Jean-Martin Aussant retourne à Londres: Analyse d’une mauvaise veine

Toute la twittosphère à gauche de la ligne centrale est tombée des nues en apprenant que l’ancien chef et fondateur du parti Option nationale, Jean-Martin Aussant, était retourné à Londres, en Angleterre, à l’emploi de la firme Morgan Stanley, où il a officié pendant quelques temps; il y a même été vice-président, de 2003 à 2005, selon Wikipédia!

Une théorie en valant bien une autre, j’ai ma petite théorie sur le passage – plus ou moins bref selon qui analyse – de monsieur Aussant dans le monde politique québécois.  La voici donc.

Selon Wikipédia, encore, monsieur Aussant, sûrement pris du mal du pays, revient au Québec en 2005, et prend un poste de gestionnaire de portefeuille principal chez Investissements PSP, une firme basée à Montréal qui, quoique se décrivant sur son site web comme “l’un des plus grands gestionnaires de fonds pour des caisses de retraite au Canada”, n’a pas le prestige, ni l’influence de Morgan Stanley.  Il finira sûrement par se lasser de ce poste, puisqu’il deviendra consultant en finance quantitative en 2007.  Souverainiste reconnu, il fut probablement recruté par le parti québécois (PQ) pendant la période du gouvernement minoritaire libéral de 2007, parce que c’est suite à cela qu’il se présente dans la circonscription de Nicolet-Yamaska, lors de l’élection générale du 8 décembre 2008, et remporte le siège, devançant son plus proche rival, le libéral Mario Landry, par une majorité écrasante de… 175 votes!

Fort de cette victoire à l’arrachée, la chef du PQ, Pauline Marois, le fait aussitôt critique de l’opposition officielle en matière d’économie.  Mais rapidement, monsieur Aussant se rend bien compte que la souveraineté n’a pas autant d’importance dans l’esprit de madame Marois que dans le sien, et commence à trouver le temps long.  Pendant ce temps, la grogne se fait parfois forte au sein du parti, et plusieurs remettent en question le leadership de madame Marois.  Puis, le 6 juin 2011, coup de théâtre; trois députés péquistes, Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe, démissionnent du PQ pour devenir députés indépendants.  Jean-Martin Aussant saute sur l’occasion pour démissionner à son tour le lendemain, 7 juin, mais pour des raisons tout à fait différentes que celles des trois autres déserteurs.  Les siennes sont que la chef n’est pas assez souverainiste à son goût, et que le dossier de la souveraineté ne chemine pas assez rapidement.  Il s’attend probablement à ce que plusieurs souverainistes “purs et durs” suivent le mouvement, mais à part Benoît Charette, quelques jours plus tard, peu de nouvelles démissions suivront celle de monsieur Aussant.

Le 19 septembre de la même année, dans le but de secouer les purs et durs du PQ, et de les confronter dans leur mécontentement face à une Pauline Marois qui s’accroche à la chefferie, Jean-Martin Aussant annonce la fondation d’un nouveau parti, Option nationale, dont le but premier est de faire la souveraineté du Québec coûte que coûte.  Malheureusement, bien peu de ces purs et durs du PQ ont emboîté le pas pour suivre monsieur Aussant dans sa nouvelle aventure.  Il se tourne donc vers les jeunes, enthousiastes – et influençables, dans le but d’augmenter son membership, ce qu’il réussit quand même assez bien.  Le printemps suivant, les étudiants sortent dans la rue, protestant contre les augmentations des droits de scolarité décrétées par le gouvernement libéral de Jean Charest, allant même jusqu’à manifester à chaque soir, à Montréal.  Monsieur Aussant les soutient, faisant même la promotion de la gratuité universitaire, ce qui augmenta à nouveau son membership, principalement auprès des étudiants.  Lorsque le premier ministre Charest décrète des élections pour le 4 septembre 2012, Option nationale présente 120 candidats sur une possibilité de 125, ce qui constitue un record d’organisation, compte tenu du temps minime dont il dispose.  Mais malheureusement pour monsieur Aussant, aucun candidat d’Option nationale ne parviendra à remporter la victoire, lui-même perdant le siège de la nouvelle circonscription de Nicolet-Bécancour aux mains de Donald Martel, candidat de la Coalition Avenir Québec (CAQ), et ce par une marge de 1876 votes.

