Un pont de 2,76G$ pour l’île d’Orléans: Over my dead body!

Suite à un billet de l’ami Francis Rivière, sur la page Facebook Freewayjim, je viens d’apprendre que notre ministère des Transports (MTQ) veut investir la modique somme de… 2,759 milliards de dollars pour remplacer le pont Taschereau, qui relie l’île d’Orléans à la rive nord du fleuve Saint-Laurent, près de Beauport.

Je suis encore sous le choc. Imaginez; deux milliards et trois-quarts pour un pont qui ne débouche sur rien d’autre que sur l’île d’Orléans, et qui va desservir une population de moins de 7200 personnes. En gros, ça fait un investissement de plus ou moins 392,000$ par personne vivant sur l’île, des bébés jusqu’aux vieillards. Moi, j’appelle cela du gaspillage de fonds publics. Dans le même genre que ce que Justin Trudeau et ses sbires annoncent depuis environ deux semaines; du frondage d’argent dans la souffleuse, tout simplement. Et avec un budget provincial montrant un déficit de 11 milliards, il me semble que le MTQ pourrait revoir ses priorités.

Sur Freewayjim, j’ai émis l’idée d’implanter un traversier à la place d’une telle dépense. Sauf que l’on me répondra probablement que le pont Taschereau permet le passage de 12,000 véhicules par jour (DJMA), et autour de 15,000 en été.

Comprenez-moi bien; le pont Taschereau actuel tombe en ruines, et ne saurait pas résister à un tremblement de terre de force moyenne. Il est donc dû pour être remplacé, et le plus tôt sera le mieux. Mais puisqu’il faut le faire, il serait beaucoup mieux de le faire de façon intelligente. Je veux dire, un pont à trois voies par direction, entre Beauport et l’île, continué par un autre pont – ou un tunnel – à péage entre l’île et la rive-sud, de façon à créer un troisième lien efficace entre Québec et Lévis. Cela coûtera plus cher que les 2,76G$ du projet présenté aujourd’hui, mais on réglerait, par la même occasion, le problème de la circulation entre les deux rives du fleuve pour les 50 prochaines années.

Sauf qu’il ne faut pas demander à un gouvernement de penser plus loin que la fin du présent mandat; c’est beaucoup trop lui demander. Il y avait un vieux dicton qui disait que “gouverner, c’est prévoir”; de nos jours, les gouvernements ne sont même pas capables de prévoir la température qu’il fera demain, et ce même en regardant les rapports d’Environnement Canada.

En deux mots, je ne sais pas ce que je vais faire pour m’opposer à ce gaspillage; me coucher sur le pont Taschereau actuel, m’enchaîner aux portes du parlement,… Non, ne capotez pas; j’ai 61 ans, et j’ai passé l’âge des coups d’éclat. Je laisse ça à Greta Thunberg.

Mais il reste que le gouvernement vient de démontrer, encore une fois, qu’il est en mode “panique”, et qu’il ferait n’importe quoi pour remonter dans les sondages.

Révision de la carte électorale: Il faudra un jour se brancher

Je suis tombé, tôt ce matin, sur un texte de Hugo Pilon-Larose, sur le site web de La Presse, qui traite de la révision de la carte électorale du Québec, texte dans lequel le député de Matane-Matapédia, le péquiste Pascal Bérubé, se plaignait que l’agrandissement de sa circonscription, ainsi que d’autres circonscriptions de la région gaspésienne, du fait d’une éventuelle fusion des circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure, mettrait sa sécurité en danger; les routes peuvent être dangereuses, surtout en hiver, d’autant plus que la connexion cellulaire n’est pas disponible partout, selon lui.

À mes yeux, cette situation me démontre que le député de Matane-Matapédia a du pain sur la planche d’ici la fin de son mandat, à savoir d’améliorer l’état des principales routes de sa circonscription, en plus de les doter du signal cellulaire. Je veux dire, quand il y a de la poudrerie, les routes sont dangereuses, peu importe où l’on se trouve dans notre belle province. Et comme disent les policiers de la Sûreté du Québec lorsque l’on se fait intercepter pour aller un peu trop vite, il fallait partir plus tôt.

Bref, tout cela pour dire que les arguments de monsieur Bérubé sont bien minces pour défendre les prochaines modifications à la carte électorale. Parce que, comme c’est mentionné dans le texte de monsieur Pilon-Larose, les changements que l’on veut faire sont de réduire la Gaspésie et la région de Montréal d’une circonscription chacune, et de créer deux nouvelles circonscriptions, une dans les Basses-Laurentides, et l’autre dans la région des Bois-Francs, le tout en fonction des mouvements de population sur le territoire.

