La taxe de Jackie Smith, ou comment atteindre le contraire de ce que l’on vise

La conseillère municipale de Limoilou, à Québec, Jackie Smith, met au défi le maire de la ville, Bruno Marchand, de financer la gratuité des transports collectifs en imposant une nouvelle taxe sur l’immatriculation des véhicules. Cette nouvelle ponction proposée par la conseillère, aussi membre du conseil d’administration (CA) du Réseau de transport de la Capitale (RTC), ferait passer la taxe d’immatriculation de 30$ à… 1167$. Oui oui, vous avez bien lu; une modeste augmentation de 1137$, ou encore de 3890%.

Ben mieux que ça; elle a sommé monsieur le maire de clarifier ses intentions avant la prochaine séance du CA, qui avait lieu à 17h00 hier (mercredi 1er mai). Elle a même laissé entendre qu’elle allait claquer la porte du conseil d’administration du RTC si Marchand ne se rendait pas à ses arguments.

Ces informations sont tirées d’un article d’Olivier Lemieux, paru hier après-midi sur le site web de la Société Radio-Canada, article qui se complétait ainsi; “Le cabinet du maire Marchand n’a pas souhaité commenter la sortie de la cheffe de Transition Québec.” Parce que madame Smith est aussi la cheffe, et la seule représentante élue, du parti municipal Transition Québec.

Je présume donc qu’il y aura un siège vacant au sein du CA du RTC au moment où j’écris ces lignes, ou pas longtemps après. L’avenir nous le dira. Par contre, pour ce qui est de passer aux nouvelles, et avoir un tant-soit-peu de visibilité dans les médias, Jackie Smith a manifestement réussi, à tout le moins auprès de la SRC.

On voit souvent des coups d’éclat de ce genre; il y a quelques jours à peine, les maires de Montréal, Laval et Longueuil ont signé une lettre, adressée à la ministre des Transports du Québec, Geneviève Guilbault, réclamant un rehaussement du financement des transports collectifs dans leurs villes, lettre dans laquelle on retrouvait différents scénarios, conduisant même à une hausse de la taxe d’immatriculation allant jusqu’à 228$. La ministre a répondu vaguement à des députés de l’opposition, devant la commission qui étudie les crédits budgétaires, que les transports collectifs n’étaient pas une “mission de l’état”, et que le gouvernement n’allait pas éponger systématiquement les déficits des sociétés de transports en commun, sociétés sur lesquels Québec n’a aucun contrôle.

Faisons un exemple, dans lequel Jackie Smith était parvenue à convaincre le maire de Québec d’augmenter la taxe d’immatriculation à 1167$ par année. Évidemment, une telle décision devrait forcément passer par une résolution au Conseil municipal, ce qui, je présume, n’était pas possible, mais bon, disons que pour les fins de l’exemple, elle y soit parvenue. Imaginons ce qui pourrait se produire.

L’espoir de la conseillère aurait été un feu de paille; elle qui disait “Ça va nous donner 350 millions de dollars en revenus. C’est plus que le budget total du Réseau de transport de la Capitale.”, madame Smith verrait ses prédictions s’amenuiser rapidement, en ce sens que tous les locataires qui possèdent une, ou plusieurs voitures s’enfuiraient hors des limites de la ville, de façon à échapper à la nouvelle taxe. À moyen terme, il en serait de même pour plusieurs propriétaires de condos de Québec, qui iraient acquérir une propriété hors de la vieille capitale, le tout augmentant ainsi le volume de circulation sur les voies rapides et les traversées du fleuve, augmentant la pression en faveur… de la construction d’un 3e lien autoroutier, ainsi qu’une augmentation du taux de gaz à effet de serre, que la conseillère souhaite pourtant voir diminuer.

Tout cela pour dire qu’une fleur ne pousse pas plus vite si l’on tire dessus. Et pour montrer, comme si cela était encore nécessaire, que “trop d’impôt tue l’impôt”. Les sociétés de transports en commun devraient commencer par examiner leurs frais en profondeur; des chauffeurs payés jusqu’à 30% plus chers que dans l’industrie, des administrateurs ayant plusieurs “bénéfices marginaux” coûteux, sans parler de leurs propres salaires, et bien d’autres choses encore, pourraient être coupées, ou substantiellement rationalisées, dans le but de réduire leurs coûts, de façon à réduire, et éventuellement éliminer, leurs déficits d’opérations. Ainsi, ces sociétés n’auraient pas à formuler des ultimatums au gouvernement, sachant très bien que ceux-ci resteront lettre morte.

