La journaliste Noée Murchison, du Journal de Montréal, celle justement qui a fait une enquête sur l’usage du français à l’emploi, dernièrement, nous fait part aujourd’hui d’une autre enquête, pancanadienne, cette fois-ci, effectuée par Statistiques Canada, et publiée hier. Cette étude révèle que la ville de Montréal est la championne de l’utilisation du transport en commun parmi les principales villes au Canada.
Le point que je trouve le plus intéressant, c’est que si 65% seulement des montréalais font tous leurs déplacements en voiture, comparativement à 66% des gens de Toronto, à 75% de ceux d’Edmonton, et à 77% de ceux de Calgary, ce n’est pas par souci écologique! Ces chiffres sont encore plus révélateurs si l’on se limite à ceux qui vivent à moins de 5 kilomètres de leur centre-ville; ils descendent à 66% à Calgary, à 56% pour la ville de Vancouver, à 43% à Toronto, mais à seulement 29%* à Montréal.
Ah, vous voulez savoir c’est quoi, la raison qui pousse plus de montréalais à ne pas prendre la voiture pour aller au centre-ville? Je vous la donne en mille; c’est parce qu’ils n’en ont pas! Les montréalais, dans l’ensemble, sont trop pauvres pour avoir une voiture.
Les citations de la professeure Danielle Pilette, du département de science de la gestion, à l’UQÀM, sont plutôt révélatrices, en ce sens. Elle dit que le revenu moyen des ménages à Montréal est beaucoup plus faible que dans les autres métropoles. Depuis le temps que je dis que les québécois en général, et les montréalais en particulier, sont pauvres! Je suis heureux de voir enfin quelqu’un de reconnu qui abonde dans le même sens! Elle dit aussi que la moitié des ménages qui habitent le territoire de l’ancienne ville de Montréal n’ont tout simplement pas de voiture, et que parce que les locataires sont nombreux, l’accès au stationnement est plus difficile. Je veux bien croire que le stationnement n’est pas le point fort, dans certains quartiers de Montréal, mais quand une personne est « cassée », ou encore carrément pauvre, toutes les excuses seront bonnes pour expliquer que la voiture n’est pas nécessaire, et celle du stationnement difficile arrive à point nommé.
Dans les faits, combien de permis ont été délivrés par la ville de Montréal pour la construction de stationnements, depuis les dernières années? Certainement pas beaucoup! Particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Gérald Tremblay, la ville met tout en oeuvre pour rendre la vie dure aux utilisateurs de voitures. Par exemple, on a construit une piste cyclable à coup de millions de dollars, qui enlève de nombreux espaces de stationnement le long de la rue de Maisonneuve. Pour sûr, les cyclistes sont chanceux d’avoir cette nouvelle infrastructure, d’autant plus qu’elle est ouverte à l’année longue, même en hiver! Par contre, les commerces situés le long de cette rue se plaignent d’une baisse d’achalandage, certains pouvant même se retrouver devant l’obligation de fermer leurs portes! Ça, c’est bon pour l’économie!
Il y a une chose que Gérald Tremblay n’a manifestement pas comprise. C’est que si l’on empêche un automobiliste de stationner devant un commerce, que ce soit en raison d’une piste cyclable, ou encore d’interminables travaux, ou pour toute autre raison, l’automobiliste ira dans un autre commerce pour faire ses achats, notamment un qui offre du stationnement. Aussi, si le type de mon présent exemple habite Longueuil, et qu’en revenant de son travail, il veut s’acheter disons du pain, un carton de lait et un billet de 6/49 pour le prochain tirage, eh bien au lieu de s’arrêter dans un dépanneur de la rue de Maisonneuve, il poursuivra son chemin vers le pont Jacques-Cartier et fera ses achats dans un Couche-Tard à Longueuil, ce qui créera moins de retombées économiques pour la ville de Gérald Tremblay. C’est comme pour tout le reste; à force de créer des conditions que les gens n’aiment pas, ceux qui en ont les moyens iront vivre ailleurs, et après, on se plaindra de l’étalement urbain, on se plaindra que la ville ne parvient à conserver que les ménages pauvres, on se plaindra que les commissions scolaires de l’île de Montréal doivent fermer des écoles, alors qu’il faut en construire de nouvelles en banlieue,… Bref, on se plaindra tout le temps!
