Pont Champlain: Serait-ce « la bonne petite crise identitaire » que le PQ cherche tant?

En lisant les réactions de Québec – et accessoirement celles de Montréal – aux annonces faites ce mercredi par le ministre fédéral des transports, Denis Lebel, j’en suis à penser que le gouvernement de Pauline 1ère 1ère (avouez que ça faisait longtemps que je ne l’avais pas appelée comme ça!) devrait cesser cette commission stupide, coûteuse et surtout inutile sur le projet de loi 60 (oui oui, celui sur la Charte!), et investir son tout-va dans le dossier du pont Champlain.  Non, mais c’est vrai; selon ce que rapporte Tommy Chouinard, sur le site web de La Presse, il n’y a pas une, ni deux, mais bien cinq sources de colère pour Québec!

Je fais faire un truc que je n’ai pas fait depuis un bon bout, soit de prendre ces cinq points en litige cités par le journaliste, et les décortiquer un à un, afin d’expliquer mon point de vue sur ces pommes de discorde.  En kaki, ce sont des extraits du texte de Tommy Chouinard.  Allons-y!

> Le péage

Ottawa persiste à vouloir imposer un péage sur le nouveau pont. «J’aurais souhaité que le gouvernement fédéral soit davantage sensible» à cette question, alors que le péage est rejeté par toute la région métropolitaine, a déclaré le ministre des Transports et des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault. «Je tiens à mentionner que M. Lebel a dit qu’il n’avait pas l’intention de dévoiler le montant exact du péage; [ce serait fait] seulement quelque temps avant l’ouverture du pont. Écoutez, on ne peut pas fonctionner comme ça.»

Si on ne peut pas fonctionner comme ça, le ministre Sylvain Gaudreault devrait nous expliquer pourquoi Québec a fonctionné exactement de cette façon avec les deux ponts à péage qui furent construits récemment, soit le pont Serge-Marcil, sur l’autoroute 30, et avant, le pont Olivier-Charbonneau, sur l’autoroute 25.  Bien entendu, il aura le loisir de répondre que c’est la faute aux libéraux, mais encore!  Le tarif étonnamment bas du pont de l’A-30 sera corrigé le 1er février; ainsi, le tarif pour une voiture sera de 2$, pour l’A-30, alors qu’il varie déjà de 1,84$ en période hors-pointe, à 2,44$ aux heures de pointe, sur l’A-25.  Ces tarifs servent à financer la construction et l’entretien de chacun de ces ponts, et de certains tronçons d’autoroutes s’y rattachant; c’est d’ailleurs le cas dès qu’un partenaire privé est sollicité par le gouvernement, dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP); celui-ci finance l’opération, et charge les usagers en retour.  Pendant que nous y sommes, le ministre Gaudreault devrait aussi nous expliquer comment on pourrait fonctionner, si l’on ne peut pas fonctionner comme ça.

> Les niveaux

Ottawa écarte le scénario d’un pont à deux niveaux, celui privilégié par Québec et les membres du Bureau de partenaires du pont Champlain. Le niveau inférieur serait réservé aux transports collectifs – autobus et train léger. Le niveau supérieur accueillerait à la circulation automobile, avec six voies, deux accotements et une piste pour les piétons et les cyclistes.

Si le gouvernement Marois est frustré par cette prise de position, je dois avouer que je le suis aussi, quoique pour des raisons fort différentes.  Alors que Québec visait les deux niveaux pour des raisons de sécurité, disait-on, de mon côté, je me désole de voir que l’on veut construire un pont avec la même capacité que le pont Champlain actuel, qui est déjà congestionné à chaque jour!  Si l’on peut saluer l’aménagement d’une piste cyclable et piétonnière, ce n’est sûrement pas l’addition d’un train, puisse-t-il être léger, qui va redonner la fluidité à la circulation aux heures de pointe, puisque celui-ci remplacera les autobus qui utilisent présentement la voie réservée en sens inverse de la circulation de pointe.  Et comme les stationnements incitatifs Panama et Chevrier sont pratiquement toujours remplis à pleine capacité, tout porte à croire que les gens continueront à prendre leur voiture pour se rendre à Montréal, et le nouveau pont sera tout aussi congestionné que l’est le pont actuel.

