Chefferie du PLQ: Et pourquoi pas Nathalie Normandeau?

Je viens de lire une chronique de Josée Legault, sur le site web du Journal de Montréal, qui faisait l’éloge de Marwah Rizqy comme seule personne suffisamment rassembleuse pour reconstruire le Parti libéral du Québec (PLQ). “Esprit brillant. Forte. Déterminée. Communicatrice redoutable. Sociale-démocrate dans l’âme et libérale de cœur, Mme Rizqy est aussi capable d’une empathie réelle et concrète envers les plus mal pris de notre société. Une denrée trop rare.”, écrivait madame Legault dans son texte d’opinion.

En lisant cette chronique, je me suis demandé “…et pourquoi pas Nathalie Normandeau?”

Après tout, madame Normandeau est aussi une excellente communicatrice, capable d’expliquer clairement des politiques complexes. Bon, évidemment, d’aucuns me répondront qu’elle est trop collée aux années Charest, et que cela pourrait lui nuire. Par contre, comme pour Jean Charest lui-même, on a enquêté sur madame Normandeau, on l’a accusée de diverses charges, mais le dossier était tellement faible que l’on a laissé passer les délais au lieu de procéder en justice. D’ailleurs, les accusations contre madame Normandeau font partie du grand cirque de l’Unité permanente anti-corruption (UPAC), dont le premier chef de piste, Robert Lafrenière, est davantage connu pour ses mises en scène grandioses que pour ses résultats probants; nombre d’accusations sont effectivement tombées à plat sous sa gouverne, et par la suite.

Encore faudrait-il que la principale intéressée soit, justement, intéressée.

Là-dessus, on n’en sait bien peu. Sa page, sur Wikipédia, révèle que lors de sa première émission radiophonique sur BLVD 102,1 FM, en septembre 2016, elle a déchiré sa carte de membre du PLQ en direct. Il est vrai qu’à l’époque de son implication en politique, il était courant, dans ce parti, que des femmes portant des charges ministérielles étaient littéralement lancées sous les roues de l’autobus quand survenaient des problèmes, et que, comme plusieurs avant elle, madame Normandeau s’est retrouvée bien seule lorsque les accusations ont été annoncées en grandes pompes par le patron de l’UPAC.

Je serais bien curieux de connaître les intentions de la gaspésienne au sujet de la chefferie du PLQ.

Josée Legault, dans sa chronique, évoquait les anciens chefs libéraux, Jean Lesage et Robert Bourassa, comme étant “parfaitement capables de marier un nationalisme moderne à la défense des libertés individuelles. Le tout, sans nier pour autant l’importance au Québec des droits collectifs”. Je placerais Nathalie Normandeau plus proche de Bourassa que de Lesage, entre autres en ce qui a trait à la communication, le premier étant davantage vulgarisateur, comparativement à Lesage, qui prenait plaisir aux grandes envolées verbales.

Mais je demeure convaincu qu’elle saurait rallier le passé glorieux et l’avenir du parti libéral du Québec.

Votre idée?

Publicité

Ma première réplique à Madeleine Pilote-Côté

J’aime bien, vous le savez, répliquer à un texte paragraphe par paragraphe.  Comme cela fait un sacré bout que je n’ai pas commis l’exercice, l’idée de le faire m’est venue aussitôt que j’ai lu le texte de la dernière recrue du Journal de Montréal, Madeleine Pilote-Côté.

Diplômée de l’école nationale de l’humour, elle s’était inscrite à un concours intitulé “Les novices”, qui visait à faire connaître aux lectorat du Journal de Montréal de nouveaux chroniqueurs d’opinion.  Et comme elle a remporté le concours, on voit de ses textes, à l’occasion, dans les pages d’opinion du quotidien montréalais.

Sa dernière colonne, parue dans l’édition papier de ce matin, m’a sauté aux yeux.  Bien entendu, je ne peux pas lui reprocher d’avoir une opinion. Au contraire; nous devrions tous, autant que nous sommes, suivre suffisamment l’actualité pour être capable d’avoir sa propre idée sur des sujets qui nous intéressent.  Par contre, et j’espère que ce sera le cas pour madame Pilote-Côté, le fait d’exprimer une opinion inclut aussi le fait que l’on doive s’attendre à ce que d’autres personnes aient une opinion contraire.

