Stade olympique: Il faut arrêter les frais

Je viens de lire une intéressante chronique de Michel C. Auger, sur le site web de La Presse, sur les coûts de mise à niveau du Stade olympique de Montréal, texte qui date du 17 décembre dernier. Voici d’abord le texte de monsieur Auger ici, et je mettrai mes commentaires après celui-ci. Allons-y.

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Trop d’architecture, pas assez de stade

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Comme monument, le Stade est une grande réussite. Comme lieu de rassemblement pour des évènements sportifs ou culturels, c’est un gigantesque fiasco, écrit Michel C. Auger.

Michel C. Auger Collaboration spéciale

1. Consultez le rapport du juge Malouf

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Ah bon? Vous êtes bien certain de cela, monsieur Auger?

Je crois qu’il y a des gens sérieux qui n’ont qu’une seule envie, soit de démolir le stade, et de récupérer les terrains pour construire des logements à prix abordable, dont la ville a cruellement besoin. Ce stade, d’abord construit hors du centre-ville, en plus des défauts rapportés par monsieur Auger, défauts vérifiables que je ne conteste aucunement, coûtera les yeux de la tête à mettre aux normes. À elle seule, la facture de la rénovation de la création du regretté Roger Taillibert, même si on n’en connaît pas les détails, permettrait de financer une bonne partie des rénovations, et des ajouts, nécessaires pour obtenir (ou devrais-je dire réobtenir) un réseau autoroutier digne d’une métropole.

Évidemment, une démolition du stade ne sera pas gratuite pour autant. Mais au moins, cela ne sera plus à recommencer aux vingt ans, d’une part, et d’autre part, la facture sera probablement sous le milliard. Et comme je le mentionnais, les terrains pourront servir à la construction de nombreux logements, qui permettraient de stabiliser le prix des loyers dans le grand Montréal, à défaut de le baisser. Et si l’on veut garder un témoin de la grande époque des jeux de la XXIe olympiade, on peut toujours garder la tour inclinée, un peu comme on a conservé un ou deux piliers de l’ancien pont Champlain. En s’assurant que la tour soit capable de rester debout par elle-même, bien entendu. On y fait un musée des olympiques de 1976, et la mémoire est perpétuée.

Rentabiliser le Stade olympique, c’est peine perdue; il faudrait y présenter trois événements par soir afin de penser “rentrer dans son argent” un jour. Et comme Taylor Swift ne viendra probablement pas y tenir une résidence à long terme, il vaut mieux oublier le projet.

3e lien Québec-Lévis: Vous oubliez un détail ou deux, madame Hachey!

Je viens de lire une chronique d’Isabelle Hachey, sur le site web de La Presse, intitulé “L’éléphant dans la pièce”.  Quoique bien instructif, particulièrement au sujet de la Katy Freeway (Interstate-10), un monstre de 26 voies qui traverse Houston, au Texas, ce texte de madame Hachey ne prouve rien en ce qui concerne le 3e lien Québec-Lévis, dont la dernière annonce du ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, nous permet désormais de savoir qu’il prendra la forme d’un tunnel.

Il ne prouve rien parce que l’augmentation du nombre de véhicules aurait sans doute lieu, qu’il y ait nouveau lien ou pas. Le problème, c’est que nos bons gouvernements ne planifient pas le nombre de voies disponibles sur le réseau routier en fonction de la potentielle augmentation du volume de la circulation, mais plutôt en fonction des belles annonces qui, espèrent-ils, se traduiront par des votes en leur faveur dans les urnes, aux prochaines élections. À preuve, le pont Samuel-de-Champlain, inauguré en grandes pompes cette semaine; malgré sa “bénédiction” par un chef Mohawk, il n’améliorera pas la circulation entre Montréal et sa rive-sud. Pourquoi? Parce qu’à l’instar de l’ancien pont Champlain, inauguré en 1962, et qui sera définitivement condamné ce lundi, le nouveau pont fut construit avec trois voies par direction, alors qu’il en aurait fallu au moins cinq.  Parce que la population, entre autres, a définitivement augmenté, des deux côtés du fleuve, depuis 57 ans.