> La facture

Québec soupçonne Ottawa de vouloir lui refiler la totalité de la facture du train léger (SLR). Il lui demande de financer le SLR avec l’enveloppe dite «au mérite» du Fonds Chantiers Canada. La part de cette enveloppe qui reviendrait au Québec – environ 1 milliard de dollars – devrait être consacrée à ce seul projet, estime le gouvernement Marois.

Face à ce constat, Québec devrait reconsidérer son choix.  Un système ferroviaire conventionnel, comme celui du Train de l’Est, ou des autres trains de banlieue, coûterait probablement moins cher à aménager et à opérer, puisque sa compatibilité avec les voies ferrées existantes permettrait de complètement redéployer l’offre de trains de banlieue sur la rive-sud de Montréal.  On pourrait ainsi ouvrir des lignes vers Châteauguay et Salaberry-de-Valleyfield, vers Saint-Jean-sur-Richelieu et Granby, vers Saint-Hyacinthe et Drummondville, ainsi que vers Contrecoeur et Sorel-Tracy.  Le tout, accompagné d’arrêts et de stationnements incitatifs à chaque route importante, le long de ces trajets, pourrait se faire au rythme des budgets, et de la demande.

> Le bureau conjoint

Le gouvernement fédéral ne donne aucune réponse à la demande de Québec de créer un bureau conjoint Canada-Québec pour la construction du nouveau pont.

Quant à cette demande, pour ma part, Québec devra “s’asseoir dessus”, comme disait mon ex!  Le pont Champlain est de responsabilité fédérale, et le pont à construire, qui le remplacera, le sera aussi.  En conséquence, le gouvernement Marois devra se contenter de répondre aux question que daignera bien lui poser Ottawa, le cas échéant.  Si l’on remplaçait un pont à responsabilité partagée, comme le pont Honoré-Mercier, par exemple, un bureau conjoint serait le bienvenu, mais comme il s’agit d’un projet fédéral à 100%, Québec devrait profiter de l’occasion, qui lui est offerte sur un plateau d’argent, pour conserver son personnel (si tant est qu’à la lumière des révélations du rapport Duchesneau, le MTQ ne déborde pas d’ingénieurs!), afin de faire avancer d’autres dossiers importants, comme celui de l’échangeur Turcot.

> Le concours

Québec regrette que le fédéral ne tienne pas un concours architectural pour le design du nouveau pont.

Ça aussi, c’est malheureux, mais puisque tout le monde faisait pression sur Ottawa pour agir plus rapidement, dans la construction d’un nouveau pont, en remplacement de Champlain, il leur a bien fallu couper quelque part.  Personnellement, je préfère que l’on coupe le concours architectural que sur l’ingénierie, par exemple, ou sur la qualité du béton.

Plus sérieusement, si Québec se donnait la peine de coopérer, un tant soit peu, avec Ottawa, au lieu de constamment monter des dossiers de chicane, peut-être que le remplacement du pont Champlain pourrait avancer encore plus rapidement.

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Québec solidaire: Enfin, des nouvelles!

Quelle ne fut pas ma surprise, ce matin, de voir, dans les pages d’opinion du Journal de Montréal, plus précisément à la page 29, une lettre ouverte, adressée au PLQ, et au PQ, et signée par les deux porte-parole de Québec suicidaire,… euhhh, je veux dire, de Québec solidaire, à savoir Amir Khadir, et Françoise David.  Il y avait même leur photo!  Depuis le temps que je n’avais eu de leurs nouvelles, à ces deux-là, ils ont littéralement fait ma journée!

Leur lettre se lit comme suit:

Lettre ouverte au PLQ et au PQ

Depuis quelques jours, un maraudage intensif se déroule entre les partis politiques présents à l’Assemblée nationale.  Monsieur Charest est heureux d’accueillir des députés adéquistes sans s’interroger plus longuement sur leurs idées.  Puis, c’est au tour de Pauline Marois de déclarer que les députés adéquistes souverainistes et « partageant un certain nombre de valeurs » (lesquelles?) seraient les bienvenus au Parti québécois.

Il nous paraît pourtant difficile d’oublier des propositions adéquistes telles que: plus de place au privé dans le système de santé, permission donnée aux médecins d’exercer à la fois dans le privé et le public, l’abolition des commissions scolaires, le paiement par les détenus d’une partie de leurs frais de détention, etc.  Et puis, rappelons-nous les pancartes adéquistes, marquées par l’intolérance et la xénophobie, dans les élections partielles de Bourget.

