L’A-19 retardée: Une impression de déjà vu!

thmb-Auto-019Le fait que l’actuel gouvernement péquiste de Pauline Marois ait décidé de reporter en 2020 le projet de prolongement de l’autoroute 19, de Laval à Bois-des-Filion, ne me surprend pas vraiment.  En fait, c’est loin d’être la première fois qu’un gouvernement nouvellement élu revienne sur les engagements du gouvernement précédent.

Ceux qui se souviennent de l’arrivée aux affaires du gouvernement libéral de Jean Charest, en 2003, se rappelleront que plusieurs projets autoroutiers, dont certains plutôt avancés, ont été retardés, que ce soit par manque de fonds, ou de planification de budget.  L’A-55, entre Saint-Célestin et l’A-20, a été retardée d’un, ou de deux ans, si mes souvenirs sont bons.  Mais l’A-50, pour sa part, fut retardée de pas moins de 5 ans!

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À la lecture de ce communiqué de presse, qui date de la dernière année aux affaires des péquistes, avant l’arrivée au pouvoir des libéraux, on constate que le ministre des transports du temps, Serge Ménard, s’engageait à prendre “tous les moyens nécessaires afin que l’engagement du gouvernement visant à
compléter l’autoroute 50 pour 2007 soit respecté”.  Or, quand on prend le temps de lire les détails du paragraphe suivant, on se rend rapidement compte qu’en avançant de 2 kilomètres à la fois, et en mettant trois ans pour en réaliser six autres, il aurait fallu 45 ans pour construire 90 kilomètres… de chaussée simple, ce qui aurait amené les gens de l’Outaouais à profiter enfin de l’A-50 quelque part autour de 2045!  Mais évidemment, le report du projet de l’A-19 est purement la faute des libéraux, selon l’actuel ministre des transports, Sylvain Gaudreault.  “Comme dans bien des situations, on s’aperçoit que c’est un projet qui a été annoncé par le précédent gouvernement mais qui n’était pas planifié et budgeté. Ça me donne le goût de crier et de m’arracher les cheveux”, a-t-il déclaré à Tommy Chouinard, de La Presse, comme on peut le lire ici.  Si ça te fais si mal que ça, défoule-toi, mon cher Sylvain, mais de grâce, pas devant les caméras!  Ton image, Sylvain, ton image!

Évidemment, comme le malheur des uns fait toujours le bonheur des autres, il n’en fallait pas plus pour que le Conseil régional des élus (CRÉ) de Montréal ne se pointe en sauveur, et propose de faire de l’A-19 un boulevard, comme le rapporte ici Bruno Bisson, toujours dans La Presse.  Comme si cela allait tout régler!  Je vous met un paragraphe de l’article, qui démontre bien que les élus montréalais prennent les payeurs de taxes pour des valises.

Selon le CRE de Montréal, ce projet déversera des milliers de véhicules de plus dans les rues de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, dans le nord de Montréal. Il s’inscrirait «en complète contradiction avec le Plan métropolitain d’aménagement et de développement» adopté il y a quelques mois par l’ensemble des villes de la Communauté métropolitaine de Montréal.

Les membres du CRÉ de Montréal s’imaginent que l’on va croire qu’actuellement, les automobilistes laissent leur char à Laval, et prennent le pont Papineau-Leblanc à pied, je suppose?  Les milliers de véhicules entrent déjà dans les rues de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville!  C’est juste qu’avec l’A-19, ils mettront moins de temps à se rendre au pont!  Si le CRÉ de Montréal voulait vraiment que les milliers de véhicules n’entrent pas sur l’île de Montréal, ils demanderaient la fermeture du pont Papineau-Leblanc, et non pas la transformation de l’A-19 à six voies (quatre pour la circulation, et deux pour les transports en commun) en boulevard… à six voies!  Franchement, quand on pense que les citoyens de Montréal sont représentés par de tels chaudrons, ils ont de quoi vouloir sortir leurs casseroles, eux aussi!  Heureusement, ils pourront le faire dans moins d’un an, en novembre 2013.

