Système électoral au Québec: Est-il si disparate que ça?

Depuis le début de cette campagne électorale – voire bien avant, on parle des disparités du système électoral en vigueur au Québec, à savoir le scrutin uninominal majoritaire à un tour. On dit de ce système qu’il fonctionne bien lorsque deux partis s’affrontent, mais que plus il y a de partis, plus les disparités sont apparentes.

Cela est vrai lorsque l’on compare le nombre de sièges obtenu par chaque parti comparé au nombre de votes obtenu par ces mêmes partis à la grandeur de la province. Mais en faisant cela, on compare des pommes avec des oranges. Par exemple, on dit que la Coalition avenir Québec (CAQ), avec moins de 40% des votes, pourrait remporter quelque 80% des sièges. Par contre, les quatre autres principaux partis impliqués risquent de se retrouver avec des résultats bien différents. L’agrégateur du site Qc125.com prédit* que le parti libéral (PLQ) pourrait obtenir 20 sièges, Québec solidaire (QS) 10, le parti québécois (PQ) 3, et aucun pour le parti conservateur du Québec (PCQ), alors que le pourcentage des votes, pour ces quatre partis, se situe entre 14 et 16%.

Il faut comprendre que les élections, au Québec, sont basées sur la circonscription, et non pas sur la province au complet. Le système fait son travail dans chaque circonscription, et le lieutenant-gouverneur offre au parti qui remporte le plus de circonscriptions – et non pas à celui qui remporte le plus de votes – de former le gouvernement. Aussi, lorsque l’on parle d’élections générales, cela veut tout simplement dire que toutes les circonscriptions sont en élection en même temps.

En fait, chaque système électoral a ses disparités. Le système dit proportionnel, par exemple, ne tient compte que du nombre de votes au total, et fait fi de la représentation régionale, alors qu’un mélange de ces deux systèmes – le proportionnel et le système actuel – devient un monstre de complications. D’ailleurs, je crois que c’est en Colombie-Britannique, si ma mémoire est bonne, que l’on a rejeté, par référendum, une refonte du système électoral intégrant des éléments du système proportionnel. Par deux fois.

Le système uninominal majoritaire à un tour est loin d’être parfait, mais il a l’avantage d’être le plus simple; le décompte se fait somme toute assez rapidement, et l’on peut savoir, en général quelques heures à peine après la fermeture des bureaux de vote, quel parti formera le gouvernement, et quels individus représenteront leur circonscription.

* Au moment d’écrire ces lignes; les prévisions sont continuellement remises à jour.

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Tunnel L.-H.-Lafontaine: Une autre preuve de l’expertise du MTQ

Le 4 août dernier, le ministère des transports du Québec (MTQ) annonçait que le plan des travaux de réfection, au tunnel L.-H.-Lafontaine (A-25), entre Montréal et Boucherville, allait changer du tout au tout, parce que les dommages à la voûte du tunnel, entre autres, étaient 60% plus importants que prévus.

Évidemment, il n’est pas toujours possible de réellement voir l’étendue des dommages à une structure, surtout si elle a été construite avant l’avènement des divers capteurs qui permettent, désormais, de suivre l’évolution d’une structure presque au jour le jour. Donc, lorsque le ministre, François Bonnardel, fait la comparaison avec la rénovation d’une vieille maison, l’image est bien choisie. Par contre, la planification des diverses réfections des infrastructures de transport, dans une région comme le grand Montréal, devrait être beaucoup plus facile à calculer.

Je veux dire, quand on a 12 voies de circulation pour traverser une voie d’eau, comme le fleuve Saint-Laurent, dont 11 disponibles aux camions lourds, et que les heures de pointe sont un véritable enfer presque à chaque jour, on commence par ajouter le plus de voies possibles avant de fermer une infrastructure pour la rénover. Il est clair que ces 12 voies sont insuffisantes, entre Montréal et la rive-sud, pour assurer une circulation fluide, et ce en temps normal; imaginez maintenant devoir compter sur seulement 9 d’entre-elles, dont 8 utilisables pour le camionnage.

Remarquez bien que même si l’annonce fut faite la semaine dernière, les changements à la circulation comme tels (une voie vers la rive-sud, deux vers Montréal) débuteront après les prochaines élections générales provinciales. Pas que la Coalition avenir Québec (CAQ) ait peur de perdre ses élections sur un tel enjeu, loin s’en faut. C’est plutôt que les vraies complications auront beaucoup moins de chances de s’inviter dans la prochaine campagne électorale.

Pour revenir sur la planification des travaux, il est clair que le MTQ a dormi aux gaz. Le tunnel Lafontaine fut le dernier ouvrage à être ouvert à la circulation entre Montréal et la rive-sud, en 1967, soit il y a 55 ans. C’est évident que les besoins en circulation ont beaucoup changé depuis ce temps. Par contre, cela fait maintenant 55 ans que l’on doit se contenter de 12 voies au total pour traverser le fleuve, et ce même si la demande en transport s’est multipliée pendant toutes ces années. Et le MTQ croit que les 9 voies restantes seront suffisantes pour les trois prochaines années. Yeah, right! Les dirigeants du ministère devraient “arrêter de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages”, comme disait Jean-Luc Mongrain à une autre époque.

