Habituellement, quand il est question de développement urbain, on retrouve, parmi les gens qui prennent part au débat, des urbanistes, dont la science est de plus en plus respectée, des politiciens, qui veulent faire avancer les choses (ou accumuler des votes, ou retourner l’ascenseur à leurs ti-z-amis, ou plusieurs de ces réponses, c’est selon), et de plus en plus, les gens de la place, ceux et celles qui vivent dans le secteur à développer, et qui apportent leur point de vue, plus sentimental que scientifique, à l’affaire. Mais voilà que maintenant, dans le dossier d’un édifice à bureaux, sur le boulevard Saint-Laurent, à côté du Monument national, un autre intervenant vient s’ajouter au débat, et pas le moindre; un psychiatre!
Bon, d’abord, ne tirons pas de conclusions trop rapidement; le docteur Jean-Dominique Leccia, psychiatre de sa profession, habite le boulevard Saint-Laurent, dans ce qui devient de plus en plus le Quartier des spectacles, depuis trois ans, ce qui en fait, en quelque sorte, un résident de la place, lui aussi. Sauf que si j’insiste sur sa profession, c’est que ses commentaires, recueillis par Reine Côté, de l’agence QMI, sont directement appuyés par le fait qu’il soit psychiatre. En fait, il s’oppose à la construction de la tour à bureaux de 12 étages, proposée par la Société de développement Angus (SDA). Parmi les citations que l’on retrouve dans l’article, reproduit sur le site Canoë, le docteur Leccia estime que “Ce projet va à l’encontre du rythme biologique du quartier. Il va non seulement dénaturer le boulevard Saint-Laurent mais l’asphyxier. Saint-Laurent est un quartier qui vit le jour et surtout la nuit. Une tour à bureaux, c’est l’immobilisation du mouvement.” Est-ce à dire que le Quartier des spectacles entend vouloir dormir plus tard, le matin, et que l’activité reliée à une tour à bureaux va en empêcher les résidents du quartier? Plus loin, il avance qu’il faut repenser le projet. Construire un immeuble résidentiel ou encore un hôtel constituerait une solution de remplacement plus acceptable, toujours selon l’article. Je ne vois pas la différence entre 12 étages de bureaux, et 12 étages d’appartements, ou de chambres d’hôtel; un building, ça reste un building, et son mouvement demeure plutôt immobile. Non?
Mais sa meilleure parole, c’est celle-ci; “Les personnes qu’on ramasse aux urgences actuellement sont aussi le fait de catastrophes urbanistiques qui opèrent des exclusions, qui coupent les racines et déstabilisent considérablement les gens.” Si le fait, selon moi, de construire un édifice de 12 étages déstabilisait les gens à ce point, des études auraient été conduites, et il ne se construirait plus d’édifices en hauteur, et ce quelque soit l’endroit dans le monde. Or, une telle étude, si ça existait, on l’aurait, comme disait la pub. Je crois seulement que les gens de la place ne veulent pas d’un édifice en hauteur, qui dépasse trop des autres, et qui risque de déranger leurs petites habitudes. Or, si je me fie au logiciel Google Earth, le Monument national, à côté duquel la SDA veut construire son édifice, se trouve à l’ombre de l’édifice qui abrite le siège social d’Hydro-Québec. Vous savez, l’édifice avec un gros Q, que l’on a éteint, lors de la crise du verglas, pour ne pas trop déplaire à ceux qui devaient composer avec une panne de courant. Le building d’Hydro, que je sache, a beaucoup plus que 12 étages, et la construction, tout près, d’une tour à bureaux moins haute que la tour d’Hydro-Québec ne détruira pas vraiment le quartier. Et de toute façon, s’il fallait ne rien développer, de peur de déstabiliser les gens, nous habiterions tous dans des rez-de-chaussée, et voyagerions encore dans des voitures à chevaux. Le progrès dérange, nous le savons tous, mais tout développement passe par le progrès.
Bref, certains s’opposent à la construction de cet édifice, comme d’autres s’opposent à celle de l’autoroute 25, entre Montréal et Laval, et d’autres encore sont contre la reconstruction de l’échangeur Turcot. Quoi que l’on fasse, il y aura toujours des mécontents, et s’il faut tout arrêter parce qu’un locataire va perdre sa vue imprenable sur la ruelle, ou qu’un propriétaire risque de voir la valeur de son immeuble changer, on ne fera jamais rien. Bon, je ne dis pas qu’il faille tout raser sans rien demander à personne – le “faubourg à’mélasse” en est un cas patent, mais je crois qu’il y a toujours un juste milieu, entre deux extrêmes. Et que c’est dans des consultations qu’il faut discuter de cela, pas dans les médias.
