Chemin Roxham: Comment les médias profitent de l’inexpérience d’une nouvelle ministre

Tous ceux qui suivent un peu l’information, sur les principaux médias télévisés québécois, ont vu la nouvelle ministre de l’immigration du Québec, Christine Fréchette, tourner à 180 degrés au sujet de la fermeture du chemin Roxham. Du moins, c’est ce que l’on serait porté à croire, à la vue de ce que les médias – TVA/LCN comme la SRC/RDI – ont bien voulu nous laisser voir. Ce qui me trouble, c’est que pour les fins d’analyse, on compare deux très courts extraits de mêlées de presse, où la ministre semble dire une chose et son contraire, alors que dans les faits – lire si on prend les mêlées de presse dans leur ensemble, elle explique très bien son point, et au final, elle ne s’est jamais contredite.

Dans la première mêlée de presse, elle explique que le fait de fermer – dans le sens d’empêcher le passage par – le chemin Roxham ne changerait rien à la situation de l’immigration illégale qui s’exerce là-bas, puisque les passeurs vont utiliser un autre chemin, probablement plus mauvais, et dangereux, pour faire passer leurs clients. Dans la seconde, elle répète les propos qu’elle avait dits lors d’une entrevue, qui date de la semaine dernière, où elle avait utilisé le mot “basta!”, pour dire qu’il faut que cela cesse, dans le sens de tout le système de passage illégal à la frontière, et non pas dans celui du seul passage physique du chemin Roxham.

Petite parenthèse pour mentionner un point, à savoir; il est où, le maudit chemin Roxham?

Le chemin Roxham est une petite route de campagne, qui se déroule dans un axe nord-sud, et qui est coupé en deux par la frontière entre le Québec et l’état de New York. La partie américaine est longue de moins d’un kilomètre, et depuis la frontière, elle prend vers le sud jusqu’à la North Star Road, qui elle-même est reliée à la route 17 de l’état de New York, qui mène au village de Champlain. Du côté québécois, toujours en partant de la frontière, elle prend vers le nord sur environ 3 kilomètres avant d’atteindre la route 202, et… le Parc Safari. Ben oui, toi! Le Parc Safari est sur le chemin Roxham. Le chemin suit ensuite, sur environ deux kilomètres et demi, toujours vers le nord, la route 202 jusqu’à l’intersection où la route 202 prend vers l’est, et le chemin vers le nord devient le chemin Bogton,

OK, on ferme la parenthèse.

Bon, si l’on enlève l’affaire de la ministre Fréchette, on pourrait presque dire que la journée d’aujourd’hui serait ce que l’on appelle en anglais une slow-news-day; il aurait fallu passer la journée sur les derniers rebondissements de l’autre affaire, celle de l’embauche d’Amira Elgawhaby par le gouvernement fédéral, affaire qui commence à tirer au reste.

Donc, pour revenir à madame Fréchette, elle aura sûrement appris une leçon, aujourd’hui, soit celle de ne jamais faire confiance à des journalistes; ils peuvent prendre vos propos, surtout les plus honnêtes, en garder quelques extraits, les retourner contre vous, et les balancer en ondes en se foutant complètement des effets secondaires, et principalement en vous faisant passer pour le dindon de la farce. Bref, “ne laissez jamais la vérité venir détruire une belle histoire”, comme le disent les journalistes entre eux.

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Cafouillage de l’A-13: À part trouver des coupables, que devrait-on faire?

Pour ceux et celles qui étaient sur la planète Mars, la semaine dernière, précisons d’abord que l’on définit comme le désormais célèbre “cafouillage de l’A-13” la période comprise entre la soirée de mardi, 13 mars 2017, et le lendemain, mercredi 14 mars, en avant-midi, période au cours de laquelle environ 300 véhicules sont demeurés coincés sur l’autoroute 13, sans aucune ressource, alors que la tempête, qui a laissé quelque 39 centimètres de neige sur Montréal, faisait rage.  Une enquête externe, confiée à monsieur Florent Gagné, lui-même ancien sous-ministre des transports, sera effectuée afin de savoir qu’est-ce qui n’a pas fonctionné correctement.

