Rapport Payette: Le monsieur n’est pas content de la réaction des radios

Il y a quelques semaines, sortait un rapport de Dominique Payette, commandé par Pauline Marois, suite à sa défaite de l’an dernier, rapport d’une étude sur les médias de la vieille capitale.  Je n’ai pas lu le rapport Payette dans son intégralité (mea culpa), mais comme un peu tout le monde, j’ai saisi certains passages qui furent publiés dans les médias.  Et à lire ceux-ci, tout porte à croire que madame Payette n’y va pas avec le dos de la main morte, comme dirait l’autre; cet article du site web du quotidien Le Soleil nous dit d’ailleurs que selon madame Payette, “Il y a un régime de peur dans la région de Québec”.

Les réactions furent nombreuses, et rapides; entre autres, l’Université Laval, où oeuvre madame Payette, s’est rapidement dissociée du rapport de sa professeure.  Et au travers de tous les avis négatifs lus et entendus au sujet de ce rapport, il y a eu quelques commentaires positifs, comme celui de Jean-François Vallée, de Saint-Philippe-de-Néri, qui fut publié ce matin sur le site web de La Presse.  Pour info, Saint-Philippe-de-Néri se trouve, à vol d’oiseau, à environ 125 kilomètres de Québec, et que dans le cadre de mon travail, quand je passe sur l’autoroute 20, à la hauteur de la sortie 456, il y a déjà belle lurette que je ne capte plus les radios de Québec, ce qui me porte à croire que ce gentil commentateur se fie sur de vieilles opinions (il dit avoir vécu dans le grand Québec pendant 38 ans), ou sur des préjugés.  À sa défense, au sujet des idées véhiculées par les gens de Québec, il nomme le fait de faire la file au Centre Vidéotron, ce qui indique peut-être que son déménagement dans le Bas-du-Fleuve est somme toute très récent.  À moins qu’il se tape quotidiennement l’écoute de ces stations de radio sur leurs sites internet respectifs, ou encore qu’il fasse l’aller-retour quotidiennement entre son domicile et la vieille capitale.

Quoi qu’il en soit, les habitués du Blogue me voient déjà venir!  Eh oui, je reproduis ici le commentaire de monsieur Vallée, tel que publié dans La Presse, et je répondrai entre les lignes (entre les paragraphes, en fait) en mettant mes propres commentaires, en réaction à ceux de monsieur Vallée.  Comme celui-ci me semble un souverainiste fini, je mettrai donc son texte en bleu, et je répondrai avec la couleur habituelle.  Allons-y!

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Madame Payette frappe dans le mille

Jean-François Vallée
Saint-Philippe-de-Néri, Québec

Madame Payette, les constats que vous dressez sur le contenu des émissions des radios de Québec touchent leur cible. Les réactions des principaux concernés les démasquent une fois de plus : elles sont dignes de voyous de ruelles rompus à l’intimidation. Ils attaquent en bande : « Allez, crient-ils, toute la gang ensemble, on lui pète la gueule ! » Une belle unité stalinienne lie les Fillion, Maurais, Dupont, Napoli, Bouchard, Ségal et Landry, qui n’ont même pas lu votre étude.

Premièrement, comment peut-il affirmer que tous ceux qu’il nomme n’ont effectivement pas lu le rapport?  Ils lui ont dit personnellement?  S’il s’accorde le droit de défendre ses couleurs, pourquoi les animateurs visés ne pourraient-ils pas défendre les leurs?  C’est là une simple manifestation de la liberté d’expression, comme d’ailleurs celles de l’Université Laval, du maire de Québec, d’Agnès Maltais, et aussi… de PKP, qui est lui-même régulièrement invité à au moins l’une de ces radios.

Le pire est que vos propos sont modérés. Le portrait s’avère en réalité encore plus sombre.

Ça, je ne pourrais dire, n’ayant pas lu le rapport moi-même.  J’accorde donc à monsieur Vallée le bénéfice du doute.

La vérité, c’est que les radios de droite à Québec enveniment vraiment le climat social de Québec. J’y ai vécu 38 ans, assez pour constater que les boycotter est inutile : leur fiel s’immisce dans tous les endroits publics, colore toutes les conversations. Il suffit d’écouter les passagers de l’autobus ou la station syntonisée par le chauffeur, de magasiner à Place Laurier ou de faire la file au Centre Vidéotron pour reconnaître les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio et recrachés tels quels, sans filtre. Petit à petit, l’incivilité, l’anti-féminisme, l’homophobie et le climato-scepticisme s’immiscent dans les esprits et teintent les propos.

