Pour ceux qui viennent de se joindre à nous, ou encore qui nous suivent depuis la planète Mars, depuis le 1er août, le Québec est en pleine campagne électorale. En effet, c’est ce jour-là que le premier ministre, Jean Charest, est allé visiter le lieutenant-gouverneur, Pierre Duchesne (pas l’ancien de la SRC; l’autre), pour demander la dissolution de l’Assemblée nationale, mettant ainsi fin à la 39e législature, et décréter la tenue d’élections générales pour le mardi 4 septembre prochain.
Des concurrents déjà prêts
La campagne a débuté sur des chapeaux de roues. Avant même la fin de la réunion du Conseil des ministres, et la visite protocolaire du premier ministre chez le lieutenant-gouverneur, la chef de l’Opposition officielle, et chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, était déjà à bord de son autobus de campagne, en train de parcourir le territoire de la province. Jean Charest, quant à lui, a réuni son équipe sur le tarmac de l’aéroport Jean-Lesage, à Québec, tout de suite après son passage au bureau du lieutenant-gouverneur, pour le lancement de la campagne du Parti libéral du Québec (PLQ). De son côté, François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), rassemblait son équipe de candidats de la région de la vieille capitale, pour lancer, lui aussi, sa campagne.
Depuis une dizaine de jours, donc, la campagne est en marche. Il faut spécifier que l’électorat aura le choix parmi les candidats de pas moins de 20 partis, en plus de nombreux candidats indépendants. Parmi les partis inscrits auprès du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), l’organisme indépendant qui a charge de l’organisation des élections et référendums, au Québec, les trois principaux, dans l’ordre de leur nombre de sièges lors de la dissolution de l’Assemblée nationale, le PLQ, avec 64 sièges, le PQ, avec 47, et la CAQ, avec 9 (il faut noter que la reconnaissance officielle d’un parti, à l’Assemblée nationale, requiert 12 sièges), sont les plus susceptibles de former le prochain gouvernement. Viennent ensuite trois autres partis, dont deux avaient chacun un représentant à l’Assemblée nationale, à savoir Québec solidaire (QS), dont le premier et seul député, Amir Khadir, fut élu lors de la dernière élection générale, en 2008, et Option nationale (ON), parti nouvellement créé par le député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, qui fut aussi élu en 2008, mais sous la bannière du PQ, et finalement le Parti vert du Québec (PVQ), qui n’avait fait élire aucun député, mais qui a recueilli un nombre de votes inférieur à celui de QS, lors du dernier scrutin général, il y a presque quatre ans. Suivent ensuite 14 autres partis, que je listerai ici par ordre alphabétique, à partir de la liste du site web du DGEQ, à savoir:
- Bloc pot
- Coalition pour la constituante
- Équipe autonomiste
- Mouvement équité au Québec
- Parti conservateur du Québec
- Parti de la classe moyenne du Québec
- Parti égalité
- Parti équitable
- Parti indépendantiste
- Parti marxiste-léniniste du Québec
- Parti nul
- Parti unité nationale
- Québec – Révolution démocratique
- Union citoyenne du Québec
Évidemment, tous ces partis n’auront pas nécessairement des candidats dans chacune des 125 circonscriptions électorales (autrefois, et encore communément appelés “comtés”) du Québec; même que certains n’auront pas un seul candidat! Nous pourrons vérifier, après la fin de la période de mise en candidature, soit le 18 août prochain, à 14h00, le nombre de candidats pour chacun des partis en lice. Nous pouvons d’ores et déjà dire que les trois principaux partis (PLQ, PQ, CAQ), ainsi que QS et ON, auront des candidats dans tous les comtés, à une ou deux exceptions près. Autre point à considérer; les candidats – et les partis – peuvent installer leurs pancartes électorales avant que la mise en candidature de la personne qui briguera les suffrages soit complétée. C’est pourquoi il faut vraiment attendre la fin de la période de mise en candidature pour vérifier qui sera candidat, ainsi que le nombre de candidats, autant par circonscription que par parti.
125 circonscriptions, mais pas toutes les mêmes!
