Voilà ce qui arrive quand on veut trop intervenir. Selon la chaîne ARGENT, le gouvernement américain souhaite obtenir une procédure d’arbitrage parce qu’il considère les plans de sauvetage de l’industrie forestière du Québec (2 milliards$) et de l’Ontario (3 G$) comme des subventions indirectes, ce qui enfreindrait l’accord sur le bois d’oeuvre, conclu entre le Canada et les USA en 2006.
En gros, l’industrie forestière a subi plusieurs contrecoups, tous dûs à un manque de vision à long terme. D’abord, au niveau des pâtes et papier, une syndicalisation trop forte a privé les usines des fonds nécessaires à leur modernisation. Aussi, un autre joueur est venu déranger le portrait; la Chine exporte du papier pour beaucoup moins cher que le papier canadien. Comme les salaires sont trop élevés, et que les syndicats ne veulent pas vraiment concéder, les papetières se regroupent, pour tenter de réaliser des économies d’échelle, et n’ont pas d’autre choix que de fermer des usines, comme la Belgo, à Shawinigan, propriété d’AbitibiBowater. Du côté du bois d’oeuvre, une entente est survenue en 2006 entre le Canada et les USA à ce sujet, mais à ce moment-là, le dollar canadien, qui fluctuait entre 86 et 90 cents US, permettait toujours d’exporter le bois d’oeuvre et de faire des profits intéressants, même s’ils n’étaient pas comparables à ceux du début des années 2000, alors que le dollar canadien se négociait à 62¢ US. Est ensuite arrivée la poussée du dollar canadien – à moins que ce soit l’effondrement du dollar américain – qui a changé toute la donne. La situation devenait plus enviable pour nos voisins du Sud, cette fois.
Les gouvernements du Québec et de l’Ontario ont choisi de faire une intervention massive dans le but d’aider les villes aux prises avec les problèmes découlant de cette situation. Il n’en fallait pas plus pour que les USA se plaignent; après tout, ils ont signé un « deal » avec nous il y a moins de deux ans, et ils s’attendent à ce qu’il soit respecté. Aussi, ils vont tenter d’examiner le plus soigneusement possible ces interventions gouvernementales afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une aide indirecte à l’industrie forestière comme tel.
Finalement, il s’agit encore une fois des conséquences d’une vision à court terme, autant de la part des syndicats que des gouvernements. Les syndicats n’ont jamais cessé de traire une vache sur le point d’être tarie, alors que les gouvernements, particulièrement celui du Québec en ce qui a trait aux droits de coupe, se sont enfargé trop longtemps dans leurs lacets de bottines. Maintenant, comme à toutes les fois où un gouvernement intervient, il ne reste plus qu’à ramasser les pots cassés.