La solution est pourtant simple. Si les gouvernements cessaient de mettre des millions$ dans des plans foireux, ils pourraient taxer moins, ce qui laisserait plus d’argent dans les poches des contribuables.
* J’ai effectué une correction suite à la lecture de la même nouvelle, mais cette fois sur le site cyberpresse.ca. J’avais mis le chiffre de 32% parce que le JdeM écrivait « moins du tiers », ce qui veut souvent dire, dans ce journal, moins de 33,3%, donc 33,2%, parce qu’ils aiment, comment dire, jouer sur les mots. Par contre, le texte de Cyberpresse a publié la donnée sans jouer sur les mots, alors je l’ai mise dans le texte.
L’explication de la richesse des Montréalais n’explique pas tout. Peut-être les Montréalais sont-ils plus pauvres, mais dans un rayon de 5 kilomètres de la Place Ville-Marie, on retrouve des quartiers pauvres (Petite-Bourgogne, Pointe-St-Charles) mais aussi le Plateau-Mont-Royal, Westmount, les condos le long du canal Lachine… bref, la question de la richesse a une influence, mais pas aussi importante.
La densité est selon moi un facteur beaucoup plus intéressant pour comprendre. Le réseau de transport en commun de Montréal, malgré ses ratés, reste l’un des plus intéressants en Amérique du Nord, parce que Montréal est une ville dense. Or, la densité favorise les transport en commun puisqu’elle permet de rendre plus efficace une station de métro, un arrêt d’autobus… et de justifier un bon service.
En soi, la densité permet aussi de soutenir une offre commerciale diversifiée dans les centre-ville, sans l’apport des banlieusards… je pense que même avec une cour de 20 stationnements, peu de banlieusard arrêteraient au Couche-tard au coin de St-Denis et De Maisonneuve chercher leur lait!
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Évidemment, LBII, si je me fie à l’article, l’étude est faite en fonction de la moyenne, et nous savons bien qu’il y a des écarts très prononcés entre les deux extrêmes. La richesse de Westmount, par exemple, ne déteint vraiment pas sur le quartier Saint-Henri; pourtant ces deux entités ne sont séparées que par quelques rues. Et une falaise, évidemment.
Quant au fait de la densité, je me demande si les autres centre-villes au pays sont tous moins denses que celui de Montréal. Je n’ai jamais visité le centre-ville de Toronto, mais celui-ci doit quand même avoir une certaine densité. Je peux comprendre que des villes comme Calgary ou Edmonton, toutes deux moins populeuses que Montréal, soient de fait moins denses, mais comment justifier une différence de 43% à Toronto, contre seulement 29% à Montréal? Je crois qu’il faudrait aussi tenir compte de l’accessibilité au stationnement directement au centre-ville. À Montréal, tout est mis en oeuvre pour diminuer le nombre de stationnements. Aussi, les gens vivant près du centre-ville, et qui possèdent un véhicule, préfèrent ne pas le prendre pour faire des courses, puisqu’il leur faudra plus de temps pour se stationner que pour boucler les emplettes!
Ce que cela occasionne comme problème, par contre, c’est que justement, les banlieusards boudent le centre-ville de Montréal, quand il est question de magasinage, ce qui réduit les entrées d’argent frais pour la ville. Les commerçants, eux, l’ont compris; c’est pourquoi les centres commerciaux de type « power center », comme le Quartier Dix30, à Brossard, poussent comme des champignons. À moyen terme, ces centres entraîneront aussi la construction d’immeubles à bureaux, et alors plusieurs entreprises risquent elles aussi de quitter le « standing » de la tour à bureaux du centre-ville pour aller profiter du côté pratique de la banlieue, parce que l’accès en voiture y sera meilleur.
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