Parce que la Loi électorale est ainsi faite qu’au lieu d’ajouter des circonscriptions sur le territoire, le nombre de celles-ci est fixé à 125, question de ne pas avoir à agrandir le Salon bleu, ou à entasser les élus les uns sur les autres. Ainsi, pour garder le nombre à 125, il faut réviser la carte afin que chaque circonscription représente plus ou moins le même nombre d’électeurs, révision qui se fait habituellement à toutes les deux élections générales. Ainsi, quand une région voit sa population diminuer, elle se fait retrancher une circonscription, et au contraire, une région dont la population augmente se verra ajouter un nouvel élu. C’est la Commission de la représentation électorale (CRE) qui a le mandat de procéder à la révision de la carte, à travers un processus bien établi dans la loi. Il y a d’ailleurs une page, sur le site web d’Élections Québec, qui explique tout le processus.

On retrouve aussi, dans la Loi électorale, le principe d’exception; celui-ci s’applique lorsqu’une circonscription ne peut compter le nombre d’électeurs moyen prévu par la loi; cette fois-ci, on parle de 50,694 électeurs, plus ou moins 25%. Les seuils sont de 63,368 au maximum, et de 38,021 au minimum. C’est le cas pour les Îles-de-la-Madeleine, pour laquelle le statut d’exception est enchâssé dans la loi électorale, mais aussi pour cinq autres circonscriptions, à savoir Ungava, Abitibi-Est, Abitibi-Ouest, Duplessis et René-Lévesque, qui se retrouvent toutes sous le minimum. Selon un article de Véronique Duval, du site web de Radio-Canada, publié le 27 octobre 2023, soit après les audiences publiques de l’automne dernier, la carte électorale de 2017 accordait le statut d’exception aux circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure. L’article explique également pourquoi certaines circonscriptions profitent du statut d’exception.

Pour ma part, d’abord et avant tout, je regrouperais la circonscription des Îles-de-la-Madeleine avec celle de Gaspé, et ce pour la simple et bonne raison que dans la très grande majorité des divisions administratives, tant au provincial qu’au fédéral, les îles sont déjà rattachées à la Gaspésie, et personne n’en est mort. C’est ben beau de vouloir une représentation régionale forte, mais à un moment donné, il faut aussi se mettre les yeux devant les orbites, et comprendre que rien ne peut expliquer que 11,176 électeurs – c’est le nombre aux îles – aient le même poids politique que les 60,791 électeurs de la circonscription d’Arthabaska. Si l’on continue comme ça, la moitié des circonscriptions vont devenir des exceptions, et ce pour des fins d’identité régionale. S’il faut “tasser la ligne” un peu plus, ben tassons la ligne, un point, c’est tout. Je veux dire, si je prends par exemple Lebel-sur-Quévillon, les gens de la place se sentent probablement beaucoup plus proches de l’Abitibi que de Kuujjuaq; pourtant, Lebel-sur-Quévillon, comme Kuujjuaq, sont dans Ungava. Et comme c’est écrit dans l’article de madame Duval, il y a déjà onze circonscriptions qui sont plus grandes que les potentielles futures Gaspé-Bonaventure et Matane-Matapédia. Ce à quoi j’ajouterai que non seulement il n’y a pas de couverture cellulaire partout, dans Ungava, mais il n’y a souvent même pas de route.

Au final, je trouve que Pascal Bérubé fait sa drama queen, dans ce dossier. S’il trouve que son job est trop compliqué, il n’a qu’à revendiquer un siège dans la grande région de Montréal, et à laisser Matane-Matapédia à quelqu’un qui prendra son rôle à coeur, avec les difficultés que cela comporte. Il faudra, un jour ou l’autre, se brancher; on fait 125 circonscriptions à peu près égales en termes de population, ou on fait dans le régional, et au diable les proportions.

Duhaime: l’Assemblée nationale a fait sa job

J’aime trop ça, je l’avoue. Prendre un texte d’opinion, et le commenter au fur et à mesure de ses paragraphes, est une façon de faire qui me passionne. Mais cette fois, je m’attaque à une grosse pointure; Mario Dumont. Il commente le fait que l’Assemblée nationale du Québec refuse au chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, l’accès aux installations des élus, ce qu’il n’est d’ailleurs pas, au demeurant. Je mets le texte, publié sur le site web du Journal de Montréal, en mauve, et mes réponses dans la couleur habituelle.

