Cet article de l’AFP, publié dans les pages du Devoir de ce samedi, semble confirmer ce que tous les économistes, analystes et commentateurs penchant vers le libéralisme économique, y compris votre humble serviteur, ont prétendu, au sujet des plans de relance étatiques, à savoir que l’économie des pays du monde industrialisé s’embourbe dans la récession, et que la relance sera d’autant retardée. L’article mentionne les données de plusieurs pays développés, et la très grande majorité de ceux-ci montrent un PIB en recul, très net, pour certains, dont le Japon. S’il est évident que l’empire du soleil levant est dans une situation particulière, la plupart des pays dont on parle ont en commun d’avoir adopté des plans de relance étatiques, dans le but de cerner la crise, et de relancer leurs économies respectives. Et l’article confirme qu’aucun de ces pays n’a vu l’ombre d’une reprise.
Pour ma part, je crois qu’il faut se rendre à l’évidence, à savoir que les plans keynésiens ne fonctionnent tout simplement pas. Les ressources accaparées par les gouvernements n’étant plus disponibles aux entreprises, qui sont les seules à pouvoir créer de la richesse, celles-ci doivent ainsi attendre le retour de la disponibilité des ressources, dans le but de relancer leurs opérations. Le cas des USA est plutôt révélateur; selon des chiffres provisoires, le PIB a reculé de 3,8% au quatrième trimestre, ce qui en fait le pire depuis 1982, et ce malgré tous les plans annoncés depuis septembre dernier, lesquels se calculent désormais en billions de dollars. Faut-il rappeler que les millions, milliards, et billions de la langue française, se traduisent en anglais par « millions », « billions », et « trillions ». Autrement dit, ce que l’on appelle un billion, en français, s’écrit, en chiffres, 1,000,000,000,000. C’est un million… de millions! J’ai déjà vu, de mes yeux, empilés sur une table, un million de dollars, et je vous jure que c’est impressionnant. Alors un million de fois cela, selon moi, pourrait difficilement tenir en un seul endroit. Or, les efforts de relance américains sont désormais de plusieurs billions de dollars, et cela ne suffit manifestement pas pour relancer l’économie. L’article mentionne que le conseiller économique du président Barack Obama, Lawrence Summers, a reconnu que l’hypothèse officielle d’un retour à la croissance économique au cours de l’année 2009 paraît désormais improbable, et croit même que ce retour ne surviendra qu’au début de 2010. J’ai bien peur, de mon côté, que cette relance tant espérée ne sera pas encore au rendez-vous lorsque Barack Obama se mettra en campagne pour son second mandat.
Le ministre allemand des finances, Peer Steinbruck, semble vouloir mettre en garde les ministres des finances des pays du G7, qui se réunissaient à Rome, ce week-end, contre un retour au protectionnisme. Toujours selon l’article, il a déclaré « Je crois que l’Allemagne en particulier à tout intérêt à s’assurer, lors des prochaines rencontres internationales, que le monde ne répète pas les erreurs des années 1930. » Il a sûrement en mémoire la débâcle économique de l’Allemagne, pendant ces années-là, où le prix d’un pain est passé de 0,30 mark à plus de 7,000,000 de marks, et ce en moins de deux ans. L’Allemagne avait fait rouler sa planche à billet « à vide », c’est à dire qu’elle avait imprimé beaucoup de billets de banque, mais sans aucune contrepartie en valeurs, autre que celle qu’avait la masse monétaire au début de l’opération.
Une telle façon de faire, pour un gouvernement, s’apparente à faire des chèques sans provisions, pour un individu, ou une entreprise. Toutefois, comme un billet de banque ne peut pas « rebondir », contrairement à un chèque, la valeur de l’ensemble des billets de banque imprimés, ce que l’on appelle la masse monétaire, prend la valeur de sa contrepartie, ou de sa garantie. Par exemple, si la masse monétaire d’un pays est, prenons des chiffres simples, de 5 millions$, et que le pays possède des valeurs, ou encore a émis des titres de crédit, pour une valeur de 5 millions$, la masse monétaire a une valeur égale à sa contrepartie. Aussi, si l’on ramène la production des entreprises de ce pays à un seul produit, on dira que ce produit vaut 1 dollar, pour les fins de notre exemple, c’est à dire le rapport entre la valeur de la masse monétaire, et celle de sa contrepartie. Par contre, si l’on double la masse monétaire, à 10 millions$, et que l’on maintient la valeur de sa contrepartie à 5 millions$, la masse monétaire prendra la valeur de sa contrepartie, ce qui crée un rapport de 2 pour 1. Notre produit unique vaudra alors 2 dollars, au lieu d’un seul, puisque la masse monétaire a doublé, mais que la valeur de la contrepartie est la même. Avec cet exemple, je viens de ramener toute la complexité du système monétaire d’un pays à une simple règle de trois.
L’économie américaine risque d’en souffrir, et ce même si elle émet des titres de crédit pour appuyer l’augmentation de sa masse monétaire. Pourquoi? Pour une question de confiance en ces titres. Tous les canadiens ont entendu parler des PCAA, les papiers commerciaux adossés à des actifs. Le principe de ces papiers étaient l’achat d’une dette. Si ladite dette rapporte des intérêts, le fait d’acheter ce papier permet à celui qui le vend de prêter l’argent de la vente à d’autres emprunteurs, en retour d’une partie des intérêts qu’il perçoit. Par exemple, disons que André emprunte 1000 dollars à Benoît, avec un intérêt annuel de 5%. Afin de prêter de l’argent à d’autres, Benoît vend donc à Charles un PCAA, l’actif en question étant la dette de André à Benoît. Ce faisant, Benoît consent à Charles une partie des intérêts que lui verse André, disons 2%, ce qui constitue le profit de Charles, dans cette opération. Un tel système fonctionne tant que André rembourse son emprunt à Benoît. À partir du moment où André ne rembourse plus Benoît, celui-ci ne peut plus verser les intérêts à Charles, et si celui-ci veut revendre son PCAA, Benoît ne peut plus le lui racheter, ne pouvant pas le payer, parce qu’il n’a plus de liquidités, puisque André ne rembourse plus. Le PCAA de Charles perd donc de sa valeur, puisque l’actif auquel il est endossé est également dévalué. La même chose risque de se produire avec les titres de crédit américains; si les acquéreurs de ces titres tentent de se faire rembourser, et que les USA sont dans l’impossibilité de le faire, tous ces titres risquent de se voir rapidement dévalués, ce qui entraînera le même effet que si les USA roulaient la planche à billet à vide.
Évidemment, mes exemples sont simples. La réalité est bien des fois plus complexe, mais le résultat demeure le même, à savoir que les interventions massives de l’état dans l’économie, ça ne fonctionne pas. Mais cette fois, les données le confirment.
Aussi, si cela ne fonctionne pas, que faudra-t-il faire, pour relancer l’économie? J’y reviendrai. Promis!