Fait important à mentionner, les élections générales se dérouleront selon une toute nouvelle carte électorale. Compte tenu du fait que la population du Québec se déplace, au gré des saisons, et de l’économie, les circonscriptions, dont le nombre est fixé par la loi à 125, doivent être revues, afin de conserver un nombre équitable d’électeurs dans chacune d’entre-elles, tout en tentant de respecter les autres limites territoriales que l’on retrouve dans les divers niveaux d’administration. La dernière refonte de la carte électorale remonte à 2001; l’exercice doit se faire normalement à toutes les deux élections générales, mais le fait d’avoir un gouvernement minoritaire, en 2007, et de nouvelles élections générales moins de deux ans plus tard, compte parmi les raison pour lesquelles il y eut trois élections générales avec la carte de 2001. Ainsi, ce n’est pas moins de 86 comtés qui présentent une délimitation différente de celles qu’ils avaient sur la carte de 2001. En gros, trois circonscriptions ont été retranchées, dans les régions du Bas-Saint-Laurent, de Chaudière-Appalaches et de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, afin d’en créer trois nouvelles dans les régions de Laurentides-Lanaudière, de Laval et de la Montérégie. De plus, le rapport final de la Commission de la représentation électorale du Québec mentionne que compte tenu de la longueur des délais, lors de la dernière révision, soit plus de quatre ans, non seulement quatre comtés se retrouvent-ils en situation d’exception, par rapport à leur nombre d’électeurs, mais trois autres se retrouvent maintenant dans la même situation, en prenant en considération des statistiques plus récentes. Ceci voudra dire que dans deux élections générales, on risque d’assister à nouveau à de nombreux bouleversements dans la carte électorale.
Des élections, au Québec, comment ça marche?
Au Québec, le mode de scrutin est uninominal majoritaire à un tour, et repose sur la base de la circonscription. Aussi, dans chaque comté, l’électeur choisit parmi les candidats en lice, et le candidat qui recueille le plus de votes (on parle alors de majorité relative) est élu député. Le parti politique qui fait élire le plus de députés obtient le privilège de former le gouvernement. Avec 125 circonscriptions électorales, au Québec, il faut donc faire élire 63 députés pour pouvoir former un gouvernement majoritaire; dans le cas contraire, le parti ayant fait élire le plus de députés sera alors amené à former un gouvernement minoritaire. Il est à noter que la tradition politique québécoise n’a jamais vu la formation de gouvernement de coalition.
À quelques occasions, une élection partielle a dû être organisée dans une circonscription, suite à des élections générales, pour cause d’événements particuliers. À deux occasions, ce fut pour cause d’égalité du nombre de votes, soit dans le comté de Champlain, le 14 avril 2003 (nouvelle élection le 20 mai), et dans celui de Saint-Jean, le 12 septembre 1994 (le 24 octobre). Aux élections générales du 30 novembre 1998, le candidat du PQ dans le comté de Masson, Yves Blais, est décédé en cours de campagne; un nouveau scrutin fut tenu le 14 décembre. Lors des élections générales du 2 décembre 1985, le PLQ de Robert Bourassa a pris le pouvoir, avec 99 sièges sur 122, mais le chef fut battu dans sa propre circonscription, celle de Bertrand; il se présente donc à nouveau lors d’une élection partielle, le 20 janvier 1986, dans le comté de Saint-Laurent, après la démission du député élu lors de l’élection générale, le libéral Germain Leduc, qui a ainsi mis son siège à la disposition de monsieur Bourassa.
Et Richard3, là-dedans?
