Les jours se suivent, et les voies se ferment, sur le pont Champlain. Depuis la nuit dernière, une deuxième voie, en direction de la rive-sud, est désormais fermée jusqu’à nouvel ordre. Et selon le site de la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain Inc. (PJCCI), l’opération “Poutre de soutien” est désormais lancée. Mais qu’est-ce que ça mange en hiver, une telle opération?
J’ai mis la suite du texte en vert; vous verrez plus loin pourquoi.
C’est une opération déjà planifiée, qui doit se dérouler en deux temps. Dans un premier temps, la stabilisation de la poutre fissurée, à l’aide de la poutre de soutien, puis, dans un deuxième temps, le renforcement permanent de la poutre endommagée. Voici un diaporama, d’abord fourni aux médias par PJCCI, mais désormais accessible au grand public, dans lequel on illustre, étape par étape, l’opération qui se mettra en branle, concrètement, dans les prochains jours, mais qui, dans les faits, est déjà en préparation depuis ce matin.
La poutre de soutien, dont il est question ici, fut commandée, au coût de 350,000$, pour servir en cas de besoin, comme c’est le cas présentement. Elle est entreposée depuis 2009, en cinq pièces détachées, près du pont Jacques-Cartier, sur les terrains de PJCCI. Ces pièces seront transportées sur l’Île-des-Soeurs, par camion, pour être assemblées, et préparer la “super-poutre”, comme on l’appelle communément dans le milieu, à être mise en place. D’ici là, la circulation se fera sur quatre des six voies, puisque les deux voies de droite, en direction de la rive-sud, demeureront fermées jusqu’au moment de l’opération.
À une date à être déterminée, vers la mi-décembre, on fermera quatre voies, pendant un blitz de deux jours (probablement un week-end), pour procéder à l’installation de la super-poutre. On la transportera jusqu’à la hauteur de la poutre endommagée, puis on la déposera sur deux appuis, situés sur les section voisines de celle de la poutre fissurée. On installera ensuite six supports latéraux, par-delà le parapet du pont, qui viendront soutenir, par le dessous, la poutre actuellement mal en point. La super-poutre utilisera 2 mètres de largeur, sur le tablier du pont; les voies de circulation seront donc réduites afin qu’une fois cette première étape terminée, la circulation soit rétablie sur trois voies par direction, incluant les voies réservées aux heures de pointe.
Au printemps 2014, on passera à la deuxième étape, soit celle de la réparation proprement dite de la poutre fissurée. Des treillis modulaires, en acier, seront installés afin de soutenir la poutre de façon permanente. Une fois complétée l’installation de ces treillis, on retirera la super-poutre de sa position; celle-ci sera démontée, et retournée vers son lieu d’entreposage. À la fin des travaux de cette deuxième étape, la circulation reprendra son cours sur des voies de dimensions normales. Le pont sera ainsi solidifié, et pourra tenir le coup jusqu’à l’ouverture du nouveau pont, qui prendra la relève du pont Champlain actuel.
(Faites un test; relisez le texte en vert, et imaginez que c’est Charles Tisseyre, de l’émission Découvertes, sur Ici Radio-Canada Télé; qui vous parle. Concluant?)
Autre anecdote, plutôt savoureuse; j’écoutais Jean Lapierre, ce matin, au 98,5 fm, dans l’émission de Paul Arcand, alors qu’il racontait que le pont Champlain aurait pu passer à Québec, il y a une dizaine d’années. Il était ministre des transports, dans le temps, et comme le gouvernement fédéral s’occupait surtout de ponts interprovinciaux, ou internationaux, et éprouvait beaucoup de difficultés à trouver du financement pour les ponts intra-provinciaux, comme Champlain, on avait prévu céder les ponts fédéraux du grand Montréal (il a nommé Jacques-Cartier, Champlain, la partie fédérale de Mercier, mais pas le tunnel de Melocheville; un oubli de sa part?) au niveau provincial, le tout accompagné d’un chèque de 450 millions$. Lorsque le plan fut présenté au Conseil des ministres, il semble que Jean Chrétien, premier ministre à l’époque, se soit définitivement opposé à ce plan, prétextant qu’il n’était pas question d’envoyer près d’un demi-milliard$ à Québec pour financer un prochain référendum!
Mais revenons à nos moutons.
Au moins, il faut donner au fédéral le mérite qui lui revient; il avait prévu le coup, depuis plusieurs années déjà, et commandé sa super-poutre, au coût de 350,000$, dans le temps. Dans le cas de Turcot, le MTQ y va de ses plus belles improvisations, fermant parfois des bretelles complètement, et ce pendant des mois! Bref, je crois que Québec n’a aucune leçon à donner à Ottawa, dans le dossier du pont Champlain; les deux paliers de gouvernement, au fil des ans, ont fait preuve du même laxisme dans l’entretien de leurs structures respectives, pour ne pas dire de la même négligence.
Le remplacement des deux complexes est prévu pour 2021. D’ici-là, tombe tombe la pluie… de béton!