Reste qu’en bout de ligne, tout cela me donne l’envie de me lancer en politique!  Vous me demanderez ce qu’un simple chauffeur de camion pourrait aller faire comme premier ministre, ce à quoi je vous répondrai « Sûrement pas pire que ce que fait la bande d’amateurs actuellement au pouvoir! »

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Budget 2013-14: Les libéraux doivent voter contre!

D’aucuns ont décrié le budget déposé par le nouveau ministre des Finances, Nicolas Marceau, et ce pour toutes sortes de raisons.  Je ne referai pas le tour de tout ce qui a été dit, mais moi aussi, je crois que ce budget ne passe pas le test.  Aussi, la réaction normale d’un député qui s’oppose à ce budget sera de voter contre celui-ci, au moment du vote.

Mais il semble que les libéraux ne suivront pas cette voie.

Pourtant, depuis le dépôt de ce budget, nombre de députés libéraux ont dénoncé plusieurs mesures contenues dans celui-ci, et ce sur de nombreuses tribunes, et en particulier dans des hebdomadaires régionaux.  Alors s’il est si mauvais, pourquoi le laisser passer?

Les députés de la Coalition avenir Québec (CAQ) ont annoncé, avant même le dépôt du budget, qu’ils allaient tous voter contre.  Françoise David a aussi annoncé que les deux députés de Québec solidaire (QS) allaient voter contre ce budget, quoique pour des raisons différentes.  Ces deux groupes ont donc pris de vitesse les libéraux, leur laissant la patate chaude – et l’odieux de la situation – de renverser le gouvernement minoritaire du parti québécois (PQ), élu depuis moins de 100 jours.  L’autre point, c’est que le parti libéral du Québec (PLQ) est dirigé par un chef intérimaire, en attendant l’élection du prochain chef officiel, qui devrait avoir lieu quelque part en mars prochain, et qu’il est toujours risqué de se présenter en élections générales avec un chef intérimaire.

Par contre, les députés devront porter un autre odieux, soit celui de dire une chose, et de faire son contraire.  Car peu importe la méthode utilisée, que ce soit de sortir du Salon bleu au moment du vote, ou de carrément s’asseoir sur ses mains pour s’abstenir de voter, cela reflète un manque de conviction profond, et une peur de perdre son job de député.  Pourtant, si le budget ne mérite pas que l’on vote pour, on doit voter contre.  Ça va sous le sens!

Il reste donc, aux députés du PLQ, le choix entre la conviction de rejeter un budget qui ne passe pas le test, quitte à se retrouver en élections sans chef élu, et en campagne électorale en pleine période des fêtes, ou l’hypocrisie de ne pas risquer son siège pour un vote d’une grande importance.

Le vote sur le budget devrait en principe avoir lieu demain, le vendredi 30 novembre, et ce sans que les crédits ne soient déposés.  Raison de plus pour voter contre.  Je surveillerai le tout depuis le petit écran.  Avouez qu’une deuxième campagne électorale en moins de quatre mois, ça ferait de l’animation, autour de la dinde!

Budget Marceau: Bel exercice, mais…

Je vois déjà d’ici de nombreux supporteurs et les militants du parti québécois (PQ) me lancer virtuellement des tomates, parce que j’ose critiquer le premier budget du nouveau ministre des finances, Nicolas Marceau.

D’abord, l’exercice de présenter un budget équilibré représente un tour de force en lui-même, dans la situation économique actuelle, et plusieurs le reconnaissent.  Encore faut-il que les données utilisées pour compléter l’exercice soient valables, et aient un certain lien avec la réalité.  Par exemple, comment le ministre peut-il admettre que le taux de croissance économique sera de seulement 0,9% en 2012, et de 1,5% en 2013, et, en même temps, s’attendre à une hausse des revenus de TVQ de plus de 6%, se basant sur l’augmentation des salaires des travailleurs du secteur privé?  Lorsque l’économie tourne au ralenti, les employeurs du privé, contrairement aux gouvernements, n’augmentent pas, ou très peu, les salaires de leurs employés.  Le ministre Marceau semble l’ignorer.

Ensuite, si l’on peut s’attendre à ce que la hausse de taxes appliquées aux boissons alcooliques soit plus ou moins absorbées par les consommateurs, que dire de celle de 4$ sur la cartouche de 200 cigarettes?  Le passé nous a démontré que chaque hausse de taxe sur les cigarettes favorisaient un peu plus la contrebande, encore omniprésente chez nous, puisque les forces policières n’osent pas pénétrer sur les territoires des réserves autochtones, là où se trouvent les principaux protagonistes du trafic illicite des produits du tabac.