Séquence de numérotation des plaques: La SAAQ a-t-elle d’autres chats à fouetter?

Cela fait déjà un bon bout de temps que cela me trotte dans la tête d’écrire un billet sur le sujet. En fait, depuis que la Société d’assurance-automobile du Québec (SAAQ) a décidé subitement de changer la séquence de numérotation des plaques d’immatriculation des véhicules de promenade. On dit, à la SAAQ, que la séquence fut remplacée parce que la nouvelle, lancée autour de décembre 2022, et qui montrait deux chiffres et quatre lettres (12A BCD), offrait une trop grande possibilité de mots que l’on pourrait qualifier d’offensants. Elle fut donc remplacée par une autre, contenant toujours quatre lettres et deux chiffres, mais placés différemment, soit ABC 12D.

Avec quatre lettres de suite, il y a trop de combinaisons possibles de mots pouvant porter préjudice et dont nous aurions été obligé de retirer en cohérence avec nos normes et critères établis pour l’attribution d’une plaque personnalisée”, a mentionné Geneviève Côté, porte-parole de la SAAQ, à Paul-Robert Raymond, auteur d’un article paru sur le site web du quotidien Le Soleil le 25 septembre dernier, et mis à jour le lendemain. Toujours selon cet article, un autre porte-parole de la SAAQ, Gino Desrosiers, a ajouté que plus ou moins 100,000 plaques furent produites avec cette séquence, et que toutes ont été délivrées. Certains clients ont fait une demande de remplacement, jugeant leur nouvelle plaque offensante; ceux-ci ont vu leur plaque remplacée sans frais.

Le problème, vu de mes yeux, c’est que beaucoup de québécois sont offusqués trop facilement. Un rien, et ils sont offensés. Comme disent nos amis anglophones, get a life!

Bref, je trouve que cette situation est une tempête dans un verre d’eau. D’abord, le numéro de la plaque, il est offensant pour qui? Pour celui qui la possède, ou pour celui qui la voit? Dans l’article, on prend l’exemple d’une plaque qui porterait le numéro 01C ACA. Si certains puissent être offensés par un tel numéro, d’autres vont juste trouver ça drôle, et cela va devenir une blague dans l’entourage de cette personne, surtout si le véhicule qui porte ladite plaque est souvent en réparations.

À la place de la SAAQ, j’aurais poursuivi la séquence en question (12A BCD), et j’aurais remplacé, sans frais et sur demande, une plaque jugée offensante. Parce qu’après tout, une séquence de plaques permet d’immatriculer entre 12 et 20 millions de véhicules, et peut prendre environ 15 ans avant d’être épuisée. D’autre part, je me demande pourquoi la SAAQ s’est empressée de passer à des configurations à quatre lettres et deux chiffres alors qu’il y avait encore plein de configurations disponibles avec trois lettres et trois chiffres. Évidemment, comme il y a plus de lettres que de chiffres, plus il y a de lettres sur une plaque, plus la configuration va durer longtemps. Mais quand même, je crois que l’on aurait pu épuiser ces combinaisons avant de passer aux autres. Nous avons vu ABC 123, puis 123 ABC, et c’est tout. Il y avait AB1 23C, A12 3BC, 1AB C23, 12A BC3,… bref, avec trois lettres et trois chiffres, il y a pas moins de 14 séquences disponibles, et la SAAQ n’en a passé que deux. Tout cela pour dire que les possibilités sont presque illimitées, et que les séquences possibles permettront de produire des plaques pendant des siècles encore.

