Rob Ford: Et si c’était lui, le bon politicien?

Depuis quelques jours déjà, la “folle affaire” de Rob Ford est étalée en long et en large dans les médias de masse en tous genres, et on apprend de nouvelles bourdes du maire – en disgrâce – de Toronto presque à chaque jour.

Évidemment, cela apporte deux questions fondamentales, à savoir:

  1. Quels sont les autres scandales politiques, à travers le Québec, et le Canada, qui passent sous le radar, pendant ce feuilleton?
  2. Quel est le bilan politique de Rob Ford, qui est au pouvoir depuis 2010?

À la première question, on pourrait répondre que toute loi, ou tout règlement, qui pourrait offusquer les citoyens risque d’être adopté à toute vapeur, et ce avant que la poussière ne retombe.  Comme au Québec, la Charte de la laïcité, ou  Charte des valeurs québécoises, ou le nom qu’on lui donnera demain, en fonction de l’humeur du moment, sert à camoufler que le gouvernement minoritaire de Pauline Marois ne respectera pas ses promesses budgétaires, le scandale Rob Ford servira de paravent à tout ce que l’on veut faire passer en douce, loin des yeux et des oreilles des contribuables.

Quant à la deuxième question, je laisserai James Delingpole, un columnist et blogueur britannique, collaborateur régulier du Telegraph, vous l’expliquer avec son billet, publié dans le National Post, et intitulé “Why Rob Ford is better than most low-life politicians”, ou traduit librement, “Pourquoi Rob Ford est meilleur que la majorité des crapules qui nous gouvernent?”  Bon, d’accord, le texte est en anglais.  C’est pourquoi je tenterai de le traduire du mieux que je le peux.  Voici le résultat.

Pourquoi Rob Ford est meilleur que la majorité des crapules qui nous gouvernent?

De par le monde, nous sommes gouvernés par des pygmées

La semaine dernière, à l’émission d’Arlene Bynon, sur les ondes de la station de radio Toronto Talk 640, on me demandait si l’affaire Rob Ford allait affecter négativement la réputation du Canada.  Je suis britannique.  Je présume qu’on voulait me faire marcher.  Premièrement, cela laisserait sous-entendre qu’un seul anti-conformiste – bon, d’accord, ajoutons Justin Bieber, et disons deux anti-conformistes – pourrait compromettre la réputation durement gagnée, très durable, internationalement reconnue, et largement méritée du Canada de ne pas vraiment être la nation la plus “rock n’roll” de la planète.  Deuxièmement, cela soutiendrait que les politiciens sont tenus en si haute estime que nous sommes gravement bouleversés dès que l’un d’eux tombe.

Mais nous savons tous que les politiciens sont essentiellement des crapules sans principes.  C’est vrai, il peut y avoir des exceptions, mais généralement, notre opinion des politiciens est tellement basse que nous n’éprouvons aucune surprise lorsque l’un d’eux se fait prendre les culottes baissées.

Est-ce un signe que nous sommes entourés de trop de cynisme? Au contraire, j’avance plutôt que nous leur en demandons trop!  De par le monde, nous sommes gouvernés par des pygmées – pleutres; intellectuellement, et souvent moralement, corrompus; opportunistes; assoiffés de pouvoir; plus préoccupés par leur survie politique que par le souci de faire les bonnes choses.  Peu, sinon aucun d’entre-eux, n’ont eu le courage de faire face aux véritables défis qui se dressent devant nous; ils ont répondu à l’endettement massif en imprimant plus de billets de banque, et en repoussant le problème plus loin; ils se sont laissé séduire corps et âme par l’arnaque environnementale, qui nous amène à la faillite, et nous sur-réglemente sans cesse.  Et bien entendu, ils mentent.

Et c’est dans ce contexte que je me suis curieusement retrouvé dans une relative sérénité, face à l’affaire Rob Ford.  Évidemment, avoir un maire ivrogne, consommateur de crack, n’est pas l’idéal.  Mais honnêtement, je suis plus intéressé par ce qu’un politicien peut apporter à travers sa vie publique que par ce qu’il peut faire dans sa vie privée, aussi merdique puisse-t-elle être.

Pour voir tout ça sous un autre angle, demandez-vous qui devrait gouverner les menus détails de votre existence, entre a) un démon sorti de l’enfer, fumeur de crack, qui maintient les taxes basses, qui rend la fonction publique plus efficace, et qui, pour le reste, laisse ses sales doigts hors de vos affaires, ou b) un bien-pensant plus propre que propre qui, convaincu de ses valeurs morales supérieures, va se sentir justifié de s’immiscer dans tous les aspects de votre vie à grands coups de taxes, de lois et de règlements?

Pour moi, c’est une évidence.  Nous sommes tous des géants aux pieds d’argile.  Autant je n’ai pas à juger, disons, la musique de Bill Evans, en se basant sur le fait qu’il avait un problème de consommation d’héroïne, autant je n’ai pas à juger l’héritage d’un politicien à sa vie personnelle exaltée.  D’accord, c’est vrai que Rob Ford est un cas extrême.  Mais il me semble, compte tenu des attentes élevées que nous maintenons envers eux, que plus nos politiciens doivent être purs et propres, plus nous risquons de finir avec des politiciens blêmes et lâches, mais non moins dangereux et indélogeables, qui rendent la vie des gens misérable, à travers le monde.

