Réseau routier: De Koninck s’énerve encore!

Tout le monde a entendu parler du terrible accident, jeudi matin, sur la route 112, à Rougemont, où trois cyclistes ont perdu la vie, et trois autres furent blessés sérieusement, après avoir été happés par une camionnette.  Comble de malheur, une autre personne a été happée, à vélo, par une voiture, cette fois à Val-Morin, dans les Laurentides; dans ce cas précis, par contre, la conductrice de la voiture devra faire face à des accusations de conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort.

Je suis le premier à admettre que chaque décès, sur la route, en est un de trop.  Ce que je comprends moins, c’est la propension de l’agence QMI – et des autres ramifications de l’empire Québécor Média – à aller mettre un micro sous le nez du président de la Table québécoise de la sécurité routière, Jean-Marie De Koninck, à chaque fois qu’un accident semble un tant-soit-peu plus tragique que les autres.  C’est clair comme de l’eau de source qu’il va s’époumoner à exiger que le gouvernement mette plus d’argent sur le réseau routier, peu importe les circonstances de l’accident.  Encore là, je ne dis pas que le réseau routier québécois n’ait pas besoin de rénovations, mais de là à déchirer sa chemise comme De Koninck le fait?  Dans sa dernière intervention, recueillie par Sarah-Maude Lefebvre, il déclare que “la seule solution possible pour stopper cette augmentation du nombre d’accidents impliquant des cyclistes est de «redonner la route aux cyclistes et aux piétons»”.

Il faudrait demander à monsieur De Koninck s’il est au courant qu’une piste cyclable longe plus ou moins la route 112, dans ce secteur de la Montérégie.  Si les cyclistes avaient utilisé la piste cyclable, ils seraient encore des nôtres.  Tout le monde sait qu’un parcours en site propre est encore mieux qu’un accotement asphalté, question de sécurité des cyclistes.  Aussi, avant d’asphalter les accotements de la route 112, on devrait plutôt s’arranger pour sensibiliser les cyclistes à la présence de la piste cyclable.  Encore une fois, monsieur De Koninck a parlé sans réfléchir; si l’on doit redonner la 112 aux cyclistes et aux piétons, alors qu’ils ont déjà une piste cyclable en site propre, qu’est-ce qu’il faudra leur redonner, la prochaine fois, l’autoroute 10?

Jean-Marie De Koninck: Trop, c’est comme pas assez!

Nous avons tous entendu parler de l’accident, survenu sur la route 137, à Saint-Hyacinthe, dans la nuit de dimanche à lundi, qui impliquait quatre jeunes garçons, dont l’un a perdu la vie.  Ce matin, le Journal de Montréal, sous la plume de David Santerre, publie un article, repris par le site web Canoë, dans lequel le conducteur de la Honda Civic, âgé de 17 ans, aurait confié à un automobiliste, venu prêter main-forte à Rosaire Martin, ancien maire de Saint-Hyacinthe, et présent sur les lieux, avoir pris de l’alcool, un peu plus tôt, dans la soirée.

Est-ce par souci de transparence, pour l’enquête policière, ou encore dans le but de vendre de la copie, que le JdeM a tenu bon de mettre cet entrefilet dans ses pages?  Je veux bien croire que si le jeune a avoué avoir pris de la bière, ça pourrait aider les policiers, mais à ce que je sache, ceux-ci vont probablement demander eux-mêmes, au conducteur de la voiture, la quantité d’alcool qu’il a consommé, afin de voir si cela concorde avec les tests qu’ils auront sous la main, compte tenu que ceux-ci ont ordonné une prise d’échantillon sanguin.  À moins que ce soit l’ancien maire de Saint-Hyacinthe, qui voulait voir son nom sur les pages du Journal de Montréal.  Bref, on pourrait en discuter longuement.

Le bout qui me fait avoir une poussée d’urticaire, dans cette histoire, c’est que le JdeM soit allé chercher l’avis de Jean-Marie De Koninck, le président de la Table québécoise de la sécurité routière, et fondateur de l’Opération nez rouge, pour qu’il puisse ajouter son fion, et ainsi tenter d’ajouter de la crédibilité à ce court article, qui se termine par ces propos:

« Mais peu importe si le jeune conducteur était en état d’ébriété ou non, un autre phénomène est presque aussi dangereux que l’alcool au volant chez les jeunes, selon le président de la Table québécoise de la sécurité routière et fondateur d’Opération Nez Rouge, Jean-Marie De Koninck.

Selon lui, alcool ou pas, en groupe, les jeunes ont tendance à se «monter la tête et à perdre la tête» au moment de prendre le volant. »

Je me demande s’il s’agit-il là d’une nouvelle tentative de relancer l’éternel débat sur l’âge minimal pour l’obtention d’un permis de conduire.  Soyons clairs là-dessus; je veux bien croire que les jeunes de moins de 25 ans sont impliqués, dans une plus grande proportion que les autres, dans des accidents de la route.  Par contre, retirer le permis de conduire à ces jeunes, pour éviter qu’ils soient impliqués dans des accidents, reviendrait à interdire la télévision, dans le but d’enrayer la violence à la télé; ça ne fera que déplacer le problème!  Quand un individu met la main sur quelque chose qu’il convoite depuis longtemps, c’est tout à fait normal qu’il traverse une étape que l’on pourrait qualifier de « plus excitante » qu’à l’habitude, et ce, qu’il ait 16, 25 ou 40 ans!  Souvenons nous des quatre nouveaux policiers, fraîchement gradués de l’École nationale de police, de Nicolet, qui furent tués dans un accident de la route, à Trois-Rivières, en 1994, alors que le cinquième occupant de la voiture, seul survivant et conducteur de celle-ci, fut condamné à la prison; ces hommes, qui étaient tous en état d’ébriété, étaient-ils trop jeunes pour devenir policiers?  Pourtant, le plus jeune des cinq occupants de la voiture avait 25 ans, à l’époque, et le conducteur, Marc St-Germain, en avait 26!  De plus, pour ceux qui vivent en-dehors des grands centres, et Saint-Hyacinthe en est un excellent exemple, les déplacements, pour le travail, les études, les loisirs, etc., nécessitent l’utilisation d’un véhicule, parce que la desserte en transport en commun est moins efficace que dans des agglomérations comme Montréal ou Québec.  Alors imaginez tous les emplois – souvent ceux que personne d’autre ne veulent occuper – que ces jeunes devraient refuser, parce qu’ils ne peuvent pas se déplacer, afin de faire plaisir à quelques « bien-pensants » qui auraient fait interdire la conduite aux moins de 25 ans.

Jean-Marie De Koninck a fondé l’Opération nez rouge, et là-dessus, je lui dis « Chapeau! »  Ce système d’accompagnement a fait ses preuves, et probablement sauvé de nombreuses vies.  Par contre, à force de trop mettre son nez partout, cet individu remarquable risque de devenir un « fatiguant de service », un autre qui n’aura pas compris qu’à force de trop vouloir, on vient à obtenir le contraire de ce que l’on recherche; il finira par perdre toute forme de crédibilité, et quiconque verra son nom, dans le journal, ou son visage, à la télé, finira par dire « Ah, non, pas encore lui! », et son message, bien que se voulant positif, passera « dans le beurre ».  Bref, Jean-Marie De Koninck devra apprendre, lui aussi, que trop, c’est comme pas assez.