Si vous aviez des problèmes psychiatriques, iriez-vous consulter cet individu?
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Pas vraiment, Gilles.
Je dirais même que si j’osais le consulter, il me trouverait des problèmes, même si je n’en ai aucun. C’est à tout le moins l’impression qu’il me donne.
Bref, pour le consulter, il faudrait que je sois « ben mal pris ».
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Si la main tendue vous présente une enclume, vous avez avantage à la refuser. On n’est jamais obligé de demeurer dans un environnement qu’on déteste. Si les gens ont tendance à se regrouper dans des villes, c’est certainement parce que ça leur convient et les villes, c’est connu, c’est construit en hauteur. Ceux qui n’aiment pas ça, et dont je fais partie, vivent en banlieu ou en campagne.
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@ A. Thomas:
Je ne nie pas que l’architecture et l’environnement urbain puisse avoir un certain impact sur le psychisme des êtres humains. Mais de là à avaler que la simple construction d’une tour à bureaux de 12 étages, et par surcroît à l’ombre d’un édifice encore plus imposant, puisse augmenter à lui seul le taux de violence dans la population d’un quartier, ou pire encore, que le remplacement de ladite tour par un hôtel, ou un édifice résidentiel, ait moins d’impact que la tour elle-même, il y a un énorme précipice, dans lequel je ne suis pas prêt à sauter. Par exemple, il y a de la violence dans Montréal-Nord, il ne fait nul doute, et pourtant, les seuls édifices en hauteur que l’on y trouve sont situés tout au bord de la rivière des Prairies, lieu pourtant assez éloigné des « quartiers chauds ». Tout cela pour dire que s’il peut y avoir un certain impact, sur la population, du fait de la construction d’un édifice en hauteur, je crois qu’il ne s’agit pas du seul impact, et encore là, pas l’un des plus importants. Je suis plutôt d’avis que la taux de pauvreté d’un quartier, son taux d’éducation, ou encore son taux de chômage, ont un impact nettement plus significatif que celui de la hauteur de ses nouvelles constructions.
Et comme vous pouvez le constater, je peux émettre une opinion, et répondre à votre commentaire, sans vous insulter, ni vous affliger de surnoms comme « ti-kid ». Voyez-vous, j’ai peut-être l’âge d’être votre fils, ou peut-être l’âge d’être votre père; de mon côté, j’ai au moins la fierté de ne pas manquer de respect envers les intervenants de ce blogue, et ce quel que soit leur âge.
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Est-ce vraiment possible que l’architecture peut inciter de la crime?
C’est sans doute que les quartiers plus pauvres, ont plus de crime, mais ca me semble pas un question d’architecture mais le niveau socioeconomique des residents et itinerants du secteur…
Quand on est dans la centre-ville il y a assez peu de crime, et quand les grands edifices se disparaissent et on se trouve a Montreal-Nord, Hochelaga-Maisonneuve, etcetera on peut constater que nos voitures ne durent pas aussi longtemps avec les vitres intacts 😛
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Bonjour Richard,
J’ai abouti sur la page de ton site parce je faisais des recherches sur le Dr Leccia et sa déclaration. J’ai réagi fort à sa déclaration, tout comme toi je crois, mais pour comprendre ce qu’il a dit j’ai lu plusieurs fois, les documents qu’il y a sur ses deux sites. C’est pour compléter mon opinion que j’ai regardé sur d’autres sites. Si le début du billet m’invitait à poursuivre la lecture, j’ai conclu à la fin de la lecture, avec beaucoup de respect, que c’était l’écrit d’un adolescent en crise.
Comme le jour ou j’étais chez un ami et qu’il s’est adressé à son fils qui sortait, sac au dos, pour aller à jouer au hockey. Son père lui a dit « Pas de hockey cette fin de semaine-ci. T’es mieux de remettre ton sac dans ta chambre ». Le fils qui pensait être puni à cause d’une lubie de son père s’est mis en tête de l’engueler. Quand il s’est calmé un peu, son père un peu choqué, a complété ce qu’il avait commencé en lui disant que le toit de l’aréna s’était écroulé et que c’est pour cela qu’il y aurait pas de hockey.