Retour en 2012, maintenant. Ainsi, la campagne fait rage depuis une dizaine de jours, et les chefs se surpassent en promesses, parfois intéressantes, mais souvent farfelues. J’avoue avoir jeté un coup d’oeil un peu plus particulier à la CAQ, de François Legault; ce parti a soulevé mon attention, et a frappé fort dès le début, avec deux candidatures marquantes, soit celle du Dr Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, dans Terrebonne, mais surtout celle de Jacques Duchesneau, dans Saint-Jérôme, dont le nom reste dans l’imaginaire des québécois, dans tout ce qui entoure les allégations de corruption, et de collusion, dans l’industrie de la construction. Par contre, deux promesses importantes, d’abord celle d’une somme supplémentaire de 100 millions$ dans le domaine de la culture, puis celle de cinq journées de congé payées, disponibles pour prendre soin de son enfant, lors de circonstances particulières, promesse faite sans consultation auprès des chefs d’entreprises, sont venues me dire que ce parti était comme tous les autres, à savoir qu’ils promettent des bonbons dans le but d’obtenir votre vote, et que les engagements du parti, entre autres de faire « le ménage » dans l’appareil gouvernemental, pourraient s’avérer très relatives. Ainsi, le seul véritable espoir de changement que j’avais s’est envolé en fumée, et ce dès les premiers jours de la campagne.
Je me retrouve donc plus orphelin que jamais, au niveau politique.
Tu n’es pas le seul orphelin politique Richard. J’ai trouvé sur un autre blogue, un indépendentiste devenu lui aussi, orphelin politique, voici le lien
http://lequebecdedemain.blogspot.ca/2012/08/le-portrait-de-la-classe-politique_11.html
Éric Duhaime parle à Jeff Fillion sur Radio-Pirate des élections http://www.radioego.com/ego/listen/11648
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Mettons un peu de pain sur la table sur le sujet. 😉
À l’antenne de Radio X ce matin, l’animateur Jérôme Landry à l’émission « Au Show du matin » parle de l’idée récente du PQ d’appliquer la loi 101 au cégep http://www.radioego.com/ego/listen/11655 Ça me rappelle un autre extrait posté lors des élections fédérales de 2008 où le contreversé Doc Mailloux parle du PQ http://www.radioego.com/ego/listen/11655
Et pour mieux nous divertir, l’animateur radiophonique Louis Champagne discute avec André Arthur de la démission de Gabriel Nadeau-Dubois et des élections http://www.radioego.com/ego/listen/11633
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Beaucoup de la confusion avec les anglophones du Canada est qu’ils ne sont pas préparés à voir Pauline Marois et le Parti Québécois élu le 4 septembre.
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@George Rahbani
D’après cet extrait audio avec Louis Champagne et André Arthur parle de groupes d’anglophones qui commencent à en avoir assez, principalement à cause de la péréquation qui finance notre lourde structure « social-bureaucratique » http://www.radioego.com/ego/listen/11693 et un autre extrait radio avec Jérôme Landry et Éric Duhaime datant du 14 et 16 aôut
http://www.radioego.com/ego/listen/11705 Et on a pas encore mentionné les Premières Nations….
Sur le blogue de Simon Leduc, il y a un intéressant commentaire
http://simonleduc.blogspot.ca/2012/08/le-scrutin-du-4-septembre-que-doivent.html
et un organisateur libéral, Jean-Paul Boily appèle à voter la CAQ http://www.lapresse.ca/le-soleil/dossiers/elections-quebecoises/201208/20/01-4566717-un-organisateur-liberal-appelle-a-voter-legault.php Je crois qu’il faudra voter stratégiquement pour la CAQ.
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Le problème, Stéphane, avec le vote stratégique, c’est qu’il est aussi bon pour la politique que l’est une intervention gouvernementale pour l’économie. Je m’explique.
Je parle souvent des lois de l’offre et de la demande, en économie, que ces lois guident l’économie vers une croissance, ou encore, dépendamment des périodes, vers un marché qui se résorbe. Une intervention gouvernementale vient alors fausser les signaux, et dirige l’économie vers des directions qu’elle ne prendrait pas normalement, ce qui parfois rend la situation pire qu’elle ne le serait en réalité. C’est la même chose pour le vote stratégique; par exemple, dire de voter CAQ pour bloquer la voie aux libéraux peut favoriser les péquistes. Il faut que les électeurs votent selon leurs convictions, et ce même si leur favori ne gagnera pas, car de cette façon, on peut vraiment mesurer les appuis à chacun des partis.
Sauf que de nos jours, qui pratique encore ce que j’appellerais le « vote sincère »?
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