Ces jours-ci, les médias soulignent très fort la non-coopération alléguée de deux conducteurs de camions lourds qui auraient refusé de payer les 1800$ d’une éventuelle facture de remorquage, prétextant que leurs véhicules étaient en parfait état de fonctionnement, le tout dans le but bien avoué d’en faire les coupables de l’affaire.  Parce que dans notre société distincte, comme dans toutes les autres, d’ailleurs, il faut un, ou des coupables pour tout ce qui dérape.  Ces deux types disaient que si la route était déneigée convenablement, ils pourraient rouler sans aucune aide extérieure.  Or, le déneigement de cette section de l’A-13 était confiée à la firme Roxboro Excavation; mentionnons ici que c’est la seule section d’autoroute de tout le grand Montréal qui est déneigée par un entrepreneur privé, d’une part, et d’autre part, que la famille Théoret, propriétaire de la firme, sont de bons contributeurs à la caisse du parti libéral au pouvoir.

Mais avant de tirer des conclusions hâtives, il faudra laisser monsieur Gagné, et ses enquêteurs, faire leur travail.  Parce que l’on dit qu’en plus de cela, la Sûreté du Québec (SQ), qui a juridiction sur les autoroutes, a aussi dormi sur la switch, et que les pompiers du Service de sécurité incendie de Montréal (SSIM) ont fini par prendre l’initiative de se rendre eux-mêmes sur place.  Qui dit vrai, qui déforme la vérité à son avantage, qui tente de tirer parti de tout cela, et qui tente de se sauver par la porte d’en-arrière? Bref, une enquête sera la bienvenue.  Mais entre temps, y a-t-il des choses que l’on pourrait faire, peu importe le chapeau que l’on porte, pour que de tels cafouillages ne se reproduisent plus?

Il y a d’abord les médias; malgré que les prévisions météo proviennent toutes d’Environnement Canada, les médias interprètent celles-ci à leur façon, afin de tantôt convaincre tous leurs auditeurs/téléspectateurs que la fin est proche, tantôt de les rassurer que l’hiver va finir par se terminer un jour, le tout en fonction des prévisions, et des cotes d’écoute du moment.  Combien de fois les réseaux sociaux ont-ils relayé, depuis les sites des médias de masse, que la tempête du siècle était à nos portes, alors qu’il ne tombait même pas de quoi sortir la pelle?  On applique le mot “tempête” dès que les précipitations dépassent les 3 centimètres de neige, et que le vent va souffler à plus de 10 kilomètres à l’heure.  Il faudrait garder les termes dramatiques pour les grandes occasions, genre plus de 40 cm de neige, et plus de 70 km/h de vent.  Ainsi, les gens pourraient se préparer au pire quand le pire s’annonce, et continuer à vivre normalement le reste du temps.

Les autorités, les entrepreneurs, et les autres responsables de la sécurité, quant à eux, peuvent se compter chanceux, en ce sens que les phénomènes météo ne prennent jamais naissance ici; ils arrivent d’ailleurs.  En fait, trois corridors principaux nous amènent les systèmes météo que nous vivons; celui du nord (le nord de l’Ontario, la baie James, Matagami, Rouyn-Noranda, Val-d’Or), le corridor de la côte de l’Atlantique (la Virginie, Washington, New York, Boston), et finalement, le plus courant, le corridor du fleuve Saint-Laurent, et des grands lacs (Chicago, Detroit, Toronto, Ottawa/Cornwall).  Il y a sûrement des services comparables à notre 511 dans ces juridictions; serait-il possible de contacter ces services, afin d’avoir une idée précise de ce qui se passe sur le terrain, et ainsi se préparer en conséquence?  Quand le gars de T-O te dit qu’ils sont en train de l’échapper, tu fais rentrer toutes tes équipes, parce que la tempête va être solide!  Me semble que ce n’est pas tellement compliqué!  Ainsi, tout le monde serait sur ses gardes, et serait prêt à intervenir au besoin.

