Villages-fantômes du Québec: Bienvenue à Joutel

Au Québec, comme partout ailleurs, il y a ce que l’on appelle, pour différentes raisons, des villages-fantômes. Des municipalités qui furent créées avec les meilleures intentions du monde, mais qui, pour une raison ou pour une autre, ont été carrément démantelées, laissant derrière plus ou moins de traces du passage de la civilisation.  Aujourd’hui, je vous propose quelques images du village-fantôme de Joutel.

Mais d’abord, une petite mise en situation.

À quelque 120 kilomètres au nord d’Amos, en Abitibi, la découverte d’or, de cuivre et de zinc amène l’ouverture de mines, en 1965, et leur mise en opération demande l’afflux de quelques centaines de travailleurs, et de ce fait, la création d’une petite ville, pour soutenir tout ce beau monde.  On donna à la municipalité le nom de Joutel, en hommage à l’explorateur et navigateur français Henri Joutel (1651-1735), originaire de Rouen.  Pour rejoindre la municipalité, on doit prendre une route d’une douzaine de kilomètres, vers l’ouest, depuis la route de Matagami, aujourd’hui la route 109.

Les projets miniers s’ouvrent; la mine de Poirier, d’abord, en 1965, puis la Joutel Copper Mine, de 1967 à 1972, verront la petite ville dépasser les 1000 habitants, mais la population tombera à environ 250 lors de la fermeture de la mine, dix ans plus tard. C’est ce que les gens de la place appelleront le “crash de 1975”.

Pendant ce temps, Agnico Eagle coulera son premier lingot d’or le 20 février 1974, dans ses nouvelles installations, à quelques kilomètres au nord de Joutel, sur la rive ouest de la rivière Harricana.  Le site est d’ailleurs le théâtre d‘un spectaculaire vol d’or le 19 mai 1979.  Cette entreprise, ainsi que les mines Selbaie, donneront un second souffle à Joutel, qui verra sa population monter à environ 1200 âmes. Cette exploitation amènera, dans les années 1980, de nouvelles installations dans la ville, dont un aréna.

Par contre, la fermeture des installations d’Agnico Eagle, en 1993, puis celles de Selbaie, en 1998, donnèrent le coup de grâce à Joutel, qui ferma ses livres le 1er septembre de la même année.  Les maisons, qui appartenaient toutes aux compagnies minières, furent déménagées, alors que les commerces, et les installations publiques, furent démolis. Aujourd’hui, il ne reste que les rues et les trottoirs, quelques dalles de béton, et la tour des retransmetteurs de radio et télé.  Le territoire de Joutel fait partie du territoire du gouvernement régional Eeyou Itschee Baie-James.

Lors d’une virée improvisée, le 26 octobre dernier, je me suis rendu sur le site de Joutel. J’ai pris quelques photos, mais j’étais craintif de passer sur les rues partiellement couvertes de neige et de glace.

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Ici, on voit la halte routière du mont Cartwright, située à environ 120 kilomètres au nord de la ville d’Amos, avec, au fond, la toilette, qui malheureusement, était inutilisable lors de mon passage.

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Le téléphone d’urgence – il faut mentionner que le signal cellulaire brille par son absence dès que l’on s’éloigne d’Amos, ainsi qu’un panneau qui raconte la relation entre les autochtones et les animaux locaux.

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On s’est même inspiré des activités locales pour décorer les abords de la halte.

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Une fois que vous avez traversé le pont de la rivière Harricana, si vous manquez ce panneau, vous manquez Joutel. C’est aussi simple que ça; il n’y a pas d’autre indication.

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Il y a plusieurs années, ce devait être un panneau d’arrêt, comme on en voyait du temps où pouvait y lire les mots “ARRÊT – STOP”.  Mais il a fallu l’examiner de près pour s’en rendre compte.  C’est à l’intersection de la rue Principale et de la route qui conduit à la route 109.

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Ma bagnole, sur le boulevard Joutel.

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La rue Principale, à l’intersection du boulevard Joutel.  À droite, la tour de retransmission, qui diffusait, il n’y a pas si longtemps, des émissions depuis les tours principales, entre autres, de TVA.