Même le gouvernement actuel, dont le parti en est à sa première expérience au pouvoir, s’est fait prendre à ce même petit jeu, en promettant un tunnel au lieu d’un pont, ainsi qu’une autre infrastructure, un pont à haubans, pour rejoindre l’île d’Orléans, en remplacement du vieux pont suspendu.  Juste ça, c’est au moins un demi-milliard de dollars jeté par-dessus bord! Il aurait été mieux de construire un seul pont pour relier l’île, y mettre un échangeur, et poursuivre vers la rive-sud, quitte à y aller en tunnel, quoique j’aurais préféré un autre pont, question de permettre une deuxième option pour le transport des matières dangereuses.

Et ça, c’est l’autre détail oublié par madame Hachey; le camionnage.

À Montréal, il se perd quelque chose comme deux milliards – peut-être même davantage –  par année, à travers l’économie, juste dans les bouchons de circulation, via les retards qu’ils provoquent. Le 3e lien Québec-Lévis sert principalement à éloigner le jour où la grande région de Québec deviendra aussi congestionnée que celle de Montréal, parce que l’économie verte a beau promouvoir les commerces de proximité, il n’en demeure pas moins que ceux-ci ne reçoivent toujours pas leurs marchandises par téléportation! Et ce n’est pas demain la veille du jour où cela va se produire. L’économie a besoin de routes. De plus, prenez les voitures électriques, si prisées par nos amis verdoyants; elles devront toujours bien rouler quelque part!  Bref, il faudra toujours des routes. Et comme la population augmente, la demande de routes aussi.

Ce n’est pas tout le monde qui veut – ou qui peut – se payer un appartement, ou un condo, dans la vieille capitale; je lisais dernièrement qu’un terrain, à Québec, pour une construction résidentielle, pouvait se détailler jusqu’à 175,000$, ce qui est carrément inabordable pour les familles de la classe moyenne. Un tel coût poussera définitivement ceux-ci vers les banlieues, que ce soit Donnacona, ou Beaumont, où le prix des terrains résidentiels se situe plutôt dans les 60,000 à 75,000$; l’économie représente presque tout le coût de la maison! Or, en bagnole, sans trafic, Google Maps donne un trajet qui se réalise, dans les deux cas, en 36 minutes. Quand on clique sur l’icône des transports en commun, encore une fois dans les deux cas, il n’y a rien! Niet! Comme dans “zéro, pis une barre”! Google indique:

“Désolé, nous n’avons pas pu calculer l’itinéraire en transports en commun entre « Québec » et « Donnacona » .”

Idem pour Beaumont, by the way!

Peut-être existe-t-il du transport en commun, entre ces villes et Québec, mais Google Maps, manifestement, n’est pas au courant.  De toute façon, s’il y avait eu une véritable demande de transport en commun entre les deux rives du fleuve, le vénérable pont de Québec aurait très bien pu servir de voie privilégiée pour établir des lignes de train de banlieue.

Autrement dit, qu’on ne vienne pas essayer de me faire brailler avec le concept de “circulation induite”; c’est un concept aussi vague que celui des “retombées économiques”, et ce même si la très grande majorité des festivals, à travers la belle province, dit baser son existence sur cette théorie.  Isabelle Hachey a beau amener trois métaphores pour tenter d’expliquer l’inutilité du 3e lien Québec-Lévis, elle ne me convainc pas du tout.  Au contraire, je lui répondrai par une seule; ce n’est pas parce que l’on rapetisse la conduite d’eau que les gens, au bout de celle-ci, auront moins soif.

Josée Legault sur le salaire minimum: Same old, same old…

Hier après-midi, au retour de mon travail, j’ai mis la main sur un exemplaire du Journal de Montréal, et j’ai pris le temps de lire la chronique de Josée Legault intitulée “Ces pauvres qui travaillent”.

