Je naviguais dans les titres du site Canoë, à la recherche de nouveaux développements sur Gilles Taillon, et l’ADQ, lorsque je suis tombé sur cette dépêche de LCN, qui rapporte que le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a manifesté, à Laval, en dénoncant le délabrement du parc locatif, et en exigeant que Québec crée un code du logement. France Émond, du RCLALQ, soutient que les plaintes concernant le mauvais état des logements sont en hausse partout dans la province, et que Québec doit intervenir. Elle a déclaré que « Le Code du logement, ça nous permet d’intervenir en amont. C’est-à-dire qu’on intervient avant que les logements soient insalubres au point d’en être des taudis », toujours selon l’article.
Personnellement, je crois que le regroupement de madame Émond a de très bonnes intentions, mais comme tous les autres groupes de pression auparavant, le sien s’y prend de la mauvaise façon. En demandant au gouvernement d’intervenir, elle ne fera que réanimer la tendance qui s’était estompée, ces dernières années, grâce à une accession plus facile à la propriété, pour les jeunes ménages, tendance qui nous reconduira inévitablement vers une nouvelle crise du logement.
Depuis les quelques trente ans que la Régie du logement existe, les décisions de celle-ci, jumelée à la réglementation gouvernementale qui a accompagné la création de cet organisme, ont fait en sorte que la marge de manoeuvre des propriétaires n’a fait que baisser, année après année, amenant plusieurs d’entre-eux à retarder certaines réparations mineures, celles-ci devenant majeures, par la force des choses, et l’usure du temps. Or, une entreprise qui ne fait pas de profit ne réinvestit pas dans ses équipements, et devient désuète. Ainsi, les immeubles à revenus deviennent des « immeubles à dépenses »! Que feront les propriétaires, advenant que leurs édifices ne rencontrent pas les normes d’un éventuel code du logement? Ils ne renouvelleront pas les baux, et une fois les locataires sortis, jetteront l’édifice par terre, et construiront des condos! Ce jour-là, les logements se faisant plus rares, ceux-ci deviendront plus chers, et constatant cela, le RCLALQ changera son fusil d’épaule, et se joindra probablement au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), afin d’exiger du gouvernement qu’il investisse massivement dans le logement social. Autrement dit, les groupes de pression demanderont au gouvernement de régler le problème qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer.
Cela fait donc une trentaine d’années que le gouvernement, à la demande de groupes de pression, vient jouer dans le fonctionnement des lois de l’offre et de la demande, avec les résultats que l’on connaît. Si ça continue, il n’y aura plus que le gouvernement qui voudra gérer des parcs locatifs, le tout bien sûr, aux frais des contribuables.
Une belle démonstration que l’État ne règle jamais les problèmes mais sert à en créer.
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