Mais bon, je dois comprendre que nous formons une société distincte, qui a l’expertise des tempêtes hivernales.  Ce n’est sûrement pas un minable chauffeur de camion qui pourra leur montrer comment se préparer à traverser une tempête.

Limites de vitesse: La Colombie-Britannique part en hausse!

C’est apparu sur le site de Radio-Canada, et c’est aussitôt sorti sur Facebook!  Pour la première fois au Canada, une limite de vitesse dépasse je devrais dire redépasse – 110 kilomètres à l’heure; la Colombie-Britannique vient de relever la limite de vitesse de certaines de ses autoroutes à 120 km/h, parmi une panoplie de retouches à divers règlements de circulation.  Une telle mesure fait suite à des changements semblables, survenus chez nos voisins du Sud, entre autres en Idaho, au Wyoming et en Utah, où certaines limites sont passées à 80 milles à l’heure, soit environ 130 km/h, ou même 85 milles à l’heure (137 km/h) au Texas.

Évidemment, il ne s’agit pas de mesures généralisées, mais seulement appliquées à certaines sections d’autoroutes, dans des endroits bien précis.  En Colombie-Britannique, ce sont les routes 5 (Coquihalla), entre Hope et Kamloops, 97C (the Connector), et 19 (the Island Highway), entre Parksville et Campbell River.  Ce mouvement de hausse de certaines limites de vitesse fait suite à de nombreuses études qui démontrent que la hausse de la vitesse sur les routes entraînent le nombre d’accidents mortels… à la baisse!

Ces études démontrent que ce n’est pas la vitesse comme telle qui cause les décès sur les routes, mais plutôt la différence de vitesse entre deux objets impliqués dans un impact.  C’est pourquoi on installe des glissières d’acier, ou de béton, devant les objets fixes, comme les structures de signalisation surélevées, par exemple.  Et c’est aussi la raison pour laquelle il est très important de ne pas s’arrêter sur les voies carrossables d’une autoroute.  Même pour des canards!  En permettant à tous les véhicules de rouler plus vite, l’impact potentiel entre deux véhicules roulant dans la même direction, et à des vitesses semblables, ne sera pas plus fort, que la vitesse soit limitée à 100, ou à 120, voire même à 130 km/h.  Pour avoir moi-même roulé en Utah, sur l’Interstate 15, où la limite était de 80 milles à l’heure, je vous dirai que cette route n’est pas plus dangereuse que celles situées dans l’état de New York (65 mph/105 km/h), ou en Californie (70 mph/113 km/h), au contraire!

Évidemment, sur Facebook, plusieurs personnes ont sauté aux conclusions – à leurs propres conclusions, et ont grimpé dans les rideaux, disant que si une telle mesure venait à s’appliquer au Québec, nos autoroutes deviendraient de véritables hécatombes.  Et j’exagère à peine!  Il faut toutefois se rappeler de certaines choses, si l’on en venait à augmenter les limites de vitesse chez nous; de un, une limite de vitesse de 120, ou de 130 km/h, s’appliquerait sur certaines sections précises d’autoroutes – pas de super-2, là où la conception de la route, et la configuration des lieux le permettent, et non pas partout à la grandeur du territoire.  De deux, il conviendra de voter une loi – ou d’appliquer une loi existante – qui spécifie clairement que la voie de gauche ne doit servir qu’au dépassement seulement.  De trois, les statistiques de la Société de l’assurance-automobile du Québec (SAAQ) sur la mortalité routière au Québec fait état de baisses du nombre de morts sur les routes depuis plusieurs années, et ce même si cela fait une vingtaine d’années que la “tolérance zéro” n’est pas appliquée sur les autoroutes.

Bien entendu, ce que je dis là n’est que spéculation, car à mes yeux, ce n’est pas demain la veille du jour où l’on affichera une limite de vitesse de plus de 100 km/h au Québec.