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Duhaime: l’Assemblée nationale a raté une belle occasion

Mario Dumont

Vendredi, 9 décembre 2022 05:00

Ce qu’Éric Duhaime demandait était banal. Un bureau quelque part dans l’édifice de l’Assemblée nationale et un droit d’accéder à la salle des points de presse pour s’adresser aux médias. Le seul coût pour les contribuables : l’électricité lorsqu’il aurait allumé la lumière de son bureau.

La présidente de l’Assemblée nationale a dit non. Sa décision est évidemment facile à expliquer. Elle rappelle cette évidence que l’Assemblée nationale est l’assemblée des élus, que le Parti conservateur n’a pas de députés élus. Si cette réponse simpliste s’appuie sur une logique défendable, elle échappe toute une dimension de la vie collective, de la démocratie et de la paix sociale.

Malgré la dimension “échappée” dont fait mention monsieur Dumont, il doit se rappeler que malgré les pourcentages du vote qu’il a recueillis dans les diverses élections pendant lesquelles il a été chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ), il n’avait que lui, et lui-même, comme allié à l’Assemblée nationale, au cours de ses deux premiers mandats. Il était donc reconnu comme un député indépendant, et non pas comme un chef de parti. Et pourquoi? Parce que l’Assemblée nationale a des règles. Pour être reconnu comme groupe parlementaire, un parti doit faire élire 12 candidats, ou obtenir 20% du vote populaire, ce qu’il a obtenu en 2007 seulement, après être passé bien près en 2003.

Éric Duhaime est devenu chef du Parti conservateur du Québec dans une période de fortes tensions. J’ai déjà été sévère en lui reprochant de s’être associé avec des complotistes ridicules ou avec des individus au comportement dégradant sur les réseaux sociaux. Il a payé un prix politique pour ses erreurs.

Même si des injustices peuvent survenir, on paie habituellement le prix de ses gestes, en politique comme ailleurs. Comme on dit, “ça fait partie de la game”.

Démarche 100 % démocratique

Malgré cela, il importe de préciser aujourd’hui que sa démarche politique est bien plus grande que ce reproche. Dans un contexte de tensions sociales, de critiques vives envers le gouvernement et de manifestations menaçantes, Duhaime a fait le choix de la démocratie. Il a invité les insatisfaits de la gestion de la pandémie et les autres insatisfaits de la gestion étatique à inscrire leur dissidence dans le processus démocratique.

Il l’a fait de façon irréprochable, du début à la fin, dans le respect des règles démocratiques. Il a recruté des membres, ramassé son financement, formulé un programme, présenté des candidats, puis a offert aux électeurs les services de son équipe ; 531 000 personnes ont coché là.

Ben oui. En 1966, les libéraux de Jean Lesage ont engrangé plus de 150,000 votes de plus que l’Union nationale de Daniel Johnson père, mais ont dû se contenter de l’Opposition officielle. Parce que ce qui compte, à l’Assemblée nationale, c’est le nombre de candidats élus. Le pourcentage du vote compte auprès d’Élection Québec, qui verse un montant annuel pour chaque vote obtenu lors du dernier scrutin. Si l’on fait un calcul à partir des données de 2021, ce montant annuel était de 2,53$ par vote. Ainsi, si l’on conserve ce taux de 2,53$ par vote, le parti de monsieur Duhaime pourra mettre la main, annuellement, sur 1,342,843.04$. De quoi garnir son trésor de guerre pour la prochaine campagne, s’il n’en gaspille pas trop, bien entendu.

Il faut comprendre que l’élection est basée sur la circonscription, et non pas sur le pourcentage du vote pour toute la province; le candidat élu est celui qui obtient le plus de votes, et les autres perdent. Même s’ils n’ont que quelques votes de moins que le gagnant. Le parti qui fait élire le plus de ses candidats est invité à former le gouvernement. À moins qu’une coalition formée de plusieurs partis se présente au lieutenant-gouverneur pour revendiquer le pouvoir. Cela s’est fait il y a très longtemps – je crois que la dernière fois, c’était en 1886.

Fait tout aussi important, il a accepté le résultat électoral bien que crève-cœur sans jamais jouer la carte des «élections volées» et des «résultats truqués» à la façon Donald Trump. Lorsque des pressions dans la frange extrémiste de son mouvement l’ont encouragé à crier aux élections volées, il leur a tenu tête, répétant que le vote s’était tenu dans les règles.

Une attitude aussi responsable représente en soi une contribution démocratique notable. Constatez ce que les folies de Trump ont causé comme dommage aux institutions américaines.

Aussi notable cette contribution puisse-t-elle être, le parti d’Éric Duhaime n’a fait élire personne. Et c’est ça, le nerf de la guerre.