L’humeur du présent bilet me fait penser à celle de l’adolescent. C’est à cet ado que je m’adressais quand j’ai utilisé l’expression ti-kid et je suis heureux de l’intelligence de la réponse. Mais plus que l’humeur ce billet est, à mon avis, une insulte à l’intelligence et c’est pour cette raison que je suis intervenu.
Je m’explique.
1. « Si le fait, selon moi, de construire un édifice de 12 étages déstabilisait les gens à ce point, des études auraient été conduites … Or, une telle étude, si ça existait, on l’aurait, comme disait la pub. »
J’ai renvoyé l’idée que le savoir humain, depuis Le Corbusier avait un minimal de connaissances de l’impact de l’architecture sur le psychisme humain comme quoi il y avait déjà des études dans ce sens au contraire de ce qui était affirmé. Mais c’est plus que cela que le Dr Leccia affirme.
Il parle, à parir de son expérience, comment la notion de territoire a pris une importance croissante dans les relations humaines et politique au niveau municipal. Quelle que soit la nature de l’explication qu’il donne, un territoire implique l’existence de frontières ou de limites et qu’il est important de tenir compte des êtres qui y habitent. L’histoire de l’humanité témoigne déjà beaucoup trop des guerres de conquête.
Richard, j’ai suggéré délicatement deux liens vers les sites et en fouillant pour comprendre ce que M. Leccia voulait dire tu aurais pu trouver plein congrès et d’études qui sont faits sur le thème du territoire municipal.
2. « Je ne vois pas la différence entre 12 étages de bureaux, et 12 étages d’appartements, ou de chambres d’hôtel; un building, ça reste un building, et son mouvement demeure plutôt immobile. Non? »
Si les documents des sites de M. Lecia avaient été lus la différence sauterait au yeux parce que c’est écrit noir sur blanc. Le Quartier des spectacles vit autant le jour que la nuit. Un édifice à bureaux, est occupé dans le meilleur des cas jusqu’à 18 heures. Tandis qu’un hôtel ou un édifice à logements, c’est du monde le jour comme le soir. C’est donc du cash pour faire vire la famille dont on est responsable.
3. « s’il faut tout arrêter parce qu’un locataire va perdre sa vue imprenable sur la ruelle, ou qu’un propriétaire risque de voir la valeur de son immeuble changer, on ne fera jamais rien. »
C’est pas d’une vue imprenable dont il est question dans les documents, c’est de leur job sur leur territoire. Il n s’agit pas de ne rien faire mais de faire ce qui leur rapporte. Ce n’est pas un quartier de pauvres, c’est un quartier de besogneux. S’il y a plus de freaks dans le quarier c’est qu’ils se sentent plus compris par le monde qui y habtent.
4. «la construction, d’une tour à bureaux moins haute que la tour d’Hydro-Québec ne détruira pas vraiment le quartier. »
Opinion pour opinion, il serait intéressant de connaître celles d’autres personnes, c’est à dire des personnes qui ont plus que le cours d’architecture 101. En collant le Monument National à l’édifice à bureaux proposé, je ne suis pas certain que ce sont des styles qui se marient très bien.
Bref, je me suis rangé derrière cette notion du respect du territoire à l’intérieur des arrondissements, et surtout du respect pour les résidents, parce que cela permettrait à la police de Montréal de mieux géré les histoires de gang de rues. Et pourtant, je ne vais pas en élection comme notre premier ministre Charest qui a dû restituer une partie du pouvoir qu’elles avaient aux villes défusionnées. Ah! Territoire quand tu nous tiens à coeur!
Richard, j’habite toujours l’arrondissement Ville-Marie dans le quartier Shaughnessy Village. Mais j’ai habité le quartier des spectacles assez longtemps pour être blessé par ton écrit. Si au moins le projet avait été conduit comme celui du « faubourg à mélasse », il y aurait des gagnants partout. Et, Si un psychiatre met la situation sur la place publique, c’est qu’il y a une terrible violence administrative et qu’au lieu d’avancer ensemble les résidents du quartier en sont exclus.
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Merci pour les précisions, monsieur Thomas.