La route 3 – (1) De la frontière de New York à Beauharnois

La route 3 (route 132) prend ses origines à la frontière de l’état de New York, où elle se raccorde à la rue Water, qui mène à Fort Covington.  Cette frontière est particulière par la présence d’un bâtiment qui fut jadis l’hôtel Taillon; celui-ci a de particulier qu’il est construit à cheval sur la frontière canado-américaine.  Le site est malheureusement à l’abandon.

À peine après avoir franchi les douanes canadiennes, la route 3 nous montre déjà un ancien alignement; celui-ci passe à gauche, sur le chemin de Dundee Centre (il est à noter que le hameau de Dundee Centre est situé à 7,6 kilomètres de là, en prenant à droite), sur 170 mètres, puis à droite sur le chemin de la Vieille-Douane, sur 300 mètres, chemin dont le nom indique que les postes-frontières ont probablement déjà été réaménagés.  De plus, le chemin de la Vieille-Douane se termine en pointe à la route 132 actuelle, les deux ensemble formant un axe bien droit.  À 2,6 kilomètres du chemin de la Vieille-Douane, on croise le chemin Watson, et 3,1 kilomètres plus loin, c’est le chemin de la Pointe-Fraser, alors qu’à 1,6 kilomètres de là, une courbe a été reconstruite, sur à peu près 400 mètres, juste avant l’intersection de la montée Murchisson.  Après avoir croisé plein de chemins qui tantôt se rendent au fleuve, tantôt dans les terres, sur une distance de deux kilomètres et demi, l’intersection du chemin Stuart nous amène à croire que la route 3 n’a pas toujours passé sur l’emprise actuelle de la route 132.  Le fait de voir, via Google Earth, que certaines maisons sont éloignées de la route nous en amène une preuve supplémentaire.  Quoi qu’il en soit, nous allons rouler sur encore 3,8 kilomètres avant de constater que la route a changé d’axe, à l’approche de Cazaville, et 150 mètres de plus pour atteindre l’intersection du chemin de la Rivière-la-Guerre.  Une fois les 50 mètres nous séparant de l’ancien alignement parcourus, on fait 450 mètres de plus pour arriver aux “quatre-coins” du village, à l’intersection de la montée de Cazaville, là où se font face, sur les pâtés de maisons opposés, la Patate d’Autrefois, dont le coq trône fièrement devant le faîte de la toiture, et le bar salon Les Dunes, dont l’état de délabrement du bâtiment semble beaucoup plus avancé, du moins si je me fie aux images de Google Street View.

De là, on tourne à gauche, sur la montée de Cazaville, que l’on parcourt sur environ 300 mètres avant de désaxer à nouveau sur 50 mètres pour tourner à droite sur la route 132 actuelle.  Puis on roule 1,7 kilomètres avant de croiser les chemins Saint-Charles; à gauche, d’abord, puis à droite, 50 mètres plus loin.  À 1,6 kilomètres de là, la route 3 quitte à nouveau la route 132 pour prendre la 120e Avenue, à gauche, sur un peu plus de 800 mètres, avant de tourner à droite sur le chemin Sainte-Croix, sur 1 kilomètres et quart, puis tourner à gauche, sur la route 132, alors que l’on voit encore l’ancien axe de la route 3, qui suit en parallèle jusqu’à la 97e Avenue, environ 200 mètres plus loin.  De là, on voit que ces avenues, qui se dirigent vers le fleuve, devenu réservoir, et désormais appelé “lac Saint-François” depuis la construction des barrages à la hauteur de Beauharnois, se rapprochent de plus en plus; après 3 kilomètres, nous sommes au coeur de Saint-Anicet.  Deux kilomètres et demi plus loin, on croise la montée Quesnel, puis à 1,8 kilomètres de là, la route 3 se poursuit par le chemin Génier, à gauche, sur près de 2,7 kilomètres, avant de revenir sur la route 132.  Après 2,6 kilomètres supplémentaires, on croise le chemin de Planches; nous entrons à Port-Lewis.