Comme j’aime bien faire de temps à autres, je commenterai le texte de madame Legault directement dans celui-ci; madame Legault parlera en bourgogne, et en italique, alors que je répondrai avec le caractère normal.

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«Le travail enrichit». On connaît le refrain. Dans nos sociétés avancées, les travailleurs et les travailleuses «pauvres» sont pourtant nombreux. Et pour cause.

…pour cause?  Quelle cause?  La question qu’il faut se poser est la suivante; Qui travaille au salaire minimum, et pourquoi?  La réponse peut varier, mais la plupart du temps, les jobs au salaire minimum sont occupés par des gens qui commencent sur le marché du travail, comme des étudiants, des gens qui en furent longtemps exclus, etc., et ils y sont le temps de se mettre – ou de se remettre – dans le marché du travail.  On remarquera aussi que les entreprises offrant majoritairement des postes à salaire minimum ont aussi un taux de roulement de personnel plus élevé que la moyenne, ce qui prouve que ces gens recherchent, pour la plupart, à améliorer leur situation.

Le 1er mai, le salaire minimum monte d’un microscopique 20 ¢. À 10,75 $ de l’heure, pas besoin d’un doctorat en économie pour deviner l’impossibilité concrète de se donner un niveau de vie même minimalement décent.  À ce taux, l’achat d’une passe d’autobus mensuelle vaut à elle seule une journée entière de travail. Bref, on est ici à des galaxies du mythique 1 % des plus fortunés, des médecins ou même de la classe moyenne.

Tout est proportionnel, madame Legault!  Le niveau de vie d’un travailleur à salaire minimum est sûrement moins élevé que le vôtre, mais meilleur que celui d’un assisté social.  De toute façon, on occupe un job à salaire minimum non pas pour se donner un niveau de vie, mais bien pour se tailler une place sur le marché du travail, ce qui signifie, en bout de ligne, que ce type de job est avant tout temporaire.  C’est d’ailleurs l’erreur que perpétuent continuellement ceux qui prétendent “se battre contre la pauvreté”, à savoir définir cette situation, ou pire encore, celle de l’aide sociale, comme en étant une dans laquelle on pourrait passer toute sa vie.

L’écart se creuse

Pendant ce temps, les écarts de richesse se creusent en Occident. Même aux États-Unis, ça débat fort sur l’urgence d’un salaire minimum à 15 $. C’est tout dire.

Nos voisins du Sud ne sont pas à l’abri de la connerie, vous savez!  Eux aussi ont des groupuscules qui se battent contre les moulins à vent, et ceux-ci sont gâtés, pendant cette campagne à la présidence qu’ils vivent, d’avoir un digne représentant en la personne de Bernie Sanders.  Après l’urgence d’un salaire minimum à 15$, ils débattront sur l’urgence d’un salaire minimum à 20$,…  Ainsi va la vie, mes amis!

Cette semaine, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) avance le concept de «salaire viable». En se basant entre autres sur les disparités régionales et familiales et les prestations gouvernementales, l’IRIS établit ce «salaire viable» à 15,10 $ de l’heure pour un emploi à temps plein.

Si vous voulez mon avis, l’IRIS est à Québec solidaire ce que la firme de sondages Léger est au PQ, c’est à dire une boîte qui peut se permettre de torturer les chiffres pour leur faire dire ce qu’elle veut bien leur faire dire.  On pourrait prendre un autre “institut de recherche”, et lui faire dire que le salaire minimum est une situation enviable!

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) abonde dans le même sens. Très loin du pactole pour les travailleurs pauvres et souvent sans avantages sociaux, on se rapprocherait néanmoins d’un pouvoir d’achat relativement meilleur.

Le piège, avec la hausse marquée du salaire minimum, est que la hausse somme toute relative du pouvoir d’achat qu’elle apporte est tout à fait temporaire.  En effet, l’employeur, qui ne peut pas espérer une hausse de productivité équivalente, devra compenser la hausse du salaire minimum par une hausse de prix de ses produits et/ou services, ce qui apportera une baisse de ses ventes, comme cela arrive à chaque hausse de prix.  Ainsi, au mieux, il verra son chiffre d’affaires baisser, et au pire, devra faire des mises à pied parmi son personnel.  Ainsi, loin de profiter d’une hausse de niveau de vie, les employés ainsi remerciés seront confrontés au chômage.