Et comme je le disais un peu plus haut, il n’y a rien de mal à faire des plaques qui peuvent s’avérer drôles. Prenons l’exemple de nos voisins de l’est, le Nouveau-Brunswick. Comme il y a beaucoup moins de véhicules à immatriculer là-bas qu’ici, les configurations durent beaucoup plus longtemps; ils en sont encore à la configuration à trois lettres et trois chiffres, et à quelques exceptions près, elle couvre tous les véhicules. Certaines lettres sont toutefois réservées à certains véhicules; par exemple, pour un camion de 4500 kg ou plus de masse totale en charge, la plaque commencera par la lettre L (comme dans LAB 123), et pour un camion de moins de 4500 kg, la première lettre sera un C. Aussi, il faut savoir qu’au Nouveau-Brunswick, toutes les lettres sont utilisées; on a fait un I différent du 1, et un O différent du zéro. Or, comme toutes les lettres comptent, dans la série des petits camions, au fil du temps, la deuxième lettre a fini par être un U, et le troisième, un L. On s’est donc retrouvé avec des plaques CUL 123. Et le plus drôle, c’est que beaucoup de ces plaques sont portées par des véhicules appartenant… au gouvernement. On a donc le sourire facile quand on se fait dépasser par un véhicule portant une telle plaque.

Tout cela pour dire que si l’on a une armée de fonctionnaires qui sont payés à plein temps pour réfléchir à quel type de séquence de numérotation de plaques d’immatriculation on devrait sortir à la fin de la séquence actuelle, c’est qu’il y a encore trop de fonctionnaires, dans ce gouvernement.

Trop d’autos sur les routes: On prend le problème à l’envers

La page d’accueil de mon vieil ordinateur est Google Actualités; un regroupement d’environ 500 médias de toutes sortes, qui m’indique, sur une seule page, des dizaines d’articles regroupés selon mes intérêts. Enfin, c’est la façon dont elle se présente. Si les algorithmes du système ne peuvent pas passer à côté de sources comme Hockey 30 (…quelle merde!), il arrive à l’occasion que le système me met en connaissance de quelques textes plutôt intéressants, comme celui d’Élizabeth Ménard, du journal 24 Heures, édition du 17 août dernier, qui s’intitule “Y a-t-il vraiment trop d’autos au Québec comme le dit le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon?” Et comme j’aime le faire de temps en temps, je vais mettre le texte original ici, et répondre à travers les lignes de l’article. C’est parti.

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Y a-t-il vraiment trop d’autos au Québec comme le dit le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon?

Élizabeth Ménard

Bon, d’accord, formulé comme ça, ce n’est pas trop environnemental, mon affaire. Par contre, il faut noter que si le nombre de véhicules de promenade a augmenté plus rapidement que la population, il faut aussi mentionner que la personne qui possède plusieurs véhicules ne pourra toujours en conduire qu’un seul à la fois. Quant à la taille des véhicules, il faut comprendre que les constructeurs, voulant évidemment faire plus de profits par unité vendue, offrent de moins en moins de petites voitures, et de plus en plus de camions légers. Le consommateur ne peut donc pas acheter ce que les constructeurs ne fabriquent pas.

En ce qui concerne les dépenses publiques assumées par l’ensemble des québécois, il faut prendre conscience que les taxes sur l’essence, l’immatriculation des véhicules, avec les frais connexes qui s’y rattachent dans certaines régions, ainsi que les réparations aux véhicules, parce que nos routes sont trop abîmées, entre autres dépenses, ne sont assumées que par les propriétaires de véhicules. Et la distance parcourue quotidiennement en voiture de promenade aura tendance à augmenter puisque les familles quittent les grandes villes pour aller vivre dans les régions, où le coût de la vie est moins pénible, et les maisons unifamiliales plus abordables.

Nos émissions de gaz à effet de serre (GES), au Québec, sont parmi les plus basses au Canada. C’est facile de brandir les GES comme quoi les automobilistes sont d’ignobles pollueurs, mais il faut aussi comprendre que le réseau routier lui-même est responsable, en grande partie, de l’émission des GES. Pourquoi? Parce qu’il est en retard de 50 ans sur ce qu’il devrait être, voilà pourquoi. Une voiture arrêtée dans un bouchon de circulation est beaucoup plus polluante qu’une autre qui avance à vitesse légale, parce que la pollution de celle qui roule a engendré un déplacement, contrairement à celle qui est arrêtée. Comparativement aux années 1960 et 70, où l’ardoise du Québec était presque vide, et où le réseau autoroutier a connu sa plus grande expansion, aujourd’hui, le Québec est endetté comme ce n’est pas possible, et les travaux d’amélioration du réseau autoroutier sont d’une lenteur incroyable; la construction de quelques kilomètres d’une voie supplémentaire sur une autoroute prend entre 3 et 5 ans, et coûte les yeux de la tête.