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La nature reprend peu à peu ses droits, à l’intersection de la rue Principale et de ce qui devait être probablement le terrain de l’aréna, dont on voit la bordure de béton.

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Le boulevard Joutel, avec son trottoir.

Comme je le mentionnais, j’étais craintif de m’aventurer plus loin dans les rues de Joutel; d’abord, je n’avais aucune idée de l’état des rues, et de ce qui se trouve en-dessous, comme les diverses infrastructures. Quant aux rues elles-mêmes, elles étaient, pour la plupart, recouvertes de neige, de glace, et d’eau qui s’écoulait.  Rien de rassurant!  Ajoutez à cela que ma bagnole était toujours munie de sa chausse d’été – je vous l’ai dit, c’était une virée improvisée, et que si la route défonce, la dépanneuse la plus proche est fichtrement loin, et vous comprendrez que je ne voulais prendre aucun risque.

Mais il faudra définitivement y retourner au printemps, juste après la fonte des neiges, et juste avant que la nature reprenne vie; c’est le temps idéal pour explorer des lieux comme ceux-ci.  Le voyage pourrait se faire avec un véhicule plus approprié, comme mon vieux Durango; avec ses quatre roues motrices en permanence, même si une rue défonce, je pourrais me sortir d’affaire.

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Rapport Payette: Le monsieur n’est pas content de la réaction des radios

Il y a quelques semaines, sortait un rapport de Dominique Payette, commandé par Pauline Marois, suite à sa défaite de l’an dernier, rapport d’une étude sur les médias de la vieille capitale.  Je n’ai pas lu le rapport Payette dans son intégralité (mea culpa), mais comme un peu tout le monde, j’ai saisi certains passages qui furent publiés dans les médias.  Et à lire ceux-ci, tout porte à croire que madame Payette n’y va pas avec le dos de la main morte, comme dirait l’autre; cet article du site web du quotidien Le Soleil nous dit d’ailleurs que selon madame Payette, “Il y a un régime de peur dans la région de Québec”.

Les réactions furent nombreuses, et rapides; entre autres, l’Université Laval, où oeuvre madame Payette, s’est rapidement dissociée du rapport de sa professeure.  Et au travers de tous les avis négatifs lus et entendus au sujet de ce rapport, il y a eu quelques commentaires positifs, comme celui de Jean-François Vallée, de Saint-Philippe-de-Néri, qui fut publié ce matin sur le site web de La Presse.  Pour info, Saint-Philippe-de-Néri se trouve, à vol d’oiseau, à environ 125 kilomètres de Québec, et que dans le cadre de mon travail, quand je passe sur l’autoroute 20, à la hauteur de la sortie 456, il y a déjà belle lurette que je ne capte plus les radios de Québec, ce qui me porte à croire que ce gentil commentateur se fie sur de vieilles opinions (il dit avoir vécu dans le grand Québec pendant 38 ans), ou sur des préjugés.  À sa défense, au sujet des idées véhiculées par les gens de Québec, il nomme le fait de faire la file au Centre Vidéotron, ce qui indique peut-être que son déménagement dans le Bas-du-Fleuve est somme toute très récent.  À moins qu’il se tape quotidiennement l’écoute de ces stations de radio sur leurs sites internet respectifs, ou encore qu’il fasse l’aller-retour quotidiennement entre son domicile et la vieille capitale.

Quoi qu’il en soit, les habitués du Blogue me voient déjà venir!  Eh oui, je reproduis ici le commentaire de monsieur Vallée, tel que publié dans La Presse, et je répondrai entre les lignes (entre les paragraphes, en fait) en mettant mes propres commentaires, en réaction à ceux de monsieur Vallée.  Comme celui-ci me semble un souverainiste fini, je mettrai donc son texte en bleu, et je répondrai avec la couleur habituelle.  Allons-y!

