Catherine Fournier: La parole est d’argent, mais le silence est d’or

Je suis revenu d’un voyage dans les Maritimes tard hier soir. À mon réveil, je me lance sur le web, et je constate que plein d’articles ont été publiés à propos de Catherine Fournier. J’ai voulu en savoir plus; j’en ai donc lu quelques-uns. Je ne commencerai pas à mettre plein de liens qui mènent à ceux-ci; une simple recherche Google vous en donnera des dizaines.

À ce que j’ai cru comprendre, lors du procès d’Harold LeBel, le député péquiste qui fut finalement déclaré coupable d’agression sexuelle, une ordonnance de non-publication sur l’identité de la victime empêchait de dévoiler le nom de celle-ci. Or, cette ordonnance, si l’on ne fait aucune demande, peut rester en vigueur pour les siècles des siècles, comme l’on disait autrefois dans d’autres circonstances. Par contre, sous certaines conditions, ladite ordonnance peut être levée, par exemple si la demande provient de la victime elle-même. C’est ce qui se serait produit dans ce cas-là; la victime, en l’occurrence Catherine Fournier, a demandé la levée de l’ordonnance, semble-t-il pour la poursuite de son cheminement.

Bien entendu, qui dit levée d’une telle ordonnance dit aussi revisite de toute l’affaire, principalement dans les médias, et tenter d’imager, pour les voyeurs que sont les consommateurs des médias, toute la séquence des événements. Et cela va forcément rebondir sur la victime; d’aucuns vont tenter de questionner les comportements de celle-ci, afin de voir si elle a provoqué, intentionnellement ou non, les gestes qu’elle a subis. Essayer de voir si elle est tombée dans un piège, fomenté par son agresseur, ou bien si elle a “joué le jeu”, consciemment ou pas, jusqu’au moment où elle sent qu’elle est dans de beaux draps. Sans jeu de mots.

Évidemment, c’est toujours facile de jouer les détectives de salon, et de pointer du doigt tous les moments, les gestes ou les paroles qui ont fait en sorte que les méfaits ont eu lieu, le tout une fois le procès terminé, et l’agresseur en-dedans. Mais malheureusement, les victimes n’ont pas toutes la perspicacité de ces détectives improvisés; parfois, une certaine confiance s’est installée entre les deux personnes, ouvrant la voie à des situations qui n’auraient pas eu lieu dans d’autres circonstances. Bref, je ne connais pas tous les détails de cette affaire, et je ne vais pas m’immiscer là-dedans.

Par contre, madame Fournier a publié un texte dans le Devoir, texte que je n’ai pas lu, et accordé une entrevue à un journaliste de ce même quotidien. Remarquez qu’elle en a tout à fait le droit. Mais je me demande si, jusqu’à un certain point, cette nouvelle étape de son cheminement ne va pas lui apporter, à tout le moins à court terme, plus de mal que de bien.

Je veux dire, à l’heure où j’écris ces lignes, déjà deux animateurs de radio ont dû s’excuser, leurs propos dépassant la ligne de ce qui est acceptable. Des commentaires seront sûrement aussi lancés dans les médias sociaux; certains dépasseront, comme on peut s’y attendre, les limites du gros bon sens. Pour ma part, je me demande si l’actuelle mairesse de Longueuil, peut-être en manque de visibilité, en a profité pour laver son linge sale avec les autres membres de l’Assemblée nationale de l’époque. Peut-être est-ce le cas, peut-être pas; la question se pose.

Bref, je me demande si elle a pris une bonne décision en demandant la levée de l’ordonnance de non-publication qui la protégeait de tout cela. Le temps le lui dira probablement.

Pour ma part, je souhaite une bonne suite de cheminement à Catherine Fournier. J’espère que les plaies à l’âme causées par les gestes dont elle fut la victime sauront se refermer un jour.

