Transport routier: La source des “tapis volants” découverte?

Dans le domaine du transport lourd, on surnomme “tapis volants” ces chauffeurs venant d’ailleurs, portant des turbans pour la plupart, et qui conduisent dangereusement. Mais samedi soir dernier (12 octobre), au hasard d’une visite sur YouTube, je tombe sur un reportage publié sur la chaîne de vidéos le jour même. C’est un reportage de la CBC, donc en anglais, dans le cadre de l’émission Marketplace, une émission qui ressemble, grosso modo à Enquête, sur le réseau français de Radio-Canada.

Bon, on y voit bien quelques larmes, bien entendu, mais le fond de l’affaire a quand même de quoi faire peur. La journaliste, Asha Tomlinson, se rend dans un centre de formation (Drive Test Center), à Brampton, en Ontario, avec caméra cachée, et parle avec différents intervenants sur place, au sujet de la formation que reçoivent les candidats au permis de conduire de camions lourds.

Il faut savoir qu’en Ontario, pour conduire un camion lourd, il existe un programme de formation appelé Mandatory Entry Level Training (MELT), que l’on pourrait traduire en “formation obligatoire de niveau débutant”; il comprend 103,5 heures de formation avant de passer un premier test sur la route. En guise de comparaison, le programme québécois du diplôme d’études professionnelles (DEP) de conduite de camions lourds dure 615 heures, dont 430 en pratique, et 185 heures de théorie.

Dans le reportage de madame Tomlinson, on apprend que des dizaines d’écoles de conduite de camions lourds offrent divers “raccouorcis” pour permettre à leurs élèves d’obtenir leur MELT, souvent sans même compléter le nombre d’heures de formations requis. De plus, le reportage nous informe que la délivrance des permis de conduire, en Ontario, contrairement au Québec, où tout passe par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), est confiée à une entreprise privée, appelée Serco, et que certains inspecteurs de cette boîte accepteraient des pots-de-vin, pouvant aller jusqu’à 5000$, pour “faire passer” certains candidats au permis commercial.

Au Québec, le Centre de formation en transport de Charlesbourg (CFTC) exige un minimum de 5 ans d’expérience routière à ses formateurs. Je ne connais pas les conditions des autres écoles. En Ontario, contrairement aux écoles de conduite pour voitures, aucune formation spécifique n’est exigée pour enseigner la conduite de camions lourds. Toujours selon le reportage, de nombreuses écoles de conduite de camions lourds ouvrent et ferment régulièrement, et de nombreux élèves perdent des sommes considérables, ne complétant pas leur formation, et ce tout en étant reconnus comme ayant réussi le MELT. Elle complète son topo en montrant qu’une entreprise de transport donne de la formation supplémentaire à ses recrues, et passe elle-même du temps de pratique avec un instructeur sur la route.

Sans vouloir me vanter, l’entreprise pour laquelle je conduis offre des stages en milieu de travail à des élèves des deux écoles publiques qui donnent le DEP, soit le CFTC et l’autre, le Centre de formation du transport routier (CFTR), située à Mirabel. Il m’arrive donc régulièrement de prendre des stagiaires sur la route, question de voir de quoi ils sont capables. Je dirais que dans l’ensemble, ce sont de bons chauffeurs qui, malgré quelques petites faiblesses, ici et là, deviendront d’excellents routiers, à mesure que l’expérience va rentrer. Mais il y a des exceptions, malgré les quelques 340 heures de pratique qu’ils ont derrière la cravate (le stage compte pour environ 90 heures, ce qui complète les 430 heures de pratique).

Évidemment, je ne dis pas que les routiers du Québec sont tous exemplaires, mais à la lumière de ce reportage, ils semblent mieux outillés que ceux de l’Ontario. Et tant que les pratiques soulevées par le reportage d’Asha Tomlinson ne seront pas éliminées, les routes nord-américaines, et en particulier l’autoroute 401, de l’Ontario, reliant Toronto et Montréal, demeureront potentiellement dangereuses.

Éducation au Québec: On est pas sortis de l’auberge!

