C’est aujourd’hui qu’avait lieu la première journée au cours de laquelle des patients allaient obtenir des interventions chirurgicales à la clinique privée Rockland MD, un centre de santé privé situé à Ville Mont-Royal, et ce en vertu d’une entente entre la clinique et l’hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal. Deux jours par semaine, des patients ayant à subir une intervention chirurgicale seront traités à cette clinique privée, et le coût des soins sera défrayé par la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ).
Depuis le temps que je parle d’une telle collaboration entre le système public et l’entreprise privée dans le domaine de la santé, voilà enfin une ouverture intéressante. Une telle façon de faire permet de désengorger les listes d’attente parce que ces patients devraient attendre encore plusieurs semaines – lire plusieurs mois – avant que leur tour vienne sur la liste, s’ils n’étaient pas confiés au privé.
On s’en doute bien, cette entente fait aussi des mécontents, dont la docteure Saideh Khadir, de l’Association des médecins pour l’accès à la santé, et le porte-parole Amir Khadir (sont-ils parents?) du parti Québec solidaire, qui pour sa part organisait une manifestation devant la clinique Rockland MD ce matin, avant de tenir une conférence de presse sur ce sujet. Bon, j’ai une petite idée des raisons de Québec suicidaire pour aller dans ce sens, mais c’est le nom de l’association de la docteure Saideh Khadir qui m’inquiète. L’Association des médecins pour l’accès à la santé. Un tel nom sous-entend-il que les autres médecins sont contre? Probablement pas, mais avouez qu’un tel nom d’association sonne drôle, non?
Selon vous quelles sont les raisons de Québec solidaire pour refuser de telles ententes entre le privé et le public? Je ne sais pas précisément, mais cela doit sûrement tourner autour du principe de la médecine à deux vitesses. Si c’est le point que veut faire valoir Amir Khadir, il va certainement faire rire de lui parce que comme c’est la RAMQ qui paye, personne ne bénéficie de quelque privilège que ce soit, sauf celui de profiter d’une option de plus pour accélérer le traitement de patients qui, autrement, auraient le temps de mourir sur la liste d’attente. Mais nous savons tous que la mentalité de Québec suicidaire, sur ce point est « Si je dois attendre pour me faire soigner, tout le monde va attendre ».
Quant aux patients qui pourront se rendre chez Rockland MD, ils pourront recouvrer la santé plus rapidement que sur une liste d’attente, et ça, c’est bien.
Bien que tard, me voilà vous répondre.
Pour avoir déjà conversé avec les créateurs de cette association, ils ont décidé le la nommer : » l’Association des médecins pour l’accès à la santé » pour ne pas avoir un nom négatif (par exemple, association contre un système de santé privé…) Préférant un nom constructif inspirant l’action positive.
Pour ce qui est du Dre Saideh Khadir, elle est la soeur du Dr Amir Khadir.
Voilà tout.
Mais j’ai une question pour vous. Si on laisse continuer le déroulement des choses sans rien dire… et lorsque tout le système de santé sera rendu privé, et que l’on aura pas plus de médecins, et que ceux-ci pourront prendre tout leur temps et ce, avec les clients riches qu’ils choisiront… vous croyez vraiment que vous serez mieux soigné. Si vous êtes millionnaire, probablement. Mais sinon…. Je vous recommande de tenter la maladie et l’hospitalisation dans différents pays riche et pauvre, privé et public, et ensuite de vous faire une idée. Votre perception des choses pourraient changer.
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Heureux de lire votre réponse, Anidou. Après tout, deux ans et demi, c’est bien peu de temps. Je blague, mais tant que les commentaires ne sont pas fermés, vous pouvez mettre votre grain de sel sans problème.
Je ne crois pas qu’en santé, comme dans tout autre domaine, tout soit tout à fait noir, ni tout à fait blanc. Aussi, si le gouvernement se contentait s’assurer la couverture de soins, tout en laissant à l’entreprise privée l’organisation de ceux-ci, tout le monde serait gagnant. J’illustrerai mon propos avec l’exemple que j’utilise toujours. Le voici.