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Lecture de contes par des drag queens: On se trompe de cible

Comme le mentionnait Danièle Lorrain dans sa colonne du Journal de Montréal du vendredi 14 avril dernier, “À moins d’avoir passé les derniers mois tapi au fond d’une caverne, on est au courant de la controverse entourant la lecture de contes pour enfants par des drag-queens.” En fait, on a tous entendus parler de l’affaire, mais est-on vraiment au courant de ce qui se passe, dans cette bibliothèque, où une drag queen lit des contes aux enfants?

D’aucuns s’indignent de savoir que la drag queen en question qui, selon ce que j’ai eu comme information, est un enseignant homosexuel du primaire dans sa vie civile, soit en contact avec des enfants, dont entre autres le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, lui-même membre du club. Non, OK, monsieur Duhaime n’est pas, à proprement parler, une drag queen dans le sens du terme. Il le devient – une drag queen politique – à le voir aller, avec sa pétition pour faire cesser la chose; madame Lorrain le qualifie de “drama queen”, bref, d’une personne pour qui tout tourne au drame. Dans les faits, monsieur Duhaime saute là-dessus de la même façon que Paul St-Pierre-Plamondon a sauté sur le serment au roi Charles III, c’est à dire pour ramasser de la visibilité dans les bulletins de nouvelles; il n’a aucun député à l’Assemblée nationale, il cherche à faire parler de lui, et c’est de bonne guerre.

Le problème, c’est justement que dans cette affaire, on se trompe de cible.

Les enfants, contrairement à ce que l’on pourrait croire, et ceci dit sans vouloir généraliser, parce qu’il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle, composent beaucoup plus facilement avec une drag queen que leurs parents; pour eux, il s’agit d’un clown parmi tant d’autres. D’ailleurs, tous les enfants s’essaient aux déguisements; dès qu’ils commencent à marcher solidement, ils mettent les souliers à talons hauts de maman, et se promènent dans la maison, soulevant le rire de tout le monde.

Le problème, donc, selon moi, n’est pas la drag queen. Le problème, c’est l’histoire qu’elle raconte.

Je vous donne un exemple; nous savons tous que les étudiants du CEGEP, à tout le moins ceux qui étudient dans le secteur général, suivent des cours de philosophie. Pourquoi ne propose-t-on pas des cours de philo au secondaire, ou au primaire? Tout simplement parce que les élèves du primaire ou du secondaire ne sont pas rendus là. Ils ont des trucs plus importants à apprendre; écrire, compter, etc. D’autant plus que pour un enfant de 3e année du primaire, par exemple, la philo, et le chinois, c’est du pareil au même; ils n’y comprendront rien – quoique je ne suis pas certain pour le chinois, parce que comme je le disais, intellectuellement parlant, ils ne sont pas rendus à ce niveau.

C’est la même chose pour les théories du genre.

Il y a une blague qui circule sur Facebook, ces jours-ci; on montre la photo d’une lettre, supposément envoyée par la commission scolaire locale, qui demande une autorisation des parents à la participation de leur enfant à une activité appelée “Tu préfères ton pénis ou tu voudrais un vagin à la place ou l’inverse” Évidemment, quand on prend le temps de lire la lettre au complet, on se rend rapidement compte qu’il s’agit d’une grosse blague gluante, mais c’est clair que beaucoup de gens ne prennent pas le temps de tout lire, et s’offusquent à qui mieux mieux, disant que nous sommes dans un monde de fous, pour rester poli. Plus sérieusement, c’est la question que je me pose; quels sont les contes racontés aux enfants par la drag queen? Tant que cela demeure dans la norme des contes pour enfants, je n’ai aucun problème avec ça. Par contre, si l’on se sert du conte pour endoctriner les enfants (on s’entend que la lecture de contes s’adresse à des enfants en bas âge) aux différentes théories du genre, c’est là que je m’objecte. Pour la même raison que pour les cours de philo au primaire et au secondaire; les enfants de 3 à 8 ans ne sont pas rendus au niveau de la discussion de la théorie des genres. Quand ils seront de grands ados (14, 15, 16 ans et plus), ils pourront toujours en parler; ils auront une connaissance telle des choses de la vie, comme on disait autrefois, qu’ils seront à même de prendre des décisions pour leur futur. Mais parler de cela à un enfant de 3 ans? Je crois que cela va perturber l’enfant plus qu’autre chose.