D’un autre côté, on constate que les fédéraux, propriétaires du pont Samuel-de-Champlain, n’ont pas été beaucoup plus brillants. Le vieux pont Champlain, qui fut ouvert à la circulation en 1962, avait trois voies de circulation par direction, à une époque où les habitants de Brossard étaient encore presque tous des cultivateurs, ce qui est loin d’être le cas maintenant. Et on a mis combien de voies de circulation sur le nouveau pont? Eh oui, trois voies par direction. Yeah, right! Comme je l’ai déjà dit dans le passé, ce n’est pas parce que l’on installe une conduite d’eau plus petite que les gens, à l’autre bout, auront nécessairement moins soif. C’est la même chose pour la circulation; si l’on construit des infrastructures ayant moins de capacités, les usagers de la route ne resteront pas chez eux pour autant. Les bouchons seront juste plus longs, et dureront plus longtemps.

Pour pallier aux problèmes de circulation pendant les travaux au tunnel Lafontaine, il est déjà trop tard. Par contre, il est temps de réfléchir, mais surtout d’agir, afin que dans quelques années, lorsque une autre structure aura besoin de travaux majeurs, de nouvelles voies de circulation seront aménagées pour venir en aide aux structures actuelles qui, avouons-le, sont déjà surchargées.

3e lien: Les pseudo-experts peuvent bien dire n’importe quoi!

À l’élection du 1er octobre dernier, les électeurs de la grande région de Québec, comme presque partout ailleurs en province, ont élu une majorité de députés de la Coalition avenir Québec (CAQ), ce qui envoyait un message clair que le projet de 3e lien entre les rives du fleuve Saint-Laurent irait de l’avant.  En effet, la CAQ était le seul parti à s’engager clairement en faveur de la réalisation d’une nouvelle traversée du fleuve, entre Québec et Lévis.

Depuis l’élection, on sent que le maire de Québec, Régis Labeaume, qui demandait d’abord et avant tout son projet de tramway, est un peu contrarié par l’élection d’un gouvernement caquiste.  À preuve, la publication d’une étude, réalisée par la firme de génie-conseil WSP, et commandée par la ville de Québec, qui conclut qu’il faudra entre 14 et 17 ans pour compléter un lien entre les deux rives.

Pendant ce temps, en Chine, on procédera mercredi prochain à l’ouverture d’un pont qui reliera Hong Kong et Macao à la Chine continentale.  Cette oeuvre pharaonique, de quelque 55 kilomètres de long, a vu sa construction débuter en 2009, ce qui, si l’on calcule rapidement, nous permet de constater que le chantier aura duré moins de dix ans, et coûté la bagatelle de 18,5 milliards de dollars américains.

Est-ce que l’on s’entend pour dire que le fleuve Saint-Laurent, entre Beauport et Lauzon, en passant – ou non – par l’île d’Orléans, mesure beaucoup moins que 55 kilomètres de large?  Cela fait environ cinquante ans que l’on étudie le fond du fleuve, dans ce secteur.  Je crois que si tout le monde met l’épaule à la roue, on pourra effectivement arriver à une première pelletée de terre avant le 3 octobre 2022.

De toute façon, le nouveau ministre des transports, François Bonnardel, aura beaucoup de pain sur la planche.  Le Québec a environ 40 ans de retard sur le développement de son réseau routier.  Que ce soit dans la vieille capitale, dans le grand Montréal, ou ailleurs dans la belle province, les problèmes en transports se multiplient.  Un jour ou l’autre, il faudra les régler.

Youri Chassin dans Saint-Jérôme pour la CAQ: Ouais, pis?

Dimanche dernier, la Coalition Avenir Québec (CAQ) annonçait la nomination de l’économiste Youri Chassin à titre de candidat du parti dans la circonscription de Saint-Jérôme, et depuis, tout ce qui est à gauche du Parti libéral du Québec (PLQ) déchire sa chemise à qui mieux mieux.  Voyons voir ce qui les fait paniquer.

D’abord, monsieur Chassin a été à l’emploi de l’Institut économique de Montréal (IEDM) de 2010 à 2017, à titre d’économiste, puis de directeur de la recherche. Pour certains, le seul fait d’avoir travaillé à l’IEDM est nettement suffisant pour en faire un destructeur du “modèle québécois”, qui va privatiser tout ce qui porte une fleur de lys.  Or, sur le site de l’IEDM, on dit de lui, entre autres, qu’il siège aux conseils d’administration du Centre NAHA, dont la vision, selon ce qu’on peut lire sur le site web de l’organisme, est la suivante; “Offrir aux hommes du Québec l’aide dont ils ont besoin pour vaincre l’itinérance”, et de Gai Écoute, deux organismes qui penchent plutôt du côté social.

À la Société Radio-Canada (SRC), on a décidé de faire amende honorable dans cet article qui parle de la candidature de Youri Chassin. En effet, la mise au point suivante a été placée en encadré après le début de l’article;

MISE AU POINT

Dans une version précédente de ce texte, le titre identifiait Youri Chassin comme un « candidat de la droite idéologique ». Nous l’avons modifié afin de nous en tenir aux faits.

