Neige: « Same sh*t, different storm », diraient les anglos

Lors de la dernière tempête, je faisais le pari que la ville mettrait deux semaines pour effectuer le ramassage de la neige dans les rues, et je suis passé bien près d’avoir raison. Voilà qu’aujourd’hui, une dépêche du site LCN, qui parlait du calvaire pour les facteurs et les livreurs (dont je suis), révélait que le ramassage n’allait être complété qu’à 45% en date de vendredi matin.

La ville de Montréal, toujours selon la dépêche, travaillait sur, euhhh… appelons cela un « accommodement raisonnable », qui permettrait aux arrondissements où les choses vont bien d’aller prêter main-forte à ceux qui ont plus de difficultés. Connaissant les différents intervenants dans ce dossier, dont le syndicat des cols bleus (celui qui proposait aux citoyens et citoyennes de reconstruire Montréal ensemble, selon ce qu’ils ont apposé sur leurs véhicules), la négociation pour en arriver à une entente risquent de durer si longtemps que la neige aura le temps de fondre d’elle-même, y compris celle dans les dépôts à neige. Cela donnera un argument de plus à ceux qui osent croire que la ville serait beaucoup plus facile à administrer sans ces arrondissements stupides, repaires de roitelets, grassement payés par les contribuables, régnant sur leurs sujets depuis leurs tours d’ivoire. Il me semble que s’il s’agit d’une seule et unique ville, elle devrait avoir une seule et unique administration, ce qui simplifierait beaucoup les choses.

Mais voilà; ce serait beaucoup trop simple. Nous sommes au Québec, après tout, la société distincte qui prône la démultiplication des pouvoirs et des niveaux d’administration tous azimuts, de façon à ce que chacun puisse être le président de quelque chose. Des millions sont dépensés en organisation et en surveillance pour des élections scolaires où moins de 5% de la population va voter pour des gens qui gaspilleront 9 milliards$ de fonds publics. Mais ces élections sont tellement importantes!

C’est comme à Montréal; les fusions devaient simplifier les choses, et permettre de faire plus pour moins cher. Suite au processus de fusion de 2002, l’île de Montréal est passée de 28 municipalités, dotées d’autant de conseils municipaux, à un maire de la nouvelle ville, 27 maires d’arrondissement, un nombre d’échevins qui a décuplé, parce qu’il y a des conseillers de ville et des conseillers d’arrondissement, et on a remplacé la Communauté urbaine de Montréal, qui regroupait les 28 anciens maires, par la Communauté métropolitaine de Montréal, dont le territoire s’étend désormais de L’Assomption à Saint-Isidore, de Contrecoeur à Saint-Lazare, et de Mirabel à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville. Puis en 2006, 15 municipalités de l’île de Montréal se sont défusionné. Depuis ce temps, nous nous retrouvons avec un conseil de ville pour Montréal, composé d’un maire de ville, de 19 maires d’arrondissement, et d’une multitude de conseillers aux deux niveaux, de 15 conseils de ville pour autant de villes défusionnées, et d’un nouveau conseil d’agglomération pour chapeauter tout ce beau monde. Sans compter tout le personnel d’administration qui se dédoublent les tâches, les cols bleus, à qui l’on fournit des pelles pour s’appuyer, et des camions pour dormir à l’abri des intempéries, le personnel politique, et tout, et tout.

Pour faire une certaine comparaison, voyons voir comment cela se passe à Laval. D’abord, la ville de Laval est née en 1965 d’un concept du genre « une île, une ville », semblable à celui auquel rêvait le regretté Jean Drapeau, et qu’a tenté d’instaurer l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque. La nouvelle ville regroupait les cités de Chomedey (elle-même issue du regroupement de la ville de l’Abord-à-Plouffe, de la ville de Renaud, et de la cité de Saint-Martin, survenu en 1961), de Duvernay, de Laval-des-Rapides, de Laval-Ouest, de Pont-Viau et de Sainte-Rose, ainsi que les villes d’Auteuil, de Fabreville, des Îles-Laval, de Laval-sur-le-Lac, de Sainte-Dorothée, de Saint-François, de Saint-Vincent-de-Paul et de Vimont. Ceci dit, ça se passe comment, à Laval? Le conseil municipal de la ville de 350,000 habitants est composé d’un maire (Gilles Vaillancourt, en poste depuis 1989, et qui donne à croire qu’il sera maire à vie), et de 21 conseillers. Point. Et ça marche. À peine quelques nostalgiques qui préfèrent le bon vieux temps.

