Drame familial à Brossard: Un jugement dangereux!

À la page 12, du Journal de Montréal d’aujourd’hui, un article de David Santerre, repris par le site Canoê, mentionne que le tribunal a accordé un montant d’environ 80,000$ à une famille, pour les souffrances qu’elle a endurée depuis un drame familial, survenu sur la rive sud de Montréal.

Revoyons les faits.  Le 22 avril 2002, la gardienne des enfants du couple composé de Martin Brossard et de Liliane de Montigny, se rend au domicile familial, de la rue Booker, à Brossard.  Elle y voit le corps de Martin, balançant au bout d’une corde, dans le salon.  Les policiers, appelés sur place, découvrent les corps de Liliane, étranglée dans une chambre, et des deux fillettes du couple, Claudia, 4 ans, et Béatrice, 18 mois, noyées dans la baignoire.  L’article révèle que plus tard, des membres de la famille de Liliane, soit son père Marcel, et ses soeurs Karen et Sandra, logeaient une poursuite de 730,000$ contre la succession de Martin Brossard pour dommages, souffrances pour eux et les victimes, et les frais funéraires.  Suite à la décision de la Cour supérieure, de leur octroyer 70,000$, les poursuivants en ont appelé, parce que le jugement ne condamnaient la succession ni à des dommages punitifs, ni pour les souffrances infligées aux victimes, ni au paiement des frais funéraires, selon ce que rapporte l’article.

La seule décision que la Cour d’appel a modifié, par rapport au jugement original de la Cour supérieure, c’est l’allocation d’une somme supplémentaire de 11,102$, pour les frais funéraires.  L’article résume les raisons évoquées par la Cour d’appel, dans son jugement.

Pour ma part, je suis porté à dire qu’il s’agit là d’un jugement dangereux.  À mes yeux, les événements n’impliquaient que Martin Brossard, son épouse et ses enfants.  Compte tenu que Brossard était majeur, et que rien n’indique qu’il n’était pas sain d’esprit, au moment des événements, je ne vois pas en quoi la succession de Brossard aurait à payer quelque somme que ce soit à des membres de la famille de Liliane.  À moins, évidemment, que les membres de la succession de Brossard, visés par la poursuite, aient eu un quelconque lien avec les gestes.  S’il était prouvé, par exemple, que Martin avait subi des pressions, de la part de ces personnes, pressions qui auraient pu déboucher sur les événements tragiques.  Sinon, pourquoi poursuivre la succession de Martin Brossard?

Bien sûr, on ne connaît pas toute l’histoire.  Est-ce que des discussions, entre les deux familles, se seraient soldées par une discorde, au niveau des frais funéraires?  Est-ce que le famille de Martin Brossard a fait preuve de mépris, de suffisance, ou d’autres types de comportements reprochables, envers celle de Liliane de Montigny?  Est-ce à croire, d’un autre côté, que la famille de Brossard n’a subi aucun préjudice, n’a vécu aucune souffrance, suite à ces événements?  Le cas échéant, pourquoi ne poursuivent-ils pas à leur tour?

Malgré mon respect pour les deux familles en cause, ici, je persiste à croire que ce genre de jugement ouvre toute grande la porte à beaucoup d’abus.  Imaginez, vous pourriez être poursuivis parce que votre fils de 18 ans ou plus, ou votre frère, majeur, a commis un geste disgracieux envers quelqu’un.  Il me semble qu’un adulte est le seul responsable de ses propres gestes, et que l’on peut poursuivre les membres de la famille d’un individu jugé coupable dans le seul cas où celui-ci est mineur, ou encore lorsqu’il est prouvé qu’il n’est pas responsable de ses gestes.  Qu’on me corrige si j’ai tort, mais un tel jugement pourrait faire en sorte que toute victime d’un vol, d’une agression sexuelle, ou d’un autre crime, pourrait poursuivre la famille du prévenu, une fois celui-ci trouvé coupable.  Cela fait en sorte que l’on pourrait même être poursuivi en justice, suite à des gestes commis par des membres de sa famille, et ce même si l’on a pas de contacts directs avec ceux-ci.

Un jugement dangereux, à mes yeux.

L’accident de l’Île-Perrôt: La suite des choses se fait en douceur

Je viens de parcourir le site de Canoë pour prendre connaissance des derniers développements au sujet de l’accident de l’Île-Perrôt. Je suis soulagé de constater que là-bas, la communauté est tricotée serrée, et que tout le monde se soutient mutuellement. Les deux coaccusés ont été libérés sous caution, et je suis convaincu qu’ils ne remettront pas les mains sur un volant avant un sacré bout. J’ai pu comprendre, à travers les articles que j’ai lus, que les gars, surtout Brandon Pardi, auront davantage besoin de soutien psychologique que de temps derrière les barreaux, et j’ai cru saisir que la population locale comprend aussi cela. Ce qui n’empêchera pas, évidemment, la justice de suivre son cours. Même la gardienne de la petite Bianca, quoique toujours démolie par la tragédie qui s’est produite dans sa propre cour, n’en veut pas aux deux jeunes hommes.

Le fait que l’avocat de Brandon demande que son client soit jugé devant le tribunal de la jeunesse, puisqu’il a eu 18 ans le jour même des tristes événements, ne me trouble pas. Un avocat est payé pour assurer la défense de son client, et il s’agit donc, selon moi, d’une procédure normale.

Bref, ça se passe mieux que je ne le croyais au début. Mieux que je l’indiquais dans mon premier billet sur le sujet. Aussi, je me surprend à penser à ce que pourrait réserver l’avenir à Brandon Pardi, une fois qu’il aura payé sa dette envers la société pour la mort tragique de la petite Bianca Leduc. Je le verrais bien donner des conférences sur la vitesse en voiture. Mais pas nécessairement dans des écoles secondaires, même si cela pourrait créer une certaine influence positive. Plutôt lors des examens de conduite des nouveaux aspirants conducteurs, à la SAAQ. J’imagine la scène; une quinzaine de jeunes réunis dans une salle, et avant de commencer leur examen théorique, un examinateur se présente et leur dit qu’avant de commencer, ils auront droit à une petite conférence d’une quinzaine de minutes sur la vitesse au volant. Puis, il laisse la parole à Brandon. Ce serait une belle façon de sensibiliser les jeunes sur cette sensation qui semble inoffensive, comme ça, voire même grisante, mais qui peut laisser des séquelles irréparables dans la vie des gens.

Évidemment, il est beaucoup trop tôt pour lui poser directement la question, mais je me demande si Brandon serait ouvert à un tel projet. Je crois que l’effet serait beaucoup plus convaincant sur les nouveaux conducteurs si des propos sur les dangers de la vitesse en milieu urbain leur serait prodigué par Brandon, ou par n’importe quel autre Brandon, impliqué dans un accident tragique où la vitesse est mise en cause, que si ces mêmes propos étaient prononcés par un fonctionnaire de la SAAQ, ou encore par un prof d’école de conduite. Il faudrait vérifier si la SAAQ serait en accord avec une telle façon de faire.