« Justicier de la route »: Ça vous est déjà arrivé?

J’ai bien ri, ce matin.

Je venais de quitter mon dernier client, à Saint-Constant, et je revenais vers le bureau. Pour ce faire, j’ai emprunté la route 132, le long de la voie maritime. À la hauteur de Brossard, je m’apprêtais à dépasser un camion-remorque, qui roulait dans la voie du centre, mais il y avait, dans la voie de gauche, une petite berline, une Toyota Yaris, de couleur bleue foncée (n’ayez crainte, mon cher monsieur; je ne publierai pas votre numéro de plaque), qui roulait à la même vitesse que le camion-remorque. Le conducteur de la voiture, le bras sorti par la fenêtre, me faisait de grands gestes, parfois pointant vers le haut, mais jamais « avec le doigt du milieu », par contre. Je me demandais bien ce qu’il voulait.

Y avait-il présence policière dans le coin? Voulait-il me prévenir que quelque chose n’allait pas, avec mon camion? Pourtant, quand j’ai quitté mon dernier client, mon camion était tout à fait au point, rien ne clochait.

Voyant qu’il maintenait la vitesse du camion-remorque, je ralentis un peu, afin de prendre la voie du centre, derrière le camion-remorque, puis la voie de droite. Malheureusement pour moi, il y a un pick-up, à droite. Je décide donc de revenir dans la voie de gauche, en faisant l’inverse du processus que je viens d’énumérer, ce qui me ramène derrière la Yaris bleue. La gesticulation de son chauffeur recommence. Quelques instants plus tard, je retourne à droite, et cette fois, la voie est libre; je dépasse donc le camion-remorque, puis je reviens vers la voie du centre. Je roule assez rapidement, dans le but avoué de dépasser la petite berline, mais le type de la Yaris a lui aussi accéléré!

Nous roulons quasi-parallèlement pendant quelques centaines de mètres, mais je voulais en avoir le coeur net; je ralentis un peu, et reprend la voie de gauche, derrière lui. Comme je m’y attendais, le cirque recommence. C’est à ce moment que j’ai compris à qui j’avais affaire. Le conducteur de la petite Yaris s’était auto-proclamé « Justicier de la route ». Mais le pire, dans toute cette histoire, c’est que si ce type croyait que je contrevenais à la loi, en roulant dans la voie de gauche, il avait tort sur toute la ligne. Voici pourquoi.

La définition que l’on se fait d’un camion, et la définition que la loi fait d’un camion, sont différentes, sur certains points. Et le camion que je conduis, dans mon travail, n’est pas un camion, au sens de la loi. C’est que dans la très grande majorité des cas d’application de la loi, un camion a une masse nette (à vide) de plus de 3000 kilogrammes. Aussi, les camions répondant à cette définition ne sont pas autorisés dans la voie de gauche, sur les autoroutes à trois voies, doivent aussi respecter la signalisation interdisant leur accès à de nombreuses rues, et s’arrêter aux postes de pesée, lorsque les feux clignotent. Ces camions doivent également être inspectés annuellement par un mandataire de la SAAQ.

Le camion que je conduis, par contre, a une masse nette de seulement 2700 kilos. Au sens de la loi, il est considéré au même titre que n’importe quelle voiture, même une Toyota Yaris. Je peux rouler dans la voie que je veux, je fais fi des postes de pesée, et aucune inspection annuelle n’est obligatoire, sur mon camion, parce qu’au sens de la loi, ce n’est pas un camion. Devrais-je l’appeler mon « non-camion », à ce moment-là? Mais non! Alors comment fait-on pour différencier un vrai camion d’un « non-camion »? Par la plaque. Les camions de plus de 3000 kilos ont un numéro de plaque qui commence par la lettre L, alors que les autres, comme le mien, ont un numéro qui commence par la lettre F. Voilà.

Je vous ai parlé du pire, dans cette histoire, mais le plus drôle (drôle après coup, parce qu’il n’est rien arrivé de dramatique), c’est que le type à la Yaris bleue a quitté précipitamment la voie de gauche pour traverser complètement la route et s’engouffrer dans la bretelle de sortie vers la route 112. Ainsi donc, en plus de me nuire pour défendre un point de règlement qui ne s’applique même pas à moi, il a risqué sa vie, et celle des autres usagers de la route. Brillant, comme comportement!

La morale de cette histoire, que je dédie particulièrement à ce type, sur la 132, ainsi qu’à tous ceux qui voudraient s’auto-proclamer justicier de la route, est la suivante. Une partie des impôts, qui sont prélevés de vos revenus durement gagnés, servent à payer grassement des policiers, qui sont spécialement formés pour faire appliquer la loi. Il serait brillant de leur laisser le champ libre afin qu’ils fassent leur travail, et justifient ainsi leur salaire. En deux mots, ne causez donc pas un accident pour simplement tenir tête à un autre conducteur.

Compris?

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5 réactions sur “« Justicier de la route »: Ça vous est déjà arrivé?