Je suis de ceux qui croient que l’on doit laisser les enfants être des enfants; les laisser jouer, s’amuser, et prendre connaissance des choses de la vie à leur rythme, et à leur niveau.

Bien entendu, je ne suis pas médecin, ni psychiatre. Ceci représente mon opinion, tout simplement. Si des professionnels de la santé, particulièrement de la santé mentale, peuvent m’éclairer sur le sujet, ce serait apprécié.

Duhaime: l’Assemblée nationale a fait sa job

J’aime trop ça, je l’avoue. Prendre un texte d’opinion, et le commenter au fur et à mesure de ses paragraphes, est une façon de faire qui me passionne. Mais cette fois, je m’attaque à une grosse pointure; Mario Dumont. Il commente le fait que l’Assemblée nationale du Québec refuse au chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, l’accès aux installations des élus, ce qu’il n’est d’ailleurs pas, au demeurant. Je mets le texte, publié sur le site web du Journal de Montréal, en mauve, et mes réponses dans la couleur habituelle.

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Duhaime: l’Assemblée nationale a raté une belle occasion

Mario Dumont

Vendredi, 9 décembre 2022 05:00

Ce qu’Éric Duhaime demandait était banal. Un bureau quelque part dans l’édifice de l’Assemblée nationale et un droit d’accéder à la salle des points de presse pour s’adresser aux médias. Le seul coût pour les contribuables : l’électricité lorsqu’il aurait allumé la lumière de son bureau.

La présidente de l’Assemblée nationale a dit non. Sa décision est évidemment facile à expliquer. Elle rappelle cette évidence que l’Assemblée nationale est l’assemblée des élus, que le Parti conservateur n’a pas de députés élus. Si cette réponse simpliste s’appuie sur une logique défendable, elle échappe toute une dimension de la vie collective, de la démocratie et de la paix sociale.

Malgré la dimension “échappée” dont fait mention monsieur Dumont, il doit se rappeler que malgré les pourcentages du vote qu’il a recueillis dans les diverses élections pendant lesquelles il a été chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ), il n’avait que lui, et lui-même, comme allié à l’Assemblée nationale, au cours de ses deux premiers mandats. Il était donc reconnu comme un député indépendant, et non pas comme un chef de parti. Et pourquoi? Parce que l’Assemblée nationale a des règles. Pour être reconnu comme groupe parlementaire, un parti doit faire élire 12 candidats, ou obtenir 20% du vote populaire, ce qu’il a obtenu en 2007 seulement, après être passé bien près en 2003.

Éric Duhaime est devenu chef du Parti conservateur du Québec dans une période de fortes tensions. J’ai déjà été sévère en lui reprochant de s’être associé avec des complotistes ridicules ou avec des individus au comportement dégradant sur les réseaux sociaux. Il a payé un prix politique pour ses erreurs.

Même si des injustices peuvent survenir, on paie habituellement le prix de ses gestes, en politique comme ailleurs. Comme on dit, “ça fait partie de la game”.

Démarche 100 % démocratique

Malgré cela, il importe de préciser aujourd’hui que sa démarche politique est bien plus grande que ce reproche. Dans un contexte de tensions sociales, de critiques vives envers le gouvernement et de manifestations menaçantes, Duhaime a fait le choix de la démocratie. Il a invité les insatisfaits de la gestion de la pandémie et les autres insatisfaits de la gestion étatique à inscrire leur dissidence dans le processus démocratique.

Il l’a fait de façon irréprochable, du début à la fin, dans le respect des règles démocratiques. Il a recruté des membres, ramassé son financement, formulé un programme, présenté des candidats, puis a offert aux électeurs les services de son équipe ; 531 000 personnes ont coché là.