Je trouve que l’opinion de monsieur Delingpole rejoint ma pensée, globalement parlant.  Autre point; nous sommes très forts pour porter un jugement sans connaître l’histoire au complet.  Et Dieu sait que les médias nous aident beaucoup, pour ce faire.  Mais le fait que les médias ne présentent qu’un seul côté de la médaille ne nous exempte pas de tout faire pour voir l’autre côté.  Les médias de masse ne nous disent pas que les taxes ont baissé, pour les contribuables torontois, depuis que Rob Ford est au pouvoir.  Ils ne disent pas non plus que suite à la renégociation des conventions collectives, d’une part, et à la réduction de la taille de l’appareil administratif d’autre part, la fonction publique de la ville-reine est plus efficace que jamais!  Le fait qu’une partie de la dette à long terme de la ville de Toronto ait été remboursée passe aussi sous silence, dans les médias.  Mais l’administration de Rob Ford a fait tout cela, à l’intérieur d’un délai d’environ trois ans.

Je ne m’inquiète pas tant des agissements de Rob Ford à Toronto que de ceux de nos chers politiciens d’ici, qu’ils soient au municipal, au provincial, ou au fédéral.  Car si un “junkie” au dernier degré a pu faire tout cela, que font nos politiciens “plus blancs que blanc”?  Je crois sincèrement qu’en tant que contribuables, nous devrions porter davantage notre jugement sur les résultats des politiques publiques que sur l’image des politiciens qui les votent.  Notre pays, notre province, et nos villes, ne s’en porteraient que mieux!

Prière au conseil municipal: Ça dérange tant que cela?

Je viens de lire un entrefilet, sur le site web du journal Le Devoir, selon lequel la Commission des droits de la personne trouve inacceptable qu’une citoyenne ait été huée, lundi soir, lors d’une assemblée du conseil municipal de Trois-Rivières.  On retrouve d’ailleurs un compte-rendu beaucoup plus complet des événements de la soirée dans cet article du quotidien local Le Nouvelliste.

Encore faut-il savoir que la citoyenne en question, Louise Hubert, est celle qui a porté plainte contre la ville, dans le but de faire interdire la prière que récitait le maire, Yves Lévesque, au début de chaque séance du conseil, ainsi que tous ses prédécesseurs avant lui, et ce depuis 1926.  Or, comme la Commission avait recommandé au conseil de ne plus réciter la prière, le maire Lévesque a tout bonnement demandé à un citoyen d’en faire la lecture.  La dame ne l’ayant pas pris, elle a voulu prendre la parole, pour critiquer l’attitude du maire, dans cette affaire.  À ce moment, ce sont des citoyens, dans l’assistance, qui ont hué la dame.

Je me demande bien ce qu’entend faire la Commission des droits de la personne, devant la situation actuelle.  Va-t-elle demander que l’on interdise la présence de citoyens favorables à la prière, lors des séances du conseil municipal?  D’ailleurs, le fait que le maire d’une municipalité récite une petite prière de moins d’une minute, avant de commencer les travaux, est-ce que ça dérange tant que cela?  Madame Hubert a résumé, au journaliste Martin Francoeur, du Nouvelliste, la situation en ces mots:

«Quand on prête serment comme maire, on devient responsable du décorum. Et on ne peut pas faire faire par quelqu’un d’autre ce qu’on ne peut pas faire. Il a donné son chapeau à ce M. Beaudoin. On vient d’identifier qui sont les catholiques, qui sont les pratiquants. Je viens ici dans un espace public, un espace laïque. Je ne viens pas ici pour prier ou pour entendre des prières»

Louise Hubert affirme ne pas vouloir entendre de prière; elle n’a qu’à sortir dehors, à aller aux toilettes, ou à écouter son iPod, pendant ladite prière, et personne ne va s’en offusquer.  Quand elle dit qu’on vient d’identifier qui sont les catholiques, elle semble en parler comme s’ils étaient des ennemis à abattre.  De toute façon, si je vais à la séance du conseil municipal parce que je suis intéressé par le 5e point à l’ordre du jour, par exemple, vais-je faire interdire les autres points, parce que je ne veux pas en entendre parler?

On me dirait qu’il s’agit d’un complot, de la part d’une quelconque organisation qui fait la promotion de la laïcité, ou qui tente de l’imposer à tout craints, que j’aurais tendance à le croire.  Je me demande quelle est la « bibitte », que l’on cherche, avec toute cette affaire; est-ce qu’un maire, qui récite une prière, devient automatiquement inapte à diriger les destinées d’une ville?  En quoi le fait d’entendre, de la bouche du maire, ou de celle d’un citoyen, un verbatim du genre « Seigneur, faites de nos élus de bons gestionnaires. Guidez-les dans leurs décisions. Gardez-leur la sagesse et la compréhension pour toujours bien servir les citoyens. Que cette assemblée soit menée dans la sérénité, au bien-être de la collectivité. Amen.« , est-il à ce point traumatisant?  Des plaintes sont déposées dans toutes les villes d’une certaine importance, depuis quelques années.  Je me demande, d’ailleurs, si cette Louise Hubert est bel et bien citoyenne de Trois-Rivières.  Je veux dire, habite-t-elle là-bas depuis longtemps, ou alors est-elle une résidente de « la république du Plateau Mont-Royal », qui a seulement signé un bail, le temps de « débarrasser la séance du conseil de la ville de ses ignobles catholiques pratiquants »?  Avant le dépôt de sa plainte, à combien d’occasions madame Hubert a-t-elle assisté à la séance du conseil municipal de la ville de Trois-Rivières?

Au fond, à quoi devrait-on s’attendre de son conseil municipal, sinon de bien gérer les deniers que les contribuables lui confie?  Que le maire récite une prière, salue la venue de Raël dans les limites de la ville, ou s’agenouille avec le front en direction de La Mecque, je n’en ai rien à cirer; du moment où celui-ci, dans l’exercice de ses fonctions, gère la ville d’une façon honnête, sans magouillage, et que Dieu ne soit pas inscrit sur la liste électorale, j’en fais mon affaire.  D’ailleurs, je serais bien curieux de savoir si une telle plainte a été déposée… à Hérouxville.