Gatineau: L’asphalte s’envole. Un mort!

Le site LCN rapporte qu’un automobiliste, dans la quarantaine, habitant la municipalité de La Pêche, a été tué au volant de son véhicule par un morceau d’asphalte, d’une vingtaine de centimètres de diamètre, qui a fracassé le pare-brise de son Ford Escape et l’a atteint en plein visage. Le morceau d’asphalte s’est détaché de l’autoroute 5 au passage d’un autre véhicule, qui précédait celui conduit par la victime.

Encore une fois, n’attendez pas de déclaration de la ministre des transports, Julie Boulet. Cette fois, elle ne pourra pas dire que c’est son chauffeur. Par contre, peut-être que dans ce cas-là aussi, elle dormait. Ce cas-là, c’est celui de l’autoroute 5, qui traverse le secteur Hull de la ville de Gatineau du sud au nord. Construite en béton dans les années 1960, son état est lamentable, et la conduite automobile y est parfois qualifiée de périlleuse. Axe routier essentiel comprenant le principal pont entre Gatineau et Ottawa, il y a longtemps que cette route aurait dû être refaite à neuf. Mais comme pour le reste du réseau routier, le MTQ a dormi aux gaz. Résultat: Un homme est mort d’un morceau d’asphalte dans la gueule!

Un porte-parole du MTQ révèle que le rapiéçage manuel de surface de route en béton avec de l’asphalte est chose courante. Évidemment, on ne peut demander à un simple porte-parole de faire des déclarations sur la reconstruction possible – et vivement souhaitée – de l’A-5, et dans son intervention, quoique très sommaire, il explique la procédure suivie par les cols bleus du MTQ pour remplir les nids-de-poule. J’aimerais maintenant porter votre attention sur une autre technique de rapiéçage du MTQ, utilisée surtout sur les ponts et viaducs. Au lieu de l’asphalte sur du béton, il s’agit de béton à la place de l’asphalte.

Quand on roule sur la chaussée, et que l’on voit des rapiéçages plus « blancs » que les autres, ce n’est pas parce que les gars du MTQ ont manqué d’asphalte, ce soir-là. Dans ces cas, le problème n’est pas vraiment le pavage, mais bien le tablier, en-dessous du pavage, qui démontre des signes évidents de faiblesse. Il est possible, à ce moment-là, que des fragments de béton se soient même détachés de la structure pour tomber au sol, rendant impossible toute réparation au pavage, puisqu’il n’y a rien en-dessous pour supporter celui-ci. C’est d’ailleurs pour éviter que ces fragments de béton se retrouvent à travers le pare-brise d’un automobiliste que l’on installe des grillages sous les ponts et viaducs, au-dessus des voies carrossables. On doit alors faire un rapiéçage en béton, à même le tablier, pour réparer celui-ci, et on décide alors de le remplir au niveau de l’asphalte, ce qui permet de sauver du temps, puisque l’on répare tout – le tablier et le nid-de-poule – en une seule opération. Ce genre de réparation est très évident entre autres sur la première partie du tablier du pont Honoré-Mercier, en direction de la rive-sud.

Un jour ou l’autre, une véritable catastrophe surviendra, entraînant des dizaines de personnes dans la mort. Évidemment, ce jour-là, le premier ministre Jean Charest, probablement flanqué de la ministre Boulet, annoncera une autre commission d’enquête, afin de trouver les causes de la tragédie. Est-ce à dire que la commission Johnson sur le viaduc de la Concorde n’était qu’une répétition générale?

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8 réactions sur “Gatineau: L’asphalte s’envole. Un mort!

  1. Je suis atterré… c’est simplement aberrant dans une province aussi riche que le Québec.

    (Ce n’est pas parce qu’une énorme partie du fric voué aux grands projets routiers aboutit parfois dans les mains de consultants ou d’entrepreneurs sans scrupule, voire de « chums » de certains partis politiques, et parfois de manière répétée dans les mains d’une panoplie de consultants lorsqu’un grand projet traîne d’une étude à l’autre pendant plus de 30 ans comme l’A-30 et la rue Notre-Dame, qu’il faut conclure que nous sommes une province pauvre ! L’argument de la pauvreté étatique affiche une dose nauséabonde de démagogie partisane et/ou électorale lorsqu’il est servi en réponse à diverses demandes pressantes de segments de la population alors que l’État québécois « gaspille » souvent à droite et à gauche en projets contestés comme Rabaska et tant d’autres. C’est aussi arrogant que de justifier les hausses de salaires souvent disproportionnelles des députés et des juges, en affirmant qu’on ne peut se permettre de hausser le salaire des employés de l’État parce qu’ils sont plus nombreux ! C’est ni plus ni moins du favoritisme, voire de l’abus de pouvoir.)