Et je ne m’infiltrerai que très peu dans le domaine des promesses rompues, comme par exemple celle de l’abolition de la taxe-santé.  Les seuls contribuables qui en seront exemptés seront ceux qui gagnent moins de 18,000$ par année, soit l’équivalent d’un emploi à temps plein au salaire minimum.  Nous savons d’ores et déjà que les contribuables gagnant 42,000$ et plus annuellement paieront les 200$ annuels, comme avant, et que les mieux nantis paieront davantage, eux qui seront confrontés, entre autres, à une hausse de leur taux d’imposition de 1,5% dès qu’ils atteindront les 100,000$ par année.  Un bel étouffoir à l’ambition, et à la réussite financière.

Bref, le premier budget Marceau fut un bel exercice de comptabilité (créative?), de par son ambition à atteindre l’équilibre, du moins en théorie.  Reste à voir comment le tout évoluera dans les faits, et seul le temps pourra nous le démontrer.  Parce qu’à la lumière des réactions émises à date, tout porte à croire que ce budget sera adopté, malgré que le gouvernement péquiste soit minoritaire; les péquistes voteront évidemment en faveur de celui-ci, les caquistes et les solidaires voteront tous contre, et les libéraux, pour leur part, utiliseront, semble-t-il, le concept popularisé par Stéphane Dion, du temps où il était chef de l’opposition officielle, à Ottawa, à savoir de s’asseoir sur leurs mains, façon polie de dire qu’ils iront aux toilettes, ou ailleurs, lors du vote sur le budget, question que celui-ci soit adopté par un vote ou deux de majorité.

Je pourrais aussi parler de ce manque flagrant de courage des libéraux, des coupes de 1,5 milliards$ au niveau des infrastructures (les viaducs vont-ils recommencer à tomber?), ou encore de la hausse de 2,1% du budget dédié à la culture, mais ça, c’est une autre histoire.

David Descôteaux met – encore! – le doigt sur le bobo!

J’aime bien les articles de David Descôteaux.  Ses textes, qui paraissent dans Le Journal de Montréal, ainsi que dans diverses éditions du quotidien gratuit 24 heures, parlent surtout d’économie, mais le font de façon claire; pas besoin d’être universitaire pour comprendre ses écrits.  J’apprécie sa façon de vulgariser les choses.

Dans son texte, publié dans le Journal de Montréal de ce jeudi, ainsi que sur le site ARGENT, texte intitulé “La soviétisation tranquille”, il met – encore une fois! – le doigt sur le bobo, cette fois dans le domaine de la santé.  Il commence par décrire son mercredi matin en ces termes;

5:30. Le cadran sonne. C’est mercredi, mais je ne travaille pas aujourd’hui. Je verse un café fumant dans ma tasse Tim Horton, enfile mon manteau, et sors démarrer l’auto. Je pars rejoindre mes camarades. Quand j’arrive dans le stationnement enneigé, ils sont déjà 30, en file. La boucane leur sort de la bouche quand ils parlent. Des gens comme moi. Peut-être que leur petit garçon aussi faisait de la fièvre depuis deux jours. Une fièvre, ça peut vous bousculer l’horaire de toute une semaine au Québec. On dit au boss qu’on ne rentre pas demain, on met le cadran, et on fait la file devant les portes de la clinique. Quelques heures. En espérant obtenir un rendez-vous avant la fin de la journée.

Des lambins sont arrivés à 7 h. Pour eux, pas de rendez-vous. Déjà plus de place. « Essayez-vous demain. » C’est ça. Arrivez plus tôt, enfilez vos mitaines, et lisez La Pravda en attendant que ça ouvre.

