Droite au Québec: Claudette Carbonneau a peur pour rien!

Nous l’avons tous vu, dans les médias, que la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Claudette Carbonneau, a décidé de sortir l’artillerie lourde, et de combattre ce qu’elle appelle la “nouvelle” droite.  Enfin, c’est ce qu’indique Alain Bisson, de Rue Frontenac, dans cet article publié mercredi.

Mais de quoi Claudette Carbonneau peut-elle bien avoir peur, pour monter sur ses grands chevaux de cette façon?  D’abord, cette “nouvelle” droite n’a aucun budget, ou presque, comparativement à la CSN.  C’est donc dire que “l’exposure” médiatique que cette droite obtient, est finalement obtenue par l’entremise des discours alarmistes de personnes qui, comme Claudette Carbonneau, risque de perdre beaucoup, dans l’éventualité qu’une telle droite prenne le pouvoir.  Autrement dit, plus la présidente de la CSN parle de cette droite, plus celle-ci est exposée dans les médias, et plus les gens en parlent.  L’un des fondateurs du Réseau Liberté-Québec (RLQ), Ian Sénéchal, va même jusqu’à la remercier, pour toute cette publicité gratuite, dans une lettre ouverte publiée sur cyberpresse.ca.

Sauf que madame Carbonneau a tellement peur qu’elle oublie complètement que si cette droite n’a pas de budget de publicité, elle a encore moins de budget d’organisation, dans le sens politique du terme.  Je veux dire, le RLQ a déclaré ne pas vouloir se transformer en parti politique; il n’y a donc aucun danger que cette droite, puisque c’est bien de celle-là qu’il s’agit, présente un programme politique aux électeurs, et place des visages sur les poteaux, lors d’une prochaine campagne électorale.  Certains me répondront “Ouais, mais l’ADQ…”, ce à quoi je répondrai que mise à part la flambée d’appuis, aussi soudaine que éphémère, qui a suivi la déclaration de Gérard Deltell, dans laquelle il avançait que Jean Charest était “le parrain de la grande famille libérale”, ou quelque chose du genre, l’ADQ n’a rien soulevé, ces derniers mois.  Tous les autres partis le moindrement connus, au Québec, sont tous soit à gauche, soit très à gauche du Parti libéral du Québec (PLQ), qui lui-même est loin d’être un parti de droite.

Aussi, je me demande, encore une fois, de quoi Claudette Carbonneau peut-elle avoir aussi peur?  A-t-elle lu, dans les feuilles de thé, dans les cartes, ou dans ses urines, que cette droite, qui gravite autour du RLQ, pourrait bien s’organiser en parallèle, et proposer une équipe complète de candidats, aux prochaines élections?

A-t-elle peur qu’au sein même du membership de sa centrale, de très nombreuses personnes puissent avoir le goût de quitter la force syndicale, pour appuyer publiquement, et militer au sein d’une telle équipe de candidats?  J’avoue que si une formation politique voyait le jour, et proposait, entre autres éléments de son programme, la liberté d’adhésion syndicale, plusieurs membres de la CSN seraient fortement tentés de les appuyer, question de pouvoir éventuellement se détacher de la centrale syndicale de madame Carbonneau, tout en conservant leur emploi.

A-t-elle peur que cette droite, dans l’éventualité qu’elle prenne le pouvoir au Québec, se mette à chambouler toute l’organisation du travail, dans les secteurs public et para-public, de façon à ce que la concurrence permette enfin aux québécois d’en avoir plus pour leur argent?  Il faut dire que si un parti proposait de séparer l’assurance-maladie, qui demeurerait universelle, de la prestation des soins comme tel, qui pourrait très bien être effectuée par des partenaires privés, qui accepteraient la carte-soleil à titre de paiement, ou encore si ce parti mettait dans son programme un engagement de placer la compétence comme critère d’attribution de postes, dans l’enseignement primaire et secondaire, au lieu de la seule ancienneté, et ce afin de mettre les bons profs dans les bonnes classes, cela risquerait d’être la fin des haricots pour les dirigeants de grandes centrales syndicales québécoises, comme Claudette Carbonneau.

Je vais m’arrêter ici; je n’ai pas envie que la présidente de la CSN m’envoie une mise en demeure, exigeant que je ferme ma gueule, parce que je pourrais faire penser aux québécois qu’un autre Québec est possible, mais dans le vrai sens du terme!  Je ne voudrais pas non plus qu’elle envoie quelques fiers-à-bras – il doit sûrement rester quelques émules des “casseurs-de-vitres” des années 1970 – me faire la peau!  Alors si vous la voyez, et qu’elle vous parle de moi, je n’ai rien dit, d’accord?

Enveloppes brunes: Ça se passe aussi… à l’hôpital!

Canoë rapporte que, selon un article paru dans le quotidien anglophone The Gazette, certains patients utilisent le même principe que celui des entrepreneurs corrompus, dans le but d’attendre moins longtemps pour une chirurgie, ou encore pour s’assurer que son médecin sera là, lors de l’accouchement.

Dans son article intitulé “Soudoyer son médecin, une pratique courante?”, l’agence QMI indique que cette pratique aurait été constatée dans trois hôpitaux montréalais, soit l’Hôpital général juif, le Royal Victoria et l’Hôpital de Lachine.  Évidemment, tout le gratin de la pratique médicale rivalise de superlatifs pour qualifier cette façon de faire; “préoccupant”, dira l’avocat Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades.  Le docteur Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, plaidera pour sa part que “c’est inexcusable, c’est condamnable”, admettant que cette pratique est ni plus ni moins qu’un pot-de-vin.

Mais dans les faits, qu’en est-il?

Personne ne peut demeurer insensible devant la maladie d’un proche.  Alors c’est certain que devant la situation que nous impose notre bon système de santé soviétisé, certains tenteront des approches, disons “différentes”, pour soulager leurs angoisses, et s’assurer que les traitements requis seront prodigués, et le seront sans délais; pour les uns, ce sera d’aller subir une intervention chirurgicale à l’étranger, et pour d’autres, ce sera de refiler une enveloppe brune à son toubib!  Mais au-delà du geste lui-même, cela démontre quoi, au juste?  Cela démontre surtout que notre système de santé n’est tout simplement pas efficace!  Que la méthode tant vantée par les grandes centrales syndicales n’est rien d’autre qu’un lamentable échec!  Et que “le profit sur la maladie”, ce clip de 8 secondes qu’aime bien utiliser Québec solidaire (il y a longtemps que je ne les ai pas surnommés Québec suicidaire, mais je vais tenter de me retenir!), est bel et bien présent, même dans notre système de mort latente!

Alors au lieu de nous irriter les oreilles avec notre sacro-saint système “unique au monde” (tellement unique que tout ce qui s’en rapprochait a été complètement démantelé, au profit de systèmes plus efficaces), les centrales syndicales devraient s’asseoir avec des représentants du gouvernement, des médecins, et des promoteurs privés, afin de travailler à concevoir une nouvelle approche des soins de santé qui soit plus économique, mais surtout, surtout, plus efficace.  Notre système actuel devait empêcher que les plus riches puissent se faire soigner plus rapidement que les autres; 40 ans plus tard, voila que l’on se retrouve avec le même problème, mais avec, en boni, la plus grosse facture d’impôts en Amérique du Nord.  Faudrait pas attendre qu’un despote s’en mêle!