  1. Dieu merci, la situation que ce « justicier » n’a pas tourné au drame…(il aurait mieux fait justice avec une Dodge Challenger par contre 😉 )

    pour te remonter le moral, j’ai repéré sur le blogue du suburbain lucide, quelques photos de la A-25 qu’il a posté http://www.suburbainlucide.net/?p=37

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  2. J’ai vu les photos du suburbain lucide, il y a quelques jours. Je te remercie pour le lien, mon cher Stéphane. Mais le suburbain lucide lui-même m’avait envoyé un lien vers son billet, par courriel. J’ai bien aimé le remerciement, à la fin, où ce cher LBII dit qu’il m’a « piqué le concept du photoreportage routier ». Pour des poses prises avec un cellulaire, ses photos sont plutôt réussies.

    Quant au comique de la route 132, ce matin, de la façon qu’il a quitté la voie de gauche pour prendre la bretelle de sortie, il fut très chanceux qu’un motocycliste n’arrive pas à vive allure, car il l’aurait ramassé solide. Ce serait à son avantage qu’il ne « pousse pas sa luck » trop fort, par contre. Un accident est si vite arrivé.

    Quand on travaille sur la route, il en arrive de toutes sortes. Au cours d’un emploi précédent, je revenais de Montréal, sur l’A-40, en direction de mon port d’attache, situé en Mauricie, avec une lourde cargaison. À la hauteur de l’aire de services, à Lavaltrie, je voulais prendre la voie de gauche, question de rouler quelques km/h de plus, et de profiter de la petite pente, juste après l’aire de services. J’ai vu une ouverture, dans la file de véhicules, et j’ai décidé de la prendre. J’ai eu beau signaler mes intentions bien à l’avance, mais cela n’a quand même pas fait l’affaire de celui devant qui je me suis retrouvé. Celui-ci, au volant de son petit pick-up Mazda, a pris la voie d’entrée, en provenance de l’aire de services, afin de rouler à côté de moi, et de me faire savoir son mécontentement, à grands coups de « doigts du milieu », puis il m’a coupé la route, et a appliqué les freins.

    De mon côté, je n’ai même pas relâché l’accélérateur! C’est bizarre, mais il n’a pas maintenu les freins longtemps. Au contraire! Il devait trouver que la grille du GMC que je conduisais prenait beaucoup de place, dans son rétroviseur. Le plus drôle, c’est que 3 kilomètres plus loin, il a pris la sortie de Joliette. Quand j’ai passé à sa gauche, je lui ai fait… un grand sourire.

    J’en profite ici pour souligner que je suis plutôt fier de mon palmarès. En quelques cinq années d’expérience en livraison, dont presque trois pour mon employeur actuel, aucun accident majeur à signaler! En fait, le seul accrochage dans lequel je fus impliqué a coûté la somme astronomique de… 150$. J’ai connu plus de mésaventures au cours de mes presque 30 années de conduite personnelle, par contre. En fait, la blogue-mobile est mon 27e véhicule, depuis que j’en possède. Là-dessus, je n’en ai démoli que deux. Il y a plusieurs années. Au cours du même été. Ce dont je ne suis pas très fier. Mais bon, comment dire,… j’ai appris, quoi.

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  3. pour le photo-reportage routier, au tour de MarcFP de poster un bon billet sur la A-55 et la A-51 http://marcfp85.wordpress.com/2008/08/02/a-55-et-a-51-ce-qui-aurait-du-se-passer-1ere-partie/

    et comme j’avais mentionné dans mon 1er texte, que le soi-disant « justicier » devrait conduire une Dodge Challenger, j’ai trouvé un « fan-commercial » ou « fan-pub » (des pubs fait par et pour des fans) aux liens suivants
    http://www.autoblog.com/2008/03/26/video-dodge-challenger-fan-commercial-rates-highly/


    mais je crois que ce justicier ne ne trouverais pas assez vert à son goût LOL 😀

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  4. Merci pour les liens, Stéphane.

    Je devrai montrer davantage de rigueur, à l’avenir, dans mes photo-reportages, puisque j’ai de plus en plus de concurrence. Jusqu’à maintenant, il s’agit de concurrence amicale; on s’emprunte même des photos les uns les autres.

    Quant au justicier de la 132, s’il avait conduit une Challenger SRT-8, il aurait pu me laisser la voie de gauche, que ça ne lui aurait pas fait un pli sur la différence; il aurait pu me semer très, très facilement. Cette Dodge est le genre de voiture que je ne dois absolument pas essayer; ceci pourrait devenir très dangereux pour… mon permis de conduire. Faudrait en parler à Philippe Lagüe, l’essayeur du Devoir, qui s’est fait intercepter, justement sur la route 132, avec une Charger SRT-8, à seulement… 222 km/h! Il n’avait définitivement pas de justicier auto-proclamé devant lui, ce jour-là. 😀

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  5. En tant que simple conducteur sans autorité policière, il peut arriver, dans certaines situations, que l’on doive indiquer le chemin aux autres.

    Cela peut se traduire par simplement respecter les limites de vitesse, jusqu’à avertir les autres usagers qu’il y a un danger devant soi.

    Selon mon expérience, il faut rouler sur la limite dans la voie de droite, et l’excéder un tout petit peu dans la voie du centre ou de gauche, sans provoquer d’accident.

    Cependant, il y a toutes sortes de conducteurs sur la route, des plus consciencieux jusqu’aux plus inconsistants, en passant par les plus désintéressés.

    Ce n’est pas facile de gérer cela, mais c’est faisable. Nous avons tous le pouvoir de nous policer nous-même.

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