Étant obligé de faire son action politique depuis l’extérieur de l’Assemblée nationale, et désormais sans salaire de député, Jean-Martin Aussant demande – et obtient – un salaire du parti, de l’ordre de 88,000$ par année, lors du congrès de la formation politique, qui se tenait les 2 et 3 mars 2013 au Palais des congrès de Montréal.  Mais rapidement, monsieur Aussant se rend compte que si l’on peut adopter le versement d’un salaire au chef, c’est beaucoup plus difficile de mettre des fonds dans le compte chèques; avec environ 5000 membres, à 10$ par année, plus des dons désormais fixés à un maximum de 100$ annuellement, il faudra choisir entre le chef… et le bureau-chef!

C’est ainsi que le 19 juin suivant, Jean-Martin Aussant annonce qu’il démissionne à titre de chef d’Option nationale, et que le conseil de direction a nommé la présidente du parti, Nathaly Dufour, à titre de chef par intérim.  Dans son annonce, il dit qu’il ne peut pas concilier la chefferie du parti et l’éducation de ses jeunes jumeaux.  Probablement dans le but de financer l’éducation de ces mêmes jeunes jumeaux, on apprend, le 13 août de la même année, que monsieur Aussant retourne travailler au sein de la firme Morgan Stanley, à Londres, en Angleterre, là même où il a officié de 2003 à 2005, bouclant ainsi la boucle de son passage dans la belle province.  J’espère seulement qu’il n’oubliera pas sa femme et ses jumeaux avant de partir.

Bon, évidemment, même si de nombreux passages de cette théorie sont véridiques, vous comprendrez qu’il ne s’agit que d’une théorie.  Par contre, je me pose plusieurs questions, au sujet de toute cette affaire.

– Entre le congrès de mars et sa démission comme chef, Jean-Martin Aussant a-t-il reçu un salaire de son parti, ou celui-ci a-t-il tenté de reporter le tout aux calendes grecques?

– Lorsqu’il a annoncé qu’il préférait s’occuper de ses jeunes jumeaux, était-ce une raison bidon, parce que le parti ne lui avait pas encore versé un sou, ou était-ce plutôt sa femme qui l’a mis au pied du mur, lui ordonnant, comme dans la chanson de George Thorogood and The Destroyers, “Get a Haircut and Get a Real Job”?

– Selon cet article du Devoir, monsieur Aussant dit ne pas avoir vu d’ouverture substantielle chez des employeurs du Québec.  Serait-ce parce qu’il demandait un traitement trop élevé en fonction de ses compétences, ou était-ce vraiment à cause de ses vues souverainistes?

Il demeure que lorsque l’on s’affiche à certaines couleurs, il faut aussi être prêt à composer avec les conséquences de ses gestes.  Mais le fait qui m’agace le plus, dans tout cela, n’est pas qu’il retourne à Londres; après tout, il peut bien gagner sa vie comme il l’entend.  C’est plutôt qu’encore une fois, la famille a le dos large, quand vient le temps, pour un politicien, de se pousser d’une fonction qu’il ne désire plus assumer.  Cela laisse un parfum de malhonnêteté dans l’air, et du coup, l’individu devient moins crédible.

Conflit étudiant: Affichez vos couleurs!

Pour la première fois, dans l’histoire du Blogue, je mets moi-même une publicité!

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On a parlé, au Québec, du conflit étudiant, du printemps érable, ou encore du (mettez ici le nom que vous voulez), et maintenant, il n’en reste que des relents, malgré les efforts de mobilisation de certains.

Or, vous le savez, quand il est question d’honnêteté, le Blogue de Richard3, contrairement au nouveau gouvernement péquiste, ne recule devant rien!  Et il vous offre une opportunité formidable!  Choisissez votre camp, et affichez vos couleurs,… en avant de votre char!  En effet, pour un temps limité, profitez de cette offre incroyable pour vous procurer une magnifique plaque décorative, que vous pourrez installer devant votre voiture.  Il y a cinq modèles différents, qui illustreront votre camp à tous vos amis, et à tous les autres!

Si vous soutenez la cause, il est évident que la plaque “carré rouge” est tout à fait pour vous!