À l’image du PLQ, le PQ est prêt à accueillir des députés de l’ADQ.  Il faudrait peut-être que le PQ clarifie ses positions: social-démocrate ou…?  Il n’est pas étonnant, au vu du maraudage général auquel nous venons d’assister, que tant d’électrices et d’électeurs ne votent même plus tant ils croient que les partis politiques sont tous pareils et interchangeables.

Tous?  Non, il y a Québec solidaire qui est et demeure un parti écologiste, épris de justice sociale et d’égalité et attaché à une véritable démocratie.  Nos idées sont claires et connues.  Bienvenue à celles et ceux qui les partagent!

Françoise David

Amir Khadir

Porte-paroles, Québec solidaire

Essayons maintenant de « lire entre les lignes », si vous me le permettez.

D’abord, du maraudage, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours.  Et les meilleures personnes pour juger si le député maraudé a bien fait, ou non, ce sont les électeurs dudit député; s’ils ne sont pas d’accord avec le changement, le député perdra son siège.  Un point, c’est tout.  Ainsi, les deux transfuges adéquistes sont loin d’être réélus, dans leur circonscription respective.  Plusieurs électeurs ne le prendront tout simplement pas, et voteront pour un autre candidat.  Quant à savoir les idées de ces transfuges, du moment qu’ils appuieront leur nouveau parti, lors des votes à l’Assemblée nationale, les entrevues sont de courte durée.

Dans le paragraphe suivant, les porte-parole de QS reprennent leur discours alarmiste et pleurnichard, autant au sujet des points défendus par l’ADQ qu’à celui des fameuses pancartes, dans Bourget.  Il faudrait commencer par expliquer que la personne qui crie à l’intolérance, à cause de quelques pancartes un tant soit peu explicites, est tout aussi intolérante, sinon davantage encore, que les pancartes elles-mêmes pourraient l’être.  Et en ce qui concerne les politiques phares de l’ADQ, elles sont des politiques comme n’importe quelles autres politiques; elles ont de bons côtés, et de moins bons.  Pour ma part, elles se comparent avantageusement à celles de QS, comme le retour obligatoire de La soirée du hockey, à Radio-Canada, les samedis soirs, ou encore le salaire minimum à 10,00$ de l’heure.

La position du PQ est facile à expliquer, pour quiconque a suivi les informations, ces derniers temps.  Elle se résume à un mot; survie.  C’est triste à dire, mais Pauline 1ère risque de se diriger tout droit vers une défaite aussi cinglante, ou même pire encore, que celle qu’a connue André Boisclair, lors du dernier scrutin général.  Devant cette possibilité, elle est prête à prendre n’importe qui, du moment où la personne se déclarera solidaire des décisions du parti.  Par contre, force est de constater que le « score de maraudage » de madame Marois n’est pas très fort.

Quant à savoir si c’est le fait que les partis soient « tous pareils et interchangeables », qui détournent « tant d’électrices et d’électeurs » de l’exercice de leur droit de vote, permettez-moi d’en douter.  Depuis les débuts de la Révolution tranquille, les politiciens ont tout fait pour éloigner la politique des gens ordinaires, et les gens ordinaires de la politique.  Avec des philosophies du genre « les problèmes sont complexes, et il faut des solutions complexes », on a « tassé » les partisans de la base, ceux qui connaissaient les secrets d’une bonne « cabale », afin de faire place aux « érudits », aux universitaires, qui volent au-dessus de la mêlée, et aux diplômés de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP).  Résultat: les seuls partisans qui sont restés sont ceux qui posent les pancartes, par grands vents, sans poser de questions, et ce parce que tous les autres se sont sentis chassés.  Aujourd’hui, les électeurs, pour un grand nombre, sont des descendants de ces partisans échaudés, qui ont ressenti du rejet, de la part des érudits, et qui se sont mis à dire que « les politiciens sont tous des crosseurs ».  Excusez le terme, mais c’est ça.