Beaucoup de monde

Selon l’IRIS, plus d’un million de personnes au Québec gagnent moins de 15 $ l’heure, dont 57 % sont des femmes et 60 % ont plus de 24 ans. Ça fait beaucoup de monde à vivre une grande fragilité financière et ses effets négatifs amplement documentés sur la santé.

Je posais la question, au début; Qui travaille au salaire minimum, et pourquoi?  On passe par un job à salaire minimum le temps d’apprendre – ou de réapprendre – à travailler, et ensuite, on va faire autre chose de plus valorisant, de plus payant, etc.  Éliminer le job à salaire minimum, c’est éliminer ce lieu d’apprentissage qui pardonne davantage les erreurs que dans des postes à responsabilités plus élevées, et dans les faits, cela n’arrivera jamais, puisqu’il faut toujours commencer quelque part.  Aussi, si l’on se rend malade à conserver un job à salaire minimum, ce n’est pas d’une augmentation de salaire que l’on a besoin, mais plutôt d’un psychologue!

Surtout, il y a quelque chose de révoltant à fermer les yeux devant la pauvreté quand on peut mieux la combattre. Il en va ainsi d’un salaire minimum trop bas. Mais aussi d’une aide sociale qui, même pour les prestataires inaptes à vie, les laisse avec encore moins.

Comme on dirait en bon québécois, “voilà le chat”!  La pauvreté – financière – est supposée être une situation temporaire, un moment où l’on atteint le fond du baril avant de mieux rebondir, et relancer sa vie sur de nouvelles bases.  Si l’on décide de rester dans la pauvreté – car il s’agit là d’une décision, il ne s’agit plus là d’une situation financière, mais bien d’un état d’esprit.  Combattre la pauvreté n’est pas le job d’un gouvernement, mais bien une tâche individuelle, qui incombe à chacun d’entre nous.  Se sortir du salaire minimum, c’est comme se sortir de l’aide sociale; il faut des efforts individuels que chacun doit faire, selon sa situation propre.

On passe notre temps à dire des phrases creuses comme “Ce n’est pas grave de tomber; l’essentiel, c’est de se relever”; ce n’est pas tout de les dire, ou de les coller sur son mur Facebook, on doit aussi les mettre en action au quotidien!  Pour ma part, j’ai passé par une fermeture d’entreprise; après avoir traversé le chômage, les “jobines” et l’aide sociale, je suis allé en formation (à 51 ans!), et j’ai repris le collier depuis plus d’un an, maintenant.  J’ai une bagnole de 25,000$ dans l’entrée (en plus de mon bon vieux pick-up), des cartes de crédit – pas toutes “loadées” – dans mes poches, et pourtant, je n’ai rien d’un superhéros!  Je ne suis qu’un homme qui a retroussé ses manches, s’est craché dans les mains, et a travaillé à améliorer sa situation.

Et le jour où l’on encouragera les gens à améliorer eux-mêmes leur situation, au lieu de leur faire miroiter la victoire héroïque d’une utopique lutte contre la pauvreté, il restera davantage de ressources pour finalement donner toute l’aide nécessaire à ceux que madame Legault appelle les “prestataires inaptes à vie”.

Rapport Payette: Le monsieur n’est pas content de la réaction des radios

Il y a quelques semaines, sortait un rapport de Dominique Payette, commandé par Pauline Marois, suite à sa défaite de l’an dernier, rapport d’une étude sur les médias de la vieille capitale.  Je n’ai pas lu le rapport Payette dans son intégralité (mea culpa), mais comme un peu tout le monde, j’ai saisi certains passages qui furent publiés dans les médias.  Et à lire ceux-ci, tout porte à croire que madame Payette n’y va pas avec le dos de la main morte, comme dirait l’autre; cet article du site web du quotidien Le Soleil nous dit d’ailleurs que selon madame Payette, “Il y a un régime de peur dans la région de Québec”.

