la dame désigne-t-elle, avec ce « nous »?  On peut sous-entendre qu’il s’agit des membres de sa famille, mais encore.  Ensuite, si la dame connaissait la vérité, a-t-elle témoigné, pendant le procès, pour venir en informer la Cour?  Et si non, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait?  Serait-ce qu’elle voulait cacher des faits?  Bon, ne soyons pas trop suspicieux, et regardons un autre extrait.

Ce n’est pas le Guy Turcotte que j’ai connu, a ajouté la dame. Qu’il avait eu une enfance difficile, qu’il a été abusé, personne ne le savait.

Parce que je présume que tous les hommes qui ont eu des problèmes, dans leur enfance, vont s’en confesser à leur belle-mère, je suppose?  De plus, la dame a sûrement fait une longue enquête, auprès de tout son entourage, afin d’apprendre si quelqu’un savait quoi que ce soit sur l’enfance de l’ancien cardiologue.

Par contre, et je trouve cela plutôt curieux, j’ai beau lire et relire l’article, la dame ne fait aucune description du Guy Turcotte qu’elle a connu; était-il méchant, était-il vindicatif, était-il menteur?  Et ce avant, ou après les événements?

Dans ce cas-ci, et malgré tout cela, je ne peux pas vraiment en vouloir à la mère d’Isabelle Gaston; elle est probablement encore secouée par la perte de ses deux petits-enfants, et le verdict du 5 juillet dernier n’a rien fait pour arranger les choses.  Il s’agit d’écouter l’entrevue téléphonique de cette dame, réalisée par Claude Poirier, ce matin, pour s’en rendre bien compte.  Par contre, on peut constater à l’oeil nu l’objectivité de la machine de Québécor, ainsi que le professionnalisme de Claude Poirier, pourtant un vétéran du journalisme des faits divers; il a beau se justifier, à la fin de l’entrevue, de ne vouloir prendre position dans cette affaire, il est trop tard, le mal est fait.  Si le message, que Québécor veut envoyer à la population, est qu’elle n’est pas d’accord avec le verdict, rendu de bonne foi par les 11 jurés, et demande, à l’instar du verdict populaire, que Guy Turcotte se retrouve derrière les barreaux, elle n’aurait pas pu mieux faire.

Donc, pour l’information objective, on repassera!

Québécor a décidé, tout simplement, comme c’est d’ailleurs l’habitude de beaucoup de médias, surtout québécois, de donner toute la place au verdict populaire, qui condamne sans procès, à la seule lumière des informations diffusées dans les grands titres.  La maison de Pierre-Karl Péladeau a d’ailleurs d’excellents outils pour encourager une telle pratique, et sait très bien les utiliser.  La boîte vocale téléphonique de Claude Poirier se remplit continuellement de jugements téméraires, que le réseau n’hésite pas à utiliser, afin d’augmenter ses parts de marché.  Et quand un sujet touche l’épiderme sensible des québécois, on n’hésite pas à en ajouter une tasse, comme dans le cas présent.

Il travaille pour qui, donc, le lecteur de nouvelles, qui répétait “Rigueur, rigueur, rigueur”, un soir d’élection provinciale?

Politique: On se fait crosser à deux mains!

En tant que personne appartenant au peuple, on se surprend toujours des nouvelles inventions du gouvernement, en termes de formules linguistiques, dans le but de nous faire avaler la pilule.  Merci à Twitter, je suis tombé sur une chronique de David Descôteaux, publiée sur son blogue, bien sûr, mais aussi dans le journal Métro.  Son texte s’appelle “Mensonges et subventions”.  Voici un extrait plutôt éloquent.

Chaque jour qui passe me rappelle à quel point le gouvernement nous prend pour des idiots – en jouant avec les mots.

Dans une récente chronique, je mentionnais que le gouvernement accorde maintenant des « prêts non remboursables » (ça ne s’invente pas!) à des entreprises. Traduction : vous « prêtez » des millions de vos impôts à IBM ou Warner Brothers, mais ces entreprises n’ont pas l’obligation de vous rembourser.

De qu’ossé?  Des “prêts non-remboursables”?

Vous en connaissez combien, des banques, qui vont vous avancer votre hypothèque sous forme de prêts non-remboursables, vous?  Moi, je n’en connais pas; si vous en connaissez, contactez-moi, ça presse!

Pour reprendre une expression jadis chère à Jean-Luc Mongrain, le gouvernement “prend les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages”!  Non, mais franchement; des prêts non-remboursables!  Ce n’est pas comme ça, que ça s’appelle; ça s’appelle des octrois, des subventions, des pots-de-vin, des bakchich, des rançons, des cadeaux, des retours d’ascenseur, mais PAS DES PRÊTS!  Un prêt, ça se rembourse!

Encore faut-il que nos gouvernements s’occupent de se faire rembourser.  Voici un autre extrait de l’article de David Descôteaux.

Mais il y a pire. Une étude du Frontier Centre, un centre de recherche de Winnipeg, révèle que même l’argent que vous donnez aux multinationales sous forme de prêts « remboursables »… n’est pas remboursé!

Depuis 1982, Industrie Canada a prêté plus de 18 milliards de vos impôts – l’équivalent de 360 000 années de dur labeur au salaire annuel de 50 000 $ – à des centaines d’entreprises. Celles-ci sont habituellement bien connectées politiquement, ou situées dans des comtés où le gouvernement veut acheter des votes. Rien de grave direz-vous. Ce sont des prêts. L’argent nous reviendra, non?

Non.

En 28 ans, les entreprises canadiennes ont remboursé seulement 1,9 milliard des 18 milliards prêtés – à peine 10 % du total. Gardons en tête que ces prêts sont souvent accordés sans intérêt. Nous sacrifions donc collectivement des millions de dollars que nous aurions pu gagner en investissant cet argent ailleurs.

Pire : comme notre gouvernement est endetté, il doit emprunter sur les marchés – à environ 4% – pour trouver cet argent. La facture totale pour les contribuables dépasse donc de loin les 18 milliards « prêtés ».

Qu’est-ce que vous en pensez, de celle-là?

Depuis 1982, c’est pas juste la faute à Harper, ça!  Pendant ce temps-là, on s’arrache les cheveux de la tête, et on déchire nos chemises, sur les questionnaires de recensement.  Bravo!

Quand est-ce qu’un gouvernement mettra l’honnêteté, dans l’article 1 de son programme?  J’ai bien peur que ce ne soit pas demain la veille!

En attendant, je vais tâcher de me dépomper…