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Madame Payette frappe dans le mille

Jean-François Vallée
Saint-Philippe-de-Néri, Québec

Madame Payette, les constats que vous dressez sur le contenu des émissions des radios de Québec touchent leur cible. Les réactions des principaux concernés les démasquent une fois de plus : elles sont dignes de voyous de ruelles rompus à l’intimidation. Ils attaquent en bande : « Allez, crient-ils, toute la gang ensemble, on lui pète la gueule ! » Une belle unité stalinienne lie les Fillion, Maurais, Dupont, Napoli, Bouchard, Ségal et Landry, qui n’ont même pas lu votre étude.

Premièrement, comment peut-il affirmer que tous ceux qu’il nomme n’ont effectivement pas lu le rapport?  Ils lui ont dit personnellement?  S’il s’accorde le droit de défendre ses couleurs, pourquoi les animateurs visés ne pourraient-ils pas défendre les leurs?  C’est là une simple manifestation de la liberté d’expression, comme d’ailleurs celles de l’Université Laval, du maire de Québec, d’Agnès Maltais, et aussi… de PKP, qui est lui-même régulièrement invité à au moins l’une de ces radios.

Le pire est que vos propos sont modérés. Le portrait s’avère en réalité encore plus sombre.

Ça, je ne pourrais dire, n’ayant pas lu le rapport moi-même.  J’accorde donc à monsieur Vallée le bénéfice du doute.

La vérité, c’est que les radios de droite à Québec enveniment vraiment le climat social de Québec. J’y ai vécu 38 ans, assez pour constater que les boycotter est inutile : leur fiel s’immisce dans tous les endroits publics, colore toutes les conversations. Il suffit d’écouter les passagers de l’autobus ou la station syntonisée par le chauffeur, de magasiner à Place Laurier ou de faire la file au Centre Vidéotron pour reconnaître les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio et recrachés tels quels, sans filtre. Petit à petit, l’incivilité, l’anti-féminisme, l’homophobie et le climato-scepticisme s’immiscent dans les esprits et teintent les propos.

Réglons une chose tout de suite, si vous le voulez bien; qui est ce monsieur Jean-François Vallée pour prétendre détenir ce qu’il appelle “la vérité”?  Ce qu’il raconte ici, et tout au long de son texte dopinion, n’est que sa propre interprétation de la situation.  Ensuite, pour prétendre que “les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio” soient effectivement “recrachés tel quels, sans filtre”, il faut bien entendu avoir écouté “les radios de droite à Québec” soi-même, ce que monsieur Vallée ne nous prouve en aucune façon.  Finalement, si l’incivilité, l’anti-féminisme, et l’homophobie sont des idées dont les frontières sont habituellement bien définies, j’aimerais bien savoir ce que le climato-scepticisme vient faire là-dedans, et ce pour la simple et bonne raison que les théories sur les changements climatiques ne sont encore que des théories, et que rien n’a été prouvé hors de tout doute raisonnable.  Comme on le dit souvent, si c’était vrai, ça se saurait!

La vérité, c’est qu’il n’existe aucun contre-discours crédible sur les ondes de Québec : les droitistes forment un troupeau uni qui monopolise les micros.

Il n’en tient qu’à monsieur Vallée de créer ce contre-discours!  Il n’a qu’à faire comme les autres, c’est à dire demander une licence, et ouvrir une station de radio qui émettra sa propre opinion.

La vérité, c’est qu’aucun indépendantiste ou « gauchiste » n’a passé le test d’embauche dans ces trois radios depuis des décennies, alors qu’au moins 50 % des gens de Québec partagent ces idées. Sylvain Bouchard peut donc dormir tranquille, il ne perdra jamais sa job.

Heureux d’apprendre “qu’au moins 50% des gens de Québec partagent ces idées” indépendantistes ou gauchistes; c’est probablement pour cela que la région de Québec est la seule au Canada où les conservateurs ont fait des gains appréciables lors des élections fédérales du 19 octobre dernier, et que le Bloc québécois, comme le Nouveau parti démocratique (NPD), d’ailleurs, n’y ont fait élire personne!

La vérité, c’est qu’à Québec, les clones d’Elvis Gratton ont pris le contrôle du crachoir et envoient paître systématiquement tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Encore une fois, si monsieur Vallée veut prendre “le contrôle du crachoir”, il sait quoi faire!