Ben oui. En 1966, les libéraux de Jean Lesage ont engrangé plus de 150,000 votes de plus que l’Union nationale de Daniel Johnson père, mais ont dû se contenter de l’Opposition officielle. Parce que ce qui compte, à l’Assemblée nationale, c’est le nombre de candidats élus. Le pourcentage du vote compte auprès d’Élection Québec, qui verse un montant annuel pour chaque vote obtenu lors du dernier scrutin. Si l’on fait un calcul à partir des données de 2021, ce montant annuel était de 2,53$ par vote. Ainsi, si l’on conserve ce taux de 2,53$ par vote, le parti de monsieur Duhaime pourra mettre la main, annuellement, sur 1,342,843.04$. De quoi garnir son trésor de guerre pour la prochaine campagne, s’il n’en gaspille pas trop, bien entendu.

Il faut comprendre que l’élection est basée sur la circonscription, et non pas sur le pourcentage du vote pour toute la province; le candidat élu est celui qui obtient le plus de votes, et les autres perdent. Même s’ils n’ont que quelques votes de moins que le gagnant. Le parti qui fait élire le plus de ses candidats est invité à former le gouvernement. À moins qu’une coalition formée de plusieurs partis se présente au lieutenant-gouverneur pour revendiquer le pouvoir. Cela s’est fait il y a très longtemps – je crois que la dernière fois, c’était en 1886.

Fait tout aussi important, il a accepté le résultat électoral bien que crève-cœur sans jamais jouer la carte des «élections volées» et des «résultats truqués» à la façon Donald Trump. Lorsque des pressions dans la frange extrémiste de son mouvement l’ont encouragé à crier aux élections volées, il leur a tenu tête, répétant que le vote s’était tenu dans les règles.

Une attitude aussi responsable représente en soi une contribution démocratique notable. Constatez ce que les folies de Trump ont causé comme dommage aux institutions américaines.

Aussi notable cette contribution puisse-t-elle être, le parti d’Éric Duhaime n’a fait élire personne. Et c’est ça, le nerf de la guerre.

Un plate NON

Si nous pensons qu’Éric Duhaime a joué la carte de la démocratie de façon saine et exemplaire, il faudrait que les constitutions démocratiques lui retournent l’ascenseur.

Si nous croyons qu’il a canalisé vers les voies démocratiques un mouvement qui cherchait sa voie, il serait utile de prouver à ceux qui l’ont suivi qu’ils ont eu raison. 

Il faudrait prouver qu’ils ont tort à ceux qui sont prompts à croire que tout est arrangé et que le «système» travaille contre eux.

L’Assemblée nationale et sa présidente ont raté cette occasion. Ce non était la solution simple, mais une erreur.

Certains disent avoir peur de créer un précédent qui ouvre la porte à trop de cas. Autant de votes et aucun siège, cela n’était jamais arrivé dans l’histoire des élections au Québec.

Les “constitutions démocratiques”, dans le cas présent, se résument à presque 1,35 millions de dollars en contribution publique pour chaque année d’ici le prochain scrutin, ce qui est loin d’être négligeable pour un parti qui n’a fait élire aucun de ses candidats. Et ce sont ces sommes qui prouveront à ceux qui l’ont suivi qu’ils ont eu raison. Quant aux choses qui ne sont jamais arrivées dans l’histoire des élections au Québec, il y en a pratiquement à chaque scrutin général. Par contre, si l’on ouvre la porte aux revendications du PCQ, d’autres voudront obtenir les mêmes bénéfices. Et à ce moment-là, où devra-t-on fixer la ligne? Pourra-t-on déroger s’il manque quelques dizaines de votes pour obtenir le minimum requis? Ou serait-ce quelques centaines? À ce prix-là, autant accorder un bureau à l’Assemblée nationale à chaque parti dûment enregistré auprès d’Élections Québec. S’il faut respecter le vote de ceux et celles qui se sont donné la peine de voter, il faudra allouer des installations similaires – et du personnel – pour représenter les 56,316 personnes qui ont annulé leur vote. Bref, on peut aller très loin, dans cette voie.