Vous croyez qu’à entendre continuellement, à la maison, cette façon de décrire les politiciens, les jeunes de ce temps-là – les électeurs d’aujourd’hui – se sont intéressés à la chose politique?  Ils ne la regardent qu’à l’occasion, par le biais des médias, eux-même biaisés, et en viennent très rapidement aux mêmes conclusions que leurs parents, et ce même s’ils n’ont, pour la plupart, jamais mis les pieds dans un bureau de campagne électorale.  Ils demeurent indécis jusqu’au dernier moment, puis le jour du vote, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas sortir dehors.  On se retrouve ainsi avec des taux de participation sous les 70%.

Quant à la conclusion, il est vrai que les partis ne sont pas « tous pareils et interchangeables ».  Il y a Québec suicidaire (désolé, c’est plus fort que moi), qui est un parti rigolo, pour ne pas dire hilarant, tellement il se prend au sérieux, tout en offrant des politiques tout à fait utopiques.  Si des élections sont déclenchées, mercredi prochain, je leur prédis plus ou moins la même chose qu’au dernier scrutin, à savoir une deuxième place sur le Plateau Mont-Royal, et rien de plus que de la figuration, ailleurs au Québec.

« Un peu de vision, bordel! »: Enlevez vos oeillères d’abord, madame Roy!

J’aime bien commenter certains textes de façon directe, c’est à dire de copier un écrit, et d’y répondre directement, à travers le texte original.  Aussi, un article de Virginie Roy, publié mercredi dernier (5 mars) sur le site Canoë, m’a interpellé.  Son titre: Un peu de vision, bordel!

Alors voilà.  Je mets le texte de madame Roy en italique, et en vert (en souhaitant que Canoë ne me fasse pas d’emmerdes), puis j’y réponds avec la fonte et la couleur habituels.  C’est parti.

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Comme le Québec piétine! Voilà qu’il y a vingt ans, on enlevait les postes de péage. Aujourd’hui, l’Institut économique de Montréal, un des organismes les plus influents de l’économie de marché de la province, estime qu’il faut les réintroduire. Le débat semble tellement compliqué et pourtant, il est si simple.

Il est vrai que le Québec piétine, mais pas dans ce que vous rapportez.  En fait, madame Roy, votre exemple ne représente pas du piétinement, mais plutôt une certaine forme d’évolution.  Celle qui fait qu’une solution abandonnée depuis longtemps, parce qu’obsolète dans sa forme, reprend tout son sens une fois que la mise en application en a été modernisée avec succès.  Un peu comme les motomarines; c’était une idée de Bombardier, qui date du début des années 1970, et qui fut ababdonnée à l’époque parce que impopulaire.  De nos jours, plusieurs manufacturiers fabriquent de telles machines, qui bien sûr ont technologiquement évolué.

Un, nos routes ressemblent à la petite sandwich que je déballe pendant mon heure de lunch : en décomposition. Deux, le secteur du transport est celui qui émet le plus de gaz à effet de serre au Québec. Trois, on n’a ni l’argent pour réparer nos routes, ni l’argent pour investir suffisamment dans les transports en commun pour augmenter sa popularité.

Un, il vous faudrait apprendre à faire des sandwiches qui ne se décomposent pas.  Je blague…  C’est vrai que nos routes sont en décrépitude, et ce en grande partie suite à de la pure et simple négligence.  Deux, peut-être est-ce vrai, mais mégatonne pour mégatonne, quelles ont été les dernières variations?  Et l’industrie, elle ne pollue plus du tout?  À moins qu’elle rejette de tout, sauf des gaz à effet de serre?  J’aimerais bien que vous m’éclairiez, là-dessus.  Trois, il semble que le gouvernement québécois ait réussi à dénicher quelques milliards de dollars pour tenter de sauver les meubles, et ce dans les deux options que vous présentez.  Quoique je ne sais pas encore où il va les prendre.  Peut-être ne nous a-t-on que passé de belles annonces.

Bref, on est dans la merde.  À qui le dites vous!  Pas nécessairement – et pas exclusivement non plus – pour les raisons que vous énumérez ici, mais effectivement, on est dans la merde.

Alors, pendant que Pauline Marois veut sa conversation nationale, je propose plutôt un tête-à-tête avec le comptable du Québec.

Je vous rappelle un peu les faits. L’Institut économique de Montréal croit que la réintroduction des péages est la meilleure solution pour la province. L’étude analyse quatre scénarios plausibles et suppose que l’automobiliste paye 0,05 $ par kilomètre. Le scénario que privilégie l’organisme est le quatrième, soit celui où le péage s’applique à toutes les autoroutes du Québec, ce qui rapporterait la rondelette somme de 1,6 milliard de dollars.