Ensuite, on doit réaliser que la pollution se fout pas mal des frontières; on l’a remarqué lors de l’épisode des pluies acides, dans les années 1970. Peu importe ce que le Québec va faire, les cataclysmes ne vont pas s’arrêter à la frontière de l’Ontario; le problème des GES doit être pris de façon globale, par tous les gouvernements, et les combats individuels seront inutiles.

Le ministre Fitzgibbon a un langage imagé; il voudrait bien réduire l’émission de GES, lui aussi, et il passe le message que les automobilistes doivent contribuer à cette réduction. Mais dans les faits, comment pourra-t-on réduire ces GES si tout ce que l’on fait est de taper sur la tête de quiconque a une bagnole? Les véhicules d’aujourd’hui sont moins polluants que ceux produits il y a vingt ans, et ceux-là étaient eux-mêmes moins polluants que ceux produits vingt ans auparavant. L’industrie automobile évolue, elle aussi, au rythme des découvertes réalisées au fil des années.

Il ne faut pas oublier le transport de marchandises, comme je le disais au début. Celui-ci demeure essentiel au maintien de l’activité humaine dans son ensemble; nous l’avons bien constaté lors de la récente pandémie de COVID-19. Les camions ne peuvent pas prendre le métro; ils ont besoin de routes pour effectuer leurs déplacements. Donc, des routes, il en faut. Pour avoir déjà conduit chez nos voisins du Sud, les cas de bouchons sont beaucoup moins nombreux qu’au Québec; si l’on fait exception de très grandes villes que sont les New York, Los Angeles et autres Chicago, la majorité des villes font évoluer leur réseau routier au fil de leur développement. On y construit de nouvelles autoroutes, on rénove et agrandit les voies rapides existantes, bref, même aux heures de pointe, il y a peu, sinon pas de pertes de temps majeures sur les réseaux autoroutiers. Le réseau Interstate prend aussi régulièrement de l’expansion entre les grandes agglomérations, ce qui améliore constamment la fluidité de la circulation.

Au final, il ne faut pas se demander s’il y a trop d’autos sur les routes; ce serait comme de se demander s’il y a trop de population pour le nombre de logements disponibles. Si l’on manque de logements, il faut en construire. C’est pareil pour les routes.

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Conflit étudiant: Affichez vos couleurs!

Pour la première fois, dans l’histoire du Blogue, je mets moi-même une publicité!

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On a parlé, au Québec, du conflit étudiant, du printemps érable, ou encore du (mettez ici le nom que vous voulez), et maintenant, il n’en reste que des relents, malgré les efforts de mobilisation de certains.

Or, vous le savez, quand il est question d’honnêteté, le Blogue de Richard3, contrairement au nouveau gouvernement péquiste, ne recule devant rien!  Et il vous offre une opportunité formidable!  Choisissez votre camp, et affichez vos couleurs,… en avant de votre char!  En effet, pour un temps limité, profitez de cette offre incroyable pour vous procurer une magnifique plaque décorative, que vous pourrez installer devant votre voiture.  Il y a cinq modèles différents, qui illustreront votre camp à tous vos amis, et à tous les autres!

Si vous soutenez la cause, il est évident que la plaque “carré rouge” est tout à fait pour vous!

Si vous êtes plutôt en faveur d’une hausse des frais de scolarité, vous pouvez commander la plaque “carré vert”.

Si toute l’affaire du conflit étudiant vous fait royalement chier, commandez la plaque “carré brun”.

Si vous n’avez tout simplement pas le goût d’en entendre parler, optez pour la plaque “pas de carré”.

Et si vous voulez pousser votre luck à l’extrême, vous pouvez toujours commander la plaque “Protégé par matricule 728”.

