Les batteries de Bécancour: Oui, mais aura-t-on un vrai réseau routier?

Je regardais un reportage de Véronique Prince, de Radio-Canada, sur le développement de la ville de Bécancour; les projets d’usines reliées à ce que l’on appelle désormais la filière batteries tournent à plein régime, question de commencer la production quelque part autour de 2025. Le reportage compare Bécancour à l’ancienne ville de Gagnon, entre Baie-Comeau et Fermont; on dit que les choses ne seront pas pareilles, que Gagnon était isolée au milieu de nulle part, ce qui n’est pas le cas de Bécancour, située au coeur d’une région déjà grouillante d’activités.

Beaucoup d’aspects sont abordés, dans le reportage, mais un aspect important a été, consciemment ou non, ignoré; de quoi aura l’air le réseau routier autour du Parc industriel et portuaire de Bécancour (PIPB) dans les prochaines années? Actuellement, le PIPB est traversé par ce que l’on appelle l’autoroute 30. En fait, il s’agit d’un tronçon isolé de cette autoroute qui, à part pour son échangeur avec l’autoroute 55, n’a pas grand chose à voir avec une autoroute. Les photos de ce billet, qui date des premiers balbutiements de ce modeste blogue, sont encore tout à fait d’actualité, malgré qu’elles datent de 15 ans. Cette section de l’autoroute 30 est ce que j’appelle une super-2 de première génération, munie d’intersections à niveau.

La question qu’il faudra poser à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, est la suivante; va-t-on favoriser les transports ferroviaires et maritimes pour l’expansion du PIPB, au détriment des transports terrestres? On sait qu’il est plus rentable, pour déplacer de grandes quantités de biens, de les mettre sur un train, ou sur un bateau, mais les travailleurs, eux? On parle, dans le reportage, de 5000 travailleurs, le ministre Pierre Fitzgibbon pousse jusqu’à 10,000. Il faudra bien que ceux-ci, et leurs familles, logent quelque part. Au début, ils iront là où les logements sont déjà existants, c’est à dire dans le grand Trois-Rivières, mais ces travailleurs se construiront des maisons, à Bécancour et dans ses alentours. Le réseau routier suffira-t-il à la tâche de permettre les déplacements de ces gens en toute sécurité? L’A-30 actuelle, avec sa configuration de super-2, n’est déjà pas sécuritaire; il faudra doubler cette section, et qui sait, peut-être la prolonger dans les deux sens, d’abord vers Nicolet, ce qui est demandé depuis près de 60 ans, puis, si le besoin s’en fait sentir, vers Gentilly.

Bref, c’est très bien de vouloir dynamiser une région en y amenant de l’industrie nouvelle. Mais pour ce faire, il faut voir à mettre tous les aspects à jour, question de rendre la région attractive non seulement pour des travailleurs qui viendront bosser, mais qui iront vivre ailleurs, mais pour ceux et celles qui voudront s’y installer, et en faire leur chez-soi. Et parmi ces aspects, il y a le réseau routier, qu’il ne faudra surtout pas négliger.

Québec 2018: L’évolution des promesses électorales en matière de routes

Comme dans tout le reste, les choses évoluent en matière de transports en général, et en matière de routes en particulier, en ce qui concerne les promesses électorales.

Au temps où les chemins locaux étaient à peu près tous en gravier, la formule gagnante était de promettre de l’asphalte.  Dans ce vieux film de campagne de l’Union nationale, on mentionnait que “Le gouvernement de l’Union nationale a fait, et continue a faire, une guerre sans merci à la poussière”.  Il y a même des mauvaises langues qui disaient, à l’époque, que lorsque l’on reconstruisait une route existante, les partisans de Maurice Duplessis profitaient d’une belle route droite, alors que les libéraux voyaient une mauvaise courbe devant chez eux!

