Réforme de la santé: Le Devoir dit-il vrai, cette fois-ci?

Dans un article publié le 11 février dernier, et intitulé “Onde de choc chez les cadres de la santé”, la journaliste Amélie Daoust-Boisvert, du quotidien Le Devoir, indique que ce sont quelque 6000 cadres du réseau de la santé, parmi lesquels environ 4000 membres de l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux (AGESSS), quelque 1700 cadres supérieurs, membres de l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, (ACSSSS), ainsi qu’à peu près 200 PDG et directeurs généraux, qui verront leurs postes fermés en date du 31 mars prochain, dans le cadre du grand brassage de cartes de l’application de la loi 10, récemment adoptée sous bâillon par le gouvernement Couillard.

Selon l’article, le gouvernement passerait de 182 établissements de santé et de services sociaux à environ une trentaine, et ce par le truchement de divers regroupements.  Bien sûr, le Devoir se fait un devoir – c’est le cas de le dire – de défendre les pauvres gestionnaires du réseau de la santé qui, selon les dires de leur PDG par intérim, dans le cas de l’AGESSS, ou de leur directrice générale, dans celui de l’AGSSSS, portent le réseau, et sa réforme, à bout de bras.  Pourtant, il y a de cela un an ou deux, on disait qu’il y avait, dans le réseau de la santé, un ratio de 1,6 employés par cadre, ce qui veut dire qu’à chaque fois que vous voyez 8 employés dans un corridor, il y en a 5 autres qui poussent un crayon, ou une souris, et qui ne traitent personne.  Je crois sincèrement que le fait de fermer tous les postes de cadres, et de rouvrir de nouveaux postes, en fonction des besoins des nouveaux établissements, sera une première étape dans le grand ménage qui devrait être fait dans le réseau.

Feu-mon père, qui nous a quitté en 1986, a travaillé une bonne partie de sa vie dans le réseau, dans un hôpital local, en Mauricie.  Il a donc vécu la transition entre l’époque duplessiste des religieuses et celle, actuelle, des gestionnaires laïcs, et il disait de ces gens qu’ils étaient tellement nombreux qu’ils se nuisaient entre eux.  Et il a cessé de travailler il y a 30 ans!  C’est vous dire que la surmultiplication des cadres ne date pas d’hier.  En fait, à mon point de vue, un réel ménage s’impose dans le réseau, question de réduire les coûts.  Parce que des cadres, c’est payé beaucoup, beaucoup plus cher que le salaire minimum, d’une part, et d’autre part, il y en a plus que le client en demande!  Avez-vous jeté un coup d’oeil à l’organigramme du réseau de la santé?  Une chatte y perdrait ses petits!  Et ça, ce ne sont que les cadres supérieurs!  Cela ne comprend pas les 4000 autres, les “sous-adjoint du directeur-adjoint”, genre.  Autre anecdote; un bon ami à moi, qui travaille dans un centre hospitalier moderne de la région de Lanaudière, m’a confié, peu de temps après son transfert dans le nouveau bâtiment, que l’on allait étudier la possibilité d’y ajouter un étage supplémentaire, question d’aménager davantage… de bureaux!

Mais la principale question que je me pose est la suivante; est-ce que tous les cadres vont se faire virer en même temps, comme le sous-entend l’article du Devoir, ou encore verra-t-on se dessiner une période de transition où les gens continueront de vaquer à leurs occupations, le temps de procéder aux éventuels regroupements physiques des lieux de travail?  Nous savons que si le quotidien donne souvent l’impression de prendre la défense de l’état-providence en général – et du parti québécois en particulier, il sait aussi en mettre plus qu’il en faut, parfois même au point de déformer, volontairement ou non, la vérité.  Je me souviens d’un article de Fabien Leglise, il y a plusieurs années, au sujet de la supersignalisation – vous savez, les immenses panneaux verts qui ornent les autoroutes – qui allait passer de la police d’écriture Highway Gothic à la Clearview; selon la compréhension qu’il avait de la chose, le tout allait coûter quelque 700 millions$, qu’il nous présentait comme une nouvelle dépense du gouvernement Charest, alors que dans les faits, le remplacement allait se faire graduellement, au fur et à mesure du remplacement normal des panneaux, à la fin de leur durée de vie utile.  Bref, pour paraphraser le regretté Jean-Guy Moreau, dans sa célèbre imitation du maire Jean Drapeau, que “ça ne coûtera pas un sou de plus aux contribuables”.

Tout cela pour dire que le Devoir réussit à l’occasion, comme d’ailleurs l’ensemble des médias, à faire paniquer les gens pour des questions qui, somme toute, passeraient pratiquement inaperçues.  Et je crois que ce branle-bas de combat, dans le réseau de la santé, en est un autre exemple.