À un moment donné, il faut savoir reconnaître une victoire, et assumer une défaite. Éric Duhaime a perdu, il l’a fait honorablement, et maintenant, il doit l’assumer. D’ici au prochain scrutin, il pourra toujours marauder certains députés insatisfaits de leur sort, comme il a su le faire avec Claire Samson, dans le temps. S’il obtient du succès, il obtiendra les mêmes avantages qu’il avait avant les élections, mais cette fois, avec un butin de guerre plus élevé que jamais.

3e lien Québec-Lévis: C’est donc compliqué d’avoir une vision d’avenir

C’est aujourd’hui, 14 avril, que le ministre des transports du Québec, François Bonnardel, et la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, ont présenté une « mise-à-jour » du projet de 3e lien entre Québec et Lévis. De gros changements, en comparaison avec la version 2021, ont été dévoilés lors de ce point de presse. Voyons voir…

D’abord, exit le plus gros tunnelier au monde. Le projet passe d’un gros tube à deux plus petits, ce qui, dit-on, réduit les risques liés à la construction, et augmente la concurrence lors de l’étape des appels d’offres. Ensuite, les deux chaussées compteront deux voies chacune, au lieu de trois, et seront gérées par un système de « gestion dynamique des voies », qui réservera, par exemple, une des deux voies pour le transport en commun lors des heures de pointe. Finalement, la facture passera de 10G$ à 6,5G$, soit une économie de plus de 25% des coûts.

À mon point de vue, le gouvernement tente de réparer les pots cassés, dans ce dossier. Il a commencé par s’embarrasser d’une promesse électorale, celle de la première pelletée de terre avant la fin de ce mandat. Puis, après s’être cassé les dents sur la première mouture du projet (le tunnel sous la pointe ouest de l’île d’Orléans), il a vu l’enthousiasme du grand Québec, ravi de la deuxième mouture (centre-ville à centre-ville), tomber à plat lors du dévoilement de la facture. Maintenant, il s’agira de voir, outre les réactions des oppositions à l’Assemblée nationale, comment la région de la Capitale-Nationale va réagir à cette troisième mouture.

Je veux bien croire que le maire de Québec, Bruno Marchand, n’en veux rien savoir, mais il faudra qu’il se rende bien compte, un jour ou l’autre, que sa ville a le luxe de tergiverser sur la solution au problème de circulation inter-rives, et ce avant que le problème soit total. Montréal aurait bien aimé avoir cette chance. Parce que l’expérience a démontré que malgré un nouveau pont (à six voies, Olivier-Charbonneau, sur l’autoroute 25), et l’avènement du métro à Laval, le volume de circulation n’a pas vraiment diminué entre les deux rives de la rivière des Prairies. Et la raison est simple; l’étalement urbain, qui traumatise présentement le maire Marchand, était déjà installé bien avant les nouvelles infrastructures.

Il devra comprendre que l’on ne peut pas forcer les gens à habiter des condos en hauteur, et que les résidences unifamiliales, avec une cour arrière suffisamment grande pour y installer une piscine, sont tout simplement inabordables en ville, 3e lien ou pas. C’est un phénomène qui existe depuis les tout-débuts de l’organisation municipale. Le maire Marchand devra faire avec, qu’il le veuille ou non.

Pour en revenir au tunnel lui-même, le gouvernement, en essayant de flatter les opposants dans le sens du poil, est en train de transformer un projet désiré, et attendu, en un gaspillage total. D’abord, l’idée de réduire le nombre de voies de trois à deux, par direction, vient réduire l’efficacité du lien; il aidera à la circulation pendant une dizaine d’années, quinze tout au plus, au lieu de soulager la situation à plus long terme. Parce que comme je l’ai déjà mentionné, la théorie de la circulation induite, ce n’est qu’une théorie. Toute région qui attire plus de gens aura inévitablement plus de gens en circulation. Ensuite, quand le gouvernement se rendra bien compte que le nouveau lien est plein, lui aussi, il sera trop tard pour essayer d’y ajouter des voies.