Si vous êtes plutôt en faveur d’une hausse des frais de scolarité, vous pouvez commander la plaque “carré vert”.

Si toute l’affaire du conflit étudiant vous fait royalement chier, commandez la plaque “carré brun”.

Si vous n’avez tout simplement pas le goût d’en entendre parler, optez pour la plaque “pas de carré”.

Et si vous voulez pousser votre luck à l’extrême, vous pouvez toujours commander la plaque “Protégé par matricule 728”.

Toutes ces plaques sont fabriquées à partir d’aluminium de qualité, et non pas de plastique qui va casser dès les premiers froids.  Elles sont aux dimensions des plaques d’immatriculation courantes.  Et elles sont à vous pour seulement 4 paiements faciles de 49,95$ chacune, plus taxes applicables!  N’est-ce pas formidable?  C’est une offre exclusive, mais faites vite; vous ne les trouverez pas à la Boutique TVA!

Et ce n’est pas tout!  Si vous appelez d’ici les dix prochaines minutes, nous doublerons votre commande!  Vous obtiendrez donc une plaque pour votre voiture, et une deuxième que vous pourrez installer sur la voiture de votre conjoint(e), sur votre tracteur à gazon, ou sur votre boîte aux lettres!  Le tout pour seulement 4 paiements faciles de 49,95$, plus taxes applicables!

Composez dès maintenant le 1-800-LICENSE, avec votre carte de crédit en main.  Nos réceptionnistes attendent votre appel!

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Bon, OK, j’ai beau essayer, mais je ne sens vraiment pas du style “Boutique TVA”, et de grâce, n’appelez pas au 1-800-LICENSE; je n’ai aucune idée de l’endroit où vous allez aboutir!  C’était juste une blague du vendredi.  Mais si jamais vous avez le goût de continuer la blague, je pourrais vous arranger ça.  Je ne garantis toutefois pas la livraison à temps pour Noël, mais disons que je vous dénicherais la plaque de votre choix pour 15,00$ chaque, pas de taxes, plus les frais de livraison au cost.  C’est un bon deal, je crois, non?  S’il y a de la demande, je vérifie les coûts de livraison, d’une part, et d’autre part, je mets mon compte PayPal à jour, puis je vous tiens au courant.  Si la demande est vraiment forte, je baisse mon prix!  Et si je peux vous faire une escompte sur le volume, je n’ai pas de problème avec ça non plus!  Et s’il n’y a pas de demande, avouez que je vous aurai au moins tiré un sourire!

Allez, juste pour le plaisir!

MISE À JOUR – 23 novembre, à 15h25

J’ai placé une première commande cet après-midi, et mon fournisseur me les promet pour le 13 décembre!  Alors si vous les voulez pour Noël, faites plus que vite!

Sommet sur l’enseignement supérieur: Qu’osse ça donne?

Les membres du gouvernement péquiste, le ministre Pierre Duchesne en tête, répondent à qui veut l’entendre que tout le monde sera bienvenu au Sommet sur l’enseignement supérieur, que toutes les opinions seront entendues, etc.  J’ai de la difficulté à le croire.  Je m’explique.

D’abord, voyons qui sera aux commandes du sommet.  Pierre Duchesne, et Léo Bureau-Blouin, deux carrés rouges notoires.  Le premier parce que ses reportages – il était toujours à l’emploi de la Société Radio-Canada (SRC) lors des événements du printemps de 2012 – étaient tellement biaisés que c’en était risible, tellement il appuyait la cause des étudiants, et le second parce que malgré quelques toutes petites réserves, il suivait presque toujours aveuglément l’extrémiste-en-chef, l’ex-soi-disant-porte-parole de feu-la-CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.  Cela reviendrait à organiser un sommet sur la productivité d’une usine, et le faire présider par ses deux plus paresseux employés!

Ensuite, avant même l’ouverture du sommet, et avant même d’avoir entendu quelque opinion que ce soit, l’un comme l’autre se disent ouvertement en faveur de légiférer afin d’accorder le droit de grève aux étudiants, dans le même sens que celui accordé aux travailleurs syndiqués, de façon à pouvoir légalement vider les salles de classe au moindre différend, et ce peu importe que les étudiants présents dans ladite salle soient, ou non, en accord avec les positions des manifestants!  Juste avec cette prise de position, les deux co-présidents montrent leurs couleurs sans équivoque, et quiconque prétendra le contraire sera automatiquement jugé comme étant “à l’envers du progrès”.