Remarquez qu’il ne met pas La Pravda dans le texte pour rien; il poursuit en sortant des points de comparaison entre le Québec d’aujourd’hui… et l’URSS communiste!  Eh oui, c’est pour cela qu’il parle de la soviétisation tranquille.  Notre système de santé ressemble à s’y méprendre au système soviétique des belles années de l’URSS; files d’attente interminables, pots-de-vin, amis dans le système.  Même chose pour les garderies à 7$, ainsi que pour d’autres secteurs sous contrôle gouvernemental.  Comme dans les régimes communistes et socialistes, comme au Venezuela, quand on se met en ligne devant des magasins d’alimentation aux tablettes déjà presque vides, à l’ouverture, et complètement vides après une heure ou deux.

Ce que raconte David Descôteaux, quand il va s’aligner, au grand froid, des heures avant l’ouverture de sa clinique, est le résultat du sacro-saint monopole syndicalo-étatique.  Le gouvernement prend le contrôle, dit qu’il va s’occuper de tout le monde, mais en peu de temps, il manque de ressources.  Alors pendant qu’il augmente taxes et tarifs, il coupe les services à la population.  On se retrouve avec des listes d’attente, et des gens qui y meurent, en attendant des chirurgies urgentes.

Aussi, face à cette situation, je reviens en répétant encore la même chose.  Il y a sûrement une façon de faire les choses autrement, et plusieurs groupes, plusieurs individus, en parlent.  Mais allez savoir pourquoi, personne n’ose former un parti politique.  Les gens, aux élections, ne votent pas pour les groupes de pression, aussi perspicaces soient-ils; ils votent pour des candidats, qui représentent chacun un parti politique.  Si l’on veut de vrais changements, la prochaine fois, on vote pour qui?

STM: Un plan coûteux, que nous paierons tous!

À lire l‘article de Jean-Louis Fortin, de l’agence QMI, et publié sur le site Argent, la Société de transport de Montréal (STM) a beaucoup d’ambition, pour la prochaine décennie.  Évidemment, cette belle ambition a un prix; 12 milliards$!

Le président de la STM, Michel Labrecque, a présenté son plan stratégique, pour les dix prochaines années, devant un parterre de gens d’affaires du grand Montréal, ce jeudi (2 décembre).  Avant d’élaborer les projets de la STM, il faut préciser que les nouvelles voitures de métro (2,4 G$), commandées à Bombardier-Alstom, le système d’information en temps réel iBus (200 M$), et la rénovation des stations (500 M$) sont déjà financés, et ne font pas partie du plan. N’empêche que les projets ne manquent pas; on parle de mettre en fonction, dès 2013, un service rapide de bus sur le boulevard Pie-IX.  En 2016, la ligne bleue serait prolongée de 3 stations vers l’est, alors qu’un tramway s’étendrait sur 12,5 kilomètres, entre le quartier Côte-des-Neiges et le centre-ville.  Deux ans plus tard, soit en 2018, un autre service rapide de bus, cette fois sur Henri-Bourassa, verrait le jour, alors que l’année suivante, ce serait au tour de la ligne orange d’être prolongée, jusqu’au quartier Bois-Franc, dans l’arrondissement Saint-Laurent.  Quant au parc d’autobus, il passerait de 1680 unités, qu’il est actuellement, à 2114, en l’an 2020, dont 400 véhicules articulés.

Pour passer du rêve à la réalité, ce plan aura besoin, comme je le disais au début, d’un financement de 12 G$, qui proviendra, selon monsieur Labrecque, majoritairement du gouvernement du Québec (8,7 G$).  C’est à dire de la poche des automobilistes, entre autres; ceux-ci paient déjà 30$ par véhicule de promenade immatriculé annuellement, en plus de 3 cents le litre d’essence (eh oui, le grand Gérald Tremblay est parvenu à convaincre Québec de purger 1,5 cents de plus!), à chaque fois qu’ils ravitaillent.  Le gouvernement fédéral fournirait quelque 835 M$, provenant probablement de la taxe d’accise sur l’essence, qui est maintenant retournée, en partie, aux municipalités, alors que le reste, soit environ 2,2 G$, proviendrait de la ville de Montréal, qui budgète déjà, pour l’année 2011, de purger à nouveau les automobilistes, cette fois à hauteur de 45$ par bagnole!

Alors voilà.  Si les automobilistes ont l’impression de se faire presser comme des citrons, lorsqu’il est question de financement du transport en commun, ils peuvent se rassurer; ce n’est pas du tout une impression!