Imaginez que vous avez une voiture. Et comme vous l’aimez bien, vous l’avez fait assurer. Un jour, BANG! Une collision fait que votre voiture est sérieusement endommagée. Vous appelez votre assureur; celui-ci envoie un estimateur, qui évalue le montant des dommages. Disons que pour l’exemple, les dommages s’élèvent à 5000$. Une fois que l’estimateur a envoyé son rapport à votre assureur, celui-ci communique avec vous, et vous fait savoir que les réparations à votre voiture seront payées jusqu’à concurrence de 5000$, moins la franchise (disons 500$), soit pour un total de 4500$. À partir de ce moment, vous pouvez faire appel au carrossier de votre choix, que vous choisirez selon vos propres critères (références de vos proches, réputation de bon service, petites attentions supplémentaires, etc.). La question qui se pose, ici, est la suivante; les ateliers de carrosserie appartiennent-ils aux assureurs? La réponse est non. Les ateliers de carrosserie sont des entreprises indépendantes (quoique certaines se regroupent sous une bannière commune), qui sont en concurrence, les unes contre les autres.
Imaginez la même situation en santé. Vous avez une douleur, et vous décidez de consulter. Vous vous rendez à votre clinique locale, et on vous recommande de voir un spécialiste. Après avoir rencontré le spécialiste en question, vous avez un diagnostic précis, et votre état demande des traitements appropriés. Vous pourriez aller dans un hôpital de votre choix, que vous choisirez également selon vos critères personnels. Puisque le gouvernement, via la RAMQ, paie les traitements, pourquoi serait-il nécessaire que le gouvernement soit aussi propriétaire de TOUS les hôpitaux? Si vous êtes assurés par la RAMQ, l’hôpital enverrait sa réclamation directement à la RAMQ, et celle-ci paierait l’établissement. Tout comme c’est le cas présentement.
Vous allez me demander pourquoi tout changer, si les paiements ne changent pas. Toute la différence se trouve dans le modèle de gestion.
Un hôpital public est géré à partir d’un budget; aussi, chaque patient qui entre dans l’hôpital est perçu comme une dépense, puisqu’il faut piger dans le budget pour lui administrer les soins que son état nécessite. S’il entre trop de patients, le budget est dépensé avant terme; les autres patients sont référés au budget suivant; voici donc, en termes simples, la création des fameuses listes d’attente. De l’autre côté, s’il reste du budget, vers la fin de l’année, les gestionnaires de l’hôpital vont le dépenser de toutes les façons imaginables, afin que le surplus ne soit pas coupé, dans le prochain budget. Bon, je simplifie beaucoup, mais en gros, c’est comme ça que ça se passe.
Un hôpital privé, pour sa part, n’a pas de budget annuel; ses propriétaires ont l’intention de faire des profits. Aussi, chaque patient qui entre dans l’hôpital, que la note soit payée de sa poche, ou par la RAMQ, est perçu comme une possibilité de revenus. Vous croyez que les propriétaires d’hôpitaux vont laisser beaucoup de ces possibilités de revenus dehors, sur des listes d’attente? Bien sûr que non! Ils vont faire tout ce qu’ils peuvent pour attirer les patients, puisque s’ils ne le font pas, ceux-ci risquent d’aller ailleurs, dans les autres hôpitaux, et à ce moment-là, bye bye les profits! Donc, les propriétaires d’hôpitaux ont intérêt à recruter les meilleurs médecins, à mettre sur pied les meilleures équipes médicales, et d’offrir à tout ce beau monde la meilleure technologie possible. Nous nous retrouverons ainsi avec des hôpitaux de qualité supérieure, parmi lesquels les gens pourront choisir.
Car c’est là toute la beauté de l’affaire. Davantage que dans l’affrontement privé-public, le mot qui fera tout changer est le mot CONCURRENCE. Il faut se méfier du « gros big shot » qui va acheter tous les hôpitaux, parce qu’un monopole, qu’il soit public ou privé, demeure un monopole.
Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il n’y aura pas plus de médecins, avec un système où la concurrence règne? Si on permet aux médecins québécois de gérer eux-mêmes leur agenda, et leur clientèle, mais surtout de faire des profits, vous croyez que le quart des diplômés de McGill va continuer de fuir le Québec, à chaque année? La clé de la réussite, c’est la concurrence; les optométristes sont en concurrence, les dentistes aussi. Est-ce qu’on entend parler de manques, dans ces disciplines? Peut-être dans certaines villes en particulier, mais pas à la grandeur du Québec! Pourquoi? Parce qu’ils ont pignon sur rue, et surtout parce qu’ils sont en concurrence.
Amir Khadir, et certains membres de sa famille, dont son père, ont des penchants plutôt communistes. J’appelle ce système de valeurs « le système Lavigueur ». Mais ça, j’y reviendrai.
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