Parce qu’il faut l’avouer; la voiture individuelle ne disparaîtra pas de sitôt. On peut faire rouler les véhicules à l’électricité, à l’essence, au diesel, à l’hydrogène, ou même à l’huile de foie de morue (…non, j’exagère), il n’en demeure pas moins que les gens voudront se déplacer quand bon leur semble. Et les transports en commun n’offrent pas cette latitude, surtout hors des grands centres. Ainsi, les lieux où la population augmente auront besoin, tôt ou tard, de nouveaux liens, quelle que soit leur forme. Et puisqu’il en faut, autant les construire de façon qu’ils soient les plus efficaces possibles, le plus longtemps possible. Malheureusement, le gouvernement actuel semble avoir perdu de vue cet objectif.

Lanaudière: Deux problèmes, une solution

Je travaillais dans la région de Montréal, aujourd’hui, et je me suis rendu compte d’une chose, à savoir que lorsque la COVID-19 sera derrière nous, et que les gens seront tous de retour au travail, le réseau routier supérieur du grand Montréal ne suffira plus à la tâche. Il faudra porter de grands coups pour remédier à la situation, et ce plus tôt que tard.

Dans Lanaudière, par exemple, on se retrouve avec deux problèmes particuliers. D’abord, le niveau de circulation sur la route 158, entre Saint-Esprit et Joliette, justifie la construction d’une autoroute en bonne et dûe forme; depuis l’intersection de la route 125 nord, vers l’est, le débit journalier moyen annuel (DJMA) atteint 14,400 véhicules par jour jusqu’à la rue Saint-Jacques (route 341), dans la municipalité du même nom, 13,800 jusqu’à la sortie de Crabtree, 15,800 jusqu’au boulevard de l’Industrie (route 343), en direction de Saint-Paul, et 17,000 jusqu’à la rue Saint-Pierre Sud. Il atteint même 25,000 entre ce point et l’autoroute 31, et 30,000 entre celle-ci et le chemin des Prairies (route 158 sud). Des chiffres bien au delà de ceux nécessaire à l’avènement d’une autoroute.

L’autre problème se situe à Saint-Lin–Laurentides; la rue Saint-Isidore (routes 158, 335 et 337), conçue à l’époque pour des voitures à chevaux, n’en peut tout simplement plus de supporter 13,400 véhicules par jour. Résultat des courses; la circulation est tout simplement pénible, particulièrement les week-ends. On planche d’ailleurs sur une voie de contournement pour ce secteur de la ville.

À ces deux problèmes, une solution. Et celle-ci a un nom, ou plutôt, devrais-je dire, un numéro; 50.

Lorsque l’on consulte les archives, on découvre qu’à l’origine, l’autoroute 50 devait passer au sud de l’aéroport Montréal-Mirabel, mais les circonstances l’ont plutôt fait passer au nord de celle-ci. Il est temps de relier cette dernière à Joliette, et en passant pas trop loin de Saint-Lin–Laurentides afin de permettre de lui offrir une voie de contournement idéale. Sachant que la plupart des véhicules traversant cette ville provient de, ou se rend vers, le grand Montréal, surtout les week-ends, l’A-50 permettrait de rediriger le flot de circulation vers les autoroutes 15 ou 25, en attendant le prolongement d’une éventuelle autoroute 19, entre sa fin actuelle et l’A-50, dans le secteur de Saint-Lin–Laurentides.

Bizarrement, pour la route 158, on ne parle que de quatre sites d’amélioration – sans les nommer – dans la liste de projets à accélérer avec la loi 66, récemment adoptée par l’Assemblée nationale. Cette liste semble bien incomplète, compte tenu des nombreux projets à compléter dans le but de rendre la circulation, dans le grand Montréal comme ailleurs au Québec, un peu plus conviviale.