Pour vous donner un exemple, le plan stipule qu’il coûterait 4,80 $ pour traverser les ponts montréalais en heure de pointe et 30 $ pour un aller-retour à Québec.

Cette peur d’une nouvelle taxe a engendré un phénomène instinctif chez le Québécois typique: s’assurer que le gouvernement dépense bien l’argent. Comme les revenus générés par les immatriculations et permis de conduire ne sont finalement pas investis dans nos routes, ou très peu, plusieurs ont estimé important que l’argent généré par les postes de péage soit exclusivement réservé pour la reconstruction des routes. Ce qui veut malheureusement dire: exit l’argent pour les transports en commun.

L’argent des immatriculations et permis de conduire a servi à quoi, au juste?  Je ne le sais pas précisément, moi non plus, mais je sais, par contre, qu’en plus de ces frais payés par tous les détenteurs de véhicules de promenade, et de permis, je dois payer, parce que j’habite le grand Montréal, 30$ de plus que mes frères et soeurs qui habitent en région pour immatriculer ma bagnole, ainsi qu’un cent et demi supplémentaire pour chaque litre d’essence que je mets dedans.  Pourquoi dois-je payer ces « extras », et pas eux?  Parce que je suis obligé – je n’ai même pas le choix – de verser directement ces sommes au transport en commun.  Pouvez-vous me dire, en retour, quelle est la fraction du coût d’un billet d’autobus qui va directement au remplissage des nids-de-poule?  Car après tout, madame Roy, si je paie pour le transport en commun sans même l’utiliser, les autobus utilisent aussi les routes, et de par leur poids et leurs dimensions, ils contribuent davantage que la voiture à la décrépitude du réseau routier, et ce même lorsqu’il n’y a aucun passager à bord.

Environnement qui?

Je trouve bien dommage que l’on n’ait pas plus de vision. Par conséquent, cette semaine, presque personne n’a parlé de l’impact environnemental que pourrait avoir une telle initiative. Presque personne n’a soufflé les mots : transports en commun. On a surtout parlé du 1,6 milliard de dollars qui pourrait servir à reconstruire nos fameux rubans d’asphalte. Et pourtant, l’environnement a tout à y voir dans ce projet, car le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.

D’abord, si les environnementalistes veulent prouver qu’ils ont, contrairement au « bas-peuple », une vision globale, ils devraient commencer par enlever leurs propres oeillères!  Ensuite, c’est bien vrai que le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.  Voyez-vous, le coût de l’auto finance également le transport en commun, dans le grand Montréal, à hauteur de 30%.  Et je ne compte pas toutes les autres ponctions (comme les réparations supplémentaires aux véhicules, et les taxes de vente qui en découlent, dûes au mauvais état des rues et des routes) et taxes supplémentaires (près de 50% du prix de l’essence à la pompe sont des taxes!) qui font tourner l’appareil gouvernemental, celui-là même qui subventionne plein de projets, comme la construction d’une usine de production d’éthanol, à Varennes, au grand plaisir des environnementalistes.  Du moins jusqu’à ce qu’ils se rendent compte par eux-mêmes que, comme je l’ai moi-même dit sur d’autres tribunes, et que des gens beaucoup plus influents que moi ont aussi prévenu, en plus de ne rien sauver du côté de la pollution, le déséquilibre causé dans la production agricole, du fait que beaucoup d’agriculteurs allaient vendre leur maïs à l’usine d’éthanol, plutôt qu’aux acheteurs habituels de l’industrie alimentaire, allait précipiter les prix des céréales vers des sommets inégalés, en plus de provoquer des risques de pénurie pour la production des aliments.  Mais ça, jamais les environnementalistes ne voudront l’endosser.  Alors vous imaginez peut-être, madame Roy, que ceux-ci vont accepter quelque blâme que ce soit si jamais un gouvernement va de l’avant avec leur dernière trouvaille, et que cela tournait mal?