Le problème, c’est que les études supérieures, et le travail, sont deux mondes tout à fait différents.

Quelle que soit la définition utilisée pour le décrire, l’enseignement supérieur demeure un service, que l’on obtient en échange d’une somme d’argent, au même titre que l’internet, l’électricité, le téléphone, la télévision, par câble ou par satellite, ou encore l’utilisation d’équipement, dans un gym.  L’étudiant verse une somme¹, en retour de laquelle on lui donne de la formation, le tout étant évalué par des examens.  Si l’on vide les salles de classe, pour quelque raison que ce soit, l’étudiant lésé, soit celui qui veut obtenir la formation pour laquelle il a payé, serait en droit de poursuivre l’institution d’enseignement pour bris de service.  Exactement la même situation que si l’on ferme le gym auquel vous êtes abonné, ou si l’on vous prive des services pour lesquels vous avez payé, vous avez le droit d’être remboursé.  Imaginons que, suite au événements du printemps, les étudiants qui ont dû quitter de force leurs salles de classe aient tous demandé le remboursement des frais déjà versés pour leur année scolaire.  Les universités, et les CÉGEPs, auraient été dans un beau pétrin!  À leur tour, ces institutions auraient poursuivi les manifestants – ceux qui ont vidé les salles de classe – et leurs associations, pour compenser les sommes versées aux étudiants poursuivants.  Voyez-vous le bordel, d’ici?

L’autre problème, avec l’idée d’accorder le droit de grève aux étudiants, c’est que les vrais étudiants, ceux qui veulent réussir leur formation dans les délais prévus, ne voulant pas risquer de se faire sortir de leurs cours, malgré eux, seront fortement tentés de s’inscrire dans des universités situées à l’extérieur du Québec, tout en faisant les efforts nécessaires pour compenser les défis supplémentaires que cela comportera, et ce, avec l’aide de leurs parents, ou non; frais de scolarité, et coût de logement plus élevés, entre autres.

Bref, encore une fois, pour faire plaisir à certains membres d’une minorité, le gouvernement s’engage sur la voie de la marginalisation, aux frais de tous les contribuables.

¹ Dans les faits, le gouvernement verse actuellement, en moyenne, 88% de la somme à l’institution d’enseignement, et l’étudiant, les 12% restants.

Gabriel Nadeau-Dubois coupable: Un pas dans la bonne direction

Comme plusieurs, j’ai appris par les médias (dans mon cas, par le site LaPresse.ca) que l’honorable Denis Jacques, juge de la Cour supérieure, a rendu son jugement dans l’affaire d’outrage au tribunal concernant l’ancien porte-parole de feu-la-CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.  Et à mes yeux, le fait que celui-ci soit déclaré coupable est un pas dans la bonne direction.  Je m’explique.

Ceux qui ont suivi les événements du printemps dernier, au Québec, se sont rendus compte que les étudiants “en grève”, soutenus par leurs leaders (ou leurs porte-parole, c’est selon), faisaient fi de toute forme d’autorité, y compris celle des tribunaux, transgressant les injonctions l’une après l’autre.  Par ce jugement, les protestataires, dans cette affaire, vont comprendre que les cours de justice ont autorité, dans ce pays comme dans tous les pays démocratiques, et que cette autorité doit être respectée.