Permettez-moi de revenir, si vous le permettez, sur l’exemple de votre ami, et de son fils, qui se préparait à aller jouer au hockey; si votre ami avait répondu à son fils un truc du genre « Il risque d’y avoir un problème, pour le hockey; as-tu su que le toit de l’aréna s’est écroulé? », au lieu de simplement lui dire “Pas de hockey cette fin de semaine-ci. T’es mieux de remettre ton sac dans ta chambre”, l’engueulade qui a suivi n’aurait peut-être jamais eu lieu, et aurait probablement laissé place à une belle discussion père-fils. Est-ce que je me trompe? Plus souvent qu’autrement, les conflits surviennent davantage dans la façon avec laquelle on s’adresse aux gens, que dans le fond de ces adresses, et votre exemple en constitue… un excellent exemple.
Je suis allé lire l’entrevue du docteur Leccia, qui en passant, était d’une complaisance consommée, dans le sens que l’interviewer suggérait les réponses dans ses questions, et que monsieur Leccia n’avait qu’à mettre de la viande autour de l’os tendu. Après un second coup d’oeil, il devient facile de comprendre que ce n’est qu’une forme de texte spécifique qui est utilisée, bref, que le docteur Leccia accorde une entrevue… au docteur Leccia. Mais pour quelqu’un qui n’y jette pas un second coup d’oeil, et qui, comme je l’ai fait la première fois, escamote la petite phrase dans laquelle on peut lire que « L’ENTREVUE SUIVANTE N’EST PAS UNE ENTREVUE JOURNALISTIQUE… ELLE VISE TOUT SIMPLEMENT A PRESENTER AVEC PLUS DE PROFONDEUR LA PENSEE DU DR. LECCIA« , afin d’aller directement à la première question, et de passer au vif du sujet, il devient facile de s’y laisser prendre. D’autant plus que le titre est bien « Entrevue avec le Dr. Leccia« , ce qui laisse sous-entendre que le docteur a bel et bien été interviewé par quelqu’un, et que sous la petite phrase en question, on peut lire « Entrevue en format pdf« , ecrit dans une couleur qui détonne de tout le texte. Bref, tout cela me laisse une odeur de malhonnêteté flagrante. Quant au site du psychiatre, expert-conseil et auteur, je prendrai bien le temps de l’explorer plus en profondeur, à un moment donné. J’en ai profité pour corriger le lien que vous aviez mis, vers le site, dans votre premier commentaire, puisque celui-ci ne semblait pas fonctionner. Tout est maintenant rétabli.
Je reviens, si vous me permettez, sur « l’entrevue » du docteur Leccia, publiée dans son propre blogue, Red Light. Je cite un extrait;
Q : Mais il y a un processus de consultation ?
R : Ah ! Un processus de consultation qui est, et vous le lirez dans tous les compte-rendu de gens qui y ont participé, où la salle était truffée de gens qui étaient favorables au projet.
Or, ces gens qui étaient favorables au projet, sont-ils aussi des résidents du quartier? Et sinon, les résidents du quartier, ils brillaient par leur absence? Leur avait-on interdit, d’une façon ou d’une autre, l’accès au processus de consultation? D’ailleurs, le processus de consultation est-il terminé, au moment où nous tenons cette discussion? Qu’en est-il, au juste? Plusieurs projets n’ont pas vu le jour, à Montréal, parce que les gens de la place, à tort ou à raison, les ont rejeté; nous n’avons qu’à penser au projet de Loto-Québec, et du Cirque du Soleil, dans le quartier Pointe-Saint-Charles, par exemple. Aussi, si le projet ne fait vraiment pas l’affaire des gens du quartier, ceux-ci sauront bien trouver le moyen de se mobiliser, afin de contrecarrer la construction de cet édifice.
Lorsque vous mentionnez que « Un édifice à bureaux, est occupé dans le meilleur des cas jusqu’à 18 heures. Tandis qu’un hôtel ou un édifice à logements, c’est du monde le jour comme le soir. C’est donc du cash pour faire vire la famille dont on est responsable.« , est-ce à dire qu’un emploi dans un hôtel, ou dans un édifice à logements, serait plus payant qu’un emploi dans un édifice à bureaux? La plupart – pour ne pas dire la très grande majorité – des emplois administratifs sont beaucoup plus payants que ceux dans un hôtel, ou dans un édifice à logements, que je sache. Et le fait de travailler le jour permet de passer plus de temps en famille, et ce directement dans la plage horaire normalement passée en famille, sans compter le fait de profiter de la vie trépidante qu’offre le Quartier des spectacles. À moins que « le cash » ne soit que le bénéfice de l’itinérance; le fait d’avoir un lieu fréquenté 24/7 permettrait de prolonger le « shift » des « quéteux », si je peux utiliser ces termes.
