PQ: Pauline 1ère est tannée

Ce dimanche, une dépêche de la Presse canadienne, qui a rapidement trouvé écho dans la plupart des sites de nouvelles, nous informe que Pauline 1ère, la cheftaine des troupes péquistes, commence à avoir son maudit voyage de voir certaines personnalités bien en vue, et surtout originaires de son parti, prendre des positions opposées aux siennes sur la place publique.

C’est que, voyez-vous, Pauline 1ère est une fervente partisane de la réforme en éducation, et ce pour une raison bien simple; ça vient d’elle!  Aussi, quand elle a vu les Bernard Landry, Joseph Facal et Jean-François Lisée, pour ne nommer que ceux-là, s’associer à la manifestation en faveur d’un moratoire sur la mise en place de la réforme, qui devrait en principe s’appliquer aux élèves de 4e et 5e secondaire en septembre prochain, elle est un petit peu montée sur ses ergots, la madame.  Elle a donc profité d’une allocution devant une poignée de membres, à Québec, pour mettre le poing sur la table, et demander de la discipline au sein du parti.

Or, si Pauline 1ère croit qu’un simple coup de semonce comme celui-ci suffira à faire rentrer tout le monde – y compris les « belle-mères » – dans le rang, c’est qu’elle ne connaît probablement pas encore beaucoup les membres les plus influents de son parti, malgré toutes ses années de militantisme.  Si l’on regarde parmi leurs diverses occupations, Bernard Landry est analyste à la chaîne spécialisée ARGENT, alors que Joseph Facal a toujours sa colonne hebdomadaire dans le Journal de Montréal, en plus d’être collaborateur à l’émission Bazzo.tv, diffusée à Télé-Québec.  Quant à Jean-François Lisée, il est au PQ depuis l’avènement de Jacques Pariseau à la présidence, au début des années 1990, et jouissait d’une excellente position au sein du magasine L’Actualité.  Ces trois sbires du PQ sont donc connectés directement avec le peuple, ou pourraient rapidement l’être, dans le cas de Lisée.  C’est donc dire qu’ils continueront de dire ce qu’ils veulent, malgré les coups de semonce de Pauline 1ère.  Ceci dit sans compter le SPQ-Libre, qu’elle tente aussi de ramener à l’ordre, mais elle aura à composer avec un Marc Laviolette qui a toujours pas mal fait à sa tête, depuis qu’il est en poste.  Parlez-en à André Boisclair; il doit sûrement se souvenir encore de la réplique de Laviolette, suite à sa déclaration selon laquelle les syndicats et le pouvoir ne feraient plus nécessairement copain-copain s’il était élu premier ministre.

Selon moi, tout ce que risque d’attirer Pauline 1ère si elle ne va pas plus loin qu’une telle mise en garde à ses troupes, ce sont quelques couteaux dans le dos, bien aiguisés.  Et une fois le processus commencé, il ne manquera plus que Yves Michaud s’en mêle, afin que le leadership de madame Marois soit remis en cause.  Et le moment idéal pour cela, c’est juste avant le début d’une campagne électorale.  Encore une fois, André Boisclair pourrait en témoigner.  Si Pauline 1ère veut vraiment assumer son leadership, et démontrer une poigne de fer, elle devra utiliser la méthode de René Lévesque; montrer la porte aux dissidents.  Ceux-ci pourront toujours aller se rapporter au Parti indépendantiste du Québec, qui tient aujourd’hui même son assemblée de fondation.

Accommodements raisonnables: où en est-on, finalement?

Où en est-on, finalement, avec toute cette affaire des accommodements raisonnables?

Les politiciens s’accusent à qui mieux mieux. Aujourd’hui, Mario Dumont, notre Girouette nationale, ainsi que Pauline 1ère, accusent le vire-capot frisé d’Amérique, Jean Charest, de faire preuve d’intolérance dans une lettre aux québécois publiée dans les journaux. Hier, c’était le vire-capot frisé d’Amérique qui accusait les deux autres de laisser voir une image peu reluisante du Québec à l’étranger. Bref, la chicane est pognée dans la cabane.

Depuis des semaines, la commission Bouchard-Taylor se promène partout à travers le Québec, se déplaçant même dans des endroits où tous les immigrants de la place pourraient faire des meetings dans une cabine téléphonique, tellement ils sont peu nombreux. Cette commission, à l’image de celle sur le viaduc de la Concorde, coûtera des millions$ pour en venir à des conclusions que tout le monde connaît, à savoir que l’on est maîtres chez nous, mais que notre liberté s’arrête là où celle de notre voisin commence, et que l’on a tout à apprendre à parler aux immigrants au lieu de les détester en silence.