On peut ne pas être d’accord avec un jugement, avec une loi, ou encore avec une injonction, mais il devient illégal d’inciter les gens à défier une ordonnance de la cour. et c’est exactement ce que Nadeau-Dubois a fait.  Le cas le plus célèbre remonte à 1972, alors que les chefs syndicaux Yvon Charbonneau, Louis Laberge, et Marcel Pépin avaient commis le même geste, à savoir d’inciter les travailleurs des secteurs public et para-public à défier l’injonction les obligeant à entrer au travail, et à plutôt se mettre en grève; ils furent trouvés coupables d’outrage au tribunal, en vertu de l’article 50, du Code de procédure pénale, et condamnés à la prison.  En prenant la parole comme il l’a fait, sur les ondes du Réseau de l’information (RDI), à ce moment-là, il a envoyé le message que les injonctions accordées par les cours de justice aux étudiants qui désiraient poursuivre leurs cours n’avaient pas préséance sur les votes de grève pris dans les assemblées étudiantes.  Or, cela n’est pas vrai!  Un vote, quel qu’il soit, pris par qui que ce soit, ne peut passer outre une décision de la cour, d’une part, et d’autre part (le jugement en fait d’ailleurs mention), le droit de grève présumé des étudiants n’est soutenu par aucune loi, contrairement au droit de grève reconnu aux travailleurs syndiqués.  Et la raison en est simple.

En principe, la loi communément appelée “anti-briseurs de grève” empêche l’employeur de produire le fruit du travail de ses salariés syndiqués, pendant un conflit de travail, ce qui lui met une pression, dans le but de régler le conflit avec ses employés.  Le fait qu’un, ou plusieurs employés effectuent le travail, malgré le vote de grève, prive les travailleurs en grève du gagne-pain dont ils ont besoin pour satisfaire leurs besoins essentiels, et ce tout en enlevant la pression sur l’employeur.  La loi vient donc aider les travailleurs à préserver leur gagne-pain.  Du côté des étudiants, ils paient (relativement très peu, puisque plus de 88% des frais reliés à leurs études sont versés directement à l’institution scolaire par l’état) des frais de scolarité en retour d’une formation.  Si les étudiants boycottent leurs cours, ils ne sont privés de rien d’autre que de leur formation, qu’ils peuvent reprendre plus tard, en faveur d’arrangements particuliers; ils peuvent continuer à subvenir à leurs besoins essentiels, même lors d’un boycott des cours.  La loi anti-briseurs de grève ne peut donc pas s’appliquer à eux.  Et d’ailleurs, elle ne le fait pas.

Donc, comme je le disais, les décisions de la cour font autorité; c’est comme ça dans toutes les sociétés de droit, et cela pour empêcher le politique d’interférer directement dans la vie de tel ou tel citoyen.  Si un tel système accorde des droits à chacun, elle exige aussi des responsabilités de chacun, et l’une des premières responsabilités, dans une société de droit, est celle de respecter les lois.  Gabriel Nadeau-Dubois n’est pas au-dessus des lois, et il vient d’en avoir la preuve.  On ne peut impunément défier les lois, et autres décisions de la cour, sans en payer le prix.

Et ce prix, le principal intéressé devra retourner en cour le 9 novembre prochain, afin d’en connaître la teneur.  Sachant que la peine maximale pour un outrage au tribunal, en vertu de l’article 50 du C. p. p., est de 5000$ d’amende, et/ou d’un an de prison, Gabriel Nadeau-Dubois ne sera donc pas un “nouveau martyr canadien”!

Matricule 728: Toujours la même question; pourquoi résister?

Comme un peu tout le monde, j’ai jeté un oeil sur les images d’un reportage de la Société Radio-Canada (SRC), hier, concernant une intervention de l’agent Stéphanie Trudeau, du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), mieux connue sous l’appellation “matricule 728”, et ce depuis certaines interventions, lors des manifestations des étudiants, le printemps dernier, interventions que l’on pourrait qualifier de musclées, si l’on se fie aux commentaires qui ont passé dans les médias sociaux.

Évidemment, la SRC mettra bien les images qu’elle veut, dans son reportage, question que sa nouvelle passe bien, et fasse réagir.  Par contre, quel que soit le dossier, et dans celui-ci comme dans tous les autres, il nous manquera toujours les images des premières minutes de l’intervention, celles avant que les policiers utilisent la force.  Et c’est encore le cas ici.  Pas que madame Trudeau soit de tout repos; ses propos, enregistrés à son insu, semble-t-il, montrent qu’elle a “du caractère autant que sa bière”, comme disait une vieille pub de Molson.  Le problème est que lorsque l’on ne voit que les séquences où les policiers utilisent la force, cela laisse l’impression, à ceux et celles qui visionnent le reportage, que l’utilisation de cette force est la pratique courante, ce qui est loin d’être le cas.  Personnellement, j’ai eu affaire avec des policiers, à plusieurs reprises, et la norme fut que le tout se déroulait sans aucun contact physique, minimalement, à défaut de cordialité.