Allons-y donc! Le texte de Madeleine Pilote-Côté sera en couleur, alors que mes répliques seront en noir.

%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

L’homme blanc: d’un océan à l’autre

Présentement, au Canada, tous les premiers ministres des provinces sont des hommes blancs de plus de 45 ans. Allô la diversité.

C’est la victoire de Dennis King, mardi passé à l’Île-du-Prince-Édouard, et celle de Jason Kenney la semaine d’avant en Alberta qui ont tué mon espoir de voir mon pays représenté par une pluralité de visages. Dix provinces canadiennes, 10 premiers ministres baby-boomers blancs.

Évidemment, madame Pilote-Côté fait ce constat alors qu’il n’y a pas si longtemps, pas moins de 5 femmes occupaient simultanément la fonction de premier ministre de diverses provinces du Canada.

Pourquoi est-ce que je prends ces élections pour faire l’objet de ma chronique d’aujourd’hui ? C’est parce que je ne me sens pas représentée par ces dirigeants politiques. Quand je marche dans la rue, je vois un Canada coloré, féminin, masculin, homo, noir, métis… Pourquoi ne vois-je pas cette diversité sur la scène politique ? Je veux me voir, je veux nous voir, je veux être représentée par des gens qui sont à l’image de ce qu’est mon pays dans toute son hétérogénéité.

Mais les canadiens sont représentés par des gens qui sont à l’image de ce qu’est le Canada dans toute son hétérogénéité!  Pour l’heure, les premiers ministres des provinces sont tous des hommes blancs parce que ça s’adonne comme ça pour l’instant, mais lors des prochains scrutins, qui sait de quoi le portrait aura l’air.  Comme je l’écrivais plus tôt, il fut une époque pas si lointaine où 5 femmes étaient premières ministres; en effet, entre le 11 février 2013 et le 24 janvier 2014, Kathleen Wynne (première lesbienne déclarée, de surcroit) était en poste en Ontario, Christy Clark en Colombie-Britannique, Kathy Dunderdale en Terre-Neuve-et-Labrador, et Alison Redford en Alberta, sans oublier Pauline Marois au Québec, dirigeaient les destinées de leur province respective.

Diversité, où te caches-tu ?

Il y a à peine trois décennies, personne n’aurait souligné cet état de fait. Nous vivions alors dans une société où non seulement les femmes, mais aussi les minorités étaient sous-représentées. Aucune mesure n’était instaurée pour corriger le tir.

Dites-moi, madame Pilote-Côté, quel genre de mesure pourrait-on mettre en place pour obliger les gens à voter pour ceux – ou celles – qu’ils ne veulent pas voir en poste?

Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus à trouver que cela doit changer. À ressentir une « écœurantite », un « ça va faire ». À savoir que ces déclinaisons de Blancs qui nous sont proposées ne sont pas représentatives de la large palette des identités qui forment notre nation. Combien de temps allons-nous laisser les choses aller ? Surtout quand on sait qu’à ce rythme, c’est dans 106 ans que nous atteindrons la parité.

La meilleure façon de représenter une population donnée est encore de mettre sa face sur un poteau.  Je prendrai l’exemple ici de ma députée fédérale, Ruth Ellen Brosseau.  Elle a fait davantage parler d’elle, lors de sa première candidature, en 2011, à cause du voyage qu’elle a fait à Las Vegas, en pleine campagne électorale, et par son ignorance totale de sa circonscription (elle a avoué l’avoir trouvé via Google Maps!) que par son expérience politique, qui était alors nulle.

Une fois sa victoire confirmée, elle a eu une formation accélérée auprès de son parti politique, le NPD.  Ensuite, elle est allée voir son vis-à-vis provincial de l’époque, Jean-Paul Diamond, et lui a demandé les bons vieux “trucs du métier”, ce qu’il s’est fait un plaisir de lui donner.  En fait, cela se résumait en une phrase; “sois partout!”  Elle mit en pratique les conseils qu’elle a reçus, et lors de la campagne suivante, elle a battu son plus proche adversaire par plus de 8900 votes (de majorité!), alors que plus de la moitié des députés sortants du NPD, élus comme elle lors de la célèbre “vague orange”, ont carrément mordu la poussière.