Depuis le chemin de Planches, nous ferons 5,5 kilomètres avant d’arriver à une courbe, au lieu-dit Plage-Saint-François, courbe qui nous éloignera du lac, et nous fera entrer plus profondément dans les terres.  Si comme moi, vous croyiez que la route 3 continuait à longer le bord de l’eau, à partir de ce point, détrompez-vous!  Le canal de Beauharnois actuel – il semble que celui-ci est le deuxième, et que le premier aurait été creusé en 1845 – date de 1932; il est donc possible que la route 3 ait longé le littoral jusqu’à Salaberry-de-Valleyfield, mais ce n’était déjà plus le cas en 1950.  Après 1,8 kilomètres, la route 3 prend à droite sur la montée du Lac (route 202), et s’étire sur 350 mètres, soit jusqu’à l’angle du chemin de l’Église.  On tourne à gauche sur celui-ci, et on roule sur un autre 350 mètres avant de tourner à droite sur la route 132 actuelle.  Le chemin Seigneurial apparaît après 2,8 kilomètres, et à l’intersection suivante, à 1,8 kilomètres de là, nous avons le chemin Saint-Louis (route 236), à droite, qui mène à Saint-Stanislas-de-Kostka, et à gauche, la rue Brosseau, qui conduit au hameau de Baie-des-Brises.  3,2 kilomètres plus loin, on croise le chemin Larocque (route 201 sud), qui mène à Ormstown, et à plus ou moins 600 mètres de l’intersection, la route 3 (routes 132 et 201) traverse le pont Larocque, de presque un kilomètre de long, dont un pont-levis d’environ 80 mètres, qui traverse le canal de Beauharnois, et nous fait entrer dans la ville de Salaberry-de-Valleyfield.

À 300 mètres de la fin du pont, on croise l’autoroute 530 (routes 132 et 201) qui, à l’origine, devait s’appeler autoroute 30, et passer par Huntingdon.  Par le mot “origine”, on parle de bien après 1950, bien sûr.  3,4 kilomètres plus loin, on tourne à droite, sur la rue Victoria, qui longe l’ancien canal de Beauharnois sur 1,9 kilomètres, avant que celui-ci soit complètement remblayé.  Une centaine de mètres plus loin, un carrefour giratoire nous conduira sur la rue Hébert, rue sur laquelle on roulera sur 1,7 kilomètres avant d’atteindre un ancien alignement de la route 3, maintenant sans issue, parce que coupé par les routes 132 et 201.  L’actuelle rue Armand fait 560 mètres de long au sud du boulevard Monseigneur-Langlois (routes 132 et 201), alors qu’au nord de celui-ci, elle fait 650 mètres, dont les derniers 250 en parallèle avec ce qui est maintenant le boulevard Hébert.  Pour contourner le tout, nous devrons parcourir près d’un kilomètre et demi.  Tout de suite après (120 mètres), la route 3 prend la rue Masson qui, après 200 mètres, conduit à une intersection; à gauche, la route est devenue un accès – contrôlé – à l’usine Expro, maintenant propriété de General Dynamics.  On prend alors à droite; après une centaine de mètres, on traverse le boulevard Hébert, et 100 mètres plus loin, on traverse le pont Masson.  On fera encore 150 mètres avant de tourner à gauche, sur la rue Léger, puis nous ferons 650 mètres avant de tourner à droite, pour revenir sur le boulevard Hébert.  Après 2,8 kilomètres, nous sommes à l’intersection du Boulevard Pie-XII, au coeur de l’ancienne ville de Saint-Timothée, maintenant un quartier de Salaberry-de-Valleyfield.  Ce boulevard donne accès à l’autoroute 530, qui elle, conduit à l’autoroute 30.

