Corruption alléguée: Laissons travailler la police!

Nous le savons tous, maintenant; plusieurs intervenants ont demandé une commission d’enquête sur les allégations de corruption, dans l’industrie de la construction.  C’en est presque devenu une mode.  Même le président du syndicat des policiers de la SQ a demandé une telle commission; a-t-il si peu confiance dans les capacités d’enquête de ses propres membres?

L’actualité de cette semaine nous donne un exemple frappant que la police peut très bien arriver à des résultats concluants, à partir du moment où on laisse les limiers faire leur travail.  L’ancien maire d’Outremont, Stéphane Harbour, ainsi que deux complices, furent arrêtés, et sont maintenant accusés d’abus de confiance et de fraude, notamment.  En tout, ce sont 27 chefs d’accusation qui sont portés, dont 9 contre Harbour, dix contre l’ancien directeur de l’arrondissement, Yves Mailhot, et 13 contre l’adjoint de celui-ci, Jean-Claude Patenaude.  C’est à la suite de la requête d’une conseillère de la ville, le 19 octobre 2007,  que le SPVM avait entrepris une enquête, laquelle fut remise à la SQ, quelques jours plus tard.

Cette conseillère municipale, c’est nulle autre que Noushig Eloyan, qui était chef de l’opposition à la ville de Montréal, à l’époque.  Dans cet article, de LCN, elle dit qu’il ne faut pas avoir peur de dénoncer les irrégularités que l’on constate, dans l’administration gouvernementale.  Au sujet de cette affaire, elle dit avoir demandé de nombreuses explications, sur les irrégularités soulevées à l’hôtel de ville d’Outremont, et à chaque fois, elle s’être heurtée au mutisme du maire Gérald Tremblay.  Elle a donc refilé le tout aux policiers.  Je veux bien croire qu’ils y ont mis deux ans et demi, mais au moins, ce ne fut pas inutile.

Alors à tous ceux qui déchirent leur chemise, pour obtenir une commission d’enquête, sur l’industrie de la construction, je réponds « Laissez travailler l’escouade Marteau! »  Les résultats pourraient être surprenants.

Dany Villanueva: Un bon petit garçon, vraiment?

Lorsque j’ai commenté l’affaire Villanueva, en août 2008, je mentionnais les frasques judiciaires de Dany Villanueva, dans mon exposé qui visait à savoir s’il pouvait avoir une part de responsabilité dans la mort de son frère, Fredy, tombé sous les balles d’un agent du SPVM, lors d’une opération policière qui a mal tourné.  À l’époque, je me suis fait traiter de n’importe quoi, dont de raciste, mais cela faisait partie de l’affaire; celle-ci a toujours été une affaire excessivement émotive.

Voilà que l’on apprend, ce matin, que Dany Villanueva a été intercepté par les patrouilleurs du Service de police de Repentigny, avec des amis, à bord de sa voiture, à l’angle du boulevard Céline-Dion et de la rue Notre-Dame, à Charlemagne.  En plus d’être en bris de probation, il a échoué le test de l’ivressomètre, et avait sur lui une petite quantité de cannabis.  Sa mère n’a pas fini d’avoir des faiblesses, la pauvre.  Mais mettons les choses au clair.  Il semble plutôt évident que de deux choses l’une; soit qu’elle a oublié d’enseigner quelques principes élémentaires à ce fils en particulier, ou encore que Dany s’est totalement foutu de sa mère, et n’en fait qu’à sa tête.  Comme il semble que feu son frère, et ses soeurs, n’ont jamais fait les manchettes judiciaires, je tends vers la deuxième option.  Parmi ces principes élémentaires, il y a celui de se tenir peinard, lorsque l’on est en probation, afin d’éviter de se mettre dans de sales draps, et d’empirer sa situation.

Or, ses dernières frasques tendent à démontrer que le pauvre Dany n’en fait qu’à sa tête.  Lui et ses potes devront passer par le Palais de justice de Joliette, ce matin, pour bris de probation.

L’affaire Marc Bellemare: Un autre Benoît Labonté?