Puis vint le temps des autoroutes.  Les libéraux de Jean Lesage, puis de Robert Bourassa, ont multiplié le nombre d’autoroutes au Québec, oeuvre débutée par Duplessis à la fin des années 1950.  Puis, comme dans toute oeuvre socialiste, les fonds vinrent à manquer; on s’est alors mis à construire les autoroutes d’abord sur une seule chaussée – les fameuses “super-2”, permettant ainsi de doubler le nombre de campagnes électorales où l’on pouvait promettre l’autoroute en entier.

De nos jours, on ne promet plus que de la théorie!  Les engagements politiques du gouvernement sortant se limitent maintenant à des études d’opportunités, ou à des appels d’offres pour l’élaboration d’avant-projets préliminaires.  On disait dernièrement que l’on pouvait faire dix campagnes électorales avec une autoroute; on pourra désormais en faire près d’une vingtaine.

Évidemment, si les taxes et impôts des contribuables étaient utilisés à bon escient, on pourrait faire évoluer plus rapidement le réseau routier.  De grands pans d’autoroutes qui faisaient partie du plan d’ensemble des années 1950 ne sont pas encore construits, ce qui provoque une usure prématurée du réseau actuel, qui ne suffit définitivement plus à la demande.  Il s’agit d’une seule panne de véhicule, sur l’une des voies rapides de l’île de Montréal, pour que toute la circulation se paralyse.  La région de Québec goûte aussi, de plus en plus, les joies des bouchons de circulation, elle qui a pourtant le plus d’autoroutes par kilomètre carré de superficie.  Maintenant, même Trois-Rivières voit s’installer des bouchons quotidiens.

Le cas de Trois-Rivières est particulier.  À la fin des années 1960, début des années 1970, alors que la planification des autoroutes battait son plein, on prévoyait deux autoroutes dans l’axe est-ouest, à savoir l’autoroute 40, qui allait passer au nord de la ville, et la 755, qui allait traverser le centre-ville de Trois-Rivières, en plus de la 55, dans l’axe nord-sud, seule autoroute à traverser le fleuve entre Québec et Montréal, via le tout nouveau pont Laviolette.  Lorsque Québec fit savoir qu’elle aurait les moyens de ne construire qu’une seule de ces deux autoroutes est-ouest, le maire de Trois-Rivières, le regretté Gilles Beaudoin, insista sur la construction de la 755, de préférence à la 40, qui allait passer beaucoup trop au nord pour que sa ville en profite.

De nos jours, il faut remercier l’insistance du maire Beaudoin, car la construction d’une autoroute en plein centre-ville, comme la 755 – aujourd’hui devenue un tronçon de la 40, serait littéralement impossible.  Par contre, on a bien voulu résoudre le bouchon naissant dans l’ouest de Trois-Rivières avec des améliorations locales, comme la bretelle à deux voies menant de la 55 nord vers la 40 ouest, mais ces améliorations ont atteint leur limite.  La meilleure solution sera celle qui coûte cher, soit la construction de la 40 sur son tracé original, entre l’échangeur 40 ouest-55, au kilomètre 196, et la courbe près du viaduc Courteau, au kilomètre 207.

J’ai hâte de voir la campagne électorale, dans la région de Trois-Rivières; qui, des candidats en lice, osera se prononcer sur cet enjeu qui dépasse les frontières de la ville?  Promettra-t-on, là aussi, seulement des études?  Les terrains de l’emprise de la 40, sur toute sa longueur, appartiennent déjà au MTQ.  J’espère des engagements concrets, de ce côté.

Motion pour l’élargissement de l’A-50 adoptée à l’Assemblée nationale; et les autres?

C’est sorti hier sur le fil des actualités d’ICI (la SRC) Ottawa-Gatineau; une motion en faveur de l’élargissement de l’autoroute 50, déposée par le député péquiste de Verchères, Stéphane Bergeron, vient d’être adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale.  Elle vise à faire pression sur le gouvernement, et son ministre des Transports, Laurent Lessard, afin de faire de l’A-50 une autoroute en bonne et due forme.