Est-ce à dire que par habitude, la SRC, puisqu’il n’y a pas de nom de reporter sur cet article, ne s’en tient pas qu’aux faits?  Il faudra mettre un homme là-dessus!  Cela n’empêche pas l’auteur de l’article (que la SRC dit avoir publié “avec la Presse Canadienne”) de terminer son oeuvre avec quelques citations et déclarations qui pourraient faire “siller” certaines oreilles, tellement elles sont à côté de la “pensée unique” de notre gauche nationale.

D’ailleurs, à lire Josée Legault, chroniqueuse au Journal de Montréal, dans sa colonne de mercredi, monsieur Chassin n’aurait pas le droit d’utiliser le mot “progressiste” pour définir sa vision politique du Québec. À ce que je sache, la gauche s’est peut-être approprié le mot “progressiste” pour se définir, mais il n’en demeure pas moins que quiconque se dit pour le progrès peut effectivement utiliser ce mot.  Comme l’a déjà dit Nathalie Elgrably-Lévy qui, oh! malheur, a aussi oeuvré pour l’IEDM, tous les politiciens veulent le progrès; ils veulent tous que les enfants arrivent à l’école le ventre plein, ils veulent tous que les gens aient un toit au-dessus de leurs têtes, etc.  La seule différence est dans la façon de s’y prendre pour y arriver.  Dans ce sens, Youri Chassin est tout aussi progressiste que les autres, n’en déplaise à Josée Legault.

Patrick Bellerose, quant à lui, rapportait dans le Journal de Québec que tant le Parti québécois (PQ) que divers syndicats d’employés de l’état ont fortement critiqué la venue de monsieur Chassin comme candidat de la CAQ, alors que François Bonnardel, lui-même député du parti dans Granby, rappelait à Bellerose que tant Martin Coiteux que Pierre Karl Péladeau se sont ralliés aux positions de leurs partis lorsqu’ils se sont joint respectivement au PLQ et au PQ.

Bref, pour ma part, je vois la candidature de Youri Chassin d’un très bon oeil.  D’ici aux prochaines élections, qui n’auront lieu que le 1er octobre prochain, rappelons-le, celui-ci aura le temps de préciser ses idées, ainsi que leur compatibilité avec le programme de la CAQ, après quoi les électeurs de la circonscription de Saint-Jérôme décideront s’ils le choisissent, ou non.

Québec 2018: Une longue, longue campagne électorale

Hier, mercredi 14 mars, le premier ministre Philippe Couillard, et son ministre des finances, Carlos Leitao, ont fait un point de presse pour révéler que dans le prochain budget, le gouvernement va s’attaquer au remboursement de la dette.  Le problème, c’est que le budget ne sera dévoilé que le 27 mars, soit dans deux semaines.  Pendant ce temps, deux députés péquistes faisaient aussi un point de presse, cette fois pour annoncer qu’un éventuel gouvernement du Parti québécois (PQ) proposerait un projet-pilote pour augmenter les limites de vitesse, sur certaines autoroutes, à 120 km/h,… mais avec tolérance zéro.

Nous vivons, au Québec, avec une nouvelle donnée dans le paysage politique; les élections à date fixe.  Si celles-ci ont l’avantage de forcer les gouvernements à compléter leur mandat, au lieu de déclencher des élections quand le parti au pouvoir est au plus fort dans les sondages (quoique madame Marois s’est bien foutue de sa propre loi en 2014), les élections à date fixe apportent l’inconvénient que l’on se retrouve avec de longues, longues campagnes électorales.  Alors ne soyez pas surpris de voir des politiciens débarquer près de chez vous pour faire des distributions (de bonbons électoraux, pour le gouvernement, de promesses pour les oppositions).  Si vous n’êtes pas capable d’endurer la présence de politiciens dans les bulletins de nouvelles, ou pire encore, en personne, je vous recommande fortement de vous faire un potager, et de rester bien sagement à la maison, à regarder pousser vos légumes.

On dit que six mois, en politique, représentent une éternité.  Selon les derniers sondages, le Parti libéral (PLQ) risque de se faire déloger par la Coalition Avenir Québec (CAQ), alors que le PQ serait relégué à la seconde opposition, sinon au “poulailler”* de l’Assemblée nationale, avec Québec solidaire (QS), qui pourrait bien gagner un siège ou deux dans l’aventure.  Mais le tout pourrait changer au fil des semaines, et des mois à venir, en fonction des gaffes des uns, des bons coups des autres, et des scandales que nous serviront les médias d’ici le 1er octobre prochain.

Alors en bref, armez-vous de patience; la campagne sera longue.  Très longue.

 

* Le “poulailler” de notre Assemblée nationale consiste aux dernières banquettes, celles qui se trouvent complètement au fond du salon bleu, sous la galerie des visiteurs.  Mais le terme lui-même fait partie des quelque 300 mots et expressions dits “non-parlementaires”; vous ne risquez donc pas d’entendre un député utiliser ce mot.