La vérité, c’est que ces animateurs sont les émules et les descendants de grand-papa André Arthur, qui a patiemment semé son style empoisonné non seulement à Québec, mais aussi à Saguenay (Myriam Ségal), Montmagny et Rivière-du-Loup (Daniel Saint-Pierre), où il tient chronique.

Il reste que les auditeurs, qu’ils soient à Québec, à Saguenay, à Montmagny, à Rivière-du-Loup ou ailleurs, ont le libre arbitre; s’ils ne sont pas contents de ce qu’ils entendent, ils peuvent toujours changer de station, s’abonner à la radio satellite, écouter des disques compacts, bref, les options sont nombreuses!

La vérité, c’est que ces animateurs connaissent très bien le poids des mots et les font servir à leurs fins. Connotés négativement : « syndiqué », « séparatiste », « péquiste », « québécois », « francophone », « gauchiste », « intellectuel » et « environnementaliste ». Leurs préférés : « environnementeur » ou « enverdeur ».

J’ai lu certains textes écrits par des personnalités connues pour leur côté vert, et j’ai moi-même ajouté à mon vocabulaire les mots “environnementeur” et “enverdeur”, tellement leurs propos étaient souvent tirés par les cheveux!  Encore une fois, on sent que l’auteur de ce texte associe l’environnement à la gauche, ce qui est loin d’être absolu!

Connotés positivement : « travailleur non syndiqué », « fédéraliste », « libéral », « canadien », « anglophone », « conservateur », « militaire », « caquiste » et « pétrole ».

De la façon dont je lis cette phrase, et la précédente aussi, il semble que monsieur Vallée connote lui aussi ces mots, mais de façon diamétralement opposée.  C’est son choix, si tel est le cas.

La vérité, c’est que ces radios sont, sur le plan politique, le bras médiatique des partis fédéralistes de droite. En 2014, c’était le Parti libéral du Québec. En 2015, le Parti conservateur du Canada. Leurs idées sont louangées et leurs élus acclamés, jouissant du privilège d’entrevues mielleuses, complaisantes.

D’abord, il est aussi vrai de dire que le Parti libéral du Québec est de droite que de dire que le drapeau du Québec est noir, avec des flammes orange!  Ensuite, il faut savoir que dans les médias, ça se passe comme ça; les propriétaires (ou les syndicats, dans le cas de Radio-Canada) ont une opinion, et la poussent.  S’il y avait une radio dont le propriétaire est un péquiste fini, à Québec, il est très probable qu’Agnès Maltais – qui se dissocie elle aussi du rapport Payette – y tiendrait une chronique hebdomadaire, à défaut d’être quotidienne.  Pour information, mentionnons que PKP est régulièrement invité en entrevue à la radio québécoise dite de droite.

La vérité, c’est qu’il ne s’agit pas de radios d’opinions, mais de radios à une seule opinion, mur à mur.

Les radios d’opinions sont là pour être mises au défi; il n’en tient qu’à monsieur Vallée, ou à quiconque, de défier les animateurs, que ce soit au téléphone, ou sur la page Facebook de la station.  Là encore, les options sont nombreuses.

En fait, ils logent à l’enseigne des libertariens. Mais ça, ils ne l’avoueront jamais.

Là-dessus, je dirai que pour sa part, monsieur Vallée n’avouera jamais qu’il n’a aucune idée de ce qu’est réellement un libertarien.  Je ferai donc oeuvre de pédagogie, en espérant qu’il lise ceci.  Un libertarien, en une phrase, est un type qui frustre à la fois les conservateurs et les libéraux, en se déclarant en faveur de la libre circulation des armes à feu, afin de permettre aux couples gais de défendre leurs plants de marijuana!  Pour aller un peu plus profondément, je recommande ce billet, que j’ai écrit il y a de cela plus de 5 ans, et qui aide à bien situer sa position politique.  Le petit quiz qu’on y trouve n’a pas la prétention d’être parfait, loin de là, mais il permet de se faire une idée rapidement.

