Publié dans le Journal de Montréal du jeudi 24 juillet dernier, et repris sur le site Canoë, voici le lien vers un article de Jean-Philippe Pineault sur les étudiants mauvais payeurs. L’article explique bien les tenants et aboutissants de cette affaire; le gouvernement, par l’entremise d’un programme, mis en place en 1966, prête de l’argent aux étudiants, afin de payer leurs études. Les fonds doivent être remboursés par les étudiants, une fois leurs études terminées, et ce selon des modalités pré-établies. C’est là que le bât blesse; avec la compilation des données pour l’année scolaire 2006-2007, ce sont plus de 65,000 étudiants qui ont des comptes en souffrance, pour une somme de 815 millions$. L’an dernier, le gouvernement a dû passer l’éponge – lire éponger des sommes impayées – sur 21 millions$ en dettes d’études non remboursées.
La ministre de l’éducation, Michelle Courchesne, a beau dire que « le régime parfait n’existe pas », il n’en demeure pas moins que le gouvernement doit souvent procéder à des saisies, se payer à même des remboursements d’impôts, ou même inscrire des hypothèques légales sur les propriétés des étudiants, qui ne se sont pourtant pas gênés quand fut le temps de demander des prêts. Seulement en 2006-2007, pas moins de 1241 étudiants ont tout simplement déclaré faillite, au lieu de rembourser.
Le plus drôle, dans cet article, ce sont les réactions des porte-parole des fédérations étudiantes. Le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), David Paradis, se dit d’avis que « le programme d’aide financière est déconnecté de la réalité en surévaluant la capacité de payer des étudiants ». Je dirais plutôt que c’est David Paradis, qui est déconnecté de la réalité, parce que tout le monde sait, dans le vrai monde, que quiconque emprunte, que ce soit pour des études, pour financer une maison, ou pour acheter du « pot », doit un jour rembourser.
Pour sa part, Merlin Trottier-Picard, de la Fédération étudiante collégiale du Québec, affirme que des étudiants, qui ont cumulé parfois plus de 20,000$ de dettes, « frappent un mur » en terminant leur formation. Il déclare que « C’est facile d’emprunter. C’est plus difficile de rembourser ». J’ajouterais une suite, à sa déclaration. Quelque chose comme « C’est facile de boire ses prêts et bourses dans toutes sortes de partys, dont plusieurs organisés directement sur les campus. C’est plus difficile de réussir ses examens. » Ça revient à dire que si l’on décide d’entreprendre des études, il faut y mettre un peu de sérieux. Il semble que nos deux porte-parole aient oublié ce petit détail.
Personnellement, je me demande quelle est la dette étudiante de ces deux individus, juste pour le fun. Un tableau, qui accompagne l’article, mentionne que le prêt moyen attribué en 2006-2007 est de 3254$, et que la somme de 21,376$ représente la dette d’études moyenne d’un finissant au doctorat. Il me semble qu’un finissant au doctorat, ça ne se retrouve pas à travailler au salaire minimum. La dette moyenne d’un finissant au baccalauréat se chiffre à 11,467$, alors que 25,390 étudiants ont obtenu une aide financière, alors qu’ils vivaient toujours chez leurs parents. Alors si je prends les paroles de Merlin Trottier-Picard, ses amis, qui ont accumulé parfois plus de 20,000$ de dettes ont dû user leurs fonds de culottes pas mal longtemps dans les CEGEPs. À moins qu’il parle de ses amis universitaires.
À mon point de vue, ceux qui ont des dettes étudiantes mirobolantes, et qui n’ont pas les moyens de les honorer, malgré les plans de remboursement avantageux, parce que beaucoup moins sévères de n’importe quelle hypothèque, sont certainement ceux qui ont étudié dans des programmes de « sciences molles », qui sont impressionnantes sur un CV, mais qui ne valent rien de plus que la feuille de papier sur lequel leur diplôme est imprimé, quand vient le temps de faire la besogne pour laquelle ils finiront par être embauchés. Ce serait probablement aussi le cas des « gosses de riches », qui passent le plus clair de leur temps au CEGEP ou à l’université, parce que leurs parents sont écoeurés de les voir flâner à la maison, et leur dit des trucs du genre « si tu veux pas travailler, au moins, fais quelque chose de ta vie, et vas étudier ». Ces « flancs mous » sont d’ailleurs d’excellents clients des concentrations de sciences molles, subventionnées par le gouvernement, pour flâner dans les institutions d’enseignement supérieur, et certains d’entre-eux pourraient même sûrement devenir porte-parole de fédérations étudiantes, tellement ça fait longtemps qu’ils passent d’un cours, ou d’une concentration, à un autre.