Le programme de son parti est diamétralement opposé à ce que je recherche en politique fédérale, mais si je me retrouve en situation où je dois “voter l’homme”, comme on disait autrefois (c’est-à-dire voter pour la personne avant le parti), c’est clair qu’elle aura mon appui, car à titre de députée, elle fait une sacrée bonne job. Reste à savoir si son chef, Jagmeet Singh, saura faire remonter la pente à son parti; selon les derniers sondages, il semble qu’on soit loin de la terre promise!

J’ose espérer que si la tendance se maintient, ma génération propulsera aux postes de pouvoir les citoyens sous-représentés : femmes, personnes racisées, handicapées, trans et tous les autres. Et là, on pourra dire qu’on s’est prévalus de gouvernements majoritairement représentatifs.

Il y a une chose qu’il ne faut jamais oublier; les électeurs votent pour un programme avant de voter pour la diversité. Si une femme – ou une personne disons différente – présente un programme dont les électeurs ne veulent pas, elle ne gagnera pas! Point! C’est ainsi que Rita Johnson a mordu la poussière en Colombie-Britannique, en 1991, et que Kim Campbell a fait de même en 1993, sur la scène fédérale. La première femme à vraiment gagner ses élections – à titre de première ministre – fut Catherine Callback, à l’Ïle-du-Prince-Édouard, en janvier 1993.

Suite à la défaite de Hillary Clinton, face à Donald Trump, chez nos voisins du Sud, en 2016, d’aucuns se demandaient si madame Clinton avait perdu parce qu’elle était une femme.  La réponse est non.  Elle n’a pas perdu parce qu’elle est une femme; elle a perdu parce qu’elle est Hillary Clinton.  Elle a fait sa marque en tant que secrétaire d’état pendant le premier mandat de Barack Obama, et son passé a parlé pour elle.

De retour chez nous, l’une des époques les plus effervescentes, en politique, fut après l’échec de l’Accord du lac Meech; c’est à cette époque que les québécois sont passés à deux cheveux de se donner un pays bien à eux.  À ce moment-là, on aurait pu présenter une perruche pour le PQ qu’elle se serait fait élire!  J’exagère à peine!  Si vous voulez être représentée par un – ou une – personne sous-représentée, c’est simple; votez pour cette personne, et encouragez vos voisins à faire de même.  Voilà!

Québec 2018: L’évolution des promesses électorales en matière de routes

Comme dans tout le reste, les choses évoluent en matière de transports en général, et en matière de routes en particulier, en ce qui concerne les promesses électorales.

Au temps où les chemins locaux étaient à peu près tous en gravier, la formule gagnante était de promettre de l’asphalte.  Dans ce vieux film de campagne de l’Union nationale, on mentionnait que “Le gouvernement de l’Union nationale a fait, et continue a faire, une guerre sans merci à la poussière”.  Il y a même des mauvaises langues qui disaient, à l’époque, que lorsque l’on reconstruisait une route existante, les partisans de Maurice Duplessis profitaient d’une belle route droite, alors que les libéraux voyaient une mauvaise courbe devant chez eux!

Puis vint le temps des autoroutes.  Les libéraux de Jean Lesage, puis de Robert Bourassa, ont multiplié le nombre d’autoroutes au Québec, oeuvre débutée par Duplessis à la fin des années 1950.  Puis, comme dans toute oeuvre socialiste, les fonds vinrent à manquer; on s’est alors mis à construire les autoroutes d’abord sur une seule chaussée – les fameuses “super-2”, permettant ainsi de doubler le nombre de campagnes électorales où l’on pouvait promettre l’autoroute en entier.

De nos jours, on ne promet plus que de la théorie!  Les engagements politiques du gouvernement sortant se limitent maintenant à des études d’opportunités, ou à des appels d’offres pour l’élaboration d’avant-projets préliminaires.  On disait dernièrement que l’on pouvait faire dix campagnes électorales avec une autoroute; on pourra désormais en faire près d’une vingtaine.