La vérité, enfin, c’est que ces radios sont si anglomanes et francophobes qu’on jurerait qu’elles se sentent investies de la mission de formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone. Tout ce qui est québécois leur est étranger, leur pue au nez. Ils dénigrent, voire haïssent tout ce qui se crée en français. À l’opposé, leur esprit critique disparaît devant tout ce qui vient de l’Amérique anglophone, dont ils embrassent et étreignent la culture.

Il y a une différence entre “formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone” et s’ouvrir à autre chose que l’exclusivement québécois 100% pure laine vierge!  L’attitude du gouvernement du Québec, depuis les années péquistes de René Lévesque, est de tenter d’assimiler les anglophones, ce qui n’est pas mieux, avouons-le!  Je crois sincèrement qu’il y a de la place pour la culture anglophone, que l’on peut écouter de la musique en anglais, par exemple, et ce sans pour autant renier notre langue et notre culture propres.  Aussi, le fait d’inonder le Québec de produits culturels 100% francophones n’ajoute pas de qualité à la production de cette culture.  On se retrouve ainsi coupés du monde extérieur, dans un bouillon de médiocrité, duquel sort parfois un produit d’exception qui sera malheureusement ignoré, parce que trop dilué.

Bref, pour renchérir sur le propos de Madame Payette, les animateurs de ces radios sont profondément aliénés, et irrémédiablement colonisés.

Ceci ne représente qu’une opinion personnelle, face à laquelle je laisse les personnes visées se défendre elles-mêmes.

Et même ceux qui voudraient les ignorer doivent subir quotidiennement cet affligeant spectacle.

Idem ici.  Comme je le disais plus tôt, de nombreuses options s’offrent à ceux et celles qui ne veulent pas entendre ce discours.

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Pont Champlain: Où en est-on, maintenant?

Les jours se suivent, et les voies se ferment, sur le pont Champlain.  Depuis la nuit dernière, une deuxième voie, en direction de la rive-sud, est désormais fermée jusqu’à nouvel ordre. Et selon le site de la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain Inc. (PJCCI), l’opération “Poutre de soutien” est désormais lancée.  Mais qu’est-ce que ça mange en hiver, une telle opération?

J’ai mis la suite du texte en vert; vous verrez plus loin pourquoi.

C’est une opération déjà planifiée, qui doit se dérouler en deux temps.  Dans un premier temps, la stabilisation de la poutre fissurée, à l’aide de la poutre de soutien, puis, dans un deuxième temps, le renforcement permanent de la poutre endommagée.  Voici un diaporama, d’abord fourni aux médias par PJCCI, mais désormais accessible au grand public, dans lequel on illustre, étape par étape, l’opération qui se mettra en branle, concrètement, dans les prochains jours, mais qui, dans les faits, est déjà en préparation depuis ce matin.

La poutre de soutien, dont il est question ici, fut commandée, au coût de 350,000$, pour servir en cas de besoin, comme c’est le cas présentement.  Elle est entreposée depuis 2009, en cinq pièces détachées, près du pont Jacques-Cartier, sur les terrains de PJCCI.  Ces pièces seront transportées sur l’Île-des-Soeurs, par camion, pour être assemblées, et préparer la “super-poutre”, comme on l’appelle communément dans le milieu, à être mise en place.  D’ici là, la circulation se fera sur quatre des six voies, puisque les deux voies de droite, en direction de la rive-sud, demeureront fermées jusqu’au moment de l’opération.

À une date à être déterminée, vers la mi-décembre, on fermera quatre voies, pendant un blitz de deux jours (probablement un week-end), pour procéder à l’installation de la super-poutre.  On la transportera jusqu’à la hauteur de la poutre endommagée, puis on la déposera sur deux appuis, situés sur les section voisines de celle de la poutre fissurée.  On installera ensuite six supports latéraux, par-delà le parapet du pont, qui viendront soutenir, par le dessous, la poutre actuellement mal en point.  La super-poutre utilisera 2 mètres de largeur, sur le tablier du pont; les voies de circulation seront donc réduites afin qu’une fois cette première étape terminée, la circulation soit rétablie sur trois voies par direction, incluant les voies réservées aux heures de pointe.