À 1,7 kilomètres du boulevard Pie-XII, on voit un gigantesque bâtiment de béton, au sortir d’une courbe; il s’agit d’une ancienne centrale hydro-électrique, érigée sur ce qui était l’ancien canal de Beauharnois.  Comme il n’y a plus de canal, il n’y a que le bâtiment qui subsiste aujourd’hui.  Puis, après 1,4 kilomètres de plus, nous passons sous le pont Serge-Marcil, qui permet à l’autoroute 30 de traverser le fleuve Saint-Laurent, alors qu’à droite, on peut commencer à voir, au loin, l’autre pont de l’autoroute 30, le pont Madeleine-Parent, beaucoup plus imposant, qui surplombe le canal de Beauharnois.  À 3,4 kilomètres du pont Serge-Marcil, la route 3 (route 132) atteint la 1ère Avenue, et voit son nom passer de “boulevard Hébert” à “boulevard de Melocheville¹”; nous entrons dans l’ancienne ville de Melocheville, maintenant un quartier de la ville de Beauharnois.

¹ Le boulevard de Melocheville s’appelait autrefois le boulevard Edgar-Hébert; à l’automne de 2013, suite à l’harmonisation des rues de Beauharnois, le nom fut remplacé par l’appellation actuelle.

Assurance-emploi: Il y a un prix à payer pour jouer les héros

Hier soir, je suis tombé, au hasard de Google Actualités, sur un article de Guillaume Bourgault-Côté, du quotidien Le Devoir, concernant le congédiement de Sylvie Therrien, cette dame de Vancouver qui a dénoncé ce qu’elle appelait des quotas dans la recherche de fraudeurs de l’Assurance-emploi (AE).  J’avoue avoir lu les commentaires des lecteurs en diagonale, mais la presque totalité de ceux-ci condamnaient le “méchant” gouvernement de Stephen Harper, et portaient madame Therrien aux nues, faisant d’elle une véritable héroïne.  Mais il y a un hic; tous les héros ont un prix à payer, et ce prix est l’exclusion.  Je m’explique.

Madame Therrien travaillait dans une entreprise, définitivement publique, mais entreprise quand même, dont le produit est un revenu temporaire permettant de ne pas perdre tous ses moyens lorsque l’on se retrouve entre deux emplois.  Or, il y a des conditions à respecter, et certains prestataires profitent indûment de ce produit, au détriment d’autres personnes, qui y ont droit.  Les dirigeants de l’entreprise ont donc pris des mesures dans le but de faire cesser les fraudes – car il s’agit bien de cas de fraude.  Les agents de recouvrement ont une panoplie de paramètres, dans le but de les aider à effectuer leur travail, et ils doivent les appliquer dans les cas où ils ont des doutes.  Si les agents appliquent ces paramètres aux gens honnêtes, ceux-ci réagiront, et seront bien sûr en droit de le faire.  Comme il arrive également, dans des enquêtes policières, que certaines personnes soient suspectées, mais qu’au final, elles ne soient accusées de rien.

Mais voilà!  On voudrait que la police arrête tous les coupables, sans jamais interroger des innocents.  Du même souffle, on voudrait que tous les fraudeurs de l’AE soient démasqués, mais sans jamais déranger quiconque en reçoit honnêtement.  Et c’est là que les troubles commencent.  Parce que lorsque l’on enquête sur des gens honnêtes – ou qui semblent l’être, on risque de prendre leur histoire au sérieux, au point de tomber rapidement dans la pitié, dans l’apitoiement sur leur sort, enfin, appelez cela comme vous le voulez, mais on prend la part de ceux que l’on doit enquêter, alors que les fraudeurs se trouvent parmi eux.  Bref, on achète leur histoire.  Jusqu’au point où on oublie sa mission première; on se retourne alors contre l’entreprise qui nous emploie, l’accusant de tous les maux.

Croyez-vous que les policiers n’entendent pas des histoires de pauvres gens qui n’ont rien à manger, lorsqu’ils arrêtent un voleur?

Les seuls cas où les soupçons, l’enquête complète, et l’arrestation du ou des coupables – sans erreur sur la personne – se produisent en-dedans de trois heures, se voient… au cinéma!  Dans la vraie vie, les fraudeurs auront toujours de bonnes excuses, de bonnes raisons, pour avoir “juste un tout petit peu” dépassé les normes du système, tout comme la personne qui roulait à tombeau ouvert à travers les rues de la ville avait aussi une bonne raison pour ne pas se faire intercepter, ou pour ne pas recevoir de constat d’infraction.