Je crois sincèrement que l’île de Montréal pourrait très bien être dirigée par un conseil municipal dans lequel on retrouverait le maire, et une centaine de conseillers, tout au plus. La ville actuelle n’aurait besoin que de 60 à 70 conseillers, maximum. Avec les économies réalisées par une telle administration réduite, on pourrait se permettre un déneigement beaucoup plus rapide, ce qui créerait moins de cauchemars aux citoyens payeurs de taxes.

MISE À JOUR – 21 DÉCEMBRE 2007, À 15H30

Avez-vous entendu la dernière excuse du maire Tremblay?  Selon ses dires, les dépôts à neige sont tous remplis à pleine capacité, et l’on devra commencer à entasser la neige… dans les cours Turcot!  Et que feront-ils en février?  Le maire parviendra certainement à dénicher une autre excuse bidon.

Neige: Ça prendra deux semaines, finalement

Sur le site de nouvelles LCN, on indique que 50% du territoire de la ville de Montréal est déneigé. Les premiers pronostics parlaient pourtant d’un déneigement complet quelque part comme hier ou aujourd’hui. Alors faisons le calcul, afin de savoir à quel moment la ville sera totalement déneigée.

La tempête ayant eu lieu lundi, et le ramassage ayant commencé mardi, nous pouvons dire, aujourd’hui samedi, que cela fait quatre jours que le déneigement est en marche. Si 50 pour cent de la ville a été déneigée en 4 jours, il en faudra donc quatre de plus pour terminer le travail. Or, LCN nous dit que l’opération fera relâche pendant toute une journée pour permettre aux chauffeurs des camions de prendre leur repos obligatoire, parce que la loi les oblige à prendre certaines périodes de repos. Ce n’est donc pas quatre, mais bien cinq jours de plus qu’il faudra pour ramasser toute la neige des rues, ce qui nous mène à mercredi soir, et non mardi, comme l’indique le site de nouvelles. Et ça, c’est si l’on tient compte de la journée de samedi comme une journée complète à faire, et non déjà faite.

Constatant cela, je me demande à quel niveau toute cette opération a foiré. Il est vrai que mardi dernier, La Presse titrait que cette tempête était la plus importante depuis 60 ans, et ce pour un début de décembre. LCN dit que c’est la plus importante avant Noël depuis 28 ans. Il n’en fallait pas plus pour cela serve d’excuse à tous les responsables du déneigement. Mais le prix de l’excuse la plus loufoque revient au maire Gérald Tremblay lui-même, lorsqu’il a mis la responsabilité des retards au déneigement aux automobilistes qui roulent avec des pneus de type « quatre-saisons ». Entendu à la radio, il prétendait qu’une voiture munie de tels pneus, qui tentait de gravir une côte, perdait beaucoup de temps à patiner avant de réussir à monter, et ce quand il y parvenait, ce qui « condamnait » la côte pour beaucoup de temps. Avec une telle théorie, je commence à m’ennuyer de Julie Boulet, moi! La ministre des transports n’aura pas gardé son record de l’excuse la plus stupide très longtemps.

Je vais vous la donner, moi, la vraie raison pour les ratés du déneigement. C’est le manque de camions, pour le transport de la neige. Je travaille sur la route, et hier, je faisais mes livraisons sur le territoire de la ville de Montréal. J’ai ainsi pu constater de mes yeux que de nombreuses équipes de déneigeurs attendaient désespérément des camions à remplir. Au point où je me demande si la ville est trop « chiche » auprès des camionneurs-propriétaires. À moins que ceux-ci aient d’autres offres plus payantes, parce qu’il reste pas mal de chantiers toujours en marche, malgré la neige. Et les camions « 10 roues » de la ville, où sont-ils, depuis le début de la semaine? De toute la journée d’hier, je n’en ai pas vu un seul! Au lieu de garder des cols bleus au chaud, à jouer aux cartes, en attendant que le téléphone sonne, on aurait pu les envoyer prêter main-forte aux camionneurs. À moins qu’ils n’y soient pas autorisés, de par leur convention collective, au nom du monopole syndicalo-étatique que nous connaissons trop bien.

Certains se sont même demandé s’il serait préférable de faire comme dans certaines villes ailleurs dans le monde, soit de tout fermer et de donner un congé payé lors des jours de tempête. Ici, à Montréal, même par tempête, la ville ne ferme pas. Par contre, elle demeure engourdie pendant quinze jours!