Au printemps 2014, on passera à la deuxième étape, soit celle de la réparation proprement dite de la poutre fissurée.  Des treillis modulaires, en acier, seront installés afin de soutenir la poutre de façon permanente.  Une fois complétée  l’installation de ces treillis, on retirera la super-poutre de sa position; celle-ci sera démontée, et retournée vers son lieu d’entreposage.  À la fin des travaux de cette deuxième étape, la circulation reprendra son cours sur des voies de dimensions normales.  Le pont sera ainsi solidifié, et pourra tenir le coup jusqu’à l’ouverture du nouveau pont, qui prendra la relève du pont Champlain actuel.

(Faites un test; relisez le texte en vert, et imaginez que c’est Charles Tisseyre, de l’émission Découvertes, sur Ici Radio-Canada Télé; qui vous parle.  Concluant?)

Autre anecdote, plutôt savoureuse; j’écoutais Jean Lapierre, ce matin, au 98,5 fm, dans l’émission de Paul Arcand, alors qu’il racontait que le pont Champlain aurait pu passer à Québec, il y a une dizaine d’années.  Il était ministre des transports, dans le temps, et comme le gouvernement fédéral s’occupait surtout de ponts interprovinciaux, ou internationaux, et éprouvait beaucoup de difficultés à trouver du financement pour les ponts intra-provinciaux, comme Champlain, on avait prévu céder les ponts fédéraux du grand Montréal (il a nommé Jacques-Cartier, Champlain, la partie fédérale de Mercier, mais pas le tunnel de Melocheville; un oubli de sa part?) au niveau provincial, le tout accompagné d’un chèque de 450 millions$.  Lorsque le plan fut présenté au Conseil des ministres, il semble que Jean Chrétien, premier ministre à l’époque, se soit définitivement opposé à ce plan, prétextant qu’il n’était pas question d’envoyer près d’un demi-milliard$ à Québec pour financer un prochain référendum!

Mais revenons à nos moutons.

Au moins, il faut donner au fédéral le mérite qui lui revient; il avait prévu le coup, depuis plusieurs années déjà, et commandé sa super-poutre, au coût de 350,000$, dans le temps.  Dans le cas de Turcot, le MTQ y va de ses plus belles improvisations, fermant parfois des bretelles complètement, et ce pendant des mois!  Bref, je crois que Québec n’a aucune leçon à donner à Ottawa, dans le dossier du pont Champlain; les deux paliers de gouvernement, au fil des ans, ont fait preuve du même laxisme dans l’entretien de leurs structures respectives, pour ne pas dire de la même négligence.

Le remplacement des deux complexes est prévu pour 2021.  D’ici-là, tombe tombe la pluie… de béton!

Rob Ford: Et si c’était lui, le bon politicien?

Depuis quelques jours déjà, la “folle affaire” de Rob Ford est étalée en long et en large dans les médias de masse en tous genres, et on apprend de nouvelles bourdes du maire – en disgrâce – de Toronto presque à chaque jour.

Évidemment, cela apporte deux questions fondamentales, à savoir:

  1. Quels sont les autres scandales politiques, à travers le Québec, et le Canada, qui passent sous le radar, pendant ce feuilleton?
  2. Quel est le bilan politique de Rob Ford, qui est au pouvoir depuis 2010?

À la première question, on pourrait répondre que toute loi, ou tout règlement, qui pourrait offusquer les citoyens risque d’être adopté à toute vapeur, et ce avant que la poussière ne retombe.  Comme au Québec, la Charte de la laïcité, ou  Charte des valeurs québécoises, ou le nom qu’on lui donnera demain, en fonction de l’humeur du moment, sert à camoufler que le gouvernement minoritaire de Pauline Marois ne respectera pas ses promesses budgétaires, le scandale Rob Ford servira de paravent à tout ce que l’on veut faire passer en douce, loin des yeux et des oreilles des contribuables.