Les écologistes ont tous le même point de vue.  Bien sûr; ils croient tous détenir LA vérité!  S’il y a plus de postes de péage, il y aura nécessairement plus de personnes qui utiliseront les transports en commun. Or, je trouve plutôt injuste de punir les automobilistes en les taxant, tout en ne leur donnant aucune autre porte de sortie. Ainsi, le gouvernement en aura plein les poches et pourtant, rien n’est prévu pour offrir une alternative aux automobilistes qui décideront de délaisser leur voiture. Par conséquent, il coûtera 30 $ pour se rendre à Québec. Un point c’est tout.

Avec une telle opinion, j’ai presque envie de vous qualifier d’adéquiste, madame Roy!  Dans les faits, la réaction de l’ADQ face à la publication de la note économique de l’IEDM fut, à peu de choses près, la même que ce que vous exprimez dans ce paragraphe.  Il faut toutefois préciser que si les revenus de péage vont à l’entretien des routes, il en coûtera peut-être 30$ aux automobilistes pour un aller-retour à Québec, mais si ceux-ci évitent des centaines de dollars de réparations, ce sera une somme bien investie, pas vrai?

Revenons à la source: pourquoi voulons-nous des postes de péage? Oui, pour reconstruire nos routes, mais c’est surtout pour diminuer le flot des voitures. Si le maire Tremblay a évoqué cette solution, ou si de grands centres urbains l’ont appliquée, c’est très expressément pour gérer la congestion, grâce à des péages variant selon l’heure. C’est aussi pour réduire le nombre d’automobiles qui entrent dans le centre-ville et pour atténuer le trafic dans la ville.

Le but ultime devrait être, finalement, de combattre la pollution atmosphérique. En considérant cette cible, tous les autres objectifs suivraient naturellement.

Quel que soit le but visé par l’un ou l’autre des protagonistes dans ce dossier, à mes yeux, il est hors de question que les sommes recueillies par le biais d’éventuels péages imposés aux automobilistes aillent au transports en commun!  Ceux-ci, en fournissant environ 30% du budget dans le grand Montréal, ainsi qu’une part plus ou moins équivalente dans les autres agglomérations de la province, subventionnent déja largement les services de transport de masse.  Personnellement, je crois qu’il serait grandement temps que les usagers de ces services en paient une plus juste part.  Sans exiger un paiement intégral, les usagers devraient, selon moi, défrayer au moins 50% du coût du service; après tout, ce sont eux qui en profitent directement.

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Et en définitive, compte tenu de la manière dont les fonds publics sont gérés par tous les ordres de gouvernement, je demeure convaincu que la meilleure façon que les revenus de péage aillent directement dans l’entretien de la route sur laquelle ils ont été prélevés est que l’on confie l’entretien des routes à l’entreprise privée, sous la forme de contrats à long terme, accordés suite à des appels d’offres.  Le tout devra toutefois être soumis à une réglementation qui interdirait les monopoles, autant publics que privés.

 

PQ: Pauline 1ère est tannée

Ce dimanche, une dépêche de la Presse canadienne, qui a rapidement trouvé écho dans la plupart des sites de nouvelles, nous informe que Pauline 1ère, la cheftaine des troupes péquistes, commence à avoir son maudit voyage de voir certaines personnalités bien en vue, et surtout originaires de son parti, prendre des positions opposées aux siennes sur la place publique.

C’est que, voyez-vous, Pauline 1ère est une fervente partisane de la réforme en éducation, et ce pour une raison bien simple; ça vient d’elle!  Aussi, quand elle a vu les Bernard Landry, Joseph Facal et Jean-François Lisée, pour ne nommer que ceux-là, s’associer à la manifestation en faveur d’un moratoire sur la mise en place de la réforme, qui devrait en principe s’appliquer aux élèves de 4e et 5e secondaire en septembre prochain, elle est un petit peu montée sur ses ergots, la madame.  Elle a donc profité d’une allocution devant une poignée de membres, à Québec, pour mettre le poing sur la table, et demander de la discipline au sein du parti.