Comme le dit Antoine Robitaille, avec le titre de son article dans Le Devoir, Marc Bellemare a lancé sa bombe.  Cela fait des semaines que les lèvres lui tremblent, lui qui n’en finissait plus de retenir ses allégations, à propos de Jean Charest, et des libéraux, avec lesquels il fut ministre de la justice, pour un court séjour, soit de 2003 à 2004.  On se souviendra d’ailleurs de sa démission fracassante.

Loin de moi l’idée de blanchir qui que ce soit, autant d’un côté que de l’autre, dans cette affaire.  Mais celle-ci me fait drôlement penser à une autre affaire, dans laquelle un politicien municipal influent disait détenir des informations privilégiées sur des échanges d’enveloppes brunes.  Vous vous souvenez de la dernière campagne électorale municipale, à Montréal, n’est-ce pas?  Ce cher Benoît Labonté, qui était au courant de tant de choses, a fini par se faire prendre à son propre piège, et a finalement dû reconnaître qu’il avait lui-même reçu des enveloppes brunes.

Or, plus je regarde aller l’affaire entourant les propos de Marc Bellemare, plus je vois des ressemblances avec celle de Benoît Labonté.  Celui-ci choisissait ses tribunes, Bellemare aussi; il ne veut pas s’avancer devant le Directeur général des élections du Québec (DGEQ), disant que celui-ci, au moment où il fut contacté, “agissait comme un homme de main du premier ministre”, rien de moins.  Imaginez Maurice « Mom » Boucher, en train de choisir quelle cour devra entendre son procès; ça ne fait pas de sens.  Alors pourquoi Marc Bellemare aurait-il le pouvoir de choisir l’endroit où il ira raconter les détails de ce qu’il sait?  Si c’est au DGEQ à enquêter sur les cas de financement politique illégal, Bellemare doit témoigner devant le DGEQ, point.  Labonté aimait bien les journalistes, Bellemare aussi; à date, selon l’article de Robitaille, l’ancien ministre de la justice a accordé des entrevues à Radio-Canada, et à TVA, en plus d’avoir “rencontré de façon fortuite (…) hier matin dans le train Québec-Montréal” un représentant du Devoir, à qui il a également parlé.  Ce quotidien, qui se dit libre de pensée, rencontre-t-il souvent les gens qui font sa une de façon fortuite?  Ce simple détail est suffisant pour soulever des doutes, dans mon esprit.

Quand Marc Bellemare fut recruté par Jean Charest, en vue des élections générales de 2003, il voulait un fauteuil de ministre, au minimum, et avait un agenda bien personnel.  Comme celui-ci ne concordait pas tout à fait avec celui du premier ministre, Marc Bellemare a claqué la porte avec grand fracas.  Selon moi, l’ancien ministre se rend bien compte que pour faire changer les choses dans le sens qu’il souhaitait, il aurait dû prendre son mal en patience, et demeurer au gouvernement.  Or, de la façon dont il s’y est pris pour en sortir, il était définitivement exclu que Bellemare y retourne; peut-être a-t-il parlé à Jean Charest, et s’est-il rendu compte que la porte lui était désormais fermée.  Maintenant qu’il constate qu’il est dans un cul-de-sac, il veut mettre ses anciens commettants dans des eaux troubles.  Et toujours selon moi, il risque de se faire prendre à son propre piège.  Comme Benoît Labonté.

Et la vérité, elle se trouve où, dans tout cela?  Le temps va bien finir par nous le faire savoir…

La ligne 747 de la STM: Concurrence déloyale!

Dans un article publié aujourd’hui sur le site Canoë, l’agence QMI, par l’entremise de Jean-Louis Fortin, nous informe que les chauffeurs de taxi fulminent, après avoir appris que la STM allait lancer, le 29 mars prochain, un nouveau circuit d’autobus, appelé “747”.  L’utilisation de la figure emblématique du gros porteur de Boeing n’est pas le fruit du hasard; le nouveau circuit reliera le centre-ville, plus particulièrement la gare d’autobus, près de la station de métro Berri-UQAM, et l’aéroport Montréal-Trudeau.