Ma question à l’ensemble des députés; et les autres autoroutes en super-2, elles ne sont pas dangereuses?  Pourquoi l’A-50, et pas les autres?  Pourquoi pas l’A-55, entre les autoroutes 30 et 20, où le nombre de morts continue annuellement d’augmenter, là aussi?  Il reste de moins en moins de ces super-2; pourquoi ne pas en profiter pour les compléter, elles aussi, et les rendre sécuritaires?

Par contre, il y a d’autres routes, qui ne sont pas (ou ne sont plus) identifiées comme autoroutes, mais qui auraient besoin du même traitement.  On a qu’à penser à la route 158, entre Saint-Esprit et Joliette, pour ne nommer que celle-là; elle était identifiée comme étant un tronçon de l’A-50, dans les années 1980, puis ces panneaux furent retirés.

C’est là que l’on voit la différence du rapport de force des députés d’une région; les députés de l’Outaouais ont fait une sortie publique, le député de Verchères a saisi la balle au bond, et la motion a été adoptée.  Les députés du Centre-du-Québec, ou ceux de la région de Lanaudière, savent maintenant quoi faire; s’ils font aussi adopter des motions pour le réseau routier de leur région, le gouvernement devra se surveiller au niveau de ses engagements, sinon on pourra leur taper sur les doigts.  La question qu’il faut se poser, c’est “Vont-ils agir?”

Sécurité sur l’A-50: Faudra attendre… encore!

Pour faire changement, ce samedi matin (17 septembre), un autre accident mortel est survenu sur l’autoroute 50, cette fois vers 7 heures du matin, près de la sortie 233, qui mène au chemin Kilmar, à Grenville-sur-la-Rouge.  Selon cet article du site de la SRC, ce serait une femme qui, pour une raison encore inexpliquée, aurait dévié de sa voie pour entrer en collision avec un autre véhicule, qui venait en sens inverse.  La conductrice du premier véhicule est morte sur le coup, alors que des deux occupants de l’autre véhicule, la femme est morte ce samedi soir, et l’homme lutte toujours pour sa vie.

Nous savons que depuis son ouverture, la 50 a fait des morts.  Beaucoup de morts.  La question que plusieurs se posent est combien en faudra-t-il pour finalement doubler cette autoroute?  En entrevue pour l’article, le député de Papineau, Alexandre Iracà, a mentionné que “c’est important de rappeler les règles de sécurité de base”.  Il a aussi dit “Il n’y a pas une formule magique. Ce n’est pas parce qu’il y a quatre voies qu’il n’y a plus d’accidents.”; je veux bien le croire, mon cher plein d’avenir, mais en ayant des chaussées séparées, on élimine la quasi-totalité des accidents de type “face-à-face”, comme ce dernier, et ça, c’est loin d’être négligeable.  Avec deux chaussées séparées, il y aurait probablement deux personnes qui auraient vécu un voyage agréable, et une autre qui aurait été quitte pour une petite frousse après avoir roulé sur la bande rugueuse; au lieu de cela, mon cher Alex, nous avons deux morts, et un blessé grave!

Mais à chaque fois que j’écris ici à propos d’un accident mortel, que ce soit sur l’A-50, ou sur une autre de ces trop nombreuses “super-2”, j’ai l’impression de me répéter, et d’écrire continuellement la même rengaine; faut doubler les super-2, faut mettre les fonds qu’il faut, plus on attend, plus ça coûtera cher, etc…  C’est drôle comment les discours des politiciens changent, en fonction de la situation qu’ils traversent; en campagne électorale, ils promettent mer et monde, parce que “la sécurité, sur nos routes, ça n’a pas de prix”, comme le chantaient en choeur, et sur tous les tons, les ministres libéraux lors de la chute du viaduc de la Concorde, à Laval, en 2006, mais une fois confortablement élus pour un mandat majoritaire, “il n’y a pas de formule magique”.  Tout porte à croire que dix ans plus tard, ils n’ont toujours pas compris la leçon!

Alors à mon point de vue, la sécurité routière, c’est comme tout le reste; c’est strictement politique!