Or, si Pauline 1ère croit qu’un simple coup de semonce comme celui-ci suffira à faire rentrer tout le monde – y compris les « belle-mères » – dans le rang, c’est qu’elle ne connaît probablement pas encore beaucoup les membres les plus influents de son parti, malgré toutes ses années de militantisme.  Si l’on regarde parmi leurs diverses occupations, Bernard Landry est analyste à la chaîne spécialisée ARGENT, alors que Joseph Facal a toujours sa colonne hebdomadaire dans le Journal de Montréal, en plus d’être collaborateur à l’émission Bazzo.tv, diffusée à Télé-Québec.  Quant à Jean-François Lisée, il est au PQ depuis l’avènement de Jacques Pariseau à la présidence, au début des années 1990, et jouissait d’une excellente position au sein du magasine L’Actualité.  Ces trois sbires du PQ sont donc connectés directement avec le peuple, ou pourraient rapidement l’être, dans le cas de Lisée.  C’est donc dire qu’ils continueront de dire ce qu’ils veulent, malgré les coups de semonce de Pauline 1ère.  Ceci dit sans compter le SPQ-Libre, qu’elle tente aussi de ramener à l’ordre, mais elle aura à composer avec un Marc Laviolette qui a toujours pas mal fait à sa tête, depuis qu’il est en poste.  Parlez-en à André Boisclair; il doit sûrement se souvenir encore de la réplique de Laviolette, suite à sa déclaration selon laquelle les syndicats et le pouvoir ne feraient plus nécessairement copain-copain s’il était élu premier ministre.

Selon moi, tout ce que risque d’attirer Pauline 1ère si elle ne va pas plus loin qu’une telle mise en garde à ses troupes, ce sont quelques couteaux dans le dos, bien aiguisés.  Et une fois le processus commencé, il ne manquera plus que Yves Michaud s’en mêle, afin que le leadership de madame Marois soit remis en cause.  Et le moment idéal pour cela, c’est juste avant le début d’une campagne électorale.  Encore une fois, André Boisclair pourrait en témoigner.  Si Pauline 1ère veut vraiment assumer son leadership, et démontrer une poigne de fer, elle devra utiliser la méthode de René Lévesque; montrer la porte aux dissidents.  Ceux-ci pourront toujours aller se rapporter au Parti indépendantiste du Québec, qui tient aujourd’hui même son assemblée de fondation.

Accommodements raisonnables: où en est-on, finalement?

Où en est-on, finalement, avec toute cette affaire des accommodements raisonnables?

Les politiciens s’accusent à qui mieux mieux. Aujourd’hui, Mario Dumont, notre Girouette nationale, ainsi que Pauline 1ère, accusent le vire-capot frisé d’Amérique, Jean Charest, de faire preuve d’intolérance dans une lettre aux québécois publiée dans les journaux. Hier, c’était le vire-capot frisé d’Amérique qui accusait les deux autres de laisser voir une image peu reluisante du Québec à l’étranger. Bref, la chicane est pognée dans la cabane.

Depuis des semaines, la commission Bouchard-Taylor se promène partout à travers le Québec, se déplaçant même dans des endroits où tous les immigrants de la place pourraient faire des meetings dans une cabine téléphonique, tellement ils sont peu nombreux. Cette commission, à l’image de celle sur le viaduc de la Concorde, coûtera des millions$ pour en venir à des conclusions que tout le monde connaît, à savoir que l’on est maîtres chez nous, mais que notre liberté s’arrête là où celle de notre voisin commence, et que l’on a tout à apprendre à parler aux immigrants au lieu de les détester en silence.

Toute l’affaire des accommodements raisonnables a pourtant commencé il y a environ un an, au moment où quelques bonnes femmes, outrées de ne plus pouvoir écornifler dehors pendant qu’elles faisaient du vélo stationnaire, se sont plaintes au Journal de Montréal après que le propriétaire du gym où elles s’entraînaient eut fait installer des vitrines givrées, gracieuseté des voisins d’en-face, des juifs hassidiques qui trouvaient dégradant pour leurs enfants de voir des madames exposer leurs bourrelets camouflés uniquements de vêtements en coton ouaté au look pas très à la mode. La question que je me posais à ce moment-là, et que je me poses toujours, est la suivante: Si le propriétaire du gym avait rempli ses vitrines de publicité sur ses dernières promotions, comme le font souvent les marchands de bagnoles, par exemple, est-ce que ces mêmes bonnes femmes se seraient plaintes à un journaliste?