Quant à la deuxième question, je laisserai James Delingpole, un columnist et blogueur britannique, collaborateur régulier du Telegraph, vous l’expliquer avec son billet, publié dans le National Post, et intitulé “Why Rob Ford is better than most low-life politicians”, ou traduit librement, “Pourquoi Rob Ford est meilleur que la majorité des crapules qui nous gouvernent?”  Bon, d’accord, le texte est en anglais.  C’est pourquoi je tenterai de le traduire du mieux que je le peux.  Voici le résultat.

Pourquoi Rob Ford est meilleur que la majorité des crapules qui nous gouvernent?

De par le monde, nous sommes gouvernés par des pygmées

La semaine dernière, à l’émission d’Arlene Bynon, sur les ondes de la station de radio Toronto Talk 640, on me demandait si l’affaire Rob Ford allait affecter négativement la réputation du Canada.  Je suis britannique.  Je présume qu’on voulait me faire marcher.  Premièrement, cela laisserait sous-entendre qu’un seul anti-conformiste – bon, d’accord, ajoutons Justin Bieber, et disons deux anti-conformistes – pourrait compromettre la réputation durement gagnée, très durable, internationalement reconnue, et largement méritée du Canada de ne pas vraiment être la nation la plus “rock n’roll” de la planète.  Deuxièmement, cela soutiendrait que les politiciens sont tenus en si haute estime que nous sommes gravement bouleversés dès que l’un d’eux tombe.

Mais nous savons tous que les politiciens sont essentiellement des crapules sans principes.  C’est vrai, il peut y avoir des exceptions, mais généralement, notre opinion des politiciens est tellement basse que nous n’éprouvons aucune surprise lorsque l’un d’eux se fait prendre les culottes baissées.

Est-ce un signe que nous sommes entourés de trop de cynisme? Au contraire, j’avance plutôt que nous leur en demandons trop!  De par le monde, nous sommes gouvernés par des pygmées – pleutres; intellectuellement, et souvent moralement, corrompus; opportunistes; assoiffés de pouvoir; plus préoccupés par leur survie politique que par le souci de faire les bonnes choses.  Peu, sinon aucun d’entre-eux, n’ont eu le courage de faire face aux véritables défis qui se dressent devant nous; ils ont répondu à l’endettement massif en imprimant plus de billets de banque, et en repoussant le problème plus loin; ils se sont laissé séduire corps et âme par l’arnaque environnementale, qui nous amène à la faillite, et nous sur-réglemente sans cesse.  Et bien entendu, ils mentent.

Et c’est dans ce contexte que je me suis curieusement retrouvé dans une relative sérénité, face à l’affaire Rob Ford.  Évidemment, avoir un maire ivrogne, consommateur de crack, n’est pas l’idéal.  Mais honnêtement, je suis plus intéressé par ce qu’un politicien peut apporter à travers sa vie publique que par ce qu’il peut faire dans sa vie privée, aussi merdique puisse-t-elle être.

Pour voir tout ça sous un autre angle, demandez-vous qui devrait gouverner les menus détails de votre existence, entre a) un démon sorti de l’enfer, fumeur de crack, qui maintient les taxes basses, qui rend la fonction publique plus efficace, et qui, pour le reste, laisse ses sales doigts hors de vos affaires, ou b) un bien-pensant plus propre que propre qui, convaincu de ses valeurs morales supérieures, va se sentir justifié de s’immiscer dans tous les aspects de votre vie à grands coups de taxes, de lois et de règlements?

Pour moi, c’est une évidence.  Nous sommes tous des géants aux pieds d’argile.  Autant je n’ai pas à juger, disons, la musique de Bill Evans, en se basant sur le fait qu’il avait un problème de consommation d’héroïne, autant je n’ai pas à juger l’héritage d’un politicien à sa vie personnelle exaltée.  D’accord, c’est vrai que Rob Ford est un cas extrême.  Mais il me semble, compte tenu des attentes élevées que nous maintenons envers eux, que plus nos politiciens doivent être purs et propres, plus nous risquons de finir avec des politiciens blêmes et lâches, mais non moins dangereux et indélogeables, qui rendent la vie des gens misérable, à travers le monde.