Les réactions furent nombreuses, et rapides; entre autres, l’Université Laval, où oeuvre madame Payette, s’est rapidement dissociée du rapport de sa professeure.  Et au travers de tous les avis négatifs lus et entendus au sujet de ce rapport, il y a eu quelques commentaires positifs, comme celui de Jean-François Vallée, de Saint-Philippe-de-Néri, qui fut publié ce matin sur le site web de La Presse.  Pour info, Saint-Philippe-de-Néri se trouve, à vol d’oiseau, à environ 125 kilomètres de Québec, et que dans le cadre de mon travail, quand je passe sur l’autoroute 20, à la hauteur de la sortie 456, il y a déjà belle lurette que je ne capte plus les radios de Québec, ce qui me porte à croire que ce gentil commentateur se fie sur de vieilles opinions (il dit avoir vécu dans le grand Québec pendant 38 ans), ou sur des préjugés.  À sa défense, au sujet des idées véhiculées par les gens de Québec, il nomme le fait de faire la file au Centre Vidéotron, ce qui indique peut-être que son déménagement dans le Bas-du-Fleuve est somme toute très récent.  À moins qu’il se tape quotidiennement l’écoute de ces stations de radio sur leurs sites internet respectifs, ou encore qu’il fasse l’aller-retour quotidiennement entre son domicile et la vieille capitale.

Quoi qu’il en soit, les habitués du Blogue me voient déjà venir!  Eh oui, je reproduis ici le commentaire de monsieur Vallée, tel que publié dans La Presse, et je répondrai entre les lignes (entre les paragraphes, en fait) en mettant mes propres commentaires, en réaction à ceux de monsieur Vallée.  Comme celui-ci me semble un souverainiste fini, je mettrai donc son texte en bleu, et je répondrai avec la couleur habituelle.  Allons-y!

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Madame Payette frappe dans le mille

Jean-François Vallée
Saint-Philippe-de-Néri, Québec

Madame Payette, les constats que vous dressez sur le contenu des émissions des radios de Québec touchent leur cible. Les réactions des principaux concernés les démasquent une fois de plus : elles sont dignes de voyous de ruelles rompus à l’intimidation. Ils attaquent en bande : « Allez, crient-ils, toute la gang ensemble, on lui pète la gueule ! » Une belle unité stalinienne lie les Fillion, Maurais, Dupont, Napoli, Bouchard, Ségal et Landry, qui n’ont même pas lu votre étude.

Premièrement, comment peut-il affirmer que tous ceux qu’il nomme n’ont effectivement pas lu le rapport?  Ils lui ont dit personnellement?  S’il s’accorde le droit de défendre ses couleurs, pourquoi les animateurs visés ne pourraient-ils pas défendre les leurs?  C’est là une simple manifestation de la liberté d’expression, comme d’ailleurs celles de l’Université Laval, du maire de Québec, d’Agnès Maltais, et aussi… de PKP, qui est lui-même régulièrement invité à au moins l’une de ces radios.

Le pire est que vos propos sont modérés. Le portrait s’avère en réalité encore plus sombre.

Ça, je ne pourrais dire, n’ayant pas lu le rapport moi-même.  J’accorde donc à monsieur Vallée le bénéfice du doute.

La vérité, c’est que les radios de droite à Québec enveniment vraiment le climat social de Québec. J’y ai vécu 38 ans, assez pour constater que les boycotter est inutile : leur fiel s’immisce dans tous les endroits publics, colore toutes les conversations. Il suffit d’écouter les passagers de l’autobus ou la station syntonisée par le chauffeur, de magasiner à Place Laurier ou de faire la file au Centre Vidéotron pour reconnaître les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio et recrachés tels quels, sans filtre. Petit à petit, l’incivilité, l’anti-féminisme, l’homophobie et le climato-scepticisme s’immiscent dans les esprits et teintent les propos.