Évidemment, si les taxes et impôts des contribuables étaient utilisés à bon escient, on pourrait faire évoluer plus rapidement le réseau routier.  De grands pans d’autoroutes qui faisaient partie du plan d’ensemble des années 1950 ne sont pas encore construits, ce qui provoque une usure prématurée du réseau actuel, qui ne suffit définitivement plus à la demande.  Il s’agit d’une seule panne de véhicule, sur l’une des voies rapides de l’île de Montréal, pour que toute la circulation se paralyse.  La région de Québec goûte aussi, de plus en plus, les joies des bouchons de circulation, elle qui a pourtant le plus d’autoroutes par kilomètre carré de superficie.  Maintenant, même Trois-Rivières voit s’installer des bouchons quotidiens.

Le cas de Trois-Rivières est particulier.  À la fin des années 1960, début des années 1970, alors que la planification des autoroutes battait son plein, on prévoyait deux autoroutes dans l’axe est-ouest, à savoir l’autoroute 40, qui allait passer au nord de la ville, et la 755, qui allait traverser le centre-ville de Trois-Rivières, en plus de la 55, dans l’axe nord-sud, seule autoroute à traverser le fleuve entre Québec et Montréal, via le tout nouveau pont Laviolette.  Lorsque Québec fit savoir qu’elle aurait les moyens de ne construire qu’une seule de ces deux autoroutes est-ouest, le maire de Trois-Rivières, le regretté Gilles Beaudoin, insista sur la construction de la 755, de préférence à la 40, qui allait passer beaucoup trop au nord pour que sa ville en profite.

De nos jours, il faut remercier l’insistance du maire Beaudoin, car la construction d’une autoroute en plein centre-ville, comme la 755 – aujourd’hui devenue un tronçon de la 40, serait littéralement impossible.  Par contre, on a bien voulu résoudre le bouchon naissant dans l’ouest de Trois-Rivières avec des améliorations locales, comme la bretelle à deux voies menant de la 55 nord vers la 40 ouest, mais ces améliorations ont atteint leur limite.  La meilleure solution sera celle qui coûte cher, soit la construction de la 40 sur son tracé original, entre l’échangeur 40 ouest-55, au kilomètre 196, et la courbe près du viaduc Courteau, au kilomètre 207.

J’ai hâte de voir la campagne électorale, dans la région de Trois-Rivières; qui, des candidats en lice, osera se prononcer sur cet enjeu qui dépasse les frontières de la ville?  Promettra-t-on, là aussi, seulement des études?  Les terrains de l’emprise de la 40, sur toute sa longueur, appartiennent déjà au MTQ.  J’espère des engagements concrets, de ce côté.

Canada 2015: Salmigondis d’une longue, longue campagne

Bon, nous en sommes plus ou moins à mi-chemin de l’actuelle campagne électorale fédérale.  Est-ce que votre opinion politique a changé?  Avez-vous une vision différente de la politique fédérale, comparativement à avant le déclenchement des hostilités?

Dans mon cas, rien n’a changé.  C’est vrai, je l’avoue, que ma vision de la patente fédérale est enracinée depuis pas mal longtemps, et que rien de nouveau n’est venu influencer cette vision.  Que ce soit le retour de Gilles Duceppe à la tête du Bloc québécois, Justin Trudeau qui reprend à son style la thèse du 99% versus 1%, Thomas (ou Tom?) Mulcair qui parle des deux côtés de la bouche, ou Stephen Harper qui pacte ses points de presse avec des partisans, le cirque de la politique fédérale, à mes yeux, a des airs de déjà vu.  Sur le dernier thème abordé, soit celui de la crise des migrants syriens, c’est presque la course à savoir qui accueillera le plus de familles syriennes chez lui. C’est du moins ce que laisse transparaître le discours des chefs d’opposition, alors que celui du premier ministre sortant privilégie plutôt le souci de la sécurité.

C’était tellement drôle d’entendre à la radio, cette semaine, Justin Trudeau dire que son père avait lui-même fait en sorte que le Canada ouvre ses frontières à des milliers de réfugiés, alors que d’autres ont même évoqué Joe Clark, dans le dossier des “boat people”, à la fin des années 1970.  D’abord, il faut spécifier que les laotiens, mais surtout vietnamiens, fuyaient une dictature violente.  Ensuite, il n’y avait aucun terrorisme au Vietnam, à cette époque, donc aucun danger de laisser entrer des terroristes qui allaient organiser de potentiels attentats à partir de chez nous.  Le cas syrien est très différent; les réfugiés fuient la situation ambigüe qui règne là-bas, à savoir d’un côté la dictature de Bachar el-Assad, et de l’autre la violence du groupe État islamique.  Rien ne garantit que parmi les gens qui fuient, aucun n’appartient à l’une ou l’autre de ces deux organisations.  Bref, bien des choses viennent brouiller les cartes, et empêcher de comparer directement les deux époques.