L’une des solutions à ce problème d’endettement, que tout le monde finit par payer, en bout de ligne, avec ses impôts, serait de ne fournir l’aide financière que dans les secteurs à grande demande, comme la médecine, par exemple. Toutes les sciences molles, qui ne garantissent que peu – ou pas – d’emplois, ne devraient permettre ni bourse, ni prêt, et ce afin que les fonds disponibles encouragent la formation d’étudiants vraiment désireux de participer au développement et à l’avancement de la société. Une autre passerait par le refus pur et simple de prêter de l’argent à un étudiant qui change de cours, et ce à partir de la troisième fois. Il existe des processus d’évaluation très efficaces, qui permettent à un étudiant de se diriger vers la bonne formation dès le départ; aussi, on pardonnerait un « recommencement », mais les autres seraient aux frais de l’étudiant. Je crois que ces deux mesures garantiraient une baisse du nombre de prêts non-remboursés, à long terme, parce que les étudiants seraient attendus sur le marché du travail, et ce dès leur graduation. Ils pourraient ainsi rembourser promptement leur dette d’étude.
Mais je vais sûrement me faire dire que de telles mesures vont « à l’encontre du libre choix des étudiants d’étudier dans ce qu’ils veulent ». Mon but n’est pas d’empêcher les étudiants d’étudier dans ce qu’ils veulent. Il est de faire en sorte que le gouvernement finance les futurs diplômés dont la société a vraiment besoin.
aussi un autre problème est que ces dernières années on a un peu trop favorisé les « sciences molles » au lieu des domaines de travaux manuels dans la construction, plomberie, soudeur, etc….et que ce problème s’empirera avec la retraite des personnes travaillant dans les travaux manuels.
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J’ai un plan de carrière bien en vue, ce qui me demande beaucoup de mon temps même en dehors de mes cours (je me permets de me reposer un peu quand même…) qui sont loin d’être des « sciences molles ».
J’ai comme ambition de devenir le meilleur de ma profession, en passant par un cours de métier, une technique du même domaine pour ensuite finir un cours d’ingénieur. J’ai pas peur de me salir et j’excelle, je rend des services honnêtes en électronique parce que je suis un mordu, du bénévolat. C’EST L’EXPÉRIENCE QUI RENTRE…
Chaque pallier me garantit du travail si jamais un désastre m’empêche d’aller plus loin en cours de route.
Seul compromis: le revenu, je dois absolument avoir recours aux prêts et bourses parce que je ne suis plus avec peupa et meuman, que je ne veux plus vivre de leur poche irresponsable (je les aime pareil mais je veux pas dépendre de gens sur l’aide sociale).
Ce que je trouve dommage, c’est de me faire dénigrer par cette jeune élite de gosses riches qui usurpent notre place dans les associations et qui crachent sur mes ambitions dans les écoles ou sur la place publique.
Monsieur Dupuis, je suis D’ACCORD EN TOUS POINTS avec vous.
Et je vous répond: Maudit que j’ai hâte de commencer ma carrière à plein temps pis d’enfin avoir avantage sur ces petits bourgeois qui vivent en dilettantes, en chômeurs instruits (souvent ils sont moins performants en cours de carrière). J’ai aussi hâte de voir ma facture mensuelle de prêt étudiant puis d’être fier à chaque versement que je fais en me disant que j’ai fait le bon choix…
James Temple
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Je tiens à apporter un autre point de vue sur cette situation désastreuse. Je suis venue au Québec en 1997 à l’âge de 19 ans et en 1998 je commençais déjà mes cours en graphisme. Lors de ma visite à cette école privée de Montréal je n’ai eu qu’une explication sommaire de mes obligations – je ne savais pas que 6 mois après avoir fini mes cours je devais commencer à rembourser. Je suis une personne qui de nature n’aime pas s’endetter donc si j’avais su et si la personne ressource de cette institution d’enseignement m’avait bien expliqué comme il faut ce que serait mes obligations après j’aurais je le jure refuser de signer car c’est comme se soumettre à de la torture. Et bien entendu le ministère de l’éducation refuse d’admettre sa part de responsabilité dans toute cette affaire car comment peut-on prêter un montant de $17000 à une immigrante nouvellement arrivée et à qui aucune banque n’aurait prêté cette somme – il faut aussi de la logique car sinon on rend une vie très misérable. Je regrette amèrement mon expérience car cela m’a coûté des nuits de sommeil et je fais de l’anxiété. Si le ministère avait érigé des balises j’aurais été refusée et cela aurait fait mon affaire. C’était irresponsable de leur part. Merci.
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