Hydro-Québec, et les conséquences d’un monopole

Parmi les offusqués du moment, la comédienne Sophie Bourgeois, qui se plaint des délais de branchement d’Hydro-Québec, et qui a ameuté les médias en ce sens, voit finalement la société d’état bouger. Sera-ce suffisant pour que sa future maison, située dans les Laurentides, soit branchée à temps pour son déménagement, prévu avant les Fêtes?

Pour l’heure, les ouvriers profitent d’une entrée temporaire de 100 ampères pour brancher leurs outils, mais l’entrée électrique permanente demandée est de 320 ampères (on s’entend qu’avec une telle puissance, il ne s’agit pas d’un petit shack dans le bois). Si son entrée permanente n’est pas réalisée à temps, elle et ses enfants devront jouer aux “Arpents verts”, puisqu’ils devront débrancher certains appareils pour en utiliser d’autres, leur seule source disponible étant l’entrée temporaire.

Pour les plus jeunes d’entre vous, jouer aux “Arpents verts” fait référence à une série télévisée américaine, Green Acres, diffusée de 1965 à 1971, dans laquelle un avocat newyorkais effectue un retour à la terre en achetant une ferme délabrée sur laquelle il n’y avait pas d’électricité. Il devait alors utiliser une génératrice, et tous les appareils de la maison avaient un chiffre, indiquant la puissance requise; il expliquait continuellement à sa femme qu’il ne fallait jamais, par exemple, brancher du 2 avec du 6, parce que le chiffre magique était 7, et que si l’on dépassait 7,… POUF! La génératrice explosait.

Bref, j’expose le cas de madame Bourgeois pour expliquer les conséquences d’un monopole, ici celui de la distribution d’électricité par Hydro-Québec.

Si la distribution d’électricité était dans un monde concurrentiel, madame Bourgeois appellerait un concurrent d’Hydro, et se ferait brancher l’électricité facilement, parce que pour attirer les clients, les concurrents offriraient le meilleur service possible. Dans une situation de monopole, il n’y a pas de concurrence; le fournisseur peut donc prendre le temps qu’il veut pour fournir un service merdique – ou pas de service du tout, sachant très bien que le client potentiel ne peut pas aller ailleurs. C’est pour cette raison qu’elle, et les près de 500 autres clients potentiels d’Hydro attendent, certains depuis deux ans, d’être branchés au réseau électrique.

Remarquez bien que le fait que le monopole soit étatique n’est pas le problème; jusque dans les années 1990, le réseau téléphonique était un monopole privé de Bell, et les nouveaux clients potentiels vivaient le même problème. Maintenant que la distribution téléphonique est dans un monde concurrentiel, non seulement les tarifs téléphoniques ont sensiblement baissé (avant la fin du monopole, un appel interurbain de Montréal à Trois-Rivières, par exemple, pouvait coûter jusqu’à 34 cents la minute), mais l’installation du téléphone, puis des services internet, est meilleur.

Bon, d’accord, ce n’est pas encore parfait; il reste de nombreux secteurs qui n’ont toujours pas l’internet à haute vitesse, mais ça s’en vient.

Le Medley ferme ses portes: Pauvre LNI!

Le site web de LCN nous apprenait, hier, que le Medley fermera ses portes en décembre prochain.  La direction de la salle de spectacles affirme qu’une faible rentabilité, ainsi que les coûts « énormes » d’une éventuelle rénovation de l’édifice, qui a d’abord abrité « le Vieux Munich », créé en 1967, la force à cesser ses activités le 31 décembre qui vient.  L’article nous informe aussi qu’en raison de la situation qui prévaut au Medley, la Ligue nationale d’improvisation (LNI) devra se trouver une autre salle pour présenter ses matches d’impro.  Celle-ci revient donc à la charge pour réclamer un domicile permanent – rien de moins, afin d’éviter, évidemment, d’avoir à revivre un autre scénario de déménagement.

Est-il nécessaire d’ajouter que plusieurs comédiens appuient l’idée de doter la LNI d’un domicile permanent; l’article nomme le député péquiste Pierre Curzi, ainsi que Raymond Legault, Jacques L’Heureux, Pierrette Robitaille et Marcel Sabourin.  La direction de la LNI a rappelé, pour sa part, que l’organisme culturel a déjà sensibilisé la ministre de la culture, Christine St-Pierre, à la situation que vit la troupe, qui existe depuis maintenant 32 ans.

Et devinez donc qui devra payer ce domicile permanent.

Comme vous le savez sûrement, le citoyen a le dos large, et le portefeuille bien garni, surtout en ces temps de crise économique, et paiera bien sûr un domicile permanent à la LNI.  Et tant qu’à y être, pourquoi ne pas aussi en fournir un à la gang de Broue?  Le Québec est l’état le plus taxé en Amérique du Nord, et pis après?  Les syndicats du public et du para-public ne demandent que 11,25% d’augmentations salariales sur trois ans; il doit sûrement rester de la place, sur la marge de crédit de notre bon gouvernement, pour un domicile permanent à la LNI.  Et pendant que nous y sommes, on pourrait en confier la construction à des entreprises appartenant à Tony Accurso.  Le pauvre, il vient de perdre son auberge, à la pourvoirie Aventure Joncas, dans le parc de La Vérendrye, victime d’un malheureux incendie; le contrat du domicile permanent de la LNI lui permettrait de se refaire les poches, et de reconstruire son auberge, dans laquelle la Fraternité interprovinciale des ouvriers en électricité (FIPOE, affiliée à la FTQ) était également impliquée.

Je sais, j’exagère.  À peine.

Mais je me demande bien ce que feraient, dans la vraie vie, les artistes, s’ils n’avaient pas le gouvernement, pour leur accorder plein de largesses.  La LNI était au Medley depuis 10 ans; savez-vous qu’en dix ans, il y a des gens qui déménagent tellement souvent que je dois prendre les doigts de mes deux mains pour les compter?  Compter les déménagements, pas les gens!  Vous allez me dire que ces gens-là, ce ne sont pas des artistes.  Peut-être, mais qu’est-ce qu’on en sait?  Un déménagement aux dix ans, ça ne fait pas mourir son homme, que je sache!  D’ailleurs, la LNI n’hésite pas à se déplacer pour présenter des matches « sur la route ».   J’allume, là; la LNI veut un nouvel amphithéâtre!  Ils n’ont qu’à aller voir le maire de Montréal, fraîchement réélu, Gérald Tremblay; celui-ci doit sûrement rêver de damer le pion à son homologue québécois, Régis Labeaume, qui veut obtenir, lui aussi, un nouvel amphithéâtre qui servira à accueillir une éventuelle concession de la LNH.  Après tout, LNI, LNH, ça se ressemble, non?

Personnellement, si la LNI veut un domicile permanent, elle n’a qu’à aller sur le marché, s’acheter un terrain, et se le construire, mais surtout, elle doit se le payer elle-même.  En tant que contribuable, j’ai le citron suffisamment pressé comme ça; je paie pour beaucoup trop de choses que je ne veux pas.  J’espère que le gouvernement se tiendra debout, et que la LNI se contentera de puiser dans les nombreux programmes culturels existants.  Voilà.