Il m’arrive, a l’occasion, de parler d’éducation.  Et ces temps-ci, le sujet est d’actualité.

Depuis quelques jours, on entend des gens qui paniquent, suite à l’annonce de la ministre, Michelle Courchesne, au sujet d’un décret, apportant des modifications au calendrier scolaire, qui allait désormais permettre d’ouvrir les écoles pendant les week-ends; plusieurs ont peur d’avoir à envoyer leurs enfants à l’école les samedis.  Ne vous inquiétez pas; on a toutes les misères du monde à avoir des profs en semaine, alors imaginez les week-ends!  Le chat a fini par sortir du sac; les changements avaient pour but d’accommoder certaines écoles privées de religion juive, qui étaient dans l’illégalité, puisqu’elles consacraient trop de temps aux matières religieuses, et ce faisant, ne pouvaient pas dispenser les matières obligatoires, selon le programme scolaire du ministère de l’éducation, du loisir et du sport (MELS), de façon adéquate.  Ainsi, le ministère donnait une chance à ces écoles juives de rentrer dans la légalité, en leur permettant de disposer de plus de temps.  Reste à savoir si ces écoles se conformeront au programme, maintenant.

Pendant ce temps, le Journal de Montréal envoyait Sébastien Ménard en mission, afin qu’il devienne, incognito, enseignant suppléant, et directeur d’école stagiaire, dans une école secondaire, située en région.  Il a rapporté des propos que l’on peut lire ici, , et encore .  D’autres textes seront publiés tout au long de la semaine, dit-on dans le premier article.  Pour l’instant, on pourrait résumer ses dires à quelques mots, à savoir que l’école, c’est le bordel!  Des profs qui passent à deux cheveux de péter les plombs, des directeurs d’école qui font plein de choses, sauf le travail qu’ils devraient faire, et surtout des élèves qui n’ont de respect pour rien, ni personne.  Un dernier lien, celui de la chronique de Richard Martineau, qu’il intitule “Le merdier”, et qui traite, bien sûr, des articles de son collègue Ménard, tout en mettant son grain de sel sur le système d’éducation actuel.

Je dis depuis longtemps que si l’on commençait par mettre les bons profs dans les bonnes classes, ce serait peut-être une partie de la solution; en voyant des profs carrément passionnés par la matière qu’ils enseignent, et ce dès le primaire, les enfants voudraient peut-être développer quelque chose.  Mais il y a une autre partie de la solution qui doit se passer à la maison.  Il faut enseigner aux enfants certains principes de base, et ce dès la naissance.  Vous allez me dire qu’un enfant à peine naissant ne peut sûrement pas apprendre grand chose, et dans le sens académique du terme, vous n’aurez pas tout à fait tort.  Par contre, comme disent les anglophones, “children see, children do” (les enfants ne font pas ce qu’on leur dit de faire; ils font ce qu’ils voient).  Le principe de la répétition, et de l’apprentissage par l’exemple, peuvent se mettre en pratique dès le début.  Imaginez que votre enfant, au moment où il apprend à marcher, laisse carrément tomber à sa troisième chute, et décide de définitivement se déplacer à quatre pattes; ce sera beau, au CÉGEP.  Heureusement, ce n’est pas comme ça que ça se passe.  Or, il faudrait inculquer à l’enfant le principe de la persévérance, qu’à force d’essayer, et de répéter, encore et encore, on finit par y arriver.  À force de pratiquer un talent, on en vient à y exceller.  D’autres principes, comme la confiance, l’estime de soi, et le respect des autres, s’apprennent aussi à la maison.  Encore faut-il se donner la peine de passer du temps – de qualité – avec son enfant.

Certains prétendent, à la vue de ce qui se passe actuellement, dans les écoles, que toute une génération de jeunes a été sacrifiée par la réforme, qui mettait les “compétences” en priorités, face aux “connaissances”, réforme mise de l’avant par une autre ministre de l’éducation, à l’époque.  Si ma mémoire est bonne, je crois qu’il s’agit d’une certaine… Pauline Marois.