    Concernant l’A-5, j’ai effectivement roulé sur ce tronçon en début d’automne dernier (2007) à partir du pont McDonald-Cartier. Et quoique je sois malencontreusement habitué aux chaussées cahoteuses des routes et autoroutes du Québec, j’avoue n’avoir rien vu de si délabré sur le réseau principal du MTQ depuis des lustres ! (Pourtant, j’ai roulé partout au Québec hormis l’Abitibi, le Moyen-Nord et la Haute-Côte-Nord. Peut-être que le chevauchement de la 132-138 à Châteauguay s’en approche, mais au moins ce n’est pas une autoroute !)

    J’ai trouvé l’expérience plutôt stressante en raison de l’état chaotique de la chaussée : dalles de béton crevassée, de niveau inégal, trouées et bouchées çà et là d’asphalte, constituant des dizaines sinon plus de cahots significatifs. La signalisation y est aussi erratique (je n’ai pas compté les nombreux changements de voie et de bretelle que j’ai dû effectuer à droite et à gauche, « au dernier moment » (car la signalisation n’est pas répétitive partout ni uniforme), afin de me diriger vers Aylmer… Cela me rappelle la situation chaotique de la signalisation et des bretelles d’accès et de sortie des autoroutes Duplessis et Henri-IV à Québec, sauf que dans ce cas-ci la chaussée est souvent de bonne qualité, capitale « nationale » et tourisme obligent).

    Qu’attend-on pour y effectuer un entretien durable de l’A-5 et autres autoroutes et routes du Québec carrément dangereuses pour la conduite ? (Quitte à dépenser davantage à court terme, quoique cela nous permettrait de sauver considérablement, plutôt que de multiplier l’entretien répétitif de type « petit diachylon de courte durée » sans cesse au fil des ans, comme c’est le cas depuis trop longtemps.)

    On aura beau réclamer la baisse de la limite de vitesse, mais lorsque la chaussée des routes représente un risque considérable pour ses usagers, il faut y voir aussi : histoire de respecter la vie !

    Et de grâce, maintenons un minimum qualité pour la chaussée sur nos routes AVANT d’en construire de nouvelles !

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  2. Il ne faut pas confondre, ici, mon cher Franc-Sois.

    Quand je dis que le Québec est pauvre, c’est selon certaines statistiques cumulées sur les dix provinces canadiennes et les cinquante états américains dans divers domaines de l’économie, et dans ces divers classements, le Québec se retrouve en peloton de queue, genre dans le « bottom 10 ».

    Le Québec a pourtant tout ce dont il a besoin pour être dans le « top 5 » de ces 60 états et provinces, mais c’est tout simplement la volonté qui n’y est pas. Les québécois veulent tout avoir, mais ne rien payer. De plus, les derniers gouvernements, et particulièrement ceux du PQ, ont toujours donné l’impression que l’on est riches à craquer, et qu’aussitôt que l’on désire quoi que ce soit, on n’a qu’à se servir. Au début de la révolution tranquille, tout allait bien; l’abondance était effectivement au rendez-vous, et le Québec a fait un sacré bond en avant. Sauf qu’avec le temps, à force de piger dedans sans compter, et au fil des soubresauts économiques, les réserves se sont vidées plus vite qu’elles se remplissaient, tant et si bien qu’au lieu d’entretenir notre patrimoine collectif, parce qu’ils en avaient de moins en moins les moyens, les gouvernements se contentaient d’entretenir une belle façade, ainsi que l’illusion que tout était encore sous contrôle. On constate aujourd’hui de plus en plus les résultats de cette négligence; les infrastructures tombent en ruines, les listes d’attente en santé n’en finissent plus de s’allonger, et on vit avec une réforme de l’éducation qui met l’emphase sur les capacités d’apprentissage de l’enfant plutôt que sur la matière à enseigner, ce qui donne aujourd’hui des profs de français qui ne savent pas écrire!

    C’est sur ce point que je prétends que l’on est pauvres; nous avons tout pour réussir, mais nous ne nous en servons pas, toujours fixés que nous sommes sur l’illusion que le gouvernement s’occupe de tout. Quand je compare la situation de l’Irlande en 1985, et ce que l’Irlande est devenue de nos jours, je me dis que tout est possible pour nous aussi. Mais voilà; il faut le vouloir!

    Dans le domaine routier, par exemple, c’est au Québec que les routes durent le moins longtemps, et c’est pourtant ici qu’elles coûtent le plus cher à construire et à entretenir (jusqu’à 60% de plus qu’ailleurs au Canada!). Quelle est l’explication à tout ça? Au lieu de se demander de telles questions, on préfère faire tout un plat de la ministre qui roule à 132 km/h sur l’A-40, alors que son chauffeur est un agent de la SQ! S’il y a quelqu’un de qualifié pour rouler à haute vitesse, c’est bien un policier, non? Il est là, le problème; on se contente de chercher des poux dans des histoires de journalistes à potins plutôt que de poser les vraies questions.