Je crois que tout le monde, dans cette affaire, avait des intérêts bien différents. Les bonnes femmes voulaient retrouver leur « droit » d’écornifler dehors tout en s’entraînant, le journaliste voulait un bon scoop qui permettrait à son boss de vendre du papier, le propriétaire du gym voulait acheter la paix avec ses voisins d’en-face, et les juifs voulaient que leurs enfants puissent s’inspirer d’autre chose que d’images de bonnes femmes trop enveloppées. L’accommodement raisonnable, puisqu’à mes yeux, il l’était tout à fait, était d’autant plus correct qu’il s’est négocié entre deux intervenants du domaine privé, c’est à dire qu’il n’y avait aucun argent public en jeu, ainsi il aurait dû rester privé, comme n’importe quel deal entre deux voisins. Mais non, c’était trop simple.

Toujours est-il que cette affaire a permis à certaines personnes de dire tout haut ce qu’elles pensaient tout bas depuis des décennies; « Icitte, on est au Québec, c’t’en françâ, tabarnak! » Le cri du coeur du québécois moyen était désormais lancé, avec bien sûr le deuxième cri du coeur, correspondant davantage à la situation précise, qui sonne un peu comme « S’ils sont pas contents, ben qu’y retournent dans leu’ pays, ‘sti! ».

Les suites n’ont pas tardé à venir. La Girouette nationale a saisi la balle au bond en disant que les québécois avaient le droit d’être maîtres chez eux, et de ne pas s’en laisser imposer. Puis le citadin montréalissime qu’est André Boisclair, chef du PQ à l’époque, a pour sa part déclaré que le Québec est laïc depuis longtemps et que dans ce sens, les québécois devaient donner l’exemple, en commençant par décrocher le crucifix de l’Assemblée nationale. Autre vague de protestations. Pendant ce temps, le vire-capot frisé d’Amérique était trop occupé à préparer les élections générales pour oser se mettre le nez là-dedans, puis quand il s’est décidé à le faire, en pleine campagne électorale, c’était pour illustrer qu’il n’avait finalement pas grand chose à dire.

Puis les événements se sont succédés. Les trois principaux partis étant arrivés plus ou moins nez à nez, on a surfé dans les médias pendant deux semaines sur la « victoire » de Super Mario alors que dans les faits, la seule chose que l’ADQ ait gagné, c’est le titre d’opposition officielle. Le PQ a fait comme toujours lors d’une défaite, c’est à dire du chief bashing, une tradition bien établie dans ce parti, tradition avec laquelle même René Lévesque a dû composer. Sauf qu’à cette occasion, le chief bashing avait commencé deux semaines avant le début de la campagne, gracieuseté de Bernard Landry et d’Yves Michaud. Les libéraux, quant à eux, ont gagné la plus grande claque sur la gueule que le parti n’ait jamais mangé de la part de l’électorat québécois. Notre vire-capot frisé d’Amérique, après quelques semaines à tenter de retomber sur ses pattes, a dû recommencer à gouverner, mais cette fois en mode minoritaire. Après que le PQ ait sauvé le budget des libéraux, et empêché de nouvelles élections générales, il a fallu se refaire un agenda politique. C’est ainsi que furent mises sur pied diverses commissions, dont celle sur les conditions de vie des aînés, qui passe totalement inaperçue, et celle sur les accommodements raisonnables, qui prend toute la place dans les médias.

Comme le PQ a changé de chef depuis les dernières élections, chief bashing oblige, la nouvelle cheftaine, Pauline 1ère, voulait asseoir sa position toute nationale sur le sujet des accommodements raisonnables. C’est ainsi qu’elle a pondu son projet de loi sur l’accessibilité à la citoyenneté québécoise; une loi qui permettrait à un immigrant d’acquérir une citoyenneté symbolique, parce qu’actuellement inexistante, en devant se conformer à différentes normes, dont la connaissance « appropriée » du français. Re-nouvelle vague de protestations. C’est là qu’on est rendus, comme disait RBO.

Alors maintenant, la question à plusieurs millions de dollars: Où nous retrouverons-nous dans un an?

Moi je dis: À la même place où nous en sommes présentement, mais avec quelques millions$ en moins, gracieuseté de messieurs Bouchard et Taylor. Car une fois tout ce cirque terminé, et les décors recyclés en attendant la prochaine commission, la vie reprendra son cours, et les voisins redeviendront des gens normaux et aimables. Avec toute l’affaire des accommodements raisonnables, on se regarde tous un peu de travers, mais les choses vont reprendre leur place, et nous retrouverons notre train-train quotidien. Jusqu’à la prochaine crise existentielle…