Toutes ces plaques sont fabriquées à partir d’aluminium de qualité, et non pas de plastique qui va casser dès les premiers froids.  Elles sont aux dimensions des plaques d’immatriculation courantes.  Et elles sont à vous pour seulement 4 paiements faciles de 49,95$ chacune, plus taxes applicables!  N’est-ce pas formidable?  C’est une offre exclusive, mais faites vite; vous ne les trouverez pas à la Boutique TVA!

Et ce n’est pas tout!  Si vous appelez d’ici les dix prochaines minutes, nous doublerons votre commande!  Vous obtiendrez donc une plaque pour votre voiture, et une deuxième que vous pourrez installer sur la voiture de votre conjoint(e), sur votre tracteur à gazon, ou sur votre boîte aux lettres!  Le tout pour seulement 4 paiements faciles de 49,95$, plus taxes applicables!

Composez dès maintenant le 1-800-LICENSE, avec votre carte de crédit en main.  Nos réceptionnistes attendent votre appel!

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Bon, OK, j’ai beau essayer, mais je ne sens vraiment pas du style “Boutique TVA”, et de grâce, n’appelez pas au 1-800-LICENSE; je n’ai aucune idée de l’endroit où vous allez aboutir!  C’était juste une blague du vendredi.  Mais si jamais vous avez le goût de continuer la blague, je pourrais vous arranger ça.  Je ne garantis toutefois pas la livraison à temps pour Noël, mais disons que je vous dénicherais la plaque de votre choix pour 15,00$ chaque, pas de taxes, plus les frais de livraison au cost.  C’est un bon deal, je crois, non?  S’il y a de la demande, je vérifie les coûts de livraison, d’une part, et d’autre part, je mets mon compte PayPal à jour, puis je vous tiens au courant.  Si la demande est vraiment forte, je baisse mon prix!  Et si je peux vous faire une escompte sur le volume, je n’ai pas de problème avec ça non plus!  Et s’il n’y a pas de demande, avouez que je vous aurai au moins tiré un sourire!

Allez, juste pour le plaisir!

MISE À JOUR – 23 novembre, à 15h25

J’ai placé une première commande cet après-midi, et mon fournisseur me les promet pour le 13 décembre!  Alors si vous les voulez pour Noël, faites plus que vite!

« Un peu de vision, bordel! »: Enlevez vos oeillères d’abord, madame Roy!

J’aime bien commenter certains textes de façon directe, c’est à dire de copier un écrit, et d’y répondre directement, à travers le texte original.  Aussi, un article de Virginie Roy, publié mercredi dernier (5 mars) sur le site Canoë, m’a interpellé.  Son titre: Un peu de vision, bordel!

Alors voilà.  Je mets le texte de madame Roy en italique, et en vert (en souhaitant que Canoë ne me fasse pas d’emmerdes), puis j’y réponds avec la fonte et la couleur habituels.  C’est parti.

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Comme le Québec piétine! Voilà qu’il y a vingt ans, on enlevait les postes de péage. Aujourd’hui, l’Institut économique de Montréal, un des organismes les plus influents de l’économie de marché de la province, estime qu’il faut les réintroduire. Le débat semble tellement compliqué et pourtant, il est si simple.

Il est vrai que le Québec piétine, mais pas dans ce que vous rapportez.  En fait, madame Roy, votre exemple ne représente pas du piétinement, mais plutôt une certaine forme d’évolution.  Celle qui fait qu’une solution abandonnée depuis longtemps, parce qu’obsolète dans sa forme, reprend tout son sens une fois que la mise en application en a été modernisée avec succès.  Un peu comme les motomarines; c’était une idée de Bombardier, qui date du début des années 1970, et qui fut ababdonnée à l’époque parce que impopulaire.  De nos jours, plusieurs manufacturiers fabriquent de telles machines, qui bien sûr ont technologiquement évolué.

Un, nos routes ressemblent à la petite sandwich que je déballe pendant mon heure de lunch : en décomposition. Deux, le secteur du transport est celui qui émet le plus de gaz à effet de serre au Québec. Trois, on n’a ni l’argent pour réparer nos routes, ni l’argent pour investir suffisamment dans les transports en commun pour augmenter sa popularité.