La question que je pose souvent, dans le cas d’une intervention policière, est la suivante; pourquoi résister?  Lorsque l’agent demande de s’identifier, on s’identifie, et la discussion s’engage.  Mais si l’on réagit avec une question, ou que l’on proteste contre le simple fait de s’identifier, il arrive que le policier en remette, question de justifier son travail, et c’est là que les troubles commencent, et que l’escalade des moyens se met en marche.  Le principe est pourtant simple; le policier est payé, avec vos impôts, pour veiller à l’application des lois.  Donc, quand un policier intervient, il fait tout simplement le travail pour lequel vous le payez!  Dans le cas présent, l’agent Trudeau a constaté un individu, en l’occurrence Rudy Orchietti, avec une bière à la main, sur la voie publique, à savoir le trottoir.  Le comportement que monsieur Orchietti aurait dû adopter est de s’identifier; à ce moment, l’agent lui aurait probablement signifié qu’il est interdit de consommer de l’alcool sur la voie publique, ce à quoi le citoyen aurait pu tout simplement réagir par un « M’ouais, j’aurais dû laisser ma bière dans la maison! »  L’agent aurait pu alors l’avertir, tout simplement, ou au pire, lui remettre un constat d’infraction, que le type aurait eu tout à loisir de contester devant la cour.

Mais à voir le reportage de la SRC, ce n’est manifestement pas ce qui s’est produit; Rudy Orchietti a résisté, et il a eu le malheur de tomber sur “Matricule 728”.

Dans cette affaire, il est clair que madame Trudeau n’y est pas allé “avec le dos de la main morte”, comme dirait l’autre.  Elle en a mis beaucoup plus que ce que le client demande.  Par contre, était-il nécessaire que monsieur Orchietti se rebute à la simple demande de s’identifier?  Si le citoyen était vraiment calme, et n’avait opposé aucune résistance, tant verbale que physique, il aurait été surprenant que l’agent Trudeau, même avec son caractère bouillant, ne passe à une intervention physique.  Car un individu qui veut démontrer sa domination, policier ou non. ne frappe pas sur quelqu’un qui répond à ses demandes par un “oui”!

À la base, le policier représente l’autorité; se dépêcher à le contrarier dès sa première demande, c’est courir après le trouble!  Plusieurs individus l’ont constaté, et souvent à leurs dépens.  Si Dany Villanueva s’était identifié, au lieu de résister à son interception, à l’été de 2008, son frère Fredy serait probablement encore de ce monde.  Si les étudiants avaient été mieux organisés, et plus conciliants, envers les policiers, il y aurait probablement eu beaucoup moins d’interventions musclées, le printemps dernier.  Des dizaines de citoyens sont interpellés, à chaque jour, et on n’entend à peu près jamais parler d’utilisation d’une force plus grande que nécessaire, de la part des policiers.

Ici, la question n’est pas de savoir ce que doit être le comportement exemplaire du policier, mais bien d’éviter les problèmes.  Car à peu près personne, sur cette planète, n’a un comportement exemplaire; certains ont un seuil de tolérance plus élevé que d’autres, que ce soit d’un côté ou de l’autre de la balance.  Si un individu a le droit d’avoir l’air bête, parce que sa journée est merdique, pourquoi le policier devrait-il être au-dessus de tout cela?  Il est un être humain, lui aussi, avec ses forces et ses faiblesses; on a beau lui fournir un entraînement particulier, le policier ne sera jamais une machine, qui réagit toujours de la même façon aux situations qui se présentent à lui.  Autre point; puisque le seuil de tolérance varie, d’un individu à l’autre, il est donc possible que monsieur Orchietti se croyait dans son droit, alors que la policière croyait le contraire.

Ceci étant dit, je répète que l’agent Stéphanie Trudeau est allé trop loin, dans le cas qui nous concerne.  Mais faut-il rappeler que Rudy Orchietti n’a probablement pas été exemplaire, lui non plus.  Il aura la possibilité de contester toute l’affaire, et Dieu merci, ce n’est définitivement pas moi qui va rendre la décision finale.