Ça doit bien faire proche d’une dizaine d’années que j’écris, ici comme ailleurs, que lorsque le nombre d’usagers nécessite la construction d’une autoroute, il faut en construire une.  L’autoroute 50, malgré le fait qu’elle était demandée par la population locale et régionale depuis près de cinquante ans, fut d’abord et avant tout une réalisation politique.  Les péquistes, avant 2003, qui promettaient l’A-50 pour 2007, construisaient environ 2 kilomètres par année, ce qui nous aurait conduit aux alentours de 2050!  Quant à eux, les libéraux, pour qui l’Outaouais semble pourtant conquis depuis longtemps, pensaient avoir la paix pour un autre 50 ans en reliant Gatineau à l’autoroute15 avec une super-2 en-dedans de dix ans; ils vont maintenant se faire harceler pour donner à la région ce qu’elle avait demandé depuis le début, à savoir une vraie autoroute.

Outaouais: Le nouveau tronçon de l’A-5 inauguré

C’est le 20 octobre dernier qu’une brochette de personnalités politiques se sont réunies dans l’Outaouais pour procéder à l’inauguration officielle du nouveau tronçon de l’autoroute 5, qui relie les deux tronçons existants, sur une distance de 6,5 kilomètres, entre les municipalités de Chelsea et de La Pêche.

Avec l’ouverture à la circulation, qui fut effective le 10 octobre dernier, de cette nouvelle section de l’A-5, cette autoroute est désormais longue de quelque 32 kilomètres.  Un dernier tronçon est en préparation; long d’environ un kilomètre, il permettra aux usagers de la route d’éviter une section particulièrement dangereuse de la route 105, le long de la rivière Gatineau, là où environ 6600 véhicules passent chaque jour, ainsi que la célèbre “côte de Wakefield”, sur la route 366, utilisée par plus de 6500 automobilistes et camionneurs quotidiennement.  Ces chiffres proviennent des dernières données de l’Atlas des transports du MTQ, données qui datent de 2012.

C’est une section d’autoroute qui était attendue depuis plusieurs années, dans la région.  Toujours selon l’Atlas des transports, c’est plus de 12,500 véhicules qui circulaient, en 2012, sur le dernier tronçon de l’A-5, qui conduit au sommet de la côte de Wakefield.  Il fut quand même facilement financé, puisque la Commission de la Capitale nationale, un organisme du gouvernement fédéral, a financé la moitié des 125 millions de dollars nécessaires à sa construction, en vertu d’une entente entre cet organisme et le gouvernement du Québec.

Il reste encore tout plein de tronçons d’autoroute en super-2, et de routes principales construites en quasi-autoroute, dans diverses régions du Québec, qui auraient bien besoin d’investissements du MTQ.  On a complété, l’an dernier, l’échangeur du boulevard des Acadiens, sur l’A-55, à la hauteur de Bécancour, mais il reste encore près de 30 kilomètres de cette autoroute à doubler.  Lors de la publication des données de 2014, qui devrait survenir vers la fin de 2015. nous verrons également si les sections en super-2 de l’A-50, en Outaouais et dans les Laurentides, auront atteint les 8000 à 10,000 véhicules par jour nécessaires pour espérer un doublement de celles-ci.  Du côté de Lanaudière, c’est la route 158, entre Saint-Esprit et Joliette, qui fut d’ailleurs un tronçon de l’A-50, au début des années 1980, qui aurait un urgent besoin d’être doublée en autoroute.

Évidemment, comme nous sommes en pleine période de compressions budgétaires, et comme il n’y aura pas d’élections générales au Québec avant 2018, il ne faut pas s’attendre à des investissements massifs de ce côté au cours des prochaines années.  À moins que des dizaines de personnes se tuent sur ces routes dans un laps de temps très court.  C’est triste à dire, mais il faut une situation macabre pour faire bouger les bonzes du MTQ.  C’est ainsi que quelques deux ans après avoir été le théâtre de 7 morts, dans deux accidents distincts, survenus à moins de six mois d’intervalle, l’intersection des routes 158 et 345, à Sainte-Geneviève-de-Berthier, fut transformée en carrefour giratoire.