Un, il vous faudrait apprendre à faire des sandwiches qui ne se décomposent pas.  Je blague…  C’est vrai que nos routes sont en décrépitude, et ce en grande partie suite à de la pure et simple négligence.  Deux, peut-être est-ce vrai, mais mégatonne pour mégatonne, quelles ont été les dernières variations?  Et l’industrie, elle ne pollue plus du tout?  À moins qu’elle rejette de tout, sauf des gaz à effet de serre?  J’aimerais bien que vous m’éclairiez, là-dessus.  Trois, il semble que le gouvernement québécois ait réussi à dénicher quelques milliards de dollars pour tenter de sauver les meubles, et ce dans les deux options que vous présentez.  Quoique je ne sais pas encore où il va les prendre.  Peut-être ne nous a-t-on que passé de belles annonces.

Bref, on est dans la merde.  À qui le dites vous!  Pas nécessairement – et pas exclusivement non plus – pour les raisons que vous énumérez ici, mais effectivement, on est dans la merde.

Alors, pendant que Pauline Marois veut sa conversation nationale, je propose plutôt un tête-à-tête avec le comptable du Québec.

Je vous rappelle un peu les faits. L’Institut économique de Montréal croit que la réintroduction des péages est la meilleure solution pour la province. L’étude analyse quatre scénarios plausibles et suppose que l’automobiliste paye 0,05 $ par kilomètre. Le scénario que privilégie l’organisme est le quatrième, soit celui où le péage s’applique à toutes les autoroutes du Québec, ce qui rapporterait la rondelette somme de 1,6 milliard de dollars.

Pour vous donner un exemple, le plan stipule qu’il coûterait 4,80 $ pour traverser les ponts montréalais en heure de pointe et 30 $ pour un aller-retour à Québec.

Cette peur d’une nouvelle taxe a engendré un phénomène instinctif chez le Québécois typique: s’assurer que le gouvernement dépense bien l’argent. Comme les revenus générés par les immatriculations et permis de conduire ne sont finalement pas investis dans nos routes, ou très peu, plusieurs ont estimé important que l’argent généré par les postes de péage soit exclusivement réservé pour la reconstruction des routes. Ce qui veut malheureusement dire: exit l’argent pour les transports en commun.

L’argent des immatriculations et permis de conduire a servi à quoi, au juste?  Je ne le sais pas précisément, moi non plus, mais je sais, par contre, qu’en plus de ces frais payés par tous les détenteurs de véhicules de promenade, et de permis, je dois payer, parce que j’habite le grand Montréal, 30$ de plus que mes frères et soeurs qui habitent en région pour immatriculer ma bagnole, ainsi qu’un cent et demi supplémentaire pour chaque litre d’essence que je mets dedans.  Pourquoi dois-je payer ces « extras », et pas eux?  Parce que je suis obligé – je n’ai même pas le choix – de verser directement ces sommes au transport en commun.  Pouvez-vous me dire, en retour, quelle est la fraction du coût d’un billet d’autobus qui va directement au remplissage des nids-de-poule?  Car après tout, madame Roy, si je paie pour le transport en commun sans même l’utiliser, les autobus utilisent aussi les routes, et de par leur poids et leurs dimensions, ils contribuent davantage que la voiture à la décrépitude du réseau routier, et ce même lorsqu’il n’y a aucun passager à bord.

Environnement qui?

Je trouve bien dommage que l’on n’ait pas plus de vision. Par conséquent, cette semaine, presque personne n’a parlé de l’impact environnemental que pourrait avoir une telle initiative. Presque personne n’a soufflé les mots : transports en commun. On a surtout parlé du 1,6 milliard de dollars qui pourrait servir à reconstruire nos fameux rubans d’asphalte. Et pourtant, l’environnement a tout à y voir dans ce projet, car le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.