D’autre part, en ce qui concerne les sondages, il ne faut pas prendre une potentielle défaite des conservateurs pour acquise; dans le Journal de Montréal d’hier, je lisais qu’un sondage Ekos replaçait les tories au premier rang, devant le NPD, puis les libéraux.  Mais les chiffres des différents sondages nous confirment que nous sommes dans une véritable lutte à trois, à travers le pays.  Les conservateurs sont forts dans l’ouest, et en Ontario, les néodémocrates le sont au Québec, et en Colombie-Britannique, alors que les libéraux sont forts dans les Maritimes.  Bref, la lutte s’annonce serrée, et bien malin sera celui qui prédira le résultat de la prochaine élection.  D’autant plus que dans une campagne aussi longue que la présente, toutes sortes de revirements peuvent survenir.

Maskinongé et Nipissing: Un autre grand projet jamais réalisé

Il m’arrive parfois de fureter sur le web, et à certaines occasions, de tomber sur de véritables bijoux.  L’an passé, j’ai fait la découverte d’un microfilm montrant un document d’une vingtaine de pages, qui exposait les avantages indéniables d’un grand projet à réaliser.  Nous sommes alors… en 1887!  Comme quoi il n’y a pas que de nos jours que certains grands projets ne se réalisent pas.

Le document s’intitule “Le chemin de fer Maskinongé et Nipissing – Le chemin le plus important du Dominion après le Pacifique Canadien et le Grand Tronc”.  Après 5 pages de tests et d’explications (mise en microfilm oblige), on arrive à la page titre puis, après une carte montrant approximativement le tracé du chemin de fer à construire, on arrive au texte proprement dit.  On y mentionne l’incorporation, adoptée par le Parlement fédéral du Canada le 2 juin 1886, de Thomas W. Ferry, James J. White, E. H. Talbott, John H. Verrall, et Laurent Grenier, dans le but de former une compagnie qui construirait le chemin de fer Maskinongé et Nipissing.  D’une longueur d’environ 450 milles (plus ou moins 725 kilomètres), il devait débuter d’un point situé entre Louiseville et Maskinongé, traverser la chaîne des Laurentides jusqu’à Saint-Michel-des-Saints, puis de là, presque en ligne droite, continuer vers l’ouest jusqu’aux rives du lac Nipissing, en Ontario, en passant par le lac Désert, situé à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Mont-Laurier.

Après avoir fait mention de la “praticabilité” du chemin de fer, le document indique textuellement que “ce chemin ouvrira une région d’au moins 75 milles (120 kilomètres) de large sur presque toute sa longueur”; on explique ensuite qu’il existe des terres exploitables en agriculture sur une cinquantaine de milles (80 kilomètres) au sud du tracé, et sur 25 à 30 milles (40 à 50 kilomètres) au nord de celui-ci, citant des établissements autour du lac Témiscamingue comme étant à l’extrême nord de ce territoire.  Viennent par la suite des extraits de témoignages de personnalités connues de l’époque, allant du curé Mondor, de Saint-Michel-des-Saints, au curé Labelle, de Saint-Jérôme, en passant par Lindsay Russell, ancien arpenteur général du gouvernement fédéral, un certain M. Bouchette, dont on cite un extrait d’un rapport des terres de la Couronne datant de 1859, un révérend père Paradis, écrivant à Mgr. Duhamel, archevêque d’Ottawa, Sir Charles Tupper, les députés Joseph Tassé et Alonzo Wright, ainsi qu’un professeur Macoun, tous ceux-ci faisant état de diverses constatations sur le territoire, dont le climat, les possibilités de cultures, etc.