Réglons une chose tout de suite, si vous le voulez bien; qui est ce monsieur Jean-François Vallée pour prétendre détenir ce qu’il appelle “la vérité”?  Ce qu’il raconte ici, et tout au long de son texte dopinion, n’est que sa propre interprétation de la situation.  Ensuite, pour prétendre que “les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio” soient effectivement “recrachés tel quels, sans filtre”, il faut bien entendu avoir écouté “les radios de droite à Québec” soi-même, ce que monsieur Vallée ne nous prouve en aucune façon.  Finalement, si l’incivilité, l’anti-féminisme, et l’homophobie sont des idées dont les frontières sont habituellement bien définies, j’aimerais bien savoir ce que le climato-scepticisme vient faire là-dedans, et ce pour la simple et bonne raison que les théories sur les changements climatiques ne sont encore que des théories, et que rien n’a été prouvé hors de tout doute raisonnable.  Comme on le dit souvent, si c’était vrai, ça se saurait!

La vérité, c’est qu’il n’existe aucun contre-discours crédible sur les ondes de Québec : les droitistes forment un troupeau uni qui monopolise les micros.

Il n’en tient qu’à monsieur Vallée de créer ce contre-discours!  Il n’a qu’à faire comme les autres, c’est à dire demander une licence, et ouvrir une station de radio qui émettra sa propre opinion.

La vérité, c’est qu’aucun indépendantiste ou « gauchiste » n’a passé le test d’embauche dans ces trois radios depuis des décennies, alors qu’au moins 50 % des gens de Québec partagent ces idées. Sylvain Bouchard peut donc dormir tranquille, il ne perdra jamais sa job.

Heureux d’apprendre “qu’au moins 50% des gens de Québec partagent ces idées” indépendantistes ou gauchistes; c’est probablement pour cela que la région de Québec est la seule au Canada où les conservateurs ont fait des gains appréciables lors des élections fédérales du 19 octobre dernier, et que le Bloc québécois, comme le Nouveau parti démocratique (NPD), d’ailleurs, n’y ont fait élire personne!

La vérité, c’est qu’à Québec, les clones d’Elvis Gratton ont pris le contrôle du crachoir et envoient paître systématiquement tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Encore une fois, si monsieur Vallée veut prendre “le contrôle du crachoir”, il sait quoi faire!

La vérité, c’est que ces animateurs sont les émules et les descendants de grand-papa André Arthur, qui a patiemment semé son style empoisonné non seulement à Québec, mais aussi à Saguenay (Myriam Ségal), Montmagny et Rivière-du-Loup (Daniel Saint-Pierre), où il tient chronique.

Il reste que les auditeurs, qu’ils soient à Québec, à Saguenay, à Montmagny, à Rivière-du-Loup ou ailleurs, ont le libre arbitre; s’ils ne sont pas contents de ce qu’ils entendent, ils peuvent toujours changer de station, s’abonner à la radio satellite, écouter des disques compacts, bref, les options sont nombreuses!

La vérité, c’est que ces animateurs connaissent très bien le poids des mots et les font servir à leurs fins. Connotés négativement : « syndiqué », « séparatiste », « péquiste », « québécois », « francophone », « gauchiste », « intellectuel » et « environnementaliste ». Leurs préférés : « environnementeur » ou « enverdeur ».

J’ai lu certains textes écrits par des personnalités connues pour leur côté vert, et j’ai moi-même ajouté à mon vocabulaire les mots “environnementeur” et “enverdeur”, tellement leurs propos étaient souvent tirés par les cheveux!  Encore une fois, on sent que l’auteur de ce texte associe l’environnement à la gauche, ce qui est loin d’être absolu!

Connotés positivement : « travailleur non syndiqué », « fédéraliste », « libéral », « canadien », « anglophone », « conservateur », « militaire », « caquiste » et « pétrole ».

De la façon dont je lis cette phrase, et la précédente aussi, il semble que monsieur Vallée connote lui aussi ces mots, mais de façon diamétralement opposée.  C’est son choix, si tel est le cas.