D’abord, si les environnementalistes veulent prouver qu’ils ont, contrairement au « bas-peuple », une vision globale, ils devraient commencer par enlever leurs propres oeillères!  Ensuite, c’est bien vrai que le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.  Voyez-vous, le coût de l’auto finance également le transport en commun, dans le grand Montréal, à hauteur de 30%.  Et je ne compte pas toutes les autres ponctions (comme les réparations supplémentaires aux véhicules, et les taxes de vente qui en découlent, dûes au mauvais état des rues et des routes) et taxes supplémentaires (près de 50% du prix de l’essence à la pompe sont des taxes!) qui font tourner l’appareil gouvernemental, celui-là même qui subventionne plein de projets, comme la construction d’une usine de production d’éthanol, à Varennes, au grand plaisir des environnementalistes.  Du moins jusqu’à ce qu’ils se rendent compte par eux-mêmes que, comme je l’ai moi-même dit sur d’autres tribunes, et que des gens beaucoup plus influents que moi ont aussi prévenu, en plus de ne rien sauver du côté de la pollution, le déséquilibre causé dans la production agricole, du fait que beaucoup d’agriculteurs allaient vendre leur maïs à l’usine d’éthanol, plutôt qu’aux acheteurs habituels de l’industrie alimentaire, allait précipiter les prix des céréales vers des sommets inégalés, en plus de provoquer des risques de pénurie pour la production des aliments.  Mais ça, jamais les environnementalistes ne voudront l’endosser.  Alors vous imaginez peut-être, madame Roy, que ceux-ci vont accepter quelque blâme que ce soit si jamais un gouvernement va de l’avant avec leur dernière trouvaille, et que cela tournait mal?

Les écologistes ont tous le même point de vue.  Bien sûr; ils croient tous détenir LA vérité!  S’il y a plus de postes de péage, il y aura nécessairement plus de personnes qui utiliseront les transports en commun. Or, je trouve plutôt injuste de punir les automobilistes en les taxant, tout en ne leur donnant aucune autre porte de sortie. Ainsi, le gouvernement en aura plein les poches et pourtant, rien n’est prévu pour offrir une alternative aux automobilistes qui décideront de délaisser leur voiture. Par conséquent, il coûtera 30 $ pour se rendre à Québec. Un point c’est tout.

Avec une telle opinion, j’ai presque envie de vous qualifier d’adéquiste, madame Roy!  Dans les faits, la réaction de l’ADQ face à la publication de la note économique de l’IEDM fut, à peu de choses près, la même que ce que vous exprimez dans ce paragraphe.  Il faut toutefois préciser que si les revenus de péage vont à l’entretien des routes, il en coûtera peut-être 30$ aux automobilistes pour un aller-retour à Québec, mais si ceux-ci évitent des centaines de dollars de réparations, ce sera une somme bien investie, pas vrai?

Revenons à la source: pourquoi voulons-nous des postes de péage? Oui, pour reconstruire nos routes, mais c’est surtout pour diminuer le flot des voitures. Si le maire Tremblay a évoqué cette solution, ou si de grands centres urbains l’ont appliquée, c’est très expressément pour gérer la congestion, grâce à des péages variant selon l’heure. C’est aussi pour réduire le nombre d’automobiles qui entrent dans le centre-ville et pour atténuer le trafic dans la ville.

Le but ultime devrait être, finalement, de combattre la pollution atmosphérique. En considérant cette cible, tous les autres objectifs suivraient naturellement.

Quel que soit le but visé par l’un ou l’autre des protagonistes dans ce dossier, à mes yeux, il est hors de question que les sommes recueillies par le biais d’éventuels péages imposés aux automobilistes aillent au transports en commun!  Ceux-ci, en fournissant environ 30% du budget dans le grand Montréal, ainsi qu’une part plus ou moins équivalente dans les autres agglomérations de la province, subventionnent déja largement les services de transport de masse.  Personnellement, je crois qu’il serait grandement temps que les usagers de ces services en paient une plus juste part.  Sans exiger un paiement intégral, les usagers devraient, selon moi, défrayer au moins 50% du coût du service; après tout, ce sont eux qui en profitent directement.

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Et en définitive, compte tenu de la manière dont les fonds publics sont gérés par tous les ordres de gouvernement, je demeure convaincu que la meilleure façon que les revenus de péage aillent directement dans l’entretien de la route sur laquelle ils ont été prélevés est que l’on confie l’entretien des routes à l’entreprise privée, sous la forme de contrats à long terme, accordés suite à des appels d’offres.  Le tout devra toutefois être soumis à une réglementation qui interdirait les monopoles, autant publics que privés.