    Le comportement collectif est à questionner, lui aussi; quand on pourrait construire des lignes à haute tension pour vendre de l’électricité aux états voisins, d’aucuns se lèvent pour crier que « Touchez pas à l’électricité, c’est à nous autres! » Alors adieu les profits rapides! Il faudra un gouvernement qui aura le courage de donner un sérieux coup de barre pour ramener le Québec dans le cercle des états riches, tout en supportant l’impopularité que cela causera forcément. Les québécois, malgré qu’ils aient déserté les églises depuis une cinquantaine d’années, sont encore sous fort endoctrinement catholique-romain; l’argent, c’est mal, et quiconque en a est sûrement un crosseur! Les syndicats cannonnent d’ailleurs un endoctrinement semblable, au nom de la so-so-so-solidarité, pendant que Louis Laberge, du temps où il était président de la FTQ, allait à la pêche avec les boss du Québec Inc.

    Il faut s’affranchir, comme individus d’abord; prendre le contrôle de sa vie en général, et de ses finances en particulier. C’est vrai; quand on demande à quelqu’un comment ça va, la majorité des gens répondent d’abord « Ça va pas pire », et ajoutent quelques secondes plus tard « on a pas l’choix! » Il faut convaincre les gens qu’ils ont effectivement le choix, et qu’ils doivent choisir eux-mêmes, car sinon, les autres choisiront pour eux. Sauf que lorsque l’on fait des choix, il faut aussi les assumer; c’est souvent là que les gens préfèrent se laisser guider, pour ensuite chiâler leur mécontentement, tout simplement parce que c’est plus facile.

    Bref, ce qu’il faut faire, c’est casser la pensée keynésienne. C’est tout à fait faisable, d’autres états l’ont fait avec succès, mais le travail sera long et ardu.

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  3. Petit retour de ce billet, les travaux de réfection de l’Autoroute 5 sont commencés depuis lundi cette semaine. La chaussée ne sera cependant plus en béton: La dalle de béton sera complètement réparée et ensuite asphaltée. Ça devrait donner de bons résultats, vu que la base sera solide.

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  4. Salut Richard3,
    Mon commentaire est par rapport avec l’autoroute 5, mais de l’autre bout.
    Pourquoi ils ont decidé de relier les 2 tronçons de la 5 (celui à Wakefield et le principale, qui va jusqu’à Gatineau)?

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  5. Rebonjour, Gui.

    L’A-5 a été prolongée, au fil des ans, à mesure de l’augmentation des besoins. Le tronçon de Wakefield, quant à lui, sert principalement à éviter certaines courbes dangereuses, et à contourner le village. Il faut mentionner que la route 105 est très sollicitée, surtout les week-ends. Beaucoup de gens, dans le grand Ottawa/Gatineau, ont des chalets, dans le nord, et la 105 devient le lien principal. Alors, un peu comme l’A-15, au nord de Montréal, est venue prêter main-forte à la route 117, l’A-5 vient aider la route 105. Au fur et à mesure que la 105 commence à montrer des signes de saturation, on prolonge l’A-5.

    Cette fois, c’est le secteur entre le chemin des Pins, et Farm Point, au nord de Chelsea, puis vers Wakefield, où la 105 devient de plus en plus saturée. On a donc commencé les travaux des premiers 2,5 km, ce qui devrait conduire au chemin Cross Loops, à Farm Point. Les études sont commandées – ou sur le point de l’être – pour les six kilomètres restants, afin de rejoindre le tronçon de Wakefield.

    Tout juste au nord de celui-ci, il y a une succession de courbes, sur la route 105, qui mériteraient bien d’être contournées. Au tournant des années 2000, le ministre des transports de l’époque, Guy Chevrette, avait autorisé le processus du prolongement du tronçon de Wakefield sur 2 ou 3 km, question de pouvoir éviter ces courbes, qui se trouvent juste au bord de la rivière Gatineau. Il n’a pas eu suite à cela, et le projet est probablement retourné sur les tablettes du MTQ.

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  6. À certains endroits (partout au Québec, il faudrait dire), les routes font tellement pitié que les rangs de  »gravel » sont plus entretenue. J’ai déjà vu des endroits que le MTQ bouché les trous dans la chaussée avec du gravier, pas une couche d’asphalte par dessus, le gravier, seulement remplir le trou, à certains endroits en changeant des ponceaux,  »des calvettes » comme on appelle ça en bon Québecois, seulement en sortant le ponceau avec une pelle mécanique le ponceau se séctionnait en deux. Le réseau routier est un réseau en morceau, le MTQ devrait donc, faire un effort sur les autoroutes, la 20 à des nids de poules énorme et ça cabosse on dirait un champ de bataille.

    L’autre fois j’attendais à un travaux routier et j’ai attendu de 20 à 30 minutes pour passer sur peut être 200 mètres.

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  7. Ottawa ne donne pas une cenne à Gatineau pour ce qui est de l asphaltage des routes.
    Pourtant ils in hésitent pas à envoyers leurs touristes de ce côté ci de la rivière pour visiter le parc de la gatineau.
    Il faut aussi voir les parades de plaques d ontario qui montent a leurs chalet la fin de semaine.

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