Les chauffeurs de taxi, qui chargent habituellement 38$ pour une course du centre-ville à l’aéroport, crient à l’injustice.  Facile à voir; le circuit sera accessible pour la modique somme de 7$, payée comptant, somme qui permettra également d’utiliser l’ensemble du réseau de la STM pour une durée de 24 heures.  Un titre valide pour 72 heures, principalement destiné aux touristes, sera aussi disponible moyennant 14$, alors que les détenteurs d’une carte CAM, ou TRAM, pourront utiliser gratuitement le nouveau service.

Évidemment, cela constitue une excellente nouvelle pour les bien des voyageurs, alors que la STM vise aussi les travailleurs de l’aéroport, avec ce nouveau circuit.  Par contre, les chauffeurs de taxi sont furax, et à mes yeux, avec raison.  Pourquoi?  Parce qu’ils doivent concurrencer avec un organisme public, qui puise dans les poches des contribuables – dont les leurs – pour financer ses services, alors qu’eux ne peuvent compter que sur leur clientèle pour couvrir leurs frais.  De là mon constat que la ligne 747 de la STM constitue – encore une fois – de la concurrence déloyale.  La STM défie la survie même des taxis, avec sa nouvelle ligne, et ce en toute légalité; or, qu’arriverait-il si les chauffeurs de taxi se regroupaient et nolisaient des autobus, pour concurrencer la STM?  On les mettrait en prison, car c’est illégal!  La STM jouit d’un monopole, sur l’île de Montréal (plusieurs citoyens de Montréal-Est l’ont appris à la dure!), et quiconque veut y lancer un service d’autobus doit obtenir le consentement de la STM.  C’était le cas de l’Aérobus, un service entre le centre-ville et Montréal-Trudeau assuré par le Groupe La Québécoise, que l’on pouvait prendre moyennant 16$ pour un aller simple.  Évidemment, ce service sera aboli; l’article ne mentionne toutefois pas si la firme, spécialisée en transport par autocar, abandonne son service de son plein gré, ou si elle fut forcée de le cesser par la STM.

Encore une fois, comme dans l’affaire des BIXI, les pouvoirs publics viennent s’immiscer dans un marché où certains peinent déjà à vivre.  Mais tout le monde sera content.  Bien sûr.  Mais quand on aura besoin d’un taxi,…

Santé: Combien faudra-t-il de preuves supplémentaires?

Ce matin, je recherchais des articles sur le décès de Jean-Guy Pitre, ce policier à la retraite, qui était en attente d’une chirurgie cardiaque, et qui est décédé sur la liste d’attente, comme tant d’autres québécois qui subissent le même sort à chaque année.  L’affaire a été rapportée, entre autres, par l’agence QMI, et publiée dans les pages du Journal de Québec.  Mon but était d’écrire un billet sur le sujet, évidemment.  Mais je n’aurai pratiquement pas besoin de le faire, puisque Stéphane Gendron l’a fait, par l’entremise de sa chronique hebdomadaire, publiée dans le Journal de Montréal, et reprise par le site web Canoë.

Gendron s’en prend particulièrement à la réaction du péquiste Bernard Drainville, qu’il qualifie de “déclaration grandiloquente d’un député d’arrière-ban qui a encore des croûtes à manger”.  Remarquez que premièrement, à part ceux qui ont un poste précis, comme le chef ou le leader parlementaire, tous les députés d’opposition sont d’arrière-ban.  Deuxièmement, avec ce que l’on connaît du maire de Huntingdon, avouons qu’il doit sûrement lui-même s’y connaître en déclarations grandiloquentes.  Aussi, contrairement à Stéphane Gendron, je ne m’attarderai pas davantage sur les déclarations du député péquiste, mais sur le problème en tant que tel, à savoir que des patients québécois, et ce en plus grand nombre que ce qu’on nous laisse croire, connaissent le même sort que Jean-Guy Pitre, et meurent sur des listes d’attente.