Réglons une chose tout de suite, si vous le voulez bien; qui est ce monsieur Jean-François Vallée pour prétendre détenir ce qu’il appelle “la vérité”?  Ce qu’il raconte ici, et tout au long de son texte dopinion, n’est que sa propre interprétation de la situation.  Ensuite, pour prétendre que “les raisonnements spécieux et fallacieux entendus à la radio” soient effectivement “recrachés tel quels, sans filtre”, il faut bien entendu avoir écouté “les radios de droite à Québec” soi-même, ce que monsieur Vallée ne nous prouve en aucune façon.  Finalement, si l’incivilité, l’anti-féminisme, et l’homophobie sont des idées dont les frontières sont habituellement bien définies, j’aimerais bien savoir ce que le climato-scepticisme vient faire là-dedans, et ce pour la simple et bonne raison que les théories sur les changements climatiques ne sont encore que des théories, et que rien n’a été prouvé hors de tout doute raisonnable.  Comme on le dit souvent, si c’était vrai, ça se saurait!

La vérité, c’est qu’il n’existe aucun contre-discours crédible sur les ondes de Québec : les droitistes forment un troupeau uni qui monopolise les micros.

Il n’en tient qu’à monsieur Vallée de créer ce contre-discours!  Il n’a qu’à faire comme les autres, c’est à dire demander une licence, et ouvrir une station de radio qui émettra sa propre opinion.

La vérité, c’est qu’aucun indépendantiste ou « gauchiste » n’a passé le test d’embauche dans ces trois radios depuis des décennies, alors qu’au moins 50 % des gens de Québec partagent ces idées. Sylvain Bouchard peut donc dormir tranquille, il ne perdra jamais sa job.

Heureux d’apprendre “qu’au moins 50% des gens de Québec partagent ces idées” indépendantistes ou gauchistes; c’est probablement pour cela que la région de Québec est la seule au Canada où les conservateurs ont fait des gains appréciables lors des élections fédérales du 19 octobre dernier, et que le Bloc québécois, comme le Nouveau parti démocratique (NPD), d’ailleurs, n’y ont fait élire personne!

La vérité, c’est qu’à Québec, les clones d’Elvis Gratton ont pris le contrôle du crachoir et envoient paître systématiquement tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Encore une fois, si monsieur Vallée veut prendre “le contrôle du crachoir”, il sait quoi faire!

La vérité, c’est que ces animateurs sont les émules et les descendants de grand-papa André Arthur, qui a patiemment semé son style empoisonné non seulement à Québec, mais aussi à Saguenay (Myriam Ségal), Montmagny et Rivière-du-Loup (Daniel Saint-Pierre), où il tient chronique.

Il reste que les auditeurs, qu’ils soient à Québec, à Saguenay, à Montmagny, à Rivière-du-Loup ou ailleurs, ont le libre arbitre; s’ils ne sont pas contents de ce qu’ils entendent, ils peuvent toujours changer de station, s’abonner à la radio satellite, écouter des disques compacts, bref, les options sont nombreuses!

La vérité, c’est que ces animateurs connaissent très bien le poids des mots et les font servir à leurs fins. Connotés négativement : « syndiqué », « séparatiste », « péquiste », « québécois », « francophone », « gauchiste », « intellectuel » et « environnementaliste ». Leurs préférés : « environnementeur » ou « enverdeur ».

J’ai lu certains textes écrits par des personnalités connues pour leur côté vert, et j’ai moi-même ajouté à mon vocabulaire les mots “environnementeur” et “enverdeur”, tellement leurs propos étaient souvent tirés par les cheveux!  Encore une fois, on sent que l’auteur de ce texte associe l’environnement à la gauche, ce qui est loin d’être absolu!

Connotés positivement : « travailleur non syndiqué », « fédéraliste », « libéral », « canadien », « anglophone », « conservateur », « militaire », « caquiste » et « pétrole ».

De la façon dont je lis cette phrase, et la précédente aussi, il semble que monsieur Vallée connote lui aussi ces mots, mais de façon diamétralement opposée.  C’est son choix, si tel est le cas.

La vérité, c’est que ces radios sont, sur le plan politique, le bras médiatique des partis fédéralistes de droite. En 2014, c’était le Parti libéral du Québec. En 2015, le Parti conservateur du Canada. Leurs idées sont louangées et leurs élus acclamés, jouissant du privilège d’entrevues mielleuses, complaisantes.