Si on achète leur histoire, c’est clair que l’on arrêtera personne!

Le rôle de l’agent de recouvrement est de distinguer le fraudeur de l’honnête chômeur, et afin d’illustrer l’importance des sommes perdues à cause de la fraude, on divise les pertes par le nombre d’agents.  On y ajoute ensuite toutes sortes de calculs, et de probabilités statistiques, de façon à arriver à un nombre, qui devient l’objectif à atteindre.  De là à interpréter ce nombre comme un quota, il n’y a qu’un pas, que madame Therrien a probablement franchi.

De telles façons de faire font partie de la mécanique interne d’un travail, ou d’une tâche à accomplir.  Or, comme toutes les entreprises, qui protègent leurs façons de faire, afin de ne pas les dévoiler à la concurrence, l’AE a le droit de garder ses méthodes secrètes, si elle veut mener à bien son travail de récupération des sommes versées indûment, et d’interception des fraudeurs.  Si on révèle au grand public les façons de faire de l’AE, la fraude n’en deviendra que plus facile!  Et c’est là que madame Therrien a erré; croyant bien faire, en dénonçant une administration qui y allait trop fort, selon ses paramètres à elle, Sylvie Therrien a rendu public, par l’entremise du quotidien Le Devoir, le document de référence pour le travail qu’elle avait à effectuer.  Imaginez; c’est comme si un commis de la banque de la ville, constatant que les gens ont peu de liquidités, annonçait à tout le monde la combinaison du coffre-fort!  Si l’ensemble des citoyens n’ira pas jusqu’à tenter d’y retirer des sommes, ne croyez-vous pas que des voleurs vont prendre la chance d’en profiter?

Tout cela pour dire que si la situation de madame Therrien est tout à fait déplorable, celle-ci demeure tout de même l’artisane de son propre malheur.  Et maintenant, elle devra traîner la réputation de l’employée qui n’est pas capable de garder un secret.  Le problème, c’est qu’il s’agit de l’un des principaux critères d’embauche, et ce dans tous les types d’entreprises, depuis la simple franchise PFK jusqu’à la grande multinationale pharmaceutique.  Dans plusieurs entreprises, on fait signer, pendant la toute première entrevue menant à une éventuelle embauche, une déclaration de confidentialité dans laquelle il est mentionné que la divulgation d’un secret interne amènera la cessation immédiate du lien d’emploi.  D’autres vont beaucoup plus loin; on peut vous poursuivre si vous travaillez dans une entreprise concurrente pendant un certain délai suivant votre démission!  En fait, un secret d’entreprise est plus important que n’importe quel lien d’emploi.  Dans le public comme dans le privé.

En clair, comme disait l’autre, “toute vérité n’est pas bonne à dire”!

Madame Therrien l’a appris à la dure, mais j’espère qu’elle d’abord, et que tout le monde aussi, aura appris la leçon.  Aujourd’hui, la dame est condamnée par le marché du travail; elle voudrait faire le trottoir qu’elle n’y arriverait pas, ses clients potentiels ayant peur d’être dénoncés!  Bon, d’accord, j’exagère, pour faire image, mais vous voyez ce que je veux dire; quand on ne supporte pas la violence, on ne s’engage pas dans l’armée!  Même chose ici; si l’on n’a pas la force de caractère pour aller au-delà des belles histoires de pauvreté des fraudeurs, on ne va pas travailler comme agent de recouvrement de l’AE.

Comme je le disais au début, les héros ont un prix à payer.  Superman ne vit pas dans un chic appartement de New York.  Batman ne prend pas le petit-déjeuner au coeur de Gotham City.  Et désormais, Sylvie Therrien ne goûtera plus aux bénéfices du marché de l’emploi.  À moins que Le Devoir, qui a largement profité du scoop, ne lui offre un poste de correspondante à Vancouver, bien sûr.