Par la suite, le document évoque différents thèmes, comme le fait que le Maskinongé et Nipissing puisse devenir un chemin de colonisation, pouvant contenir plus de 2 millions de colons, rien de moins!  On revient ensuite sur le climat, le potentiel forestier et minier, les pouvoirs d’eau, forces motrices de cette époque, ainsi que la beauté du paysage.  On mentionne ensuite que le terminal de Maskinongé serait temporaire, pour rentabiliser l’opération du chemin de fer dès la construction de ses premiers milles, son terminal permanent devant éventuellement s’établir à Québec, question de profiter des installations portuaires de la ville pour le commerce international.  On explique également pourquoi il faut commencer le projet à Maskinongé, au lieu de Nipissing (les plus proches sources de profit potentiel sont les forêts du comté de Maskinongé, dit-on), les possibilités d’interconnexions avec d’autres chemins de fer existants ou en développement, mais aussi que le Maskinongé et Nipissing pourrait devenir une ligne militaire d’une importance capitale, compte tenu de la vulnérabilité de la vallée du Saint-Laurent, et de la nécessité d’établir un “back country” derrière les Laurentides, dans le territoire traversé par la ligne de chemin de fer.

Viennent ensuite l’évocation d’un gain monétaire pour le pays, suite à l’installation de nouveaux colons, et aux investissements successifs que devraient forcément faire les instigateurs du projet, question de se maintenir, face à la concurrence, ainsi que l’état de l’avancement du projet, que je cite ici:

“10 milles du chemin sont localisés définitivement, une exploration complète est achevée sur 14 autres milles, et six milles de plus ont été explorés préliminairement.  Ce travail à résout, d’une manière tout-à-fait satisfaisante, le problème de savoir si la chaîne des Laurentides pourrait être franchie sans trop de grandes difficultés.  Maintenant, les montagnes sont dépassées, et la Cie. est certaine d’arriver, sans encombre, au bout du tracé.  Il y a aussi un vote du gouvernement local de Québec, accordant 4 mille acres de terre par mille, pour un chemin qui partirait du bas du comté de Maskinongé, et passerait par Matawin (St. Michel-des-Saints.)”

Finalement arrive la conclusion, dans laquelle on parle de la nécessité de construire cette ligne, qui allait non seulement couper 250 milles (400 kilomètres) sur le parcours du C. P. R. d’un océan à l’autre (c’est pourquoi on l’appelle souvent “la ligne courte”, dans le document), mais aussi permettre le développement du “coeur du pays”; le directeur d’Agriculture de la province de Québec de l’époque (probablement l’équivalent de ce qu’est aujourd’hui le sous-ministre de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation), Ed. A. Bernard, voyait des établissements, le long de ce chemin, devenir de grands centres, et les terres, dont le gouvernement était encore propriétaire en presque totalité, acquérir une valeur certaine, particulièrement à cause du bois de commerce qui, à l’époque, offrait un très fort potentiel, mais était trop éloigné des moyens de transport du temps.  Monsieur Bernard traite aussi des avantages pour le district des Trois-Rivières, comme on disait à l’époque, ainsi que pour le Canada, et pour tout l’empire britannique, avant de conclure que tout le monde politique, des électeurs jusqu’aux élus, devraient porter ce projet à un aboutissement rapide.  Le document est complété par un parallèle entre les projets ferroviaires déjà proposés, ou en cours de réalisation, au Québec, et le Maskinongé et Nipissing, par une lettre de trois pages ne portant, pour seule signature, que le mot “Maskinongé”, un rapport de l’ingénieur-en-chef W. M. Maingy à James J. White, directeur-gérant du M. & N. R. M. (c’est écrit comme ça), une double table de distances, et l’index de la brochure.

Vous êtes curieux de voir ce document?  C’est par ici!  À noter que l’original est à la Bibliothèque des archives publiques du Canada.

Sur le terrain, par contre, il n’y a rien!  Zéro pis une barre!  J’ai l’impression que l’entreprise ne s’est jamais rendue plus loin que la Chambre des Communes!  Tout le monde disait oui, mais il y a eu des élections (en 1887, sauf qu’elles ont porté la même équipe, celle des Conservateurs de John A. Macdonald, au pouvoir), probablement des changements de priorités, et tout le projet est tombé à l’eau.  Et sur le web, je ne trouve rien d’autre que ce microfilm.  Amazon a bien quelque chose; une version papier reproduite à partir de la même source!  La question que je me pose est la suivante; Est-ce que la région de Maskinongé, et toute la région au nord de la chaîne des Laurentides, aurait connu un développement différent, avec la construction d’un tel chemin de fer?  Je n’aurai probablement jamais la réponse.