D’abord, il est aussi vrai de dire que le Parti libéral du Québec est de droite que de dire que le drapeau du Québec est noir, avec des flammes orange!  Ensuite, il faut savoir que dans les médias, ça se passe comme ça; les propriétaires (ou les syndicats, dans le cas de Radio-Canada) ont une opinion, et la poussent.  S’il y avait une radio dont le propriétaire est un péquiste fini, à Québec, il est très probable qu’Agnès Maltais – qui se dissocie elle aussi du rapport Payette – y tiendrait une chronique hebdomadaire, à défaut d’être quotidienne.  Pour information, mentionnons que PKP est régulièrement invité en entrevue à la radio québécoise dite de droite.

La vérité, c’est qu’il ne s’agit pas de radios d’opinions, mais de radios à une seule opinion, mur à mur.

Les radios d’opinions sont là pour être mises au défi; il n’en tient qu’à monsieur Vallée, ou à quiconque, de défier les animateurs, que ce soit au téléphone, ou sur la page Facebook de la station.  Là encore, les options sont nombreuses.

En fait, ils logent à l’enseigne des libertariens. Mais ça, ils ne l’avoueront jamais.

Là-dessus, je dirai que pour sa part, monsieur Vallée n’avouera jamais qu’il n’a aucune idée de ce qu’est réellement un libertarien.  Je ferai donc oeuvre de pédagogie, en espérant qu’il lise ceci.  Un libertarien, en une phrase, est un type qui frustre à la fois les conservateurs et les libéraux, en se déclarant en faveur de la libre circulation des armes à feu, afin de permettre aux couples gais de défendre leurs plants de marijuana!  Pour aller un peu plus profondément, je recommande ce billet, que j’ai écrit il y a de cela plus de 5 ans, et qui aide à bien situer sa position politique.  Le petit quiz qu’on y trouve n’a pas la prétention d’être parfait, loin de là, mais il permet de se faire une idée rapidement.

La vérité, enfin, c’est que ces radios sont si anglomanes et francophobes qu’on jurerait qu’elles se sentent investies de la mission de formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone. Tout ce qui est québécois leur est étranger, leur pue au nez. Ils dénigrent, voire haïssent tout ce qui se crée en français. À l’opposé, leur esprit critique disparaît devant tout ce qui vient de l’Amérique anglophone, dont ils embrassent et étreignent la culture.

Il y a une différence entre “formater les Québécois en vue de leur assimilation dans l’Amérique anglophone” et s’ouvrir à autre chose que l’exclusivement québécois 100% pure laine vierge!  L’attitude du gouvernement du Québec, depuis les années péquistes de René Lévesque, est de tenter d’assimiler les anglophones, ce qui n’est pas mieux, avouons-le!  Je crois sincèrement qu’il y a de la place pour la culture anglophone, que l’on peut écouter de la musique en anglais, par exemple, et ce sans pour autant renier notre langue et notre culture propres.  Aussi, le fait d’inonder le Québec de produits culturels 100% francophones n’ajoute pas de qualité à la production de cette culture.  On se retrouve ainsi coupés du monde extérieur, dans un bouillon de médiocrité, duquel sort parfois un produit d’exception qui sera malheureusement ignoré, parce que trop dilué.

Bref, pour renchérir sur le propos de Madame Payette, les animateurs de ces radios sont profondément aliénés, et irrémédiablement colonisés.

Ceci ne représente qu’une opinion personnelle, face à laquelle je laisse les personnes visées se défendre elles-mêmes.

Et même ceux qui voudraient les ignorer doivent subir quotidiennement cet affligeant spectacle.

Idem ici.  Comme je le disais plus tôt, de nombreuses options s’offrent à ceux et celles qui ne veulent pas entendre ce discours.

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Bouchons de circulation à Trois-Rivières: Une des solutions attend depuis longtemps!

Il y a maintenant près d’un mois, un reportage de Louis Cloutier, de TVA Nouvelles, faisait mention de bouchons de circulation à Trois-Rivières aux heures de pointe.  Deux chauffeurs de taxi rapportent que les conditions de circulation se détériorent dans la cité de Laviolette.  On met la faute sur l’augmentation marquée du nombre de véhicules dans le grand Trois-Rivières depuis au moins 5 ans.

Pour ma part, j’ai constaté, aussi loin qu’à l’automne de 2014, que dans l’ouest de Trois-Rivières, une file se forme le matin, entre 7h00 et 8h30, le long de l’autoroute 55 sud, entre les deux échangeurs de l’autoroute 40, file qui déborde parfois sur l’A-40 en direction est, entre le poste de pesée et l’échangeur de l’A-55, et en fin d’après-midi, entre 16h30 et 18h00, sur l’A-40 vers l’ouest, entre le boulevard des Récollets et l’A-55, incluant les deux bretelles menant à cette dernière.