Je trouve que l’opinion de monsieur Delingpole rejoint ma pensée, globalement parlant.  Autre point; nous sommes très forts pour porter un jugement sans connaître l’histoire au complet.  Et Dieu sait que les médias nous aident beaucoup, pour ce faire.  Mais le fait que les médias ne présentent qu’un seul côté de la médaille ne nous exempte pas de tout faire pour voir l’autre côté.  Les médias de masse ne nous disent pas que les taxes ont baissé, pour les contribuables torontois, depuis que Rob Ford est au pouvoir.  Ils ne disent pas non plus que suite à la renégociation des conventions collectives, d’une part, et à la réduction de la taille de l’appareil administratif d’autre part, la fonction publique de la ville-reine est plus efficace que jamais!  Le fait qu’une partie de la dette à long terme de la ville de Toronto ait été remboursée passe aussi sous silence, dans les médias.  Mais l’administration de Rob Ford a fait tout cela, à l’intérieur d’un délai d’environ trois ans.

Je ne m’inquiète pas tant des agissements de Rob Ford à Toronto que de ceux de nos chers politiciens d’ici, qu’ils soient au municipal, au provincial, ou au fédéral.  Car si un “junkie” au dernier degré a pu faire tout cela, que font nos politiciens “plus blancs que blanc”?  Je crois sincèrement qu’en tant que contribuables, nous devrions porter davantage notre jugement sur les résultats des politiques publiques que sur l’image des politiciens qui les votent.  Notre pays, notre province, et nos villes, ne s’en porteraient que mieux!

Matricule 728: Un petit bout de film ne suffit pas!

Tout le monde se souvient des événements du printemps de 2012, lorsque des étudiants ont pris la rue, au lieu de leur avenir, en main.  Évidemment, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a dû intervenir à chaque fois, ou presque, lors de ces multiples manifestations, les participants n’étant pas toujours et exclusivement des étudiants.  Parmi les interventions policières, celle du 20 mai avait attiré l’attention; les images de la policière Stéfanie Trudeau, alias “matricule 728”, en train de poivrer généreusement des manifestants, avaient rapidement fait le tour des internets, comme le dirait George W. Bush.

Suite à la diffusion, pratiquement en boucle, de ces images sur Twitter (@levraiRichard3), j’avais réagi en disant que l’on ne voyait qu’un extrait, et que l’on ne pouvait pas porter un jugement sur l’événement en son entier; en effet, les images ne montraient pas ce qui avait amené la policière Trudeau à réagir de la sorte, puisque l’extrait commençait quelques secondes à peine avant l’intervention de l’agent 728.

Or, voilà que la Société Radio-Canada (SRC) nous rapporte, dans cet article, sur son site web, que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) ne portera pas d’accusations contre l’agent Stéfanie Trudeau, du SPVM, en ce qui concerne les événements du 20 mai.  Selon l’article, le DPCP précise que la preuve soumise, dont la vidéo, “ne permet pas d’apprécier l’intégralité de l’évènement et son contexte”. Il ajoute également que la manifestation avait été déclarée illégale et que ladite “intervention ne dépassait pas les limites établies par l’article 25 du Code criminel et la jurisprudence sur l’emploi de la force nécessaire par un agent de la paix chargé de l’application de la loi”.  En deux mots, ils ont dit comme moi!

Cela prouve donc que, contrairement à Bobino, le personnage de ma tendre enfance qui, quelques fois par émission, demandait à Télécino de “passer un petit bout de film”, il faut une preuve beaucoup plus complète qu’un bout de séquence vidéo coupé, et sorti de son contexte précis, pour accuser une personne d’avoir commis des gestes répréhensibles.

À la fin de l’article de la SRC, on fait grand mention du passage de l’ancien porte-parole de la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, à l’émission 24 heures en 60 minutes, émission diffusée entre autres sur la chaîne régulière de la SRC.  Cela amène à croire que monsieur Nadeau-Dubois est devenu, à toutes fins pratiques, un panéliste régulier de l’émission, et l’un des invités les plus réguliers de l’animatrice Anne-Marie Dussault.