C’est clair que l’architecture du Monument national, comparée à celle de l’édifice proposé, à tout le moins si je me fie à la photo que vous avez joint à votre dernier commentaire, est plutôt contrastante. Mais le centre-ville de Montréal est juché de tels contrastes, et que ce sont justement ces contrastes qui lui donnent cet air unique, sur lequel les intervenants touristiques insistent pour faire affluer les touristes de partout, dans le monde. D’ailleurs, toujours en faisant référence à la photo, si on laissait l’extérieur de l’édifice illuminé, la nuit, celui-ci deviendrait un véritable phare, sur le Quartier des spectacles, et illuminerait le quadrilatère de belle façon.
Autre point; le docteur Leccia déclare que « Ces itinérants que l’on va déplacer du Quartier des Spectacles pour les exilés dans des quartiers problématiques, ce sont tous ses recalés de la mondialisation, que nous recevons aux urgences psychiatriques mais aussi tous ceux de plus en plus nombreux qui sont instabilisés, par la rupture des équilibres urbains, qui les coupent de leurs racines(1) ». Or, je crois qu’il y a un problème, ici; comment un itinérant peut-il avoir des racines? L’itinérance n’est-elle pas le fait, justement, de ne pas avoir de racines? Le fait de chasser quelques itinérants du quartier ne va-t-il pas plutôt rassurer les résidents des Habitations Jeanne-Mance, situées à un jet de pierre de là, et ce faisant, augmenter leur sécurité? Il y a là un aspect de l’affaire que le docteur Leccia n’aborde même pas.
Bref, il y a des pour et des contre, face à la construction de cet édifice. Et les arguments seraient abondants de part et d’autre, si l’on prenait le temps de faire des recherches le moindrement approfondies. Il faut aussi prendre en compte que certains aménagements urbains, bien que carrément nuisibles aux yeux de certains, deviennent indispensables, une fois mis en place. Par exemple, plusieurs détestent l’autoroute Décarie, et ce pour d’innombrables raisons, mais si on ferme Décarie, nous nous retrouverons dans un bordel innommable. La Société de développement Angus ne projette certainement pas de construire une tour à bureaux de 12 étages pour la laisser vide; ils ont sûrement des ententes d’occupation, avec des clients sérieux, sinon la SDA ne mettrait pas autant d’argent pour aller de l’avant avec ce projet. Et ces gens, qui occuperont ces bureaux, ils iront bien luncher quelque part, le midi, et souper dans des restos, le soir, avant d’aller profiter des spectacles du quartier, créant et/ou consolidant ainsi de nombreux emplois. Bref, il n’y a pas que du négatif, dans la construction de cet édifice.
Finalement, il me semble que le blogue du docteur Leccia ne sert qu’à faire la promotion d’un Red Light à Montréal. Est-ce que je me trompe? Si c’est le cas, la « strip » de Brossard (le boulevard Taschereau) ferait très bien l’affaire, non?
(1) Comment un type aussi instruit, et qui se prétend auteur, peut-il commettre autant de fautes d’orthographe?
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Monsieur,
Je vous remercie d’avoir consacré temps et énergie à répondre à ma prise de position concernant la façon de meubler le croisement Sainte-Catherine et Saint-Laurent, carrefour symbolique de Montréal. Vous introduisez votre critique en étant surpris qu’un psychiatre urbain s’intéresse à son environnement et participe à un tel débat. Vous n’êtes sans doute pas le seul à être étonné, et c’est pourquoi j’aimerais vous répondre sur ce point. Rassurez-vous je n’entends pas personnaliser le débat même si 30 ans de pratique de clinicien notamment aux urgences, dans divers milieux et différents continents m’ont convaincu de l’importance des facteurs écologiques sur la manière d’agir et de penser des gens et pour ce qui m’occupe sur leur manière d’exprimer leur souffrance et donc de la soulager. Qu’elle que soit mon expérience vous pourriez à juste titre taxer mon inclinaison environnementale de subjective voire d’excessive c’est pourquoi je vous propose de revenir à des réalités plus quantifiables qui démontrent clairement que l’environnement est engagé dans l’apparition ou la progression de pathologies psychiatriques lourdes. Les faits sont malheureusement accablants.
