Le week-end dernier, la route 158 fut le théâtre d’un autre accident mortel. Cette fois, ce fut tout près de la limite municipale de Saint-Lin–Laurentides, et de Saint-Esprit. Deux voitures sont entrées en collision, dans une courbe, face à face. En tout, quatre occupants, tous blessés. L’un d’eux a succombé à ses blessures.
La route 158, entre Saint-Jérôme et Berthierville, a fait son lot de victimes, encore une fois, cette année. On a beau améliorer une intersection ici, une courbe là, il reste que cette route demeure dangereuse, et ce autant dans sa conception que dans le volume de circulation qui s’y retrouve, d’année en année. J’ai fait une petite recherche dans l’Atlas des transports, sur le site du MTQ, afin de comparer le débit journalier moyen annuel (DJMA) de chaque section de cette route. Les résultats ont de quoi surprendre.

En cliquant sur cette carte, vous la verrez en plein écran. Elle décortique la route 158 en 16 sections*, pour lesquelles des mesures de DJMA ont été effectuées entre 2000 et 2008. Les sections sont numérotées, de Saint-Jérôme à Berthierville, et sont décrites sur la carte. Les mesures de DJMA sont compilées sur le tableau suivant.

Dans un reportage de Martin Gauthier, de la SRC Ottawa-Gatineau, on pouvait entendre que le DJMA nécessaire pour construire une autoroute à chaussées séparées est de plus de 10,000 véhicules par jour. Or, on se rend compte, en consultant le tableau précédent, que de nombreuses sections de la route 158 ont atteint, et dépassent les 10,000 véhicules par jour. En fait, c’est le cas pour toutes les sections situées entre l’autoroute 25, à Saint-Esprit, et la route 131 nord, à Joliette. Exactement le tronçon identifié aux couleurs de l’autoroute 50, au début des années 1980. Le plus drôle, c’est que le MTQ possédait tous les terrains nécessaires pour doubler la route 158 actuelle, et en faire une vraie autoroute. Croyez-le ou non, le MTQ les a vendus!
Quant aux sections situées entre l’A-15 et l’A-25, la question demeure entière; le fait que le tracé de l’A-50 ait été déplacé sur ce qui était l’autoroute d’accès à l’aéroport Montréal-Mirabel, cédée à Québec par le gouvernement fédéral, au début des années 1990, vient contrecarrer les plans originaux du MTQ, et les terrains qui avaient été achetés, le cas échéant, de part et d’autre de l’A-15, sont maintenant inutiles. L’A-50 originale devait passer, selon les plans, à environ 6 kilomètres au sud de l’A-50 actuelle; elle devait contourner l’aéroport par le sud, se rattacher à un prolongement de l’A-13, et croiser l’A-15 à environ un kilomètre au nord du viaduc du chemin Notre-Dame. Il faudra maintenant considérer une toute nouvelle emprise, entre l’A-15, et la courbe de la route 158, à Saint-Esprit, là où celle-ci s’aligne avec l’A-25 sud. Je peux vous gager un “vieux trente-sous”, pour la forme, que ce n’est pas demain, la veille du jour où le MTQ se penchera sur cette question; le DJMA, depuis Saint-Lin–Laurentides, approche les 8000 véhicules par jour, en direction de Saint-Esprit, mais peine à atteindre les 6000, vers Sainte-Sophie, ce qui, aux yeux du MTQ, dans un cas comme dans l’autre, est nettement insuffisant pour construire une vraie autoroute.
Pourtant, la situation se prête très bien à une étude de circulation plus complète; le 21 septembre dernier, le MTQ convoquait le public à une rencontre d’information, sur un projet de voie de contournement du noyau urbain de la ville de Saint-Lin–Laurentides, un projet de quelques 7 kilomètres, dont l’appel d’offres, pour les travaux de construction, dans le meilleur des scénarios, serait publié à l’automne de 2013. Le MTQ pourrait en profiter pour intégrer cette voie de contournement à une éventuelle emprise de l’A-50, à laquelle on pourrait prévoir un raccordement à une autoroute 19 prolongée. L’occasion serait formidable pour réaliser un superbe projet où tous les besoins de déplacements seraient comblés pour longtemps.
La question qui tue; le MTQ profitera-t-il d’une telle occasion?
* La route 158 est divisée en 17 sections, sur la carte; la section en bleu pâle, à la hauteur de Saint-Antoine, n’a fait l’objet d’aucune mesure de DJMA, et ne fait donc pas partie des sections répertoriées dans le tableau.