Ce qui me fait bien rire, dans l’article, c’est le passage où l’on cite le conseiller qui préside le comité de circulation de la ville, Pierre A. Dupont, qui déclare “On n’est pas prêt à bâtir un boulevard Métropolitain comme à Montréal”.  Le pire, c’est que ce boulevard Métropolitain, à Trois-Rivières, il existe déjà!  L’ancienne autoroute 755, aujourd’hui partie intégrale de l’A-40, serpente la ville comme le fait la Métropolitaine, ou l’autoroute Ville-Marie, à Montréal.  Le problème, c’est que cette autoroute devait, en principe, desservir le centre-ville de Trois-Rivières, alors que la circulation en transit (celle qui fait Montréal-Québec sans sortir à Trois-Rivières) devait passer sur ce qui devait être l’A-40 originale, soit la ligne rouge, sur l’image.

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Sauf qu’au moment de la construction des autoroutes du grand Trois-Rivières, dans les années 1970, il fut décidé de ne construire que l’A-755, qui suffirait amplement à la tâche, et que l’A-40 originale pourrait être construite plus tard, lorsque le flot de circulation deviendrait suffisamment imposant.

Eh bien, nous y sommes, maintenant!

Au fil des ans, le MTQ a bien fait quelques améliorations là où c’était possible, comme la nouvelle bretelle de l’A-55 nord vers l’A-40 ouest, qui offre une capacité doublée par rapport à l’ancienne, ou encore celles de l’échangeur de l’A-55 et de l’ancienne A-755, qui furent reconfigurées afin de les rendre plus sécuritaires.  Mais nous sommes rendus au bout de ces améliorations sporadiques, et la conception même de l’A-55 empêche maintenant d’aller plus loin dans cette voie.

J’en appelle donc au sens des responsabilités du ministre des transports, Robert Poëti, qui devra donc passer aux choses sérieuses, aller de l’avant avec cette solution qui attend depuis longtemps, et ordonner la construction du “chaînon manquant” de l’A-40, et ce avant que la situation trifluvienne ne se dégrade au point de ressembler à celle du grand Montréal.

Péages sur les ponts de Montréal: Il y a un prérequis important!

Cela fera une semaine demain, un rapport était publié par la Commission de l’écofiscalité du Canada, un groupe de recherche indépendant regroupant des économistes de tout le pays, rapport qui proposait d’instaurer des péages sur tous les ponts conduisant à l’île de Montréal, et ce soi-disant dans le but de réduire la congestion routière dans la région métropolitaine.  Le quotidien La Presse le rapportait, sous la plume de Bruno Bisson.

Sauf et à soustraire qu’il y a tout un monde entre la théorie d’un rapport, et ce qui se passe sur le plancher des vaches.  Car si de telles mesures, implantées à Londres et à Stockholm, ont effectivement réduit la congestion routière dans les zones tarifées, qu’en est-il de l’économie locale de ces deux villes?  Les commerces locaux ont-ils vu une baisse, ou une hausse, de leur chiffre d’affaires?  Une telle mesure implantée à Montréal représenterait une mine d’or pour le Quartier Dix30, et tous les autres centres d’achats et “power centers” situés autour de Montréal, et ce pour la simple et bonne raison que les clients de l’extérieur de l’île vont désormais magasiner… à l’extérieur de l’île!  Montréal se plaindra alors d’une baisse de l’achalandage de ses commerces.  Un autre problème, c’est que les gens qui tentent leur chance avec les transports en commun regardent souvent passer des trains (ou des rames de métro, ou des bus) déjà remplis à capacité, et doivent attendre longtemps avant d’obtenir une place, ce qui les reconduit inévitablement vers leur voiture; puisqu’il faut attendre, autant le faire en tout confort!

Mais il y a un prérequis encore plus important que cela, si l’on veut instaurer un péage général autour de l’île de Montréal, et j’ai nommé une autoroute périphérique digne du nom.  Si l’on vient des Laurentides, par exemple, via l’autoroute 15, et que l’on veut se rendre à Salaberry-de-Valleyfield, la seule façon de faire, sans toucher l’île de Montréal, est de se taper le traversier d’Oka, ou encore un détour par Hawkesbury!  Et on pourrait donner de multiples exemples d’itinéraires pour lesquels les automobilistes n’ont pas d’autre choix que de passer par l’île de Montréal.  Si l’on veut réduire la congestion dans l’île, il faudrait d’abord faire en sorte que ceux qui n’ont pas affaire à Montréal puissent contourner l’île rapidement.  Et ça, même si c’est promis depuis le milieu des années 1950, ça n’existe pas encore!

Ainsi, une fois que le grand Montréal aura été ceinturé par une véritable autoroute périphérique, là, et seulement là, on pourra parler de péage sur tous les ponts menant à l’île de Montréal.