Nous sommes aujourd’hui mondialement frappés par une véritable épidémie de suicide qui touche à 80 % de jeunes hommes dont c’est la première cause de décès parmi les garçons de 15 à 19 ans, juste avant les accidents de la route. Cette épidémie meurtrière n’est pas répartie géographiquement de manière uniforme. Au Québec, des régions éloignées comme la Gaspésie où l’Abitibi en lutte pour leur survie sont les plus touchées si l’on fait exception de certaines communautés amérindiennes où le risque suicidaire peut-être cinq fois supérieur à la moyenne. Une récente étude de Statistique Canada nous apprend qu’à Montréal, les adolescents des quartiers pauvres risquent quatre fois plus de se suicider que ceux des quartiers riches. Mme V.Dupéré, l’auteure principale de cette étude, note qu’indépendamment des revenus ou des aléas familiaux, le quartier lui-même a un effet néfaste, « la pauvreté du quartier est un facteur de risque en soi ». On retrouve cette même fatalité dans toutes les métropoles de la mondialisation où les ghettos, les quartiers ou banlieues déshérités sont les plus à risque. « Le suicide y apparaît plus facilement comme une stratégie pour faire face à un événement difficile », conclut Mme V. Dupéré et l’OMS a même pu établir une progression de cette courbe ascendante des suicides en relation avec la détérioration des conditions de vie des peuples ou des populations.
Moins tragique mais tout aussi funeste la progression constante des stress post-traumatiques qui sont naturellement reliés directement à des facteurs environnementaux. A New York, ville pourtant familière avec toutes les peurs que suscitent les grandes métropoles le choc du 11 septembre a généré ce que les médias nomment une véritable psychose spatiale. Ce désarroi est bien connu du grand public, il se répète, il accompagne tous les chaos télé visualisés, catastrophes naturelles, ou guerres et exodes de populations. A chaque fois face à des caméras avides de mots, et de sens, on retrouve ces visages, sans paroles, comme fondus dans des décors de désolation. L’insécurité territoriale entraîne, l’apparition de chocs traumatiques, dont comme pour la tuerie du collège Delson, les traces psychologiques se font longtemps sentir. Ces stress spatiaux qui accompagnent les situations de désastre indiquent clairement que l’harmonie spatiale des sociétés est en ces temps de crise économique et culturelle, indispensable à l’équilibre psychologique des individus. Il est possible que ce soit ce même type de stress généralisé, l’universel qui propulse aujourd’hui la dépression et l’anxiété au premier rang des maladies recensées par l’OMS à l’échelle de notre planète fragilisée par des conflits politiques et guerriers et surtout par une menace écologique insistante.
Nous sommes confrontés comme d’autres disciplines médicales, la dermatologie par exemple alertant dernièrement sur le risque des rayons ultraviolets, à des déterminismes environnementaux en pleine mutation qui transforment les modes d’expression de la souffrance avec l’apparition de pathologies inédites, qui sont très souvent violentes. Voilà pourquoi, comme psychiatre je suis soucieux de conserver le côté humain de nos milieux de vie et de respecter leurs racines, pour préserver nos identités. C’est ce qui m’emmène à souhaiter pour le carrefour Saint-Laurent Sainte-Catherine, une construction plus vivante et moins imposante qui n’établirait pas un véritable mur entre l’Est et l‘Ouest et le Nord et le Sud, de notre métropole. Un édifice habité qui respecterait la diversité et la vitalité du quartier non seulement le Red Light mais aussi le quartier les spectacles et le cœur de Montréal, je vous remercie de m’avoir permis de mieux préciser pour tous, la légitimité et le sens de mon intervention en relation avec ma profession de psychiatre.
Dr. JEAN DOMINIQUE LECCIA
Psychiatre Prof. Adjoint. U. McGill. Montréal
http://www.geomental.com
http://artomoto.wordpress.com/
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D’abord bienvenue dans mon humble blogue, docteur Leccia, et merci pour toutes ces précisions.
Ensuite, je vous demande de m’excuser pour le délai. Et si vous permettez, je vais passer au vif du sujet.