Voile islamique dans la fonction publique: Pourquoi pas?

Depuis quelques jours, le débat sur la place du voile islamique dans la fonction publique québécoise fait un retour à l’avant-scène.  D’ailleurs, Joseph Facal, dans son commentaire d’aujourd’hui, publié dans le Journal de Montréal, et repris par le site Canoë, revient sur l’affaire.

D’entrée de jeu, j’avoue que toute cette affaire brasse beaucoup de merde, en tous cas suffisamment pour que ça sente… pas trop bon.  Alors, où est-ce que je me situe, moi, dans tout cela?

Je vais vous dire que, bien assis dans mon camion, les femmes qui oeuvrent dans la fonction publique peuvent bien porter ce qu’elles veulent, que cela ne me fait pas un pli sur « la différence ».  C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai rien écrit, jusqu’à maintenant, sur ce sujet.  Mais si une telle pratique risque d’indisposer tant de gens, pourquoi ne pas manifester de façon originale?  Si l’on permet le port du voile islamique, dans le but de respecter la liberté d’habillement des femmes musulmanes, pourquoi ne pas faire enregistrer, auprès du gouvernement, la religion du Dieu-Soleil, et permettre aux femmes qui pratiqueraient cette religion d’aller travailler dans leur costume religieux traditionnel,… le bikini?  Une telle mesure offrirait beaucoup d’avantages; du coup, on réduirait le taux d’absentéisme des fonctionnaires masculins, en plus de garder ces messieurs, dans les files d’attente, des bureaux de fonctionnaires, beaucoup plus calmes, et plus patients.  Les musulmans veulent leur période de prière?  Pas de problème; pendant que les musulmans profiteraient de locaux pour leurs prières, les soleillistes pourraient se voir accorder des pauses-bronzage, dans des endroits spécialement aménagés, sur le toit des immeubles.

Bref, pourquoi se contenter de déchirer sa chemise dans les médias, quand on pourrait l’enlever… religieusement?  Soyez pro-actives, mesdames!

On me souffle à l’oreille que le costume traditionnel des soleillistes ne conviendrait pas à toutes les femmes qui pratiquent cette religion.  Mais ça, c’est un autre problème.

Droits de l’homme: Ceux qui « sacrent », serez-vous les prochains à être poursuivis pour « manifestation religieuse »?

Je viens de tomber sur une dépêche, de la Presse canadienne, et reprise par le site web Canoë, qui dit que c’est au tour des postiers de la ville de Cornwall, en Ontario, de ne plus avoir le droit de dire une phrase aussi courte que « Merci, Seigneur, pour la belle journée« , entre eux, dans l’intimité de leur succursale, avant de prendre la route pour aller distribuer le courrier, et ce même de façon sarcastique, quand la température est mauvaise.

L’un des 45 facteurs de l’endroit, Orvel Murphy, a même reçu un avertissement, pour avoir utilisé l’expression après que l’interdit fut décrété, l’utilisation de celle-ci constituant, aux yeux de la direction, une « manifestation religieuse sur les lieux de travail ».  Comme quoi il n’est pas facile d’abolir une tradition vieille de 25 ans, comme c’était le cas pour les postiers de Cornwall.  À son avis, s’il recommence, il risque même une suspension.  À ses yeux, la majorité de ses collègues croient que la direction pousse trop loin la rectitude politique.

J’en suis rendu à me demander si, un jour où tout va mal, le fait de lâcher un « tabarnak », pour exprimer sa frustration, ne va pas se traduire par une plainte pour « manifestation religieuse ».  Que ceux qui ont la mauvaise habitude de sacrer considèrent ceci comme un avertissement; ils risquent probablement de devenir les prochaines victimes de « politically correctness ».

Mais où tout cela va-t-il donc s’arrêter?  J’ai un collègue de travail de religion musulmane; devrais-je porter plainte pour « manifestation religieuse sur les lieux de travail » parce qu’il pratique le Ramadan?  Bien sûr que non!  Évidemment, puisqu’il ne mange, ni ne boit, du lever au coucher du soleil, au cours de cette période d’environ un mois, il arrive qu’il puisse devenir un peu plus irritable, devant des problèmes, mais bon, outre ce petit détail, cela demeure une pratique personnelle de sa part, et ne dérange en rien les opérations de l’entreprise.  Alors pourquoi cet acharnement à vouloir tout bannir ce qui touche, de près ou de loin, à un signe, si petit soit-il, de la religion chrétienne, et particulièrement au Québec, la religion catholique?

Il faudrait faire comprendre aux « ayatollahs de la laïcité » que le fait d’imposer celle-ci est également une « manifestation religieuse », puisque après tout, ils tentent « religieusement » d’interdire la manifestation de tout signe se rattachant, parfois si peu, à une religion.