La vérité, c’est que ces radios sont, sur le plan politique, le bras médiatique des partis fédéralistes de droite. En 2014, c’était le Parti libéral du Québec. En 2015, le Parti conservateur du Canada. Leurs idées sont louangées et leurs élus acclamés, jouissant du privilège d’entrevues mielleuses, complaisantes.

D’abord, il est aussi vrai de dire que le Parti libéral du Québec est de droite que de dire que le drapeau du Québec est noir, avec des flammes orange!  Ensuite, il faut savoir que dans les médias, ça se passe comme ça; les propriétaires (ou les syndicats, dans le cas de Radio-Canada) ont une opinion, et la poussent.  S’il y avait une radio dont le propriétaire est un péquiste fini, à Québec, il est très probable qu’Agnès Maltais – qui se dissocie elle aussi du rapport Payette – y tiendrait une chronique hebdomadaire, à défaut d’être quotidienne.  Pour information, mentionnons que PKP est régulièrement invité en entrevue à la radio québécoise dite de droite.

La vérité, c’est qu’il ne s’agit pas de radios d’opinions, mais de radios à une seule opinion, mur à mur.

Les radios d’opinions sont là pour être mises au défi; il n’en tient qu’à monsieur Vallée, ou à quiconque, de défier les animateurs, que ce soit au téléphone, ou sur la page Facebook de la station.  Là encore, les options sont nombreuses.

En fait, ils logent à l’enseigne des libertariens. Mais ça, ils ne l’avoueront jamais.

Là-dessus, je dirai que pour sa part, monsieur Vallée n’avouera jamais qu’il n’a aucune idée de ce qu’est réellement un libertarien.  Je ferai donc oeuvre de pédagogie, en espérant qu’il lise ceci.  Un libertarien, en une phrase, est un type qui frustre à la fois les conservateurs et les libéraux, en se déclarant en faveur de la libre circulation des armes à feu, afin de permettre aux couples gais de défendre leurs plants de marijuana!  Pour aller un peu plus profondément, je recommande ce billet, que j’ai écrit il y a de cela plus de 5 ans, et qui aide à bien situer sa position politique.  Le petit quiz qu’on y trouve n’a pas la prétention d’être parfait, loin de là, mais il permet de se faire une idée rapidement.

La vérité, enfin, c’est que ces radios sont si anglomanes et francophobes qu’on jurerait qu’elles se sentent investies de la mission de formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone. Tout ce qui est québécois leur est étranger, leur pue au nez. Ils dénigrent, voire haïssent tout ce qui se crée en français. À l’opposé, leur esprit critique disparaît devant tout ce qui vient de l’Amérique anglophone, dont ils embrassent et étreignent la culture.

Il y a une différence entre “formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone” et s’ouvrir à autre chose que l’exclusivement québécois 100% pure laine vierge!  L’attitude du gouvernement du Québec, depuis les années péquistes de René Lévesque, est de tenter d’assimiler les anglophones, ce qui n’est pas mieux, avouons-le!  Je crois sincèrement qu’il y a de la place pour la culture anglophone, que l’on peut écouter de la musique en anglais, par exemple, et ce sans pour autant renier notre langue et notre culture propres.  Aussi, le fait d’inonder le Québec de produits culturels 100% francophones n’ajoute pas de qualité à la production de cette culture.  On se retrouve ainsi coupés du monde extérieur, dans un bouillon de médiocrité, duquel sort parfois un produit d’exception qui sera malheureusement ignoré, parce que trop dilué.

Bref, pour renchérir sur le propos de Madame Payette, les animateurs de ces radios sont profondément aliénés, et irrémédiablement colonisés.

Ceci ne représente qu’une opinion personnelle, face à laquelle je laisse les personnes visées se défendre elles-mêmes.

Et même ceux qui voudraient les ignorer doivent subir quotidiennement cet affligeant spectacle.

Idem ici.  Comme je le disais plus tôt, de nombreuses options s’offrent à ceux et celles qui ne veulent pas entendre ce discours.