Je ne remets pas en cause votre expérience concernant les effets que l’environnement, et plus particulièrement l’aménagement urbain, peut avoir sur les humains. Ce que je questionne, et je serais heureux d’avoir votre éclairage là-dessus, c’est la crainte que vous exprimez face à la construction d’un seul édifice, en termes de conséquences néfastes sur la population du quartier. En tentant de trouver quelque parallèle à la situation du coin Ste-Catherine/St-Laurent, je pense d’abord à la situation qui a prévalu du quartier que l’on appelait « le faubourg à’mélasse », qui fut pratiquement radié de la carte pour faire place au siège social de Radio-Canada, dont les répercussions négatives connues ont amené la société d’état à revoir l’aménagement des lieux, malgré que les vrais accomplissements, là-dessus, se font toujours attendre. Je pense aussi à la construction du stade olympique, dans Hochelaga-Maisonneuve; a-t-on des statistiques sur les retombées, qu’elles soient positives ou négatives, de la construction de ce complexe sur la santé mentale des résidents du quartier? Nous savons bien que Hochelaga-Maisonneuve est un quartier défavorisé de Montréal, et qu’il l’était déjà avant la construction du complexe olympique. Aussi, croyez-vous que la construction d’une simple tour à bureaux puisse précipiter le moral des gens de ce quartier vers le bas à ce point?
Il suffit de voir, dans la construction d’un édifice à bureaux, diverses possibilités d’obtenir un emploi de qualité, pour des gens de ce quartier, que vous décrivez comme vivant; cela peut se traduire par un tout nouveau cheminement de carrière pour les uns, ou par de l’avancement pour d’autres. J’ose croire que pour aider les gens à se sortir d’une situation problématique, il faut les aider à reconstruire leur estime de soi, ce qui n’est pas facile, puisque chaque individu a sa propre histoire, et qu’il n’y a pas de recette magique. Évidemment, si un individu veut améliorer sa situation personnelle, il doit d’abord admettre qu’il a besoin d’aide, sinon tout soutien extérieur sera inutile. Parmi les personnes du quartier, qui se retrouvent aux urgences psychiatriques, combien d’entre-elles admettent réellement ce besoin d’aide? Les itinérants admettent-ils la nécessité de cette aide extérieure, qui pourrait les aider à retrouver leur dignité perdue? L’un de mes amis actuels fut lui-même itinérant, pendant quelques temps, et il est revenu à une vie de bien meilleure qualité non pas grâce à des services gouvernementaux, mais bien grâce à sa propre détermination. Il est en couple depuis maintenant dix ans, et occupe un emploi dans le domaine de l’informatique, après être retourné aux études à l’âge de 35 ans. Croyez-vous que l’on doive fournir des services gouvernementaux, que les itinérants n’utiliseront que très peu, ou encore pas du tout, ou serait-il préférable d’amener ces gens qui veulent se sortir de l’itinérance à développer leur estime de soi, et par extension, leur détermination à s’en sortir?
Quand je pense au secteur Ste-Catherine/St-Laurent, je pense aussi aux Habitations Jeanne-Mance (HJM), à quelques pâtés de maisons de là, dans le même quartier. Les résidents des HJM ont connu leur part d’inquiétude, quant à leur sécurité, depuis le début du siècle, comme en fait part cet article, paru il y a trois ans, presque jour pour jour. Si l’on permet à certains regroupements, comme des gangs de rue, de proliférer dans un quartier, on se retrouvera rapidement avec des problèmes comme ceux qu’ont connu les résidents des HJM. Déjà que ceux-ci ne sont pas riches; selon les chiffres qui accompagnent l’article, ce sont plus de 440 ménages, sur les 771 présents, qui doivent compter sur des versements gouvernementaux, qu’il s’agisse de pensions, de sécurité du revenu ou d’assurance-emploi, pour combler leurs besoins de base. Une telle situation rend les gens du complexe vulnérables, face à ces regroupements, qui apportent intimidation, trafic de stupéfiants, prostitution, et autres types de criminalité. Croyez-vous que l’édification d’une tour à bureaux, dans le quartier, puisse nuire davantage aux gens des environs, en ce qui concerne leur sécurité, et leurs niveaux d’inquiétude et de stress, que l’apport négatif des gangs de rue?
Je veux bien croire que le coeur de Montréal se doit d’être préservé, d’une certaine façon, mais je n’irais pas jusqu’à empêcher le développement de la ville, pour ce faire. La santé mentale des gens qui y habitent, nonobstant le fait que quelques-uns subiront une influence certaine, ne sera probablement pas affectée à ce point par la construction d’un édifice qui amènera un peu de prospérité à un quartier qui en a bien besoin.
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Le probleme des suicides des jeunes hommes n’a rien a faire avec l’architecture des batiments. C’est presque uniquement du a leurs relations pietres avec les jeunes femmes…
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