Jusqu’à un certain point, le ministre en poste – Yves Bolduc – a une certaine part de responsabilité, à mes yeux.  Il devient alors facile de faire comme Bernard Drainville, justement, et se contenter de demander sa démission.  Mais le problème ne se limite pas à la seule tête du ministre; la démission de Bolduc, ni même celle du gouvernement en entier, d’ailleurs, ne ramènera pas Jean-Guy Pitre, et les autres, à la vie.  Parce que l’important, ici, c’est que monsieur Pitre n’est pas le seul à qui c’est arrivé; le gouvernement ne se targuera pas de statistiques à ce sujet, mais des dizaines de patients meurent de complications directes ou indirectes, en attente d’une chirurgie, ou de soins appropriés.  Le problème, c’est qu’il faut faire le ménage, en santé comme ailleurs, dans l’appareil gouvernemental.  Et même si le ministre Bolduc avait une stratégie gagnante, pour y arriver, si le conseil des ministres ne donne pas son aval, il ne se passera rien.

La principale stratégie, à mon avis, et ce autant en santé que dans les autres ministères, passe par le dégraissage de l’appareil gouvernemental.  Mettre moins de budget dans le “poussage de crayons”, et davantage sur le plancher, à savoir dans les salles d’op, dans les urgences, dans le suivi à domicile, bref, partout dans le domaine de la santé.  En fait, le gouvernement devrait se rendre compte qu’il ne possède pas l’expertise, en santé, et qu’il devrait laisser la place à de véritables professionnels, pour se contenter de payer la facture.  J’ai déjà expliqué ce processus sur le Blogue, et je vais le faire à nouveau, encore une fois avec l’exemple de l’assurance-auto.

Imaginez que vous avez une voiture, et qu’elle est assurée.  Un jour, vous avez un accident; que faites-vous?  Vous appelez votre assureur, qui prend le cas en mains; il envoie un estimateur, qui évalue les dommages, puis une fois l’estimation complétée, vous permet de faire effectuer les réparations chez un carrossier de votre choix, du moment que la facture ne dépasse pas celle de l’estimation.  Encore là, il demeure possible d’ajuster la facture totale, si le carrossier découvre des dommages qui n’ont pas été compilés par l’estimateur.  Or, les carrossiers n’appartiennent pas aux compagnies d’assurances; ce sont des entreprises indépendantes, quoique parfois regroupées en bannières, et sont en concurrence, les unes contre les autres.  Est-ce que les réparations d’automobiles accidentées sont toutes merdiques?  Non.  Évidemment, certains carrossiers sont meilleurs que d’autres, c’est vrai.  Mais il est toujours possible d’une part de s’informer auprès de proches, qui ont subi le même sort, afin de comparer le travail des uns et des autres, et d’autre part, de poursuivre un carrossier qui aurait bâclé son travail.

Pourquoi ne ferait-on pas de même avec la santé?  Imaginez que vous n’allez pas; que faites-vous?  Comme vous êtes assuré, vous vous rendez à votre clinique, qui prend votre cas en mains; on procède à un examen complet, et selon ce qu’on découvre, on vous permet de recevoir les soins appropriés, dans un hôpital de votre choix.  Et si l’on découvre autre chose en cours de processus, à la lumière d’autres examens, on pourrait ajuster les traitements en conséquence.  Bref, un traitement et un suivi personnalisé de votre cas.  Alors dites-moi,  pourquoi les cliniques d’urgence et les hôpitaux devraient-ils obligatoirement appartenir au gouvernement?  Toutes ces installations pourraient être indépendantes, en concurrence les unes contre les autres, afin de fournir les meilleurs traitements, au meilleur coût possible.  La médecine étant soumise à un code de déontologie, et à des examens de compétences de ses membres, beaucoup plus sévères que le domaine de la carrosserie, les poursuites seraient réduites à un minimum, et les erreurs beaucoup moins nombreuses que dans le système public actuel, où on les balaie sous le tapis, afin de garder la confiance du public, qui n’a pas les moyens de se payer la concurrence, contrairement à Dany Williams, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, comme le rapporte ici Radio-Canada.  Et imaginez maintenant que tout ce beau monde accepterait la carte-soleil!  Ce serait le meilleur des deux mondes; des soins professionnels, fournis par les meilleurs de la profession, et le gouvernement continue de payer!  On pourrait même mettre l’assurance gouvernementale en concurrence avec les assureurs privés!  Pourquoi pas?

En somme, qu’est-ce que le gouvernement attend pour permettre la concurrence, dans le domaine de la santé?