Toute l’affaire des accommodements raisonnables a pourtant commencé il y a environ un an, au moment où quelques bonnes femmes, outrées de ne plus pouvoir écornifler dehors pendant qu’elles faisaient du vélo stationnaire, se sont plaintes au Journal de Montréal après que le propriétaire du gym où elles s’entraînaient eut fait installer des vitrines givrées, gracieuseté des voisins d’en-face, des juifs hassidiques qui trouvaient dégradant pour leurs enfants de voir des madames exposer leurs bourrelets camouflés uniquements de vêtements en coton ouaté au look pas très à la mode. La question que je me posais à ce moment-là, et que je me poses toujours, est la suivante: Si le propriétaire du gym avait rempli ses vitrines de publicité sur ses dernières promotions, comme le font souvent les marchands de bagnoles, par exemple, est-ce que ces mêmes bonnes femmes se seraient plaintes à un journaliste?

Je crois que tout le monde, dans cette affaire, avait des intérêts bien différents. Les bonnes femmes voulaient retrouver leur « droit » d’écornifler dehors tout en s’entraînant, le journaliste voulait un bon scoop qui permettrait à son boss de vendre du papier, le propriétaire du gym voulait acheter la paix avec ses voisins d’en-face, et les juifs voulaient que leurs enfants puissent s’inspirer d’autre chose que d’images de bonnes femmes trop enveloppées. L’accommodement raisonnable, puisqu’à mes yeux, il l’était tout à fait, était d’autant plus correct qu’il s’est négocié entre deux intervenants du domaine privé, c’est à dire qu’il n’y avait aucun argent public en jeu, ainsi il aurait dû rester privé, comme n’importe quel deal entre deux voisins. Mais non, c’était trop simple.

Toujours est-il que cette affaire a permis à certaines personnes de dire tout haut ce qu’elles pensaient tout bas depuis des décennies; « Icitte, on est au Québec, c’t’en françâ, tabarnak! » Le cri du coeur du québécois moyen était désormais lancé, avec bien sûr le deuxième cri du coeur, correspondant davantage à la situation précise, qui sonne un peu comme « S’ils sont pas contents, ben qu’y retournent dans leu’ pays, ‘sti! ».

Les suites n’ont pas tardé à venir. La Girouette nationale a saisi la balle au bond en disant que les québécois avaient le droit d’être maîtres chez eux, et de ne pas s’en laisser imposer. Puis le citadin montréalissime qu’est André Boisclair, chef du PQ à l’époque, a pour sa part déclaré que le Québec est laïc depuis longtemps et que dans ce sens, les québécois devaient donner l’exemple, en commençant par décrocher le crucifix de l’Assemblée nationale. Autre vague de protestations. Pendant ce temps, le vire-capot frisé d’Amérique était trop occupé à préparer les élections générales pour oser se mettre le nez là-dedans, puis quand il s’est décidé à le faire, en pleine campagne électorale, c’était pour illustrer qu’il n’avait finalement pas grand chose à dire.

Puis les événements se sont succédés. Les trois principaux partis étant arrivés plus ou moins nez à nez, on a surfé dans les médias pendant deux semaines sur la « victoire » de Super Mario alors que dans les faits, la seule chose que l’ADQ ait gagné, c’est le titre d’opposition officielle. Le PQ a fait comme toujours lors d’une défaite, c’est à dire du chief bashing, une tradition bien établie dans ce parti, tradition avec laquelle même René Lévesque a dû composer. Sauf qu’à cette occasion, le chief bashing avait commencé deux semaines avant le début de la campagne, gracieuseté de Bernard Landry et d’Yves Michaud. Les libéraux, quant à eux, ont gagné la plus grande claque sur la gueule que le parti n’ait jamais mangé de la part de l’électorat québécois. Notre vire-capot frisé d’Amérique, après quelques semaines à tenter de retomber sur ses pattes, a dû recommencer à gouverner, mais cette fois en mode minoritaire. Après que le PQ ait sauvé le budget des libéraux, et empêché de nouvelles élections générales, il a fallu se refaire un agenda politique. C’est ainsi que furent mises sur pied diverses commissions, dont celle sur les conditions de vie des aînés, qui passe totalement inaperçue, et celle sur les accommodements raisonnables, qui prend toute la place dans les médias.

Comme le PQ a changé de chef depuis les dernières élections, chief bashing oblige, la nouvelle cheftaine, Pauline 1ère, voulait asseoir sa position toute nationale sur le sujet des accommodements raisonnables. C’est ainsi qu’elle a pondu son projet de loi sur l’accessibilité à la citoyenneté québécoise; une loi qui permettrait à un immigrant d’acquérir une citoyenneté symbolique, parce qu’actuellement inexistante, en devant se conformer à différentes normes, dont la connaissance « appropriée » du français. Re-nouvelle vague de protestations. C’est là qu’on est rendus, comme disait RBO.

Alors maintenant, la question à plusieurs millions de dollars: Où nous retrouverons-nous dans un an?

Moi je dis: À la même place où nous en sommes présentement, mais avec quelques millions$ en moins, gracieuseté de messieurs Bouchard et Taylor. Car une fois tout ce cirque terminé, et les décors recyclés en attendant la prochaine commission, la vie reprendra son cours, et les voisins redeviendront des gens normaux et aimables. Avec toute l’affaire des accommodements raisonnables, on se regarde tous un peu de travers, mais les choses vont reprendre leur place, et nous retrouverons notre train-train quotidien. Jusqu’à la prochaine crise existentielle…