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CSN: Claudette Carbonneau donne des leçons… d’absentéisme!

En jetant un coup d’oeil sur la page d’accueil de mon fureteur web, que vois-je parmi les articles à la une de Google Actualités?  “Franc-parler”, le titre de la chronique de Richard Martineau.  Je me suis demandé « Cou’donc, qu’avait-il de si important à dire pour se retrouver à la une, ce matin? »  Je suis allé voir.  Sa colonne d’aujourd’hui s’intitule “Claudette à la rescousse!

Il est vrai que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a brassé pas mal de merde, lors de son allocution de fin d’année, en promettant de s’attaquer à la montée “inquiétante et dangereuse” de la droite au Québec.  Et Martineau souligne, à sa manière habituelle, c’est à dire en beurrant épais, les différences notables qui existent entre les deux organisations que sont la CSN et le réseau Liberté-Québec.

Mais le plus remarquable, dans la chronique de Martineau, c’est qu’il rapporte certains faits, au sujet de Claudette Carbonneau, que je qualifierais de troublants.  Rien à voir avec des insanités, bande de pervers!  Juste que d’un côté, le réseau Liberté-Québec veut que le gouvernement mette de l’ordre dans les dépenses publiques, et soit mieux organisé, alors que de l’autre, la CSN est un regroupement d’organisations lourdes et coûteuses.

Je me souviens, il y a de cela près d’une douzaine d’années, je travaillais pour une coopérative agricole, au sein de laquelle les travailleurs étaient représentés par la CSN.  Juste pour vous donner une idée de l’absentéisme, qui régnait parmi le personnel, un département de l’usine, qui avait cessé ses opérations, avait été maintenu dans la convention collective, avec cinq ou six personnes, dans l’unique but de remplacer les employés absents dans les autres départements.  Évidemment, ces cinq ou six employés, qui figuraient parmi les plus anciens de l’usine, ne se retrouvaient pas dans les départements “bas de gamme”, où personne ne veut aller; ils prenaient la place de plus jeunes, dans leurs propres départements, reléguant ceux-ci aux départements impopulaires.  Ce jeu de chaises musicales était le lot quotidien des cadres, qui devaient suivre la liste d’ancienneté, et voir à n’oublier personne, afin de ne pas avoir à composer avec un grief.

Pourquoi je vous raconte cela, alors qu’il était question de faits troublants sur Claudette Carbonneau?  Juste pour vous montrer qu’au niveau de l’absentéisme, à la CSN, l’exemple vient de haut; Richard Martineau rapporte, dans sa chronique, que madame Carbonneau, qui siège au conseil d’administration, ainsi qu’au comité de surveillance de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), a brillé aux deux endroits… par son absence!  En effet, la présidente de la CSN, dont le mandat était, entre autres, de surveiller les agissements de la Caisse, s’est absentée trois fois, sur un total de cinq réunions du comité de surveillance, et ce pendant l’année où ladite Caisse a perdu 40 milliards de dollars!  Quant au conseil d’administration de la CDPQ, madame Carbonneau a assisté à seulement six des onze séances de l’année 2007.

Bref, je suis tout à fait d’accord avec le chroniqueur du Journal de Montréal; Claudette Carbonneau est très mal placée pour donner des exemples de saine gestion des deniers publics, et de travail rigoureux.  Cela démontre, une fois de plus, que si la venue de la droite au Québec inquiète au plus haut point les dirigeants des grandes centrales syndicales, dont Claudette Carbonneau, de la CSN – et aussi Réjean Parent, de la CSQ, un autre déconnecté notoire, c’est que ces dirigeants détiennent trop, beaucoup trop de pouvoir, actuellement, et risquent de le perdre, à tout le moins en grande partie, devant une réorganisation du travail des secteurs public et parapublic.

Martineau parle aussi de Michel Arsenault, de la FTQ, qui a passé une semaine aux Bahamas, sur le bateau de Tony Accurso, mais ça, c’est une autre histoire.