Un plate NON

Si nous pensons qu’Éric Duhaime a joué la carte de la démocratie de façon saine et exemplaire, il faudrait que les constitutions démocratiques lui retournent l’ascenseur.

Si nous croyons qu’il a canalisé vers les voies démocratiques un mouvement qui cherchait sa voie, il serait utile de prouver à ceux qui l’ont suivi qu’ils ont eu raison. 

Il faudrait prouver qu’ils ont tort à ceux qui sont prompts à croire que tout est arrangé et que le «système» travaille contre eux.

L’Assemblée nationale et sa présidente ont raté cette occasion. Ce non était la solution simple, mais une erreur.

Certains disent avoir peur de créer un précédent qui ouvre la porte à trop de cas. Autant de votes et aucun siège, cela n’était jamais arrivé dans l’histoire des élections au Québec.

Les “constitutions démocratiques”, dans le cas présent, se résument à presque 1,35 millions de dollars en contribution publique pour chaque année d’ici le prochain scrutin, ce qui est loin d’être négligeable pour un parti qui n’a fait élire aucun de ses candidats. Et ce sont ces sommes qui prouveront à ceux qui l’ont suivi qu’ils ont eu raison. Quant aux choses qui ne sont jamais arrivées dans l’histoire des élections au Québec, il y en a pratiquement à chaque scrutin général. Par contre, si l’on ouvre la porte aux revendications du PCQ, d’autres voudront obtenir les mêmes bénéfices. Et à ce moment-là, où devra-t-on fixer la ligne? Pourra-t-on déroger s’il manque quelques dizaines de votes pour obtenir le minimum requis? Ou serait-ce quelques centaines? À ce prix-là, autant accorder un bureau à l’Assemblée nationale à chaque parti dûment enregistré auprès d’Élections Québec. S’il faut respecter le vote de ceux et celles qui se sont donné la peine de voter, il faudra allouer des installations similaires – et du personnel – pour représenter les 56,316 personnes qui ont annulé leur vote. Bref, on peut aller très loin, dans cette voie.

À un moment donné, il faut savoir reconnaître une victoire, et assumer une défaite. Éric Duhaime a perdu, il l’a fait honorablement, et maintenant, il doit l’assumer. D’ici au prochain scrutin, il pourra toujours marauder certains députés insatisfaits de leur sort, comme il a su le faire avec Claire Samson, dans le temps. S’il obtient du succès, il obtiendra les mêmes avantages qu’il avait avant les élections, mais cette fois, avec un butin de guerre plus élevé que jamais.

3e lien Québec-Lévis: C’est donc compliqué d’avoir une vision d’avenir

C’est aujourd’hui, 14 avril, que le ministre des transports du Québec, François Bonnardel, et la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, ont présenté une « mise-à-jour » du projet de 3e lien entre Québec et Lévis. De gros changements, en comparaison avec la version 2021, ont été dévoilés lors de ce point de presse. Voyons voir…

D’abord, exit le plus gros tunnelier au monde. Le projet passe d’un gros tube à deux plus petits, ce qui, dit-on, réduit les risques liés à la construction, et augmente la concurrence lors de l’étape des appels d’offres. Ensuite, les deux chaussées compteront deux voies chacune, au lieu de trois, et seront gérées par un système de « gestion dynamique des voies », qui réservera, par exemple, une des deux voies pour le transport en commun lors des heures de pointe. Finalement, la facture passera de 10G$ à 6,5G$, soit une économie de plus de 25% des coûts.

À mon point de vue, le gouvernement tente de réparer les pots cassés, dans ce dossier. Il a commencé par s’embarrasser d’une promesse électorale, celle de la première pelletée de terre avant la fin de ce mandat. Puis, après s’être cassé les dents sur la première mouture du projet (le tunnel sous la pointe ouest de l’île d’Orléans), il a vu l’enthousiasme du grand Québec, ravi de la deuxième mouture (centre-ville à centre-ville), tomber à plat lors du dévoilement de la facture. Maintenant, il s’agira de voir, outre les réactions des oppositions à l’Assemblée nationale, comment la région de la Capitale-Nationale va réagir à cette troisième mouture.

Je veux bien croire que le maire de Québec, Bruno Marchand, n’en veux rien savoir, mais il faudra qu’il se rende bien compte, un jour ou l’autre, que sa ville a le luxe de tergiverser sur la solution au problème de circulation inter-rives, et ce avant que le problème soit total. Montréal aurait bien aimé avoir cette chance. Parce que l’expérience a démontré que malgré un nouveau pont (à six voies, Olivier-Charbonneau, sur l’autoroute 25), et l’avènement du métro à Laval, le volume de circulation n’a pas vraiment diminué entre les deux rives de la rivière des Prairies. Et la raison est simple; l’étalement urbain, qui traumatise présentement le maire Marchand, était déjà installé bien avant les nouvelles infrastructures.

Il devra comprendre que l’on ne peut pas forcer les gens à habiter des condos en hauteur, et que les résidences unifamiliales, avec une cour arrière suffisamment grande pour y installer une piscine, sont tout simplement inabordables en ville, 3e lien ou pas. C’est un phénomène qui existe depuis les tout-débuts de l’organisation municipale. Le maire Marchand devra faire avec, qu’il le veuille ou non.

Pour en revenir au tunnel lui-même, le gouvernement, en essayant de flatter les opposants dans le sens du poil, est en train de transformer un projet désiré, et attendu, en un gaspillage total. D’abord, l’idée de réduire le nombre de voies de trois à deux, par direction, vient réduire l’efficacité du lien; il aidera à la circulation pendant une dizaine d’années, quinze tout au plus, au lieu de soulager la situation à plus long terme. Parce que comme je l’ai déjà mentionné, la théorie de la circulation induite, ce n’est qu’une théorie. Toute région qui attire plus de gens aura inévitablement plus de gens en circulation. Ensuite, quand le gouvernement se rendra bien compte que le nouveau lien est plein, lui aussi, il sera trop tard pour essayer d’y ajouter des voies.

Parce qu’il faut l’avouer; la voiture individuelle ne disparaîtra pas de sitôt. On peut faire rouler les véhicules à l’électricité, à l’essence, au diesel, à l’hydrogène, ou même à l’huile de foie de morue (…non, j’exagère), il n’en demeure pas moins que les gens voudront se déplacer quand bon leur semble. Et les transports en commun n’offrent pas cette latitude, surtout hors des grands centres. Ainsi, les lieux où la population augmente auront besoin, tôt ou tard, de nouveaux liens, quelle que soit leur forme. Et puisqu’il en faut, autant les construire de façon qu’ils soient les plus efficaces possibles, le plus longtemps possible. Malheureusement, le gouvernement actuel semble avoir perdu de vue cet objectif.

Incident au Capitole: N’en mettons pas plus que le client en demande

Depuis mercredi, les médias n’en ont que pour ce que j’appelle “l’incident au Capitole”. Eux vont beaucoup plus loin; insurrection, sédition, attaque à la démocratie, tentative de coup d’état,… alouette! On va se le dire franchement; en 2012, nous avons eu, ici, au Québec, des manifestations qui ont causé beaucoup plus de troubles que celle-là.

Quant à la responsabilité de Donald Trump, c’est clair qu’il y a un lien de cause à effet. Mais de là à invoquer le 25e amendement, ou d’enclencher une procédure d’impeachment? Come on! Dans moins de deux semaines, son mandat sera terminé, il sera définitivement hors de la Maison Blanche, et il pansera les plaies à son orgueil sur les parcours de golf de Mar-A-Lago. Un vote de blâme au Congrès, et that’s it! Si un tel événement était survenu au début de son mandat, OK, cela pourrait avoir une certaine importance, mais à dix jours de l’assermentation de Joe Biden, le jeu n’en vaut pas la chandelle.

En ce qui a trait aux personnes qui ont perdu la vie, lors de l’opération, il s’agit davantage d’incidents de parcours que d’un véritable affrontement entre forces de l’ordre et inquisiteurs. Évidemment, on me dira que chaque mort est une mort de trop, ce qui n’est bien sûr pas faux. Par contre, comme disent justement les américains, “If you can’t stand the heat, get out of the kitchen”. Si l’on ne veut pas risquer sa vie, il faut éviter les affrontements de masses et les gestes illégaux.

Pour la suite des choses, Donald Trump s’est un peu “peinturé dans le coin”, pour prendre une vieille expression, en ce sens que désormais, dès que l’on prononcera son nom dans les médias, on y collera les images de cette incursion au Capitole, ce qui l’éliminera d’office de toute tentative de nouvelle candidature. Autrement dit, même s’il en rêve la nuit, un éventuel retour en 2024 est, à toutes fins pratiques, impossible. Tout ce qui lui reste, comme possibilité, est un sombre rôle de “belle-mère”, comme ce qu’a fait Jacques Parizeau ici, après la défaite référendaire de 1995.

Pour l’heure, par contre, il doit passer son temps à réfléchir, et à prendre la mesure, de l’importance du contrôle des foules, car si son objectif, avec son discours, quelques heures plus tôt, était de